Une Bible ouverte avec des écouteurs posés dessus - Image par Kay Lenze de Pixabay
Bible

Peut-on être un « bon chrétien » sans apprécier la Bible mais la prédication chrétienne ?

Par : pasteur Marc Pernot

Une Bible ouverte avec des écouteurs posés dessus - Image par Kay Lenze de Pixabay

Aïe, un hyper gentil monsieur préfère les prédications géniales (hum) que de lire lui-même la Bible…

Question posée :

Bonjour,

Votre façon de parler de Dieu m’émeut souvent jusqu’aux larmes et parle aussi bien à mon coeur qu’à mon intelligence. Je vous en remercie infiniment.

Mais je ne comprends pas pourquoi vous insistez tellement sur le fait de lire la Bible seul (ou de lire la Bible tout court). Je trouve que c’est très difficile. Je me dis qu’il faudrait au moins être théologien pour apprécier la Bible.
C’est comme déchiffrer une partition sans connaître vraiment le solfège. il faudrait s’arrêter sur chaque mot pour comprendre et il me semble impossible d’entendre la mélodie de Dieu dans ces conditions.
C’est comme si pour moi la Bible faisait trop de « couac » à mon oreille: Jésus me semble souvent trop orgueilleux ou agressif, les miracles ou autre événements surnaturels sont ridicules, quelquefois Dieu n’est pas Amour, et parfois je ne comprends rien du tout…

À l’inverse, je trouve vos prédications et vos réponses aux questions de ce blog toujours intelligentes et limpides; elles me nourrissent bien plus que toutes les lectures que je peux faire seule.

Je trouve fatiguant et inutile de tout interpréter dans la Bible pour que la lecture me semble belle et vraie (car grâce aux prédications, on se rend compte qu’on est souvent choqué par un passage car on n’avait pas assez de ressources pour décoder le texte).

Donc voici ma question: peut-on être un « bon chrétien » sans apprécier la Bible mais la « musique » d’une Eglise ?

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Un grand merci pour ces encouragements, vraiment c’est très motivant. Et bravo de chercher ainsi Dieu.

En premier lieu, comme le dit l’apôtre Paul : « tout est permis mais tout ne construit pas« . Et donc si aujourd’hui dans votre cheminement de foi et de réflexion, c’est tel exercice qui vous aide à avancer, à vous construire. Et bien tant mieux, même si ce sont les prédications de l’église protestante !-) Mais à condition quand même que vous gardiez votre sens critique et donc que vous ne soyez pas toujours d’accord. C’est un signe important. Vraiment. Et donc qu’à chaque fois, dans une prédication, vous trouviez quelque chose à prendre et quelque chose à laisser, ou en tout cas quelque chose à trouver discutable.

J’espère que cela vous permettra d’avoir un jour le goût de lire la Bible par vous-mêmes… c’est un des grands objectifs de la prédication et des groupes bibliques que nous donnons à l’église protestante, de viser à une large autonomie de la pensée de chacun. Par ce que l’intérêt de la Bible est seulement en partie dans ce qu’elle dit sur Dieu le sens de la vie. L’intérêt de la Bible est aussi d’être un miroir pour nous même, une occasion de s’interroger non pas sur Dieu seulement mais sur notre relation personnelle avec Dieu, ce que nous attendons de lui, ce que nosu avons reçu de lui, ce que nous pensons qu’il espère de nous. C’est une interrogation non pas sur le sens de la vie en général mais sur le sens que nous donnerons à notre propre vie demain. Du coup, ce travail là ne peut être fait que par la personne elle-même. CVous allez me dire que c’est ce que vous faites à partir de mes prédications géniales (hum), mais justement, elles ne sont pas géniales (même si j’essaye), il y a nécessairement un biais, une subjectivité due à ma propre histoire, ma prière, et même le doigt de pied que je viens de me cogner contre une porte (salle bête).

