Calendrier de l’Avent Spirituel : 25 jours de méditations jusqu’à Noël
J’aime les surprises (les bonnes). J’aime l’ambiance de Noël, bien sûr. Et donc j’aime les calendriers de l’Avent.
Pour vivre ce temps ensemble, j’ai préparé ce calendrier.
J’aurais adoré pouvoir mettre dans chaque case de ce calendrier de l’Avent un bon chocolat ou un marron glacé. Mais, il semble que ça ne soit pas encore possible par Internet, mais le cœur y est. Néanmoins, il existe une formidable gourmandise qui ne cesse de nous régaler, de nous faire du bien, de nous faire voir la vie en souriant : la prière.
Bienvenue dans notre Calendrier de l’Avent Spirituel
Bienvenue dans ce calendrier de l’Avent que j’ai fabriqué pour vous en pensant à vous.
J’aurais adoré pouvoir mettre dans cette case du calendrier de l’Avent un bon chocolat ou un marron glacé. Mais, il semble que ça ne soit pas encore possible par Internet, mais le cœur y est.
Néanmoins, j’ai une gourmandise qui ne cesse de nous régaler, de nous faire du bien, de nous faire voir la vie en souriant : la prière.
L’Espérance de Dieu et la Naissance Intérieure
Avec Dieu le meilleur est toujours à venir.
Nous sommes, vous êtes l’espérance de Dieu, et sans cesse, Dieu nous attend.
Il est, nous sommes enceintes d’un nous-mêmes, tellement en forme. En forme « christique« , étant alors un petit peu Christ mais à notre façon toute personnelle, unique.
Citation d’Angélus Silésius sur la Naissance du Christ
Comme le dit Angélus Silésius :
« Il faut qu’en toi Dieu naisse. Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né, tu restes mort à jamais. »
Prière de l’Avent avec Dietrich Bonhoeffer
Déjà nous nous projetons vers Noël, dans la prière :
Avec Dietrich Bonhoeffer
Tu veilles, compagnon de nos attentes, toi, visiteur caché de notre vie. Fais-nous entendre ta voix qui redresse quand nous ployons sous le poids du malheur et ouvre l’horizon de la tendresse si crainte et peur font dériver nos cœurs. Que ta Parole fasse lever l’aurore de notre humanité transfigurée, et fasse éclore, en toutes nos opacités, un souffle neuf chantant la joie d’aimer. Sous nos pas fleuriront pour notre terre Justice et paix, amour et vérité, et de nos mains, des perles de lumière.
Bienvenue dans cette 2e case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.Je voudrais d’abord lire ce Psaume extraordinaire, un psaume des montées, un psaume pour nous élever d’un pas, ou pour nous relever.
Psaume 121, Psaume des montées (La Prière pour le Secours)
Psaume 121, Psaume des montées
Je lève mes yeux vers les montagnes…
D’où me viendra le secours ?
Le secours me vient de l’Éternel,
Qui fait les cieux et la terre.
Il ne permet pas que ton pied chancelle ;
Celui qui te garde ne sommeille point.
Voici, il ne sommeille ni ne dort,
Celui qui garde ses enfants.
L’Éternel est celui qui te garde,
L’Éternel est ton ombre à ta main droite.
Pendant le jour le soleil ne te frappera pas,
Ni la lune pendant la nuit.
L’Éternel te garde de tout mal,
Il garde ton âme,
L’Éternel garde ton départ et ton arrivée,
Dès maintenant et pour toujours.
Ce psaume mêle l’espérance venue de Dieu, puis l’espérance en Dieu, puis manifestement l’expérience de ce salut, aussi peu que ce soit. L’auteur du Psaume partage cela ensuite avec un proche, et avec nous, son lecteur : Dieu est, Dieu sera notre secours. Il ne nous abandonnera pas comme une vieille chaussette. (quelques mots de plus sur ce Psaume).
De la Prière Personnelle à la Solidarité (Mission Ouvrière)
Ce passage de la prière à la solidarité se retrouve dans cette prière de la Mission ouvrière qui nous invite à contempler le « oui » de Marie, un « oui » qui engage et qui change tout.
Prière de la Mission Ouvrière : Oser la Fraternité
Seigneur, ils ont osé !
Oser piétiner la fraîcheur des enfants,
leurs vies saccagées
aux chemins des ténèbres.
Ils ont osé briser d’un coup de lame,
d’un coup de feu,
d’autres vies de jeunes, en plein élan.
Ils ont osé.
Oser faire du mal ici, sans scrupules.
Mettant des personnes dans le besoin,
dans la peine, sans rien.
Et beaucoup se sont levés pour dire :
« Non ! Arrêtez ! »
Ils ont osé.
Oser dire oui à la solidarité,
à la fraternité,
au-delà des différences.
Je suis de cette humanité,
toujours à faire plus humaine.
Toujours à rendre plus pacifique,