27 juin 2019

Grillage percé d'une large ouverture - Image parJohannes Plenio de Pixabay
Question

Comment expliquer les dérives sectaires d’aujourd’hui ? Est-ce la faute de l’église ?

Grillage percé d'une large ouverture - Image parJohannes Plenio de Pixabay

Il est bon de se demander est-ce que cette barrière qui m’empêche d’aller vient de Dieu ?

Question posée :

Bonjour Marc,

Comment expliquer les dérives sectaires d’aujourd’hui ?

Est-ce l’église « officielle » qui ne fait pas son travail, d’où ces nombreuses personnes qui adhèrent à des mouvements pas toujours très nets ?

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bonne question. Préoccupante.

Cela va aussi de pair avec le populisme en politique. Comme se fait-il que des discours manifestement truffés de mensonges et autres complotismes aient un surprenant succès aussi ? Je pense que c’est la même choses avec les sectes et autres églises chrétiennes sectaires, ou l’islamisme. L’ambiance générale de la société le permet, le favorise. Ce qui ne veut pas dire que nous ne soyons pas responsable où que nous n’ayons rien à faire. Bien sûr.

1) Je pense qu’effectivement, si les églises chrétiennes avaient mieux rempli leur mission, si elles remplissaient mieux leur mission (il n’est pas trop tard) :

  • Jouant leur rôle d’élever chaque personne (au sens de l’éducation mais surtout au sens de l’élévation spirituelle, élévation  la lucidité par la relation personnelle à Dieu et par la réflexion personnelle), Cela demande de creuser les textes, de renoncer à tout moralisme ou dogmatisme (à mon avis infidèle à l’Evangile du Christ qui n’était pas du tout comme ça). Cela demande d’accepter qu’il y ait discussion et pluralisme dans cette église
  • Acceptant d’avoir une posture plus adaptée au personnes vivant dans le monde d’aujourd’hui, elle aurait un meilleur contact avec la population. Par exemple en permettant de bénéficier de ses services d’une façon souple : soit IRL (comme on dit, c’est à dire avec une présence physique dans l’église), soit en ligne (quand on et où est disponible par son téléphone, tablette, ordi), à la carte (selon ses goûts). Cela aussi va dans le sens de l’émancipation de chacune et chacun, cela suppose une confiance dans la personne humaine, et une confiance en Dieu.

2) J’ai l’impression aussi que les parents ne considère plus comme majeur de donner une éducation bibliques à leurs enfants. Quand on propose à des parents d’inscrire leurs enfants au catéchisme, on entend souvent les parents répondre « je leur proposerai, ils iront s’ils ont envie). C’est révélateur des priorités choisies par les parents dans la construction de leur enfant comme une personne. Lui laissent ils le choix de se laver les dents ? D’aller à l’école ? Avoir des dents et un diplôme est important, certes, mais avoir une capacité à réfléchir sur le sens de sa vie et sur les grandes questions de la théologie n’est pas non plus une mauvaise idée. C’est même un des éléments essentiels pour devenir soi-même, être épanoui, et ne pas se laisser embarquer par le premier mouvement sectaire venu. Les parents se disent parfois « il choisira plus tard » ? Mais s’ils connaissance de ces débats métaphysiques, alors oui, ils pourront choisir et choisir en connaissance de cause, voyant ce que cela implique comme façon de vivre et d’espérer que de s’inscrire ou non dans tel courant philosophique ou religieux. Alors ils pourront choisir de vivre à leur façon par la foi, ou non. Mais peut-être leur restera-t-il le goût de se poser des questions et de débattre avec respect, et l’interprétation des textes, en particulier de ce patrimoine majeur qu’est la Bible. Et cela fera de bien moins susceptibles de se faire recruter par un mouvement étroit d’esprit.

3) Mais ce n’est pas tant négativement, que nous pouvons agir, je pense. Mais plutôt positivement, en étant nous-mêmes des personnes vivant notre foi d’une belle façon, ou de la meilleure façon possible. C’est cela qui a bien des chances d’abord d’être plutôt sympa à vivre, et qui pourra donner à d’autres envie de trouver leur propre façon de vivre et de « travailler » leur foi.

Il y a donc du travail à faire, à mon avis pour les parents, pour les églises, et pour chaque personne afin de s’informer sur ses sources et ce qu’elles racontent, et aller vers des sources différentiées, afin de réfléchir en liberté et de continuer à se poser des questions, et d’avancer ainsi.

Est-ce que vous voyez d’autres pistes ?

Bien cordialement.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

Si vous voulez, vous pouvez voir aussi :

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

Un commentaire

  1. Michel de Bibletude dit :

    Quelqu’un a dit « Il est difficile d’accepter la vérité lorsque les mensonges étaient exactement ce que vous vouliez entendre ». Il me semble que si les mouvements sectaires attirent autant de monde, c’est parce que ceux qui les dirigent disent aux gens ce qu’ils désirent entendre. Comment contrer cela ? D’autant plus que « Il est plus facile de tromper les gens que de les convaincre qu’ils ont été trompés » et que « Ce n’est pas ce que vous ne savez pas qui vous pose des problèmes, mais c’est ce que vous savez avec certitude et qui n’est pas vrai ». Que peut faire l’Eglise contre ces biais du comportement humain, tant du côté des dirigeants de sectes que du côté de leurs victimes ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *