21 janvier 2021

un jeune homme avec un sweat à capuche regarde vers le haut - Photo by Anthony Fomin on Unsplash
Question

Interrogation sur l’éternité et ce que nous y ferons.

Par : pasteur Marc Pernot

un jeune homme avec un sweat à capuche regarde vers le haut - Photo by Anthony Fomin on Unsplash

Question posée :

Bonsoir Marc,
Comment vas tu ? Je te vois toujours très actif.
Je voulais te demander si tu avais des écrits autour de l’éternité et ce que nous y ferons. J’ai 6 personnes dont mes parents, et même si Chrétiens, ont là-dessus des interrogations. Donc je suis en train de creuser…
Bien à toi.
Fraternellement

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Mil mercis, cela va fort bien même si cela irait mieux en pouvant tenir des rencontres, des vraies, avec la chair et le sang et une petite verrée.

Bravo pour ces réflexions sur la vie future.
Et je suis touché que tu fasses ainsi appel à moi pour avoir quelques pistes !

Une clef essentielle est pour moi le dialogue de Jésus avec Marthe en Jean 11 :

« Je sais, lui répondit Marthe, qu’il (Lazare) ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.
Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt;
et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. »
(Jean 11:24-26)

Marthe a bien appris son catéchisme (pharisien) à propos de la résurrection après la mort de notre corps, suivie d’une attente jusqu’à la fin des temps où mes morts ressusciteront comme un peuple.

Jésus l’oriente alors sur une autre façon de voir où la résurrection est à vivre dans le présent en Christ. C’est une « vie en abondance » (Jean 10:10) dans la vie présente, de sorte que même si la personne meurt biologiquement, elle continue à être vivante, par l’abondance de vie qu’elle a. Il y a ainsi à la fois discontinuité (quand notre vie biologique disparait) et continuité (notre vie « en abondance » qui se poursuit). Paul aussi parle souvent de la résurrection au présent, voire au passé : « vous avez été ressuscités avec Christ » (Col 2:12; 3:1). L’éternité a déjà commencé, nous y participons.

Cette vie future pour l’éternité, quelle est-elle ?

  • Difficile d’en parler autrement que par des images à cause de cette discontinuité, par la mort du corps,
  • En même temps puisque Jésus en parle comme une poursuite de ce qui est vivant en abondance en nous, il est possible de dire quelque chose sur ce qui reste de nous en vie pour l’éternité. C’est ce qui est de l’ordre de la vie en Christ, c’est ce qui est déjà ressuscité et vivant en abondance.

Cela permet de dire, je pense, quand même quelque chose de ce que pourrait être la vie future, dans l’éternité. Voici ce qui me vient en tête, pour initier peut-être votre propre recherche :

