
Je suis soigné pour des troubles obsessionnels. Est-ce que le tabac est un péché, et comment faire pour ne pas se culpabiliser ?
Question posée :
Bonjour
Je suis chrétien et souffre de troubles obsessionnels. Je prend des anti dépresseurs. De plus j’ai une addiction, tabac.
Je me culpabilise souvent de celle-ci, et je n’arrive pas à m’en passer. Est-ce que le tabac est un péché, et comment faire pour ne pas se culpabiliser.
Merci pour votre prise de position.
Cordialement
Réponse d’un pasteur :
Cher Patrick
Le péché ?
Sur le plan théologique, D’abord, puisque c’est votre question : le péché, c’est de ne pas penser à Dieu, de l’oublier. Ce n’est pas votre cas, puisque vous êtes chrétien et que vous avez envoyé ce message à « jechercheDieu.ch », c’est un signe d’une foi en recherche, d’une volonté de vivre en tenant compte de Dieu. Vous n’êtes pas dans le péché de ce côté-là. Le plus important est de le prier régulièrement, comme on parle à son ami.
Ensuite, nous essayons tous d’avancer comme nous le pouvons, avec l’aide de Dieu. Mais effectivement, notre vie n’est pas parfaite. C’est vrai. Nous faisons tous « des péchés », plus ou moins importants. Avant de chercher si fumer est un péché, il me semble essentiel de rappeler que Christ affirme sans cesse aux personnes : « Tes péchés sont pardonnés. » Il le fait même à des personnes qui ne se sont même pas posé la question de ce qu’elles avaient fait de mal ou de bien (par exemple en Matthieu 9:2 « Prends courage, mon enfant, tes péchés t’ont été pardonnés.»). Comment Jésus peut-il dire cela ? Parce qu’il sait que Dieu aime chaque personne, et quand on aime : on aime, on ne regarde pas à la faute mais au bon fond de la personne.
Est-ce que fumer est un péché ?
Alors, est-ce que fumer serait un péché ? Un péché pardonné, mais quand même quelque chose de mauvais ? Cela ne m’est jamais venu à l’idée de dire à une personne que « fumer est un péché ». Tuer, voler, blesser, tromper une personne (surtout si elle nous fait confiance), injurier… : oui. Même si c’est pardonné par Dieu, cela demande d’aller vers la personne ou les personnes que nous avons blessées. Et fumer ? Cela ne fait du mal qu’à une personne : vous-même. Il n’y a donc pas à s’excuser auprès de quelqu’un, mais comme votre personne est précieuse pour ceux qui vous aiment (dont Dieu), c’est quand même un souci pour ces personnes. La faute, c’est d’avoir commencé à fumer. La faute, elle est celle de personnes qui vous ont appris à fumer. Mais en tout cas, « ne pas arriver à arrêter de fumer » n’est certainement pas un péché. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas votre faute si vous avez du mal à arrêter. Comme vous le dites, le tabac est addictif, c’est-à-dire que, par définition, c’est difficile pour tout le monde d’arrêter de fumer. Or, on ne peut pas faire plus que nos forces. C’est pourquoi je n’appellerais pas un péché le fait de ne pas arriver à arrêter.
Et de toute façon, Dieu pardonne.
C’est vrai qu’il y a des activités plus géniales que de fumer, et je suis du même avis que vous que ce ne serait pas mal si vous arriviez à remplacer cette activité par une autre distraction ou gourmandise. Pour cela, on a souvent besoin d’aide, il y a plein de méthodes, elles marchent plus ou moins, mais ça vaut le coup d’essayer. Sans culpabiliser, puisque ce n’est pas votre volonté de continuer.
Une sourde culpabilité
Je suppose que cette culpabilité pénible a plus à voir avec vos troubles angoissants qu’avec le fait de ne pas arriver à arrêter de fumer.
Vous n’avez pas choisi d’avoir ces troubles, ce n’est pas votre faute. Il n’y a donc pas de culpabilité à avoir. C’est comme de boiter à cause d’un genou qui fait mal. Vous le savez mieux que moi. Mais il est bon d’en tirer comme conséquence que, quand vous ressentez une sorte de culpabilité, il est bon de chercher, comme vous le faites : est-ce que j’ai fait une faute ? Est-ce que j’ai fait exprès de faire ça ?