Mais cela est théorique, et si lire la Bible ne vous correspond pas (ou pas aujourd’hui), ne le faites pas. Ça viendra plus tard, ou pas. C’est à vous de mesurer si vous trouvez que votre foi avance, votre confiance en Dieu, votre épanouissement, votre compassion pour les autres. Si ça avance un petit peu, ça va. Ne vous laisse pas intimider par les personnes qui ont des idées très arrêtées sur ce qu’il faut faire en terme d’actes religieux pour être un bon chrétien comme il faut. Ça leur correspond à eux, et bien qu’il le fasse, eux. Et qu’ils arrêtent de se prendre pour Jésus-Christ qui, lui, laissait ses disciples et les personnes de la foule très libres, et insiste pour que leur propres exercices spirituels décidés et pratiqués par la personne elle même sans en référer aux autres (Matthieu 6).

Ensuite, c’est vrai que de génération en génération, bien des chrétiens ont remarqué qu’il était favorable de lire la Bible, non seulement au cours du culte avec le témoignage du pasteur, mais de lire la Bible dans son intimité, en privé, dans la prière. Pourquoi ? Parce que la question n’est pas d’en tirer LA théologie, ou LE sens, qui serait LA Vérité avec un grand V. Même si l’église protestante avait comme pasteur Jean lui-même expliquant son livre ou Paul expliquant sa lettre aux Romains ou David ses Psaumes… cela ne remplacerait pas notre lecture personnelle de ces textes. Car la question est qu’en lisant la Bible on se découvre soi-même dans le frottement (pas toujours facile ni agréable) de notre propre être avec le texte biblique, le choc entre ces textes et ce que nous avons vécu, ce que nous espérons et pensons. Et que cela nous encourage à entrer dans une démarche d’espérance en Dieu.

Alors oui, la lecture de la Bible fait des couac à nos oreilles, c’est bon signe, c’est que vous acceptez de vous impliquer.

  • Bien des histoires de la Bible ne sont pas morales du tout, comme la vie des peuples en ce monde. En lisant ces textes, il est normal et sain de se dire que ce n’est pas bien.
  • Des conceptions de Dieu qui sont exprimées dans certains passages sont horribles, oui, et bien c’était l’opinion de son auteur il y a 3000 ans, c’est à regarder avec émotion et respect mais on a le droit de préférer comme idée de Dieu celle du berger du Psaume 23 ou la figure qu’en donne Paul en parlant de l’amour-Agapè en 1 Corinthiens 13.
  • Oui, le Christ ne nous semble éventuellement pas toujours le copain avec qui on aurait envie de partir en vacances, mais ce n’est pas son rôle, et manifestement, même ses disciples ne le considéraient pas tellement comme un copain avec qui on rigole en se charriant mutuellement ?

Ce n’est pas la peine de chercher tout le temps le sens de chaque mot. Vous pouvez juste lire un des épisodes, ou un psaume, ou une phrase, ou le texte biblique qui est le sujet d’une prédication… et vous poser des questions vous-même, laisser émerger dans la méditation et dans la prière ce que vous avez à cœur de vivre. Vous trouverez ici quelques pistes.

Les Psaumes, aussi, ne sont pas seulement des pièces de théologie mais aussi des textes que l’on peut lire avec une naïveté non dénuée de profondeur, mais priante.

En tout cas bonne route

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. Émile Morantin dit :

    Bonsoir pasteur,
    J’ai lu un passage d’un livre qui traînait dans la bibliothèque( joseph Murphy),pour lui,l’Eternel est un mot antique qui signifie l’esprit subconscient .Lorsque l’on lit le psaume 27 ,1 à la lumière de cette transposition cela donne un éclairage saisissant ,cela montre puissamment que Dieu est en nous.Peut-être que vous allez doucher « ma » découverte!!
    Bonne fin de soirée!

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Il y a sans doute des convergences à trouver entre psychanalyse et théologie, c’est ce qu’explore par exemple https://theo-psy.fr/
      Belle journée

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