27 septembre 2023

Bibliothèque sur plusieurs étage, blanche et lumineuse, avec des escaliers et des lecteurs isolés - Photo de Niklas Ohlrogge sur https://unsplash.com/fr/photos/j-0olYcaihg
Bible

Une amie m’a offert un livre « Dialogues avec l’ange » de Gitta Mallasz, qu’en pensez vous ?

Bibliothèque sur plusieurs étage, blanche et lumineuse, avec des escaliers et des lecteurs isolés - Photo de Niklas Ohlrogge sur https://unsplash.com/fr/photos/j-0olYcaihg

Question posée :

Bonjour Marc et merci pour votre site
Une amie catholique m’a offert le livre
Dialogues avec l’ange
J’ai cherché des infos sur Gitta Mallasz
Je ne vois aucune référence au Dieu de la Bible
Quel crédit pouvons-nous apporter aux messages
qui ont été rapportés dans ce livre
Qui peut être l auteur
Merci et à bientôt

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Bravo de chercher, de creuser, de lire…tout en vous posant des questions sur ce que vous lisez, en gardant le meilleur

Un texte venu du ciel ?

Sauf dans quelques milieux chrétiens fondamentalistes, nous ne pensons pas que la Bible a été dictée par Dieu ou par un ange. Nous pensons que les livres qui la conctitue sont écrit par des hommes, des femmes et des communautés ayant une expérience spirituelle profonde, une réflexion poussée. Et que c’est cette expérience de Dieu et de la vie qui est passionnante et propre à nous éveiller, nous lecteurs et interprètes de la Bible, à la vie selon Dieu.

Ce livre « Dialogue avec l’ange » serait la transcription directe d’un ange du ciel ?

Présenter son inspiration comme directement dictée du ciel est un genre littéraire.

C’est revendiqué par des figures importantes des religions mondiales :

  • Mohammed le fondateur de l’Islam,
  • Joseph Smith fondateur du mormonisme,
  • Bahá’u’lláh fondateur du Bahaïsme…

C’est aussi revendiqué par des personnes individuelles disant qu’elles ne font que prendre en note un message qui leur est dicté du ciel, deux exemples circulent en ce moment :

  • Cécile Monnier pensent sans doute sincèrement que c’est son fils Pierre, mort dramatiquement pendant la première guerre mondiale, qui lui dicte ce qu’il pense du haut du ciel : les « Lettres de Pierre ».
  • C’est le cas aussi de Gitta Mallasz qui transcrit des expériences spirituelles d’une proche, ou de leur groupe; c’est sur fond de drame, pendant la seconde guerre mondiale et les opérations d’extermination des juifs : « Dialogues avec l’ange »

Dieu parle, ou tente de parler, au fond de la conscience de toute personne vivant au monde. C’est à chacun de se faire son propre discernement, et il ne serait pas charitable de dire que ces personnes qui prétendent mettre par écrit des révélations venant du ciel sont des manipulatrices, elles ont sans doute une expérience forte et sincère qui leur font exprimer ce qui leur apparaît comme les dépassant.  Ces personnes ne mentent donc (probablement) pas en disant qu’elles entendent des voix. Mais personne n’est pour autant obligé de penser que ce qui est dit serait dicté par Dieu, ou aurait une vérité divine. Cela reste subjectif : quand on regarde ces paroles, on sent bien que le langage est contingent à l’époque où cela a été rédigé, au contexte, aux débats qui étaient alors d’actualité. C’est souvent assez poétique, associant deux ou trois sources différentes d’inspiration…

Cela peut laisser un intérêt à lire ces paroles, mais je pense qu’il vaut mieux alors prendre ces textes comme un témoignage de la personne elle-même qui a exprimé ce qu’elle pensait être essentiel à ses yeux sous cette forme là, surréaliste. C’est un témoignage d’une vraie personne, et c’est toujours touchant, à ce simple titre, dans sa subjectivité. C’est un témoignage. Et il peut y avoir des cas, je pense, où l’auteur de ces paroles subit une pathologie lui donnant des hallucinations. Il ne faut pas minimiser le degré de souffrance que cela représente.

Pourquoi ne pas lire cela ? Ou pourquoi les lirait-on ?

Serait-ce dangereux ? Je ne le pense pas, tant que l’on garde du recul, avec notre propre liberté d’adhérer ou non à ce qui est dit, pour garder le meilleur, discerner des passerelles et les différences avec l’Evangile du Christ. Donc cela demande d’avoir une connaissance des évangiles et de quelques autres textes majeurs de la Bible.

En ce qui concerne le Coran, je pense que cela vaut le coup de le lire, parce qu’il inspire un milliard et demi de personnes de l’humanité, quand même ! Ne serait-ce que par respect pour les musulmans.

En ce qui concerne les autres de ces livres, je pense qu’il y a de la littérature infiniment plus intéressante et inspirante, et que cela ne mérite pas le détour.

  • Pour entrer en dialogue avec la Bible, il me semble infiniment plus intéressant de s’ouvrir à la littérature grecque : les mythes, les tragédies, la philosophie… C’est l’autre immense pilier de notre civilisation avec la Bible.
  • Pour ce qui est de littérature plus proche de nous, il y a des trésors infiniment plus intéressants, dans la philosophie (certains auteurs ne sont pas trop difficiles), et à travers des écrits spirituels, par exemple Maurice Zundel, Etty Hillesum, Maurice Bellet, Simone Weil, Albert Camus, Blaise Pascal, Dostoïevsky… qui écrivent en leur nom propre, me semblent un mil fois préférables à de la littérature comme les lettres de Pierre ou les dialogues avec l’ange…

Mais c’est bien entendu une question personnelle. Chacun est libre, fort heureusement. Seulement, on ne peut pas lire tous les livres, autant aller aux plus puissants, aux plus nourrissants.

Et dans notre façon d’être chrétien, nous pensons que la Parole de Dieu s’incarne, et donc qu’il est bon de la recevoir avec un esprit ouvert et cultivé, en dialogue, élargissant notre regard.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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2 Commentaires

  1. Dominique dit :

    Intéressant mais moi je ne suis pas allée au bout…pas tout à fait la conception de ma spiritualité…

  2. Philippe dit :

    J’ai eu l’occasion de lire quelques extraits de ces « dialogues avec l’ange ». C’est assez sibyllin, mais ne manque pas de souffle littéraire. Il paraît que les originaux ont été recueillis dans une langue hongroise très pure, inusuelle. Mais l’histoire des dialogues est passionnante, et tragique. Ils ont été produits au sein d’un groupe de quatre jeunes gens, trois juifs et une catholique, dans une Hongrie en proie aux nazis et aux fascistes locaux. Des circonstances oppressantes bien propres à susciter ce genre de « channeling ». Mais c’est quand même extraordinaire. Les juifs, un homme et deux femmes, ont péri dans les camps. La catholique, Gitta Mallasz, fille d’un général, s’en est tirée après des péripéties rocambolesques pour soustraire des juifs hongrois à la déportation. Le journaliste Patrice Van Eersel a fait le récit de tout cela dans son livre « La source blanche ».

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