marches pour sortir de l
Bible

Mon pasteur a dit que Dieu est mort et qu’il se considère comme athée ?

Par : pasteur Marc Pernot

marches pour sortir de l'église et monter vers la lumière (illustration) -  Image: 'do you REALLY want to go there?? really?'  by Blazej Kocik  https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/117622355@N07/14868181374

L’église n’est qu’un marche pied vers la lumière.

Question posée :

Je me suis rapprochée de l’Eglise Protestante et j’ai demandé au pasteur de la paroisse de me baptiser. Car je ne l’étais pas et j’en souffrais (j’ai 65 ans). Depuis cet évènement très important pour moi, je participe à la vie de la paroisse et prend la Cène.
J’ai assisté à une étude biblique, et là j’ai entendu des propos qui m’ont sidérée au sens strict du terme. J’apprends de la bouche du pasteur que Dieu est mort, qu’il se considère comme athée.
Je voudrais savoir si c’est une position partagée au sein de l’église protestante et notamment par les pasteurs.
Quel serait donc le sens donné à mon baptême, aux cantiques que nous chantons au culte auquel nous assistons et à la Cène que nous partageons.
Mon désarroi est grand.
Fraternelles salutations

Réponse d’un pasteur :

Bonjour
Franchement, si je pensais un jour être athée, je suis certain que j’arrêterais d’être pasteur immédiatement. Bien sûr.

Mais peut-être que quand votre pasteur dit qu’il est athée c’est une façon de parler ? Certains théologiens qui ont une vie de prière intense s’inscrivent dans une façon de parler de Dieu qui relativise la pensée sur Dieu pour privilégier la contemplation, c’est la tradition de la théologie apophatique ou théologie négative (voir par exemple le livre « le nuage de l’inconnaissance »). Il peut arriver alors que ce genre de mystiques théologiens disent que dieu n’existe pas, mais c’est une façon de dire que la pensée sur Dieu est infiniment loin de ce qu’est Dieu en réalité, que Dieu (en tant que personne) est au-delà de Dieu (en tant qu’idée de Dieu). Ou que Dieu (en tant que concept, d’objet de la théologie) n’existe pas réellement car Dieu est au delà de tout discours. C’est comme si on disait que le CV d’une personne n’est pas la personne réelle. Certains se disent parfois seulement agnostique au sens où ils cherchent sans cesse à faire évoluer leur conception de Dieu et leur relation à Dieu.

De même, pour certains l’expression « mort de Dieu », qui a été un petit peu en vogue au siècle dernier dans les années 60-70, peut vouloir dire différentes choses, pour certains cela peut vouloir dire qu’il n’y a pas de transcendance mais simplement cet univers, dont l’humain. Pour d’autres, cela appelle au contraire à faire privilégier, à faire naître une foi vraiment spirituelle et conduire à la découverte du vrai Dieu, celui qui ne meurt pas.

Bref, il ne faut peut-être pas prendre au premier degré ce genre de phrase. Il faudrait voir dans le contexte. Il serait possible aussi de lui poser la question.

Car il est possible aussi que votre pasteur ait perdu la foi, et qu’il reste pasteur, sa théologie et sa lecture de la Bible étant de la philosophie, et ne priant pas. Cela ne rendrait pas nécessairement la pratique du culte et des études bibliques inintéressantes ou inutiles. Cela peut vous aider à vous poser des questions et à avancer. L’essentiel me semble être que vous, ayez une relation à Dieu par la prière.

Il est bien entendu possible à des paroissiens de ne pas croire à l’existence d’une transcendance et de ne pas prier, c’est tout à fait quelque chose qui doit être respécté dans une église. Mais pour un pasteur ce serait à mon avis plus gênant, il me semble qu’il manquerait une dimension essentielle dans cette paroisse, car une vraie relation à Dieu est et a toujours été dans notre église, une des composantes essentielles de la foi chrétienne. Comment ce pasteur pourrait non seulement comprendre ses paroissiens mais les aider à nourrir cette dimension mystique qui est une part importante de leur foi si lui-même, le pasteur, ne prie pas ?

Cela dit, le sens de votre baptême ne tient absolument pas à celui qui vous l’a donné, mais à ce que vous avez dans le cœur, à ce qui vous rattache à Dieu. Heureusement, car sinon, comment oserais-je baptiser, moi qui est loin d’être à la hauteur de l’Evangile du Christ que je cherche humblement à annoncer, proclamer ? De même pour la communion…

Amitiés
Dieu vous bénit et vous accompagne de son amour

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

PS. Cette prière de Grégoire de Nysse (335-394), Père de l’Église, théologien et mystique :

Ô Toi, l’au-delà de tout,
De quel nom pouvons-nous t’invoquer ?
Tu dépasses tout nom !

Quel cantique pourra chanter tes louanges,
quels mots pourront parler de toi ?

De toi procèdes tout ce qui est dit,
mais tu es au-delà de tout discours.

De toi est issu tout ce qui est pensé,
mais tu es au-delà de toute pensée.

Tu es le but de toutes les attentes,
de toutes les aspirations silencieuses.

Tu es l’objet des gémissements de ta création tout entière.
Gloire à toi, ô Dieu très-haut !

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Un commentaire

  1. (M.) j'Elis LaBible dit :

    Bonjour,

    on a l’argument de contingence du monde (a contingentia mundi) : comment se fait-il qu’il existe plutôt qu’il n’y ait rien ?
    Ainsi que celui de la cause première : l’Univers devrait logiquement avoir une cause première (argument de la cause première).

    La meilleure science physique et astrophysique contemporaine (et sans doute même future pour encore pas mal de temps…) envisage un scénario de type Big Bang avec notre bulle d’Univers observable (il pourrait y en avoir d’autres éventuellement, dotées de physiques analogues a priori) qui se serait développée depuis une petite hyper-concentration de matière-énergie et même peut-être d’espace-temps. Avant cette phase d’expansion, il devrait y avoir eu un pré-Univers. Mais ceci ne résout pas les questions de causalité première, ni de contingence : pourquoi ce pré-Univers existe-t-il. S’il provient d’un Univers en contraction, d’un trou noir ayant finalement explosé… soit, mais alors d’où proviennent ceux-ci ? La causalité elle-même est un peu questionnée par la physique quantique (intrication quantique…), mais à l’échelle macroscopique, à l’échelle d’un Univers, même en formation… on devrait normalement la retrouver.

    D’où le recours à l’hypothèse de la création par Dieu de ce pré-Univers ou de l’origine de notre Univers.

    Ensuite l’Univers évolue en autonomie (a priori) comme selon la description de la science. Quant les humains apparaissent (selon la possibilité créée par Dieu dans la conception initiale de l’Univers), ils peuvent alors s’interroger, se poser des questions d’ordre religieux en particulier. Et finalement chercher Dieu. D’où les religions. D’où pour moi, la Bible, un des résultats magnifique de cette recherche, où les humains ont trouvé Dieu, avec l’espérance qu’une grande partie soit révélée (transfigurations, Moïse sur le Mont Sinaï…).

    Ainsi la science est intégrée (elle aussi issue d’une recherche empirique et théorique), ainsi que la Bible, et une partie de ses éventuelles difficultés d’interprétation, issues d’une recherche humaine, et la progressivité de la Bible dans ses différentes strates (Pentateuque, livres Historiques, Prophètes, livres poétiques, livres de sagesse… : je crois que cette recherche a permis de trouver progressivement des connaissances concernant comment vivre sa Foi élaborées progressivement en doctrine dans les livres bibliques (analogue de la partie théorique en recherche scientifique), ainsi que des révélations progressives à l’humanité comme raconté dans la Bible (vie intérieure, qui serait le parallèle de la partie « empirique » en recherche scientifique).

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