ciel d'orage - Image par engin akyurt de Pixabay
Développement

Je cherche Dieu avec ardeur et persévérance, mais je ne trouve pas l’amour de Dieu, sa présence.

Question posée :

Je me présente : j’ai 32 ans et j’exerce en qualité de travailleur social pour une ONG. Mon récit sera probablement long et je vous remercie par avance pour le temps que vous pourrez y consacrer.

Voilà maintenant 3 ans que je suis à la recherche de Dieu, sans succès à ce jour. J’ai une connaissance à peu près correcte de la Bible. Livre que je me force à lire sans en tirer de révélations ou de compréhensions réelles de la Terre, du monde, des civilisations, de Dieu ou de moi-même. Mes connaissances théoriques sur Dieu sont plutôt développées tandis que ma connaissance de Dieu est inexistante. Je n’ai pas de « relation personnelle » avec lui.

Il est dit que Dieu est amour et Jésus Christ le sauveur. Je n’arrive à éprouver aucun amour pour Dieu/Jésus. Si je m’intéresse à lui c’est par crainte de l’enfer. Or, s’il n’y a pas d’amour de Dieu, l’on ne peut être sauvé.

Cela fait 4 ans que je suis dans cette boucle infernale. Lorsque je lis la Bible, je m’en désintéresse rapidement car cela ne me parle pas. Lorsque je prie, cela me demande des efforts considérables car systématiquement, à chaque tentative mon esprit divague dès les premières secondes de prière. Durant mes temps de prière je ne me suis jamais sentie au contact de Dieu mais seule dans ma chambre. Je n’éprouve pas d’admiration pour la nature (je la sais belle, mais je ne la ressens pas belle), ni n’est touchée par rien de la création. Il est dit que qui cherche, trouve. Je cherche, mais je ne trouve pas. Je ne trouve pas l’amour de Dieu, sa présence. Pourtant j’ai demandé un nombre incalculable de fois. Dans mes prières, je n’ai pas cherché à cacher mes pêchés et ai confessé de la manière la plus authentique que je puisse faire en demandant le pardon, sans jamais le ressentir. Je reste littéralement écrasée par les blessures de mon passé. J’ai l’impression d’être une enfant qui pleure et demande (pas de biens, pas de travail, pas même un conjoint que j’attends pourtant depuis des années, mais juste de trouver Dieu) mais que l’on laisse en permanence dans le silence.

Il y a quelques mois, j’ai été dans une église évangélique. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai eu la sensation de m’être trouvée là dans le plus grand des hasards. J’ai assisté aux cultes, dans une indifférence complète et ai discuté avec une responsable de l’église. Elle m’a encouragée à donner ma vie à Jésus. Je lui ai dit que je ne pouvais pas car je n’éprouve rien pour Jésus et que cela serait donc hypocrite. J’espérais apprendre à connaitre Dieu et Jésus et ensuite donner ma vie pour lui. En tout cas, je voyais cela comme ça. Elle m’a dit que je pouvais le faire dès à présent et que je verrais ma vie transformée. Je l’ai fait et il ne s’est rien produit pour moi dans mon coeur. Cela vient s’additionner à la liste de mes nombreuses tentatives vaines vers Dieu.

Les années passent et je dépéris complètement. Cela s’est accentué depuis que je réside dans une nouvelle région très différente de celle dont je suis originaire (milieu rural +++) où j’ai aménagé en novembre pour le travail… Je crois que je suis habitée. Je suis une personne qui a cherché à se sentir bien depuis des années et ai fait des efforts pour (faire des activités, j’ai suivi plusieurs psychothérapies, j’ai eu des traitements médicamenteux, je cherche vainement Dieu…) et aucune de mes foutues tentatives ne donnent rien. C’est comme si j’étais un cas désespéré, navrant, pour lequel on ne peut putain de rien faire. Alors je ne vois plus que ça : soit je suis « habitée » et coupée de Dieu par ce biais, soit simplement Dieu n’existe pas (pourtant, cette seule idée m’est intolérable). Ce n’est pas possible autrement. On ne peut pas chercher autant Dieu que moi sans jamais le trouver n’est-ce pas ? Il est dit que Dieu aime tous ses enfants. Ce peut-il qu’il ne souhaite pas que tous soient sauvés ? Peut-être qu’il était prévu pour moi que j’échoue forcément ?

Je vous remercie vivement d’avoir pris le temps de me lire et j’espère avoir une réponse de votre part quand vous le pourrez,

Bonne journée,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

J’ai rencontré bien des personnes en recherche de Dieu. Il en existe une importante proportion qui a senti la présence de Dieu, son amour, son pardon. Il existe une proportion tout aussi importante, me semble-t-il, de personnes qui n’ont jamais eu aucun « sentiment religieux ».

L’un comme l’autre sont difficile à dire, je pense. En particulier avec ses proches : certains ne vont-ils pas se demander si je suis un « illuminé » ? Et avec des croyants : si je dis que je n’ai aucune expérience de Dieu ne vont-ils pas me juger ? Hélas, cela peut arriver.

Mais quand une personne se sent à l’aise et non jugée, elle peut plus facilement accepter de dire ce qu’il en est dans ce domaine. Et cela fait du bien, je pense de savoir que l’humanité est riche de personnes de sensibilité différentes, que chacun a sa façon de réagir et de s’exprimer dans la vie. Et qu’il serait un scandale de dire que telle personne vaut plus qu’une autre parce qu’elle aurait ou n’aurait pas tel ou tel talent.

C »est ainsi pour ce qui est du sentiment religieux. Certains en ont, certain le vivent une fois de façon aiguë, d’autre d’une façon plus diffuse, certains comme en pointillé, d’autres pas du tout. A vue de nez (je n’ai pas fait de statistique), sur les centaines de personnes que j’ai rencontrées pour préparer un baptême d’adulte, nous parlons de cela, et je pense que c’est 50/50 : une personne sur deux a une sensibilité de Dieu d’une façon ou d’une autre, et une personne sur deux n’a jamais eu l’impression de sentir quoi que ce soit ou qui que ce soit qui serait de l’ordre d’une transcendance. Cela peut d’ailleurs changer au cours d’une vie, heureusement que nous sommes un être en évolution.

  • C’est vrai qu’avoir une certaine sensibilité au sentiment d’une rencontre avec Dieu est une chance, dans un certain sens. Quand on a une chance, un talent : c’est très bien, mais c’est aussi quelque part un peu une charge d’en faire quelque chose de beau ? Et dans ce domaine ce n’est pas si facile car précisément cela ne dit pas grand chose aux personnes qui n’ont pas cette expérience, cela pourrait même les faire se sentir moins croyantes, ce qui ne serait pas sympa et faux. Le second risque est de s’appuyer là dessus pour croire avoir dépasser la théologie par la mystique ? C’est un peu rapide et simpliste, voire dangereux. Donc que faire de ce talent quand on l’a ? A chacun de voir : peut-être de faire en sorte qu’il soit converti en qualité d’être, en qualité de bienveillance pour les autres, en patience pour soi et pour les autres?
  • Et quand on n’a pas cette sensibilité, on n’est pas un handicapé pour autant, on est pas un méchant dont le péché fait écran au gentil Seigneur qui cherche à nous atteindre. Non, cela veut simplement dire qu’au jour d’aujourd’hui, on n’a pas ce talent là. Nous n’avons pas tous les talents ? Oui, c’est comme cela. Cela fait partie de la richesse de l’humanité, comme le dit l’apôtre Paul avec humour : si la main disait à l’œil parce que je ne vois pas la lumière je ne fais pas partie du corps, et si l’œil disait à la main parce que je ne peux rien prendre je ne fais pas partie du corps… nous serions bien avancés. Vous n’avez pas cette sensibilité là ? Vous en avez d’autres. Vous dites que vous travaillez dans le social et dans une ONG, cela me fait supposer que vous êtes capable d’un certain élan vers l’autre et ses besoins. Tout le monde n’a pas cette sensibilité là non plus. L’apôtre Jean, ami proche de Jésus, apparemment, a dit avec force que « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ». Alors ? Ce talent là non plus n’est pas si facile à mettre en œuvre, bien sûr, lui aussi comporte ses risques de ne rien en faire, ou de faire plus de mal que de bien.

Pour ce qui est de la connaissance de Dieu, vous m’avez l’air pas mal avancée aussi par la théologie. Cela aide. Vous vous appliquez à la prière : c’est une bonne et saine pratique, surtout quand on a affiné la conception que l’on a de Dieu et que l’on en est venu comme vous le faites à avoir une conception de ce qui est l’idéal (c’est à dire, Dieu, par définition) et source de croissance vers cet idéal : l’amour ; la compréhensions de cette Terre, du monde, des civilisations, de Dieu ou de vous-même ; de belles relations ; une recherche de sentir l’autre ; la sincérité, la demande de pardon ; l’espérance… et bien d’autres choses qui me font penser qu’en réalité Jean a raison. A votre façon vous avez bien plus connu Dieu et bien plus intégré ce qu’est Dieu que vous en le pensez. Même si cette façon ne correspond pas aux stéréotypes qui sont venus s’imprimer malencontreusement dans votre conception de ce que devrait être une vraie belle foi. C’est plus simple que cela : une belle foi, pour vous, ce sera votre façon à vous d’avoir la foi.

Vous écrivez « Je n’arrive à éprouver aucun amour pour Dieu/Jésus. Si je m’intéresse à lui c’est par crainte de l’enfer. Or, s’il n’y a pas d’amour de Dieu, l’on ne peut être sauvé. » Ouh là là, qui vous a mis en tête cette idée de Dieu ? Un Dieu dont on ne voudrait pas même comme patron d’une entreprise, et encore moins comme tendre maman d’un enfant nouveau-né. Ce qui fait qu’une personne est sauvée, c’est le fait qu’elle est aimée par Dieu. C’est tout. Affaire réglée. Ensuite, si cela nous inspire pour aimer un peu, comme nous le pouvons et à notre façon, tant mieux. C’ets tout bénéfice pour nous, pour le monde autour de nous, et sans doute de la joie pour Dieu (nous suggère Jésus dans sa parabole de la brebis perdue de Luc 15). Mais bon, c’est une autre question.

Ensuite, votre situation dans un environnement tout à fait exotique pour vous n’est manifestement pas facile. C’est peut-être là dessus que vous avez des mesures à prendre, peut-être de façon urgente, c’est bien entendu à vous de voir ce qui peut être fait, est-ce que ce sont des fréquentations à changer, un rythme de vie, des activités à éliminer ou à ajouter… Je n’en sais rien. Mais comme une plante a besoin d’ombre et une autre de soleil, que l’olivier dépérit si on le traite comme un nénuphar… là aussi, il faut s’aimer un peu afin de se procurer un environnement qui soit sain pour nous. Ensuite, comme les végétaux, ça pousse imperceptiblement, sans qu’on le voit ni qu’on sache bien comment…

Quant à l’idée d’être possédée ou je ne sais quoi, franchement, je n’y crois pas une seconde.

Dieu vous bénit et vous accompagne

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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18 Commentaires

  1. Corinne dit :

    Ne le cherche plus reçois le
    Seigneur je ne te cherche plus, viens je te fais une place à côté de moi. Invite le comme tu le fais avec un ami. Ça marche et je vie des moments incroyable avec lui.
    Ton cœur est juste troublé parce-que tu penses que Dieu est partout sauf avec toi. Tu oublies qu’il t’entends et te remarque mais tu le cherche partout sauf près de toi.

  2. Annie Affoh dit :

    Super à toutes et tous les témoignages

  3. Patrice dit :

    Ma chère sœur,

    J’ai 63 ans, et comme toi je cherche Dieu depuis toujours, je le fais sincèrement , mais mon cœur reste toujours inconsolé.

    Au milieu de mes souffrances je l’appelle et je voudrais juste qu’il soit avec moi, mais encore une fois rien!

    Alors je me demande si Dieu ne serait pas le Père Noël des « adultes » ?

    Illusion ? Et pourtant moi qui suis en fin de parcours, il reste mon seul espoir!

    Amicalement à tous,
    Patrice

    1. Marc Pernot dit :

      Bonsoir Monsieur
      Qu’attendez-vous comme signe de la présence de Dieu ?
      Il est avec vous, il est en vous infiniment plus que vous le pensez.
      Comme le dit Blaise Pascal, à cette interrogation, Dieu répond « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ».
      Effectivement, vous avez raison en ce qui concerne l’espérance d’avoir un Père Noël Tout-Puissant quelque part. Le Dieu de l’évangile en est très très loin. Son action est plus comme une graine de moutarde jetée dans un champ, nous dit Jésus. C’est infiniment modeste, pousse imperceptiblement, mais au final apporte infiniment plus que des légumes !
      Prenez courage,
      Dieu vous bénit et vous accompagne

    2. Corinne dit :

      Parfois on cherche Dieu partout sauf a l’intérieur de nous même.

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