Mon système de croyances se base sur la nature et les signes que le « Grand Esprit » m’envoie via la nature

Question posée :

Bonjour

Je vous ai écrit il y a quelques semaines et vous avez la bonté de me répondre et éclairer ma lanterne

J’aimerais encore avoir des réponses. Mon attrait pour Jésus n’a pas disparu et je me pose encore des questions. Mon système de croyances se base sur la nature et les signes que le « Grand Esprit » m’envoie via la nature (peuple Algonquin, une tribu Amérindienne). J’entends par là, les animaux, les plantes, les minéraux, etc… Après tout, la nature est aussi le fruit de Dieu/Grand Esprit, non?

Ces éléments m’ont souvent guidé dans la bonne direction et donné des conseils avisés. Puis-je donc croire que c’est « Dieu » qui me guide, même si sur la façon de penser, nous restons sur l’animisme. Penser que les animaux puissent avoir un pouvoir, être une aide, sachant qu’ils sont aussi des êtres de Dieu, n’est pas étrange, ni magique. Je ne parle pas de me transformer en un animal mais de voir qu’ils ont aussi une symbolique importante.

Dans mon cas, je me vois plutôt utiliser les êtres de Dieu pour m’aider. Êtes-vous d’accord?

Aussi, je me posais une autre question. Jésus a bien lavé l’humanité de ses pêchés mais est-ce valable pour tous les humains vivant sur cette Terre, même dans des continents différents (dans mon cas, je me pose la question des Amérindiens, dont les croyances sont miennes)? Jésus aimait tout le monde et ne faisait preuve d’aucune distinction, n’est-ce pas?

Merci d’avance pour votre réponse éclairante

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Oui, je suis persuadé que Dieu n’est pas le Dieu d’une seule religion, mais que toute aspiration spirituelle est un lien vers l’unique Dieu. C’est vrai que l’ensemble de la création forme un tout qui est vivant, en évolution. Et c’est une merveille étonnante.

1) Un seul Dieu et différentes conceptions de la transcendance

Ensuite, il y a différentes conceptions de Dieu et ce n’est pas du tout neutre sur notre propre évolution. Par exemple :

• Si on pense que Dieu est un terrible juge qui garde les meilleurs et élimine ceux qui sont moins satisfaisants pour une raison quelconque, cela risque bien de nous faire ressembler dans la vie à cette figure de justicier impitoyable.
• Si l’on pense que Dieu est un infini sans personnalité, cela nous invite à nous diluer dans cette immense globalité, ce qui ne va pas tellement dans le sens de l’épanouissement de la merveille que nous sommes et de notre rayonnement en ce monde, mais cela peut apporter un effet d’apaisement.
• Si l’on pense que Dieu est comme une tendre maman qui fait et fera toujours tout pour chacune et chacun de ses enfants, cela a des chances de nous faire ressembler dans la vie à cette figure de tendresse inconditionnelle, qui pardonne et cherche à soigner.

Jésus-Christ nous fait découvrir Dieu sous cette seconde figure, et c’est vers lui qu’il nous suggère de nous tourner dans la prière. Mais on a le choix, bien sûr, de choisir sa visée. Vous voyez, il y a un seul Dieu, un seul Esprit, une seule prière… mais il est déterminant de creuser personnellement sa théologie, vers quelle idée de Dieu on tourne sa prière.

2) Il y a bien des façons de concevoir notre prière, notre spiritualité.

Certains pensent que Dieu décide pour nous par avance ce qu’il nous demande de faire : il s’agit alors de demander dans la prière ce qu’il nous demande et parfois de chercher à le faire changer ses plans, à se le rendre favorable. Parfois, certains cherchent à voir des indications dans les rêves et dans des « signes ». Je connais une foule innombrable de personnes qui ont été déçues par cela, car les rêves mêlent bien des peurs et des espérances, des impressions et l’influence des hormones qui viennent brouiller la voix de Dieu. Et les coïncidences d’un oiseau qui apparait ou d’une feuille qui tombe sont le produit d’un tel nombre de causes indépendantes que se guider sur ces coïncidences revient à diriger sa vie en jouant aux dés.

Certaines formes de spiritualités cherchent seulement à faire la paix à l’intérieur de soi-même, à s’effacer devant Dieu.

L’Évangile nous présente plutôt la Parole de Dieu comme une lumière sur nos vies, afin de nous aider à mieux saisir la réalité dans ses multiples dimensions et de pouvoir alors nous décider librement en connaissance de cause, selon notre personnalité : dans cette façon de prier en confiance, Dieu nous rend libres et éclaire notre discernement par son Esprit, mais guide bien moins. Il harmonise nos dimensions plus que de les étouffer, il mobilise et responsabilise plus que de calmer. C’est un effort de questionnement, de lucidité, d’intelligence et de discernement personnel, un élan.

Il y a ainsi un « travail » de prière ou de spiritualité, ou de recherche d’inspiration dans bien des mouvements et religions. C’est un gros point commun. Mais ce que l’on espère et ce que l’on obtient est assez différent.

3) À chacun de choisir, librement, sa foi et sa prière

C’est donc à vous de choisir ce qui vous convient. Il est possible de panacher, contrairement à ce que certains disent. Je connais des personnes qui le font. Mais il me semble qu’il est bon quand même de se donner quelques axes, et alors on peut broder autour, si je puis dire.

En tout cas, Dieu vous bénit et vous accompagne, sans condition. Il n’y a donc pas de chantage.

Ce qu’apporte Jésus-Christ, ce n’est pas de laver l’humanité. Il nous révèle que Dieu aime chaque personne de l’humanité, du passé, du présent et du futur, et quand on aime, on aime sans condition, l’être aimé n’est pas sale aux yeux de celui qui aime.
Dieu ne cesse de vouloir faire du bien à chacun de ses enfants. Cela l’aide si on place notre confiance en lui, c’est tout. Mais il nous a déjà comptés comme faisant partie des siens.

par : pasteur Marc Pernot

Réponse du visiteur :

Merci pour votre réponse.

Si je comprends bien, se baser sur les signes est une chose qui peut s’avérer trompeuse, c’est bien cela? Pourtant, je ne pense pas que nos chemins soient tracés à l’avance. Nous décidons de notre chemin mais dans la prière, nous pouvons demander conseil ou une aide. Voilà comment je verrais plutôt les choses. Je pense aussi que Dieu est un infini sans personnalité mais également bienveillant, qui nous aime. A mes yeux, les deux notions ne sont pas incompatibles. Mais j’aime assez l’idée d’une maman bienveillante qui pourrait, éventuellement, nous donner des signes quand nous en avons besoin. Sa lumière éclaire alors nos vies d’une lumière salvatrice.

Et quelle est votre opinion sur le panachage? Je sais que cela relève plus du choix personnel mais n’est-ce pas étrange à vos yeux de mélanger plusieurs croyances, même si en effet, Dieu est le même pour tous? Je vous le demande justement parce que vous avez l’expérience de la religion et je voulais un avis interne, si je puis dire.

Je pose beaucoup de questions car je traverse un questionnement profond et je ne parviens pas à trouver toutes les réponses. Peut-être que ce n’est pas à la portée de l’homme de tout comprendre mais j’avoue que parfois, je me sens perdu par toutes les croyances qui existent.

Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonjour,

Bravo pour votre recherche d’avancer.

• se baser sur les signes est une chose qui peut s’avérer trompeuse, c’est bien cela ? Oui, vraiment.
• dans la prière, nous pouvons demander conseil ou une aide : oui, mais ce sera en général une aide qui fait que progressivement des solutions nouvelles nous apparaîtront et une plus grande lucidité sur des aspects de la question que nous n’avions pas envisagés.
• En ce qui concerne le panachage, c’est très personnel. Pour telle personne, cela ne convient pas et il vaut mieux que cette personne se concentre sur une seule paroisse. D’autres personnes étouffent dans une seule paroisse et sont plus à l’aise en prenant ce qui leur convient le mieux dans chaque sensibilité et en faisant par elles-mêmes leur mélange. C’est donc à vous de voir. Peut-être en commençant par choisir un des courants, bien le creuser et voir ensuite si vous voulez enrichir cette voie par d’autres apports.

C’est normal de tâtonner un peu au début, tout à fait normal. Ne vous inquiétez pas.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

pasteur Marc Pernot