20 mars 2024

Question

Je ne crois absolument pas à ce dieu dont la relation avec l’être humain serait « rampe devant moi ou je te carbonise »

Question posée :

Bonjour M le Pasteur

Je suis tombé un peu par hasard sur un commentaire de cet Evangile de Mathieu 13.
Je cherchais des éléments d’analyse et de discernement pour répondre aux affirmations assez « radicales » d’un ami croyant fervent mais tenant d’une foi qui considère que la repentance totale aux pieds de Jésus est la seule voie offerte a l’humanité pour échapper à l’enfer qui l’attend ineluctablement. Pour lui l’homme est un monstre (sic) aux yeux de Dieu et ne mérite rien d’autre que l’enfer s’il ne se reconnait pas lui même comme monstre et ne se jette aux pieds du Seigneur pour implorer Son pardon. Autant dire que 99% de l’humanité y sera précipitée, sans guère de doutes
Il m’a envoyé cet Evangile de Mathieu comme élement probatoire de ses convictions
Je lui ai renvoyé votre commentaire (merci!) qu’il qualifie de « new age ».. comme tous ceux qui ne collent pas à son interprétation radicale des textes évangéliques
Je suis catholique. Je ne crois absolument pas à ce dieu que j’appelle « croque-mitaine » dont la relation avec l’etre humain se bornerait à « rampe devant moi ou je te carbonise »
Mais puis je vous demander à vous pasteur protestant ce qui légitime votre compréhension de ce texte (la parabole du filet dans la mer) vous permettant d’écarter l’interprétation  » brute » de cette parabole selon laquelle il y aurait des 100% justes et des 100% mechants, ces derniers etant voués à l’enfer eternel décidé par Dieu et sans aucune espérance de pardon
Votre réponse m’interesse beaucoup
Merci beaucoup par avance
Bien a vous

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo pour votre élan de réflexion et de foi, bravo de chercher à discuter avec d’autres de questions de théologie, c’est un enrichissement et cela crée du lien.

Seulement, je ne suis pas certain que ce soit la peine de chercher à convaincre cette personne. Il va sa foi ainsi, que cela lui fasse le plus grand bien, c’est bien sûr ce qu’on lui souhaite. Et au moins il aura entendu qu’il existe d’autres sensibilités chrétiennes.

Grand merci pour les encouragements pour ce que je publie. C’est vrai que je fais ce que je peux pour témoigner de la grâce de Dieu, amour sans condition de Dieu même pour ses ennemis. Cela ne me semble pas « new-age » le moins du monde mais sorti tout droit de la foi et des actes de Jésus-Christ. Mais bon, ce monsieur pourrait simplement dire qu’il a une autre opinion, une autre théologie, une autre expérience de Dieu, et une autre lecture des évangiles. C’est tout à fait son droit.

Dans l’Evangile selon Matthieu nous avons ce passage essentiel où Jésus explique que Dieu aimez ses ennemis, bénit ceux qui le maudissent, fait du bien à ceux qui le haïssent, maltraite ses enfants et qui les persécutent, (Matthieu 5:44) Et Jésus nous invite à nous laisser engendre par Dieu comme son enfant pour que nous puissions de temps en temps faire un peu cela, qui est un chemin de perfection.

Cela me semble rendre impossible tout chantage, toute menace de la part de Dieu.

Ensuite, les soldats romains qui crucifient Jésus sont certes à ses pieds mais ce n’est pas pour demander pardon mais pour continuer à se moquer de lui et voler ses affaires, et Jésus non seulement leur pardonne mais prie pour leur pardon et leur veut tout le bien possible.

Christ représenté en bon berger - catacombes de RomeEnsuite, c’est une tradition très ancienne de voir qu’en chaque personne il y a à la fois du bien et du mal, une personne à la fois bonne et méchante. Et que le salut de Dieu ne consiste pas à sélectionner quelques meilleurs éléments, mais à purifier chaque personne, la soigner et la nourrir, l’appeler, la réconforter de sorte que chacun finisse par progresser.

C’est ce que l’on voit par exemple dans cette fresque des catacombes de Rome qui est une reprise à la fois :

  • de la parabole de la brebis perdue (Matthieu 13:32),
  • de la graine de moutarde (Matthieu 13:32,
  • et de la parabole du « jugement des nations » de Matthieu 25:33, avec la séparation des justes (comparés à des agneaux mis à droite) et des pécheurs (comparés à des boucs mis à gauche).

Or sur cette fresque (et d’autres), ce que porte le Christ est un bouc, que l’on pensait être perdu, jugé, condamné ? Même le bouc est donc rejoint et porté par le Christ pour l’amener à la vie.

Cela dit la conviction des chrétiens des premiers siècles que le Christ est venu pour chercher le pécheur, le porter (car incapable de marcher par lui-même) et de le ramener à la maison car le Christ sait, lui, qu’au delà de son côté méchant de bouc, il est et demeure pour le Christ un agneau à libérer de sa part de bouc. Voir cette autre prédication.

Mais bon, il est difficile d’arriver à saisir ce changement de logique.

Je pense que c’est mieux de laisser votre ami à sa façon de voir, de continuer à faire vivre et cheminer la vôtre et d’admirer la foi de cet ami pour ce qu’elle a de beau.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

 

Réponse du visiteur :

Bonsoir Marc

Je reviens vers vous et si mes questionnements ne vous assomment pas je serai heureux de connaître votre « vision »!

– qu’est ce pour vous que le « jugement » dont parlent St Jean (par exemple Jean 3:19) et Paul? Est ce une sorte de tribunal divin ou chaque homme devra rendre compte de ses actes et pensées terrestres et dont la sentence sera le paradis ou l’enfer éternel?
– corollaire à cette question: qu’est ce que la « colère de Dieu »? Le courroux divin face au refus de l’homme de se reconnaitre pécheur perdu voué à l’enfer s’il n’implore pas le Seigneur de le sauver? Est il possible selon vous que le Dieu d’amour (si vous le concevez bien ainsi) cesse d’aimer et devienne un « juge terrible » pour reprendre les termes favoris de mon ami François?
Voilà, vos réponses m’interessent grandement et je ne saurais assez vous remercier de m’apporter votre éclairage ou peut être – à votre guise – de m’orienter vers des lectures ad hoc susceptibles de m’aider à discerner

Merci à vous

Réponse d’un pasteur :

Bonjour
Voici ce passage fameux de l’évangile selon Jean :

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n’est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient dévoilées; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. » (Jean 3:16-21).

En premier il y a l’amour de Dieu.
Il y a aussi le fait que le Christ ne vient pas pour juger mais pour sauver. Pas pour juger, sélectionner, éliminer.
Qu’il y ait du bon et du mal en chacun n’est un mystère pour personne. Même chez le meilleur des hommes.
Les hommes ont préféré les ténèbres car leurs œuvres sont mauvaises : littéralement ce sont tous les humains. Et c’est vrai, cela concerne chacun.
Et « celui qui agit selon la vérité », qui est-ce ? De qui pourrait-on dire qu’il agit à 100% selon la vérité ? Mais à au moins 0,01% c’est toute personne vivant au monde, sinon elle étoufferait dans sa propre haine.
Le jugement est donc un jugement de fait, en réalité : ce qui est mort en nous n’est pas condamné à mort, c’est juste mort, et que ce soit éliminé n’est pas un jugement mais comme l’ablation d’une tumeur : c’est pour sauver.
Bien sûr puisqu’à la base il n’y a que de l’amour de Dieu, et que l’amour ne laissera pas passer un tout petit bon fond dans une personne, même enfoui dans des montagnes de mauvais comportements. Et, bien évidemment, Dieu ne peut pas cesser d’aimer.
Voilà ce que je dirais en première lecture.

Ensuite, la « colère de Dieu » a souvent pour image le feu. Ce n’est pas une punition ni une menace de nous carboniser si nous ne rampons pas devant Dieu. Le feu est une image de la purification du minerai, éliminant les scories pour dégager le moindre atome d’or ou d’argent, de platine au fond de chacun. D’ailleurs le don de l’Esprit à la Pentecôte est associé à des langues de feu. C’est un plus pour nous, venant nous purifier et nous augmenter.

Cette image du feu comme agent de purification pour dégager le meilleur est par exemple exprimée par Paul :

Si quelqu’un bâtit sur le fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’oeuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’oeuvre de chacun. Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’oeuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.
(1 Corinthiens 3:11-15).

Bien cordialement

par : pasteur Marc Pernot

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3 Commentaires

  1. Stéphanie dit :

    Marc Pernot « new age » 🤣🤣🤣. J’aime bien la métaphore métallurgique, la transformation de la matière m’a toujours fascinée (y compris spirituelle, mais là ça devient quantique). 🙂

    1. Marc Pernot dit :

      Merci ! Et amitiés.
      Je pencherais peut-être un peu plus du côté vintage que du newage. Possiblement.
      Et oui, le quantique des quantiques est inspirant.Bible et science ouvertes.

  2. Anne-Claude dit :

    🙏💖💞

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