Des psaumes ou parties d’évangiles pour m’aider à m’améliorer dans la compassion et l’indulgence ?

Question posée :

Bonsoir Pasteur. Je me permets de vous écrire (de France), ayant découvert votre site suite à des recherches. Comme je ne crois pas au hasard… Je souhaitais tout d’abord vous remercier pour sa qualité, j’ai déjà trouvé beaucoup de réponses à mes interrogations. Je n’ai pas été baptisée. Mes parents ont préféré me laisser le choix, mais je n’ai cependant pas reçu de culture religieuse. Ce qui m’a manqué dès mon adolescence, notamment par rapport au sens de la Vie, à ma « mission sur terre ». Mes lectures m’ont conduit vers les 3 principales religions ainsi que le bouddhisme. Mais également vers la physique astronomique, la philosophie… Je pense que Tout est Un. Que nous sommes reliés, humainement et universellement. Lorsque je prie, à ma façon, je m’adresse à l’Univers pour le remercier et lui demander de m’éclairer chaque jour un peu plus. Pasteur, je souhaiterais que vous m’indiquiez des psaumes ou parties d’évangiles pour m’aider à m’améliorer dans le non-jugement, à développer ma compassion et mon indulgence. Je manque en effet d’indulgence face à ce monde que je ressens trop autocentré, matérialiste, je n’y trouve pas de sens. Je me sens souvent perdue « ici », mais je ne me sens pas seule car je sais que la beauté de la vie peut aussi être appréciée par d’autres. Je vous remercie de m’avoir lue et par avance du temps pris à me répondre. Avec toute ma considération,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

L’amour inconditionnel de Dieu et le baptême des enfants

Cela part d’une bonne intention de vos parents de vous avoir laissé la liberté. Mais, à vrai dire, j’aime beaucoup le baptême des enfants. En effet, ce geste dit l’amour de Dieu sur la personne et que cet amour est sans condition de foi, de convictions ou de parcours de vie. C’est précisément cet amour de Dieu qui ouvre une réelle liberté à la personne et en particulier à un enfant. Cet amour est la fin de tout chantage aux mérites, de toute menace.

Nourrir la liberté par la connaissance et le catéchisme

Ensuite, pour nourrir vraiment la liberté de choix de l’enfant comme de l’adulte, il est quand même pas mal de savoir de quoi on parle, afin de pouvoir faire un choix éclairé. C’est pour cela que nous organisons des cycles de catéchisme pour les jeunes (et pour les adultes) afin de pouvoir leur offrir des bases de théologie, de réflexion sur le sens de la vie, sur l’éthique. Ce sont comme des briques dont ils peuvent faire ce qu’ils voudront ensuite. Effectivement, cela manque quand on n’a pas eu du tout de catéchisme, ou en tout cas pas eu ce genre de catéchisme ouvert. Au cours de ce catéchisme, nous faisons un peu de religion comparée. Sans dire du mal des autres religions, nous essayons de voir les spécificités de chacune. C’est bien que vous ayez pu explorer différentes religions, aussi bien des religions monothéistes, comme le judaïsme, le christianisme et l’islam, que des religions qui n’ont pas ou qui ont moins cette idée de Dieu personnel, comme le bouddhisme.

Foi, science et philosophie en dialogue

Je pense qu’il est passionnant de croiser notre pensée théologique, philosophique, notre recherche spirituelle aussi quelle qu’elle soit, et la science : aussi bien les sciences dures que les sciences humaines. C’est effectivement un dialogue très fécond qui nourrit et qui corrige à la fois chacune de ces multiples approches.

Une prière personnelle, incarnée et libre

Votre façon de prier est parfaite, c’est votre sensibilité, et la juste façon de prier est celle qui nous correspond à nous. Que ceux qui prient autrement prient à leur façon sans imposer leur prière aux autres. Prier face à l’univers et sentir que l’on y a notre place, notre part aussi. Personnellement, je préfère une prière à Dieu comme si c’était un ami que je tutoie, en confiance. Bien entendu, je ne suis pas dupe, car Dieu est tout autre qu’un copain d’enfance, il est plutôt une source d’évolution transcendante (qui dépasse l’imaginable) dans l’univers. Je sais que cela est comme un grand écart entre ma conception de Dieu et ma façon de prier Dieu. C’est à cause du fait que Dieu n’est pas cantonné dans sa transcendance, il se manifeste (ou en tout cas il se vit) dans la proximité, dans le cœur à cœur intime et confiant. Ensuite, chacun a sa sensibilité spirituelle.

La recherche de compassion comme chemin spirituel

Bravo pour votre recherche de vous développer dans le sens de plus de « non-jugement, de compassion et d’indulgence ». C’est tout à fait admirable, et je dirais même touchant. Quelle belle humilité, quelle belle recherche. Je dirais que cette disposition d’esprit est extrêmement prometteuse.  Vous avez raison de dépasser la simple bonne intention pour chercher à ce qu’elle puisse s’incarner dans votre façon d’être. Bravo de chercher pour cela des exercices spirituels qui vous permettront d’avancer. Il me semble effectivement excellent pour ça, comme vous l’envisagez, de lire la Bible en cherchant votre propre évolution personnelle et de prier. C’est une méthode qui a déjà largement fait ses preuves. Pour ce qui est des lectures dans ce gros livre qu’est la Bible, vous avez raison de chercher du côté des psaumes et des évangiles.

