extrait d'un tableau de Rembrandt représentant le visage de Jésus d'après un modèle vivant.
Bible

Questions sur Jésus, ses miracles et sa part d’ombre éventuelle, sur les prophètes.

Question posée :

Cher pasteur, merci encore pour toutes vos prédications qui me remplissent de joie et d’énergie, de même que pour votre blog que je consulte régulièrement. J’espère que mes questions n’ont pas été posées ; voici en tout cas ce que je me demande :

Concernant les miracles ou signes, je sais que vous avez une approche symbolique ; celle-ci m’a d’ailleurs permis de me rapprocher du christianisme après m’en être éloigné suite à des cours de catéchisme littéraliste et sans esprit critique. Que pensez-vous de l’approche de D. Marguerat, où il dit que les miracles sont des évènements racontés de manière merveilleuse pour présenter un Jésus divin (comme les Grecs attribuaient ce pouvoir à Xerxès, de même que redonner la vue chez les empereurs pour les Romains) ? On dirait qu’il ne présente pas la dimension symbolique, comme marcher sur les eaux, soit les tourments de notre vie actuelle, mais fait une lecture historicoreligieuse, si je ne me trompe pas. Ces deux approches sont-elles compatibles ?

Selon vous, comment Jésus nous permet-il de marcher sur les eaux comme Pierre ? Est-ce surtout par son autorité (et non seulement ses enseignements), le fait qu’il puisse nous toucher aujourd’hui toujours par cette pulsion d’amour, ou son Dieu proche ? De même, une autre question qui me fait peur : j’ai souvent été déçu dans ma vie par des gens que je pensais bons, été abusé, etc. Chaque homme peut avoir une part d’ombre plus ou moins forte, et certains se cachent pour le faire. Comment savoir, malgré la beauté et la puissance de l’Évangile, que Jésus était pleinement bon dans l’histoire et n’avait pas de parts d’ombre, comme avoir pu être violent, etc. ? Je m’excuse pour cette question.

De même, concernant les prophéties, comme celle d’Isaïe sur la naissance du Sauveur : comment les prophètes, en plus d’être messagers de Dieu, arrivaient-ils à prédire des évènements, à dire qu’un tel naîtra à tel endroit pour sauver ? Je vous remercie encore, cher Pasteur.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur,

Merci pour votre excellent message, vos encouragements et ce questionnement qui, j’en suis persuadé, sera fécond.

C’est vrai que je pense que tous les récits de miracle des évangiles ont un sens symbolique. C’est en cela qu’ils sont des « signes ».

De quoi les miracles des évangiles sont-ils le signe ?

Je ne suis pas persuadé que ce soit pour nous donner une leçon de christologie (nature du Christ), mais ces récits me semblent plutôt écrits pour que le lecteur vive lui-même une expérience de salut, voire de résurrection. Ces textes sont faits pour nous aider à vivre par le Christ. Ensuite, il est clair que tout miracle est signe de transcendance (au-delà de la nature des choses) et donc du divin. Cependant, la limite entre ce qui est divin et humain s’estompe en Christ, de toute façon, et c’est aussi quelque chose qui est dit pour nous, que nous devenions ainsi plus à l’image de Dieu, comme le projetait déjà le premier chapitre du livre de la Genèse.

Cependant, je pense qu’un certain nombre de miracles ont un fond historique. Je pense que Jésus avait des talents de guérisseur, mais parmi tous ses actes, seuls ceux qui pouvaient avoir un sens spirituel pour la foi du lecteur aujourd’hui ont été repris dans les évangiles. Nous sommes l’aveugle, le paralysé, le sourd, le muet, et le possédé de divers démons qui nous tourmentent.
D’autres récits, comme celui de la marche sur les eaux, n’ont par contre à mon avis pas de base matérielle historique, mais spirituelle seulement. Il s’agit d’une mise en récit de merveilles de vie dont nous bénéficions par la foi. Dans ce registre des prodiges purement spirituels non matériels, je mettrais la conception miraculeuse de Jésus dans Marie (au sens matériel, cela ferait de Jésus un demi-dieu, pas vraiment humain) et la multiplication des pains…

En tout cas, ces textes nous sont donnés pour nous faire vivre en Christ. C’est à chacun de l’interpréter à sa façon, librement, de se laisser rejoindre dans sa propre vie, de s’identifier d’une certaine façon à la fois à la personne qui bénéficie du miracle et au Christ qui est l’auteur du miracle (avec Dieu), et encore aux apôtres qui s’amusent à repousser les autres pour garder le Christ pour eux-mêmes…

C’est ainsi que, par la foi, il nous arrive de marcher sur l’eau.

Je connais mille personnes qui m’ont témoigné du fait que leur foi les a véritablement sauvées dans une situation trop dure à vivre, que leurs propres forces ne leur auraient pas permis d’y arriver seules. Les enseignements, comme ces récits de miracles, nous disent que cela peut nous arriver, mais le cérébral ouvre des portes, mais c’est la foi, c’est l’Esprit, quelque chose qui vient de Dieu qui peut alors nous mettre debout et nous faire avancer. Cela débloque des forces profondes enfouies en nous et nous en donne de nouvelles. Donc oui à votre Dieu proche de nous, et même Dieu en nous (on appelle cela son Esprit, ou plutôt son souffle de vie que nous inspirons).

Certes, tout homme a une part d’ombre.

Enfin : plus ou moins. La tête joue aussi, comme le dit Albert Camus : « un homme, ça s’empêche ». C’est à cela aussi qu’il est bon de réfléchir, de faire de la théologie et de la philosophie, de se construire ainsi un système de valeurs personnelles. Ce n’est plus alors seulement pour obéir à Dieu ni même pour être respecté des gens; mais par respect pour soi-même que l’on arrive à se dire : « Non, ça je ne le ferai pas, car cela ne correspond pas à ce que je veux être. » Pour avoir cette petite force nécessaire à un sursaut, cela demande un peu d’entraînement, et cela demande aussi l’aide de Dieu, sans doute.

Jésus a-t-il eu sa part d’ombre ?

Elle effleure parfois dans un énervement, dans un découragement, dans des hésitations, dans le désespoir de Gethsémanée et de la croix. Mais, à mon avis, les évangiles n’ont pas tant pour but de nous faire une biographie de Jésus ni même de nous décrire l’homme en tant que tel. Le but des évangiles est de nous présenter le Christ : ce qui, en Jésus, nous dit l’humain tel que Dieu l’espère. Une figure de l’humain idéal, idéal inaccessible, évidemment, c’est ainsi inspirant sans nous culpabiliser de ne pas y arriver. C’est essentiel pour nous donner une visée. Ensuite, oui, il nous invite, en particulier avec ces récits de miracle, à nous ouvrir à une puissance de vie qui nous dépasse.

Comment les prophètes prédisent les événements

Je ne dirais pas que les prophètes prédisent l’avenir. Ils disent la trame essentielle de la réalité de ce monde où Dieu agit. Ces trames sont de tout temps, et les paroles de prophètes se réalisent donc de leur temps, mais aussi en Christ et dans notre vie. C’est de tout temps que Dieu nous appelle, nous parle et nous sauve. C’est en nous que naît un sauveur par le souffle de l’Esprit. Comme le dit Angelus Silesius : « Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né. » C’est donc cela aussi que prédisent les prophètes.

Bravo pour vos recherches, vos interrogations, votre inspiration, je suis certain que cela vous apporte et vous apportera beaucoup (je pense pouvoir le prophétiser).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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