- Si c’est le cas, il est bon de s’ouvrir au pardon de Dieu et à son aide pour avancer, voir si on peut réparer un peu les dégâts et repartir d’un meilleur pied.
- Si ce n’est pas le cas, comme ici, eh bien vous pouvez en conclure que votre sentiment de culpabilité est comme une ombre : il est là, fait souffrir, mais est un trouble et non une faute.
Donc pour ces troubles, comme pour cette addiction au tabac : je vous assure que Dieu est à vos côtés avec affection, pour vous soutenir, pour vous rappeler l’infinie valeur que vous avez à ses yeux, pour vous dire et redire combien il a pour vous de l’espérance.
Bravo
Vous avez mon admiration. Bravo de chercher à avancer, bravo pour votre courage, bravo pour votre foi. C’est une excellente base. À partir de là, le mieux est d’avancer pas à pas, il me semble. Dieu est d’une grande aide. Vous pouvez en plus chercher les activités et les personnes qui vous font du bien. Chercher à aider d’autres personnes dans le besoin est aussi une belle chose dans la vie, si vous en avez l’occasion, par exemple dans l’église ou dans une association ?
En tout cas, n’ayez aucune crainte de Dieu, il est de votre côté, et il sera toujours de votre côté, à vos côtés.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Concernant le tabagisme, un témoignage personnel. J’ai arrêté de fumer il y a un quart de siècle, j’ai abandonné la cigarette du jour au lendemain, sur un coup de tête et sans aide, et je n’ai jamais replongé. C’était à la veille de Pâques, je ne culpabilisais pas vraiment, mais la contradiction entre la dépendance au tabac et la liberté du chrétien, que je redécouvrais à l’époque, avait atteint dans mon esprit un point de tension pénible. Évidemment, cette méthode à l’arraché n’est pas à conseiller et ferait sans doute froncer les sourcils aux addictologues. Mais avec moi et à ce moment-là, cela a bien fonctionné, sans désagréments majeurs, à mon grand étonnement ; alors que de précédentes tentatives avaient avorté piteusement au bout de quelques heures. C’était sans doute le moment propice pour moi. Chacun, chacune doit trouver son moment. Il y a un temps pour chaque chose sous le ciel, comme l’a formulé un bon auteur ancien.
Merci Philippe
Merci pour ce témoignage qui peut donner de l’espoir à bien des personnes souffrant d’addiction.
La question est une question de moment propice, en théologie, on appelle cela le kairos, propre à chaque personne. C’est pourquoi on ne peut pas faire la leçon ni culpabiliser les personnes comme on peut l’entendre dans certaines églises. Mais encourager.
Corinthiens 3:16-17
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? 17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes.
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1 Corinthiens 6:19-20
19 Ne le savez-vous pas? Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, 20 car vous avez été rachetés à un grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps [et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu].
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1 Corinthiens 10:13
Conclusion: agir pour la gloire de Dieu
13 Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine. Dieu est fidèle, et il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter.
Je connais bien sûr ces versets. Comme tout passage, ils sont à interpréter, plutôt que d’en faire des menaces effrayantes pour une personne en difficulté. « Dieu le détruira ! » ?!? En théologie cela s’appelle la pastorale de la peur. Tant qu’à faire de citer des versets, il me semblerait plus juste de citer ce verset « tes péchés ont déjà été pardonnés, ta foi t’a sauvé, avance en paix » (Luc 7:48), ou bien Matthieu 5 où Jésus lui-même dit que Dieu aime même ses ennemis, fait du bien à ceux qui font le mal.
Dieu pardonne pour la 🚬, le cœur non…j’en sais quelque chose 😉
Ce n’est pas faux. Comme on dit : un homme arrive avec son camion devant un tunnel portant le panneau « hauteur limitée à 2m70 », or le camion fait 3m de haut. L’homme sort, regarde bien partout et se dit : je peux y aller, il n’y a pas de flics.