Comment comprendre « Si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (Jean 21:22) ?

Le regard sur l’autre, la jalousie, un sacré poison et dans nos relations, et dans notre propre équilibre psychologique, et même dans notre foi.
Question d’un visiteur :
Bonjour,
En ce Vendredi saint, je relis l’évangile de JEAN si particulier pour moi, du jour où j’ai découvert son Prologue. Cependant je bute toujours sur les versets 22 et 23 du chapitre 20 : « Si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis moi. »
Autant le but assigné à Pierre est clairement donné aux versets précédents 15 à 19, et confirmés par l’impérieux « Toi, suis moi », autant je ne comprends pas ce que Jésus veut signifier à Jean dans Sa formulation : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne « .
Je vous remercie de votre interprétation et vous souhaite de vivre une grande spiritualité pascale.
Cordialement.
Réponse d’un pasteur :
Cher Monsieur
Bravo de lire la Bible. Quelle bonne idée de lire ainsi un évangile du début jusqu’à la fin, d’une traite (cela prend 3h). Cela fait un magnifique vendredi-saint !
Et bravo de vous poser des questions. C’est très très précieux.
A mon avis, tout ce chapitre 21 de l’Evangile selon Jean est assez tardif, puisque la fin du livre se terminait apparemment en Jean 20:30-31 sur un épilogue très très intéressant, comme il s’ouvrait sur une prologue génial.
Il n’a a pas une unique lecture d’un passage de la Bible, et nous n’avons pas le contexte historique de l’écriture de ce chapitre 21, contexte qui pourrait expliquer une tension entre une communauté de disciples forés par Pierre et une communauté de disciples formés par Jean, peut-être ?
En tout cas, ce que l’on peut y voir c’est que si chacun s’occupait de sa propre foi au lieu d’aller juger celle des autres, ce serait une assez bonne idée ? Ce qui n’empêche pas de témoigner de ce que nous apporte notre propre foi. Mais les rumeurs sur la foi des autres, s’interroger sur la façon dont Dieu juge la foi des autres revient à se mettre à la place du Christ lui-même.
Par ailleurs, ce « disciple que Jésus aimait » serait l’apôtre Jean selon une très ancienne tradition. Le fait de ne pas lui donner de nom est un procédé littéraire bien connu pour que le lecteur s’identifie à lui. C’est donc nous qui sommes ce disciple que le Christ aime, nous que le Christ garde en vie, nous qui ne mourrons pas avant que notre propre foi soit en communion profonde avec le Christ. Cela même si notre foi ne plaît pas à d’autres, peut-être par sa liberté, plus basée sur la confiance dans l’incroyable nouvelle qu’en Christ, Dieu nous aime personnellement, et nous garde en vie pour toujours.
Que Dieu vous bénisse et vous accompagne
particulièrement en ce jour de Pâques
Marc
PS : en ce temps de confinement, je suis allé quand même enregistrer une prédication de Pâques : https://jecherchedieu.ch/temoignages/de-quelle-resurrection-serais-je-ressuscite-evangile-selon-luc-24/
tiens, j’y avais jamais pensé que le disciple que jésus aimait, ça pourrait être moi….ça me plaisait bien que ce soit jean, comme dans les tableaux de la renaissance, avec l’idée du vrai amour personnel, et non pas d’un amour « professionnel » le même pour tout le monde…..je vais y réfléchir….merci en tout cas
A mon avis, ce disciple bien aimé est d’abord Jean, et aussi nous.
Ensuite, ce « aimer », en grec c’est agapao, c’est à dire plutôt « rendre service » qu’un amour d’amitié ou un amour de sentiments.