  1. La première caractéristique de cette vie est de recevoir cette vie par l’amour de Dieu lui-même, car c’est lui qui est éternel et qui nous garde en vie. La première caractéristique que je vois est que la vie future est par Dieu, avec Dieu. Mais sans confusion avec lui, sinon il n’y aurait plus de relation.
  2. Qu’est ce que Dieu aime quand il nous aime ? Il aime notre moi personnel, notre personnalité unique. Cela reste. C’est un des plus grands points de divergence avec la pensée grecque ou avec le bouddhisme, qui pensent que l’individu disparait, que son âme éternelle rejoint le grand tout. Dans la foi chrétienne, l’individu personnel est au contraire valorisé, pour la vie présente, dans une alliance personnelle avec Dieu, et pour la vie future. C’est ce que dit l’idée de résurrection avec un corps, comme l’exprime Paul par exemple en 1 Corinthiens 15, ce n’est pas un corps matériel, dit-il, mais un corps spirituel, un corps glorieux ou céleste. Mais c’est un corps, or notre corps est cette partie de l’espace, partie de l’univers qui est nous et rien que nous, en propre.La seconde caractéristique importante de notre vie future me semble être donc que nous ressuscitons comme un individu personnel.
  3. La troisième caractéristique me semble être celle de l’amour. D’abord parce que le Christ ne cesse de valoriser la qualité de relation avec notre prochain, et avec Dieu. Mais aussi parce que ce corps qui est ressuscité, c’est notre individu personnel, et c’est aussi le « corps du Christ », l’humanité comme un corps dont nous sommes un membre unique et irremplaçable, en lien par l’Esprit avec les autres membres. C’est ce que je garderais de la théologie catholique de la « communion des saints ». La qualité d’éternité de l’amour est bien exprimée par Jean dans sa première lettre « quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ». Nous vivrons donc dans la vie future avec nos attachements précieux, de qualité, de compassion et de joie. Cela n’est pas seulement de la théologie abstraite pour se rassurer face à la fragilité de notre survie en ce monde, le fait que l’amour soit plus fort que la mort est une expérience que nous faisons face à la mort d’une personne que nous aimons. L’amour demeure, par conséquent nous ne « retrouvons » pas nos chers disparus en passant de l’autre côté de la mort, notre relation vraie demeure, traverse la mort. Nous ne les retrouvons pas au sens que cela pourrait avoir pour nous qui sommes un corps biologique maintenant puisque notre vie ne sera plus biologique. Nous resterons avec eux. De même nous ne communiquons pas avec les morts, nous sommes en relation par l’amour, c’est à un autre niveau que la conscience, c’est au niveau de l’Esprit, de ce qui peut faire surgir de la vie du chaos.
  4. La quatrième caractéristique que je considèrerais est celle de la vie. Cela parait banal de dire que la vie future est vivante, sauf que l’idée que l’imaginaire a parfois en tête c’est plus, là encore, une image bouddhiste ou grecque où l’idéal est vu comme un état sans mouvement. Or nous voyons en Christ qu’être vivant c’est être en chemin (Jean 14:6), être vivant c’est être source de vie. C’est ainsi que la principale caractéristique du Christ ressuscité est d’être ressuscitant, c’est d’envoyer Marie-Madeleine vers les autres, c’est d’envoyer les apôtres en mission, c’est de rencontrer Paul sur le chemin de Damas. C’est ainsi que l’on devient « enfant de Dieu » en recevant la Parole créatrice (Jean 1:12). Donc, la vie future ne sera pas reposante ! Elle sera encore à l’image du Christ : vivante, en cheminement, en créativité, en franchissements. Ceux qui pensent « zapper » leur vie présente, soit dans le « divertissement » (péjoré à juste titre par Pascal), soit en mettant fin à sa vie, se trompent à mon avis car la vie future ne sera ni plus reposante ni plus simple que la vie présente. Elle aura aussi ses défis, ses efforts, sa créativité. C’est un point discutable car hors de la matière la notion de temps devient délicate, en tout cas pour ce que nous pouvons en dire scientifiquement (voir la théorie de la relativité), mais il me semble que vivre l’éternité, ce n’est probablement pas vivre hors du temps. C’est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. leur vie présente, soit dans le « divertissement » (péjoré à juste titre par Pascal), soit en mettant fin à sa vie, se trompent à mon avis car la vie future ne sera ni plus reposante ni plus simple que la vie présente. Elle aura aussi ses défis, ses efforts, sa créativité. C’est un point discutable car hors de la matière la notion de temps devient délicate, en tout cas pour ce que nous pouvons en dire scientifiquement (voir la théorie de la relativité), mais il me semble que vivre l’éternité, ce n’est probablement pas vivre hors du temps. C’est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. leur vie présente, soit dans le « divertissement » (péjoré à juste titre par Pascal), soit en mettant fin à sa vie, se trompent à mon avis car la vie future ne sera ni plus reposante ni plus simple que la vie présente. Elle aura aussi ses défis, ses efforts, sa créativité. C’est un point discutable car hors de la matière la notion de temps devient délicate, en tout cas pour ce que nous pouvons en dire scientifiquement (voir la théorie de la relativité), mais il me semble que vivre l’éternité, ce n’est probablement pas vivre hors du temps. C’est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. se trompent à mon avis car la vie future ne sera ni plus reposante ni plus simple que la vie présente. Elle aura aussi ses défis, ses efforts, sa créativité. C’est un point discutable car hors de la matière la notion de temps devient délicate, en tout cas pour ce que nous pouvons en dire scientifiquement (voir la théorie de la relativité), mais il me semble que vivre l’éternité, ce n’est probablement pas vivre hors du temps. C’est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. se trompent à mon avis car la vie future ne sera ni plus reposante ni plus simple que la vie présente. Elle aura aussi ses défis, ses efforts, sa créativité. C’est un point discutable car hors de la matière la notion de temps devient délicate, en tout cas pour ce que nous pouvons en dire scientifiquement (voir la théorie de la relativité), mais il me semble que vivre l’éternité, ce n’est probablement pas vivre hors du temps. C’est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir. est vivre encore dans une espérance tournée vers l’avenir.

Je trouve que réfléchir sur la vie future n’est pas inintéressant. Même si ce n’est pas tellement pour tenter de deviner ce que nous devenons dans la suite au-delà de la mort de notre corps : nous verrons bien, à chaque jour suffit ses questions, et celle-la est pour nous profondément spéculative. Je pense que c’est pour cela que Jésus a presque complètement évité cette question pour nous inviter à vivre de la vie en abondance maintenant, en ce monde que Dieu aime. Et pour ce qui est de la suite, simplement à avoir confiance dans l’amour de Dieu. Ce sera une bonne surprise, c’est à mon avis ce que nous pouvons dire de plus certain.

Mais je pense que c’est intéressant de se poser la question afin de vivre et de goûter cette vie que nous avons maintenant. Il n’y a pas à sacrifier notre vie présente pour avoir la vie future (comme le pensait par exemple Blaise Pascal avec son « pari »), au contraire, il s’agit bien de vivre ce temps présent, de le goûter. Notre vie présente a une réalité tellement profonde et vraie qu’elle dépasse notre simple survie. Ces points caractéristiques de la vie future possible me semblent être effectivement ce qui fait que la vie présente est une vie en abondance : 1) Avec Dieu et par Dieu, 2) valorisant la merveille inouïe de chaque personne et donc de nous-même et de la personne que nous rencontrons, 3) vivant par l’amour et rassemblant ainsi ces individus en un corps où chacun trouve sa place, et 4) une vie en évolution, en cheminement, en créativité. Donc, finalement, la question de savoir s’il y a une vie future après la mort de notre corps est un petit peu secondaire pour le moment, nous pouvons la garder comme une question ouverte, même pour un chrétien.

Dieu te bénit et te garde, toi, et ceux que tu aimes.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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4 Commentaires

  1. papillon dit :

    st-thomas d’aquin aurait dit quelque part, j’aimerais bien trouver la citation exacte : il faut apprendre à danser, sinon qu’est ce qu’on va bien pouvoir faire avec les anges, pendant toute cette éternité…..

    1. Marc Pernot dit :

      C’est effectivement sympa. Seulement, on prête souvent aux riches aussi dans ce domaine, et cette idée amusante a dû être attribuée à St Augustin, à Lao-Tseu, à Victor Hugo et mère Thérésa aussi ?
      Mais quand même; je regarderai dans la table des matières de la somme théologique, sait-on jamais.

  2. Bob dit :

    —Il existe une doctrine nommée l’universalisme affirment que tous les humains seront sauvés (parfois après un temps d’épreuve). Certains tenans de cette doctrine pensent que l’enfer n’existe pas. Que penser de cette théologie?

    — Les Evangiles enseignent qu’à la résurrection, il n’y aura plus ni homme ni femme, mais que l’on sera comme les anges. L’idée de m’imaginer « non-homme » ou asexué physiquement me laisse très mal a l’aise, comme la pensée d’être vêtu d’une robe blanche. Est-ce que nous serons sans sexe ni identité physique avec le corps spirituel dont parle l’apôtre Paul J’ai l’impression que ma virilité serait détruite. Pourtant, je crois très fort aux enseignements des Ecritures mais celui-ci ne m’attire pas.

    1. Marc Pernot dit :

      Personnellement, je serais plutôt de cet avis de dire que toute personne sera sauvée, mais pas tout dans chaque personne. Pas besoin d’épreuve ou de punition, juste l’amour de Dieu qui, comme tout amour vrai, garde de la personne ce qu’elle a de meilleur, ce qu’elle de prometteur, ce qu’elle a de personnel et de charmant. Voir dans le dictionnaire les mots de jugement, et dans les mots qui piquent : https://jecherchedieu.ch/dico-de-mots-qui-piquent/theologie-apocatastase/

      L’enfer / paradis est une reprise de la mythologie babylonienne, d’ailleurs le mot même de « paradis » n’est pas un mot hébreu, mais venu de ces contrées babyloniennes. A mon avis il convient de recevoir cela en comprenant que le meilleur de chaque personne est gardé par Dieu dans une vie qui continue, autrement, et que tout ce qui est souffrant dans chaque personne est éliminé, ce qui est une œuvre de salut à vivre dès maintenant, cette part souffrante étant, si l’on veut l’appeler ainsi, envoyée à la poubelle (Géhenne, ou enfer).

      Quant à votre 2nde question. Elle est bien intéressante aussi.
      Il me semble raisonnable et fidèle de ne pas essayer de décrire ou d’imaginer comment nous pourrons ou pourrions être dans la vie future au delà de quelques grandes lignes.
      L’Evangile insiste sur la valeur ultime de l’individu personnel et sur la qualité des relations. Il me semble donc juste de dire que dans la vie future ce sont ces dimensions là qui subsistent (voir ci-dessus). Dans ces dimensions, il me semble y avoir la personnalité profonde de la personne, or, nous nous voyons en temps qu’individu genré. Il me semble logique de penser, en effet, que cela reste. Ensuite comment est-ce que cela peut s’exprimer dans la vie future, sans un corps de chair ? Impossible à dire. La question a un sens mais même si nous connaissions la réponse il n’existe pas de mots pour l’exprimer dans notre monde.

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