Les psaumes comme source de force et de transformation

Bien des psaumes, expriment l’aide que Dieu apporte au psalmiste (et donc au lecteur qui prie ou qui s’ouvre aux paroles de ce psaume) : c’est donc bien ce que vous attendez : une impulsion, une aide pour avancer, afin d’être plus forte dans les dimensions qui vous apparaissent comme nécessaires : celle de la compassion et de la bienveillance. Effectivement, cette dynamique d’évolution qui est à l’œuvre dans l’univers est aussi à notre bénéfice pour être nous-mêmes plus vivants et plus évolués. Ensuite, méditer sur ce Dieu qui vient à notre secours, c’est inspirant pour être nous-mêmes un peu plus au secours de ceux, et de ce qui, a besoin de secours autour de nous. Vous avez donc dans ces psaumes à la fois une force et un sens. C’est vrai qu’il y a certains passages des psaumes qui sont plus difficiles que d’autres à lire, par exemple quand il est question d’un Dieu qui massacre nos ennemis ou le méchant : nous ne lisons pas ces passages comme étant une attente d’action d’un Dieu terrible comme un juge-bourreau impitoyable, mais Dieu est plutôt un secours pour réduire ce qui en nous-mêmes serait effectivement indifférent aux autres, voire méchant contre d’autres.

Choisir et méditer ses psaumes préférés

Ensuite, quel psaume particulièrement ? J’en ai mis sur le site une petite série de ceux que je préfère, vous le trouverez dans la partie « prière », parce qu’effectivement ce sont à la fois des textes pour réfléchir qui sont aussi excellents pour méditer en soi-même, pour prier, pour chercher un élan nouveau. Vous pourriez même, si vous le désiriez, prendre tranquillement le psautier du Psaume 1er jusqu’au Psaume 150, et avancer élément par élément afin de bâtir votre propre sélection de Psaumes préférés que vous saurez ensuite reprendre quand cela vous correspondra.

Les évangiles, source de compassion et d’élan

Les évangiles sont tout à fait propres aussi à inspirer de la compassion et de l’enthousiasme pour aller au secours de quiconque aurait besoin d’aide, le Christ est pour cela une figure inspirante.

Quelle lecture des évangiles choisir ?

Que lire dans les évangiles ? Cela dépend de votre sensibilité personnelle. L’Évangile selon Matthieu est souvent propre à éveiller un questionnement intéressant chez son lecteur. L’Évangile selon Jean est beaucoup plus théologique et poétique, et bien des personnes sont particulièrement touchées par cette façon de présenter ce que le Christ nous a apporté. Donc je vous proposerais tout simplement de méditer sur ces deux évangiles en prenant chacun du début jusqu’à la fin, en entier : cela prend trois heures chacun si l’on ne s’arrête pas pour réfléchir et méditer. C’est de toute façon fondamental pour la culture générale, mais c’est aussi, particulièrement dans la lecture continue comme je vous le propose, une traversée inspirante. Là encore, il y aura des passages que vous trouverez choquants, difficiles ou qui ne vous apportent pas grand-chose : c’est tout à fait normal, il suffit de passer. Ou, si vous le préférez, vous pouvez me demander quelles interprétations, quelles lectures possibles pourraient être faites de tel ou tel texte.

Solitude, relation et transcendance

Votre passage sur la solitude m’a beaucoup touché, car c’est le cas de bien des personnes que je rencontre de se sentir seules dans ce monde, tout en ayant conscience que nous sommes une foule. Je crois que c’est exactement ça, et c’est le défi de la personne humaine d’être à la fois unique en son genre, d’être en réalité seule dans ses baskets et dans son intériorité, et en même temps d’être reliée avec l’ensemble des autres personnes par la dimension de notre planète, mais aussi par notre humanité, par l’émerveillement devant bien des aspects de notre monde, et par-dessus tout, je pense, par cette transcendance que l’on peut appeler Dieu et qui est source de la possibilité même de la beauté et de la vie.

Une société individualiste et le besoin d’un esprit de service

C’est le moins que l’on puisse dire que l’ambiance de la société est actuellement trop autocentrée et matérialiste. C’est pourquoi il est si précieux d’avoir quelques personnes avec une inspiration en partie spirituelle et compatissante, bienveillante, avec un sens des autres et du collectif. C’est le cas pour n’importe quelle équipe de foot ou de rugby, si les gens la jouent perso, sans aucun sens du collectif, c’est toujours mal parti. Pour l’humanité aussi. Le fait que l’humanité soit actuellement pas très en forme, cela ne doit pas nous désespérer, mais au contraire, nous encourager à être meilleur nous-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions. Et en même temps c’est tellement important pour nous-mêmes et pour le monde.

Une belle avancée personnelle

Cela a été pour moi un bonheur et un intérêt de vous lire. Vous êtes une magnifique personne et je suis persuadé qu’avec la démarche que vous avez, avec votre sincérité et votre profondeur, avec cette volonté de progresser : vous avancerez certainement d’une belle façon.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot