07 janvier 2023

Une crèche enfantine - Photo de Chris Sowder sur https://unsplash.com/fr/photos/k7gw4YFh6GE
Bible

La date de naissance de Jésus, selon Matthieu 1 et 2 puis Luc 3.

Par : pasteur Marc Pernot

Une crèche enfantine - Photo de Chris Sowder sur https://unsplash.com/fr/photos/k7gw4YFh6GE

Question posée :

Bonjour

Selon Matthieu 1 et 2, Jésus serait né du temps d’Hérode roi de Judée jusqu’en -4 avant JC, père d’Hérode Archélaos, roi ethnarque de Judée de -4 avant JC à +6 après JC. En effet, Matthieu 2:22 mentionne le fils d’Hérode Archélaos.
Selon Luc 2, Jésus serait né au temps où Quirinius était gouverneur de Syrie, soit de 6 à 9 après JC. Ce recensement semble avoir entraîné une révolte, menée par Judas le Galiléen, ou Judas de Gamala, souvent identifié à Judas fils d’Ézéchias, à l’origine du mouvement des zélotes en 6 après JC. Ce recensement pourrait donc dater plus précisément de 6 après JC, au tout début du mandat de Quirinius.
Les informations historiques ne semblent pas compatibles entre Matthieu 1-2 et Luc 2.

Il semble néanmoins que la tradition ait plutôt retenu la version de Matthieu comme la naissance de Jésus est habituellement indiqué en -6 avant JC ?
La naissance à Béthléem serait celle d’un frère de Jésus ?

Luc 3:1-2 donne ensuite des informations historiques dont le recoupement correspond à l’année 29 après Jésus-Christ (15ème année du règne de Tibère César, donc 15ème année où Tibère était empereur, soit en 29 ap JC).
Le baptème et la prédication publique de Jésus aurait donc eu lieu à partir de 29 après JC, donc en 29 et 30, ou bien de 29 à 33.
En prenant la date du recensement de Quirinius pour la naissance de Jésus, cela correspondrait à un âge de 23 ans pour effectuer son ministère public, ce qui semble particulièrement jeune. Avec 10-12 ans de plus comme selon la version de Matthieu 1 et 2, cela ferait un âge de 35 ans, ce qui paraît plus plausible.

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Merci pour ces recherches, fort précises.

C’est vrai qu’il y a un peu de flottement sur la date possible. Cela montre que ces personnes qui ont rédigé ces textes n’attachaient que peu d’importance à un compte rendu historique hyper précis. Ils ne nous donnent que fort peu de petits indices permettant éventuellement de dater les événements dont il est en question.

Ce qui les intéressent est la foi. Et l’événement radical qui est arrivé, selon eux, en Jésus de Nazareth. Il s’agit bien d’une personne historique, point de doute là dessus. Mais quant à savoir si Jésus est né à telle ou telle année précise, j’ai bien l’impression que cela ne les empêchait pas de dormir. Par contre la foi apportée par le Christ les éveille à une telle vie qu’ils ne peuvent s’empêcher de rédiger ces textes extrêmement bien composés et inspirants.

Les recherches sur Jésus en tant que personne historique sont toujours assez actives actuellement. Il est toujours possible de trouver de nouveaux textes dans un fond de grotte ou de monastère…
Mais des hypothèses comme « la naissance à Béthléem serait celle d’un frère de Jésus » me paraissent extrêmement hasardeuses. Je pencherais plutôt sur une mise en récit de la naissance de Jésus à Bethléem soit parce que c’est vraiment arrivé là-bas, soit pour des raisons de sens théologique et spirituel (voir cette prédication de Noël dernier)

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Jules dit :

    Bonjour,

    merci beaucoup !

    Je comprends la position que vous avez exprimée.

    « Ce qui les intéresse est la foi. Et l’événement radical qui est arrivé, selon eux, en Jésus de Nazareth. » Justement, moi aussi, ce qui m’intéresse est la foi, et l’événement radical qui est arrivé, selon moi, en Jésus de Nazareth. Donc je recherche l’enseignement du Jésus de Nazareth historique, pas forcément le Jésus de Matthieu, Marc, Luc, Jean, Paul, Jacques, Jude, Apollos, voire Thomas (Evangile de Thomas) selon leur interprétation à leur époque, et surtout selon les propables interpolations postérieures post prise de Jérusalem en 70 (provoquant une probable relecture de l’histoire et une crise théologique majeure au sein de la religion juive)…

    Le dominicain feu Pierre-Marie Boismard proposait une théorie de rédaction des évangiles intéressantes, avec des versions successives, à raison d’au moins deux versions par évangile, et même 3 pour Jean : je cherche alors le Marc_1, Matthieu_1, Luc_1, Jean_1, les versions finales que nous avons aujourd’hui ayant probablement été obtenues à la relecture de la guerre de Judée de 66-73, et notamment après la reprise de Jérusalem par les Romains et la destruction du second Temple (élargi par Hérode le grand) en 70. cf les prophéties de catastrophes pour Jérusalem, interprétées comme du prétérisme https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9t%C3%A9risme. cf aussi les parallèles Luc-Matthieu (sans Marc ni Jean), et Luc-Jean (sans Marc ni Matthieu), dont les théologies sonnent différemment.

    Je cherche pour ma part à baser ma foi sur la réalité, avec des croyances le plus cohérentes possibles (selon des critères exprimés sous forme de principes objectifs, mais dont la liste est nécessairement subjective) comme un complément cohérent pour franchir certaines étapes que les éléments empiriques et la science contemporaine ne parviennent pas à établir.

    Dans le cas contraire, qu’est-ce qui empêche de construire une foi sur la base d’un personnage entièrement fictif et semi-idéalisé pour être suffisamment distant, et semi-humanisé, pour rester accessible à « l’identification » ?

    Mais justement il ne s’agit pas de cela. Il s’agit pour ma part de baser ma foi sur l’enseignement réel d’une personne réelle, ancrée dans le réel, qui a eu des interlocuteurs réels dialectiques, pas sur l’enseignement romancé d’un personnage fictif qui ne rencontre comme résistance que celle que son auteur veut lui associer, même si l’auteur de la fiction est excellent. Or dans le cas de la Bible, Ancien comme Nouveau Testament, il m’apparaît qu’il y a une sorte de combinaison entre une source historique, une amplification mythologique (miracles…), et une réinterprétation/réécriture postérieure. Pour ma part, ces amplifications mythologiques (interpolations apologétiques et théologiques postérieures) et réinterprétations (luttes historiques entre communautés juives et chrétiennes, judéo-chrétiennes et chrétiennes, chrétiennes « johanniques » et chrétiennes « non johanniques »…) me font douter plus qu’autre chose. Je cherche le substrat primordial à l’intérieur du texte. Parce qu’au fond c’est bien du Jésus historique que je cherche à écouter l’enseignement. Et tout élément textuel permettant cette reconstruction historique a beaucoup de valeur, alors qu’au contraire, tout élément textuel porteur d’incohérences historiques serait à mon avis à filtrer (skipper en anglais) dans sa lecture personnelle, ce que je fais pour ma part.

    Voici un exemple d’extraction de substrat et de filtrage d’amplification concernant la mention de Flavius Josèphe sur Jésus :

    Cf p1164 du livre « Premiers écrits chrétiens ». Les éléments d’amplification (interpolations ultérieures) sont indiqués entre crochets, extrait de la reconstitution proposé par John P. Meier :

    A cette époque paraît Jésus, un homme sage [si du moins il faut l’appeler un homme] ; car il fut l’auteur de faits extraordinaires, le maître d’hommes qui accueillaient la vérité avec plaisir, et il entraîna avec lui beaucop de juifs, mais aussi beaucoup de Grecs [ : il était le Christ]. …

    En bref, je suggère d’établir des critères de discernements entre passages sous forme de principes, de façon à tenter d’extraire un texte qui se rapproche le plus possible du texte source. Et de filtrer les incohérences historiques.

    Conséquence personnelle pour moi : sauf indications contraires, au vu des informations récoltées, Jésus n’est probablement pas né à Béthléem, ni dans une mangeoire. Soit Marie et Joseph sont restés à Nazareth, et ce récit est pure fiction, soit il s’agit d’un frère de Jésus qui est né là-bas, si ce récit (qui en lui-même ne donne pas le nom d’un enfant, qui n’est mentionné que dans la suite du chapitre 2 il me semble) est malgré tout véridique. Il s’agit pour ce passage d’une écriture théologique pour « valider » autant de prophéties de détails que possible. Or ces prophéties anciennes de détails sont interprétées par le prétérisme : écriture a postériori par des scribes. Je propose de ne conserver comme prophéties pouvant s’appliquer à Jésus que les prophéties de vraie bonne nouvelle (prémices d’Evangile), et qui ne concernent pas des détails matériels : la réalisation de telles prophéties de détail serait un miracle futur, et qui plus est la négation de la liberté d’agir humaine si la réalisation de ces prophéties était nécessaire d’une façon ou d’une autre, et non complètement contingente comme je crois qu’elle l’est.

    En revanche l’indication historique de Luc 3:1 me paraît cohérente. Les chapitres Luc 1 et Luc 2 de l’évangile de l’enfance seraient-ils des ajouts postérieurs à 70, donc associés à Luc_2, la deuxième version de Luc, celle qui nous est parvenue ?

    Bien sûr de nombreuses autres positions cohérentes sont possibles, et je les comprends et connais depuis longtemps la plupart du temps…

  2. Jules dit :

    Il se peut que Jésus soit né à Béthléem, mais si c’est le cas a priori pas lors du recensement de Quirinius en +6 après JC (Luc 2:1-2) ; ou bien alors, Jésus ne serait pas né du temps d’Hérode le Grand, mais du temps d’Hérode Archélaos son fils (après -4 après JC, ce qui est compatible avec le recensement en +6 après JC) ; ou bien alors Quirinius a organisé son recensement en plusieurs étapes, pas pour toute la Judée et la Galilée en même temps, en ayant commencé du temps d’Hérode le grand…

    Mais l’hypothèse la plus simple me paraît bien être celle d’une écriture en grande partie « théologique » (idéologique) de Matthieu 1 et 2 et de Luc 1 et 2 : concernant la naissance à Béthléem, Matthieu 2:6 reprend et combine Michée 5:1 et 2-Samuel 5:2 : or ces prophéties sont des prophéties a posteriori (principe du prétérisme) s’appliquant à … David. Il n’y a à mon sens pas lieu de les interpréter à la fois comme prophéties a posteriori pour le roi David, et comme prophéties a priori (à l’avance) pour le Messie à venir, presque à l’insu du prophète ou de l’auteur lui-même ou des scribes post-prophète (ou post-livre historique) eux-mêmes.

    Ceci s’applique à de très nombreuses prophéties de détails dans les 4 évangiles, en particulier au début de Matthieu et Luc, et pour les détails de la l’arrestation de Jésus (Luc 22) et de sa crucifixion (Matthieu 27, Luc 23, Jean 19…) et de la mise au tombeau. A titre personnel, j’en fais même un principe de filtrage : toute correspondance manifeste (et souvent manifestée : « ainsi s’accomplit l’écriture ») avec une prophétie de détail pratique ou matériel correspond à de l’écriture théologique, donc est suspecte de ne pas correspondre à l’histoire, aux faits, à l’enseignement et à la vie concrète réelle du Jésus historique. Sauf en Luc 4:16-21 (reprenant le début d’Esaïe 61) : là il s’agit d’une bonne nouvelle intemporelle, sans détails pratiques, ou alors où tous les détails sont significatifs et porteurs d’Evangile.

    Pour essayer de conclure de façon autodialectique, le point de vue de Luc 2 est différent de Matthieu 1 et 2, car Luc ne présente pas la naissance à Béthléem comme l’accomplissement d’une prophétie de détail, mais comme le résultat de la lignée de Joseph qui descendrait de David (mais avec les mariages, presque tout le peuple d’Israël devait descendre de David d’une façon ou d’une autre par au moins un ou une ancêtre, 1000 ans plus tard…). Comme selon votre article https://jecherchedieu.ch/temoignages/pour-noel-reconcilier-luc-et-jean-au-commencement/ , Luc a pu signifier que naître dans une mangeoire à Béthléem, signifie métaphoriquement en hébreu naître à « la maison des pains », donc à « la boulangerie », et en plus dans une mangeoire, ce qui serait un enseignement en rapport avec la Sainte Cène peut-être, avec le fait de manger la chair de Jésus en Jean 6, ce qui, comme vous l’indiquez dans votre prédication, fait un double sens (étonnant) en hébreu avec « bonne nouvelle », donc avec « Evangile » : intériorisation de l’enseignement qui est mangé, digéré (christologie basse) ; voire intériorisation de lui-même en temps que médiateur à l’intérieur du corps spirituel (voire du corps physique) de chacun (eucharistie en christologie haute, johannique, peut-être paulinienne…)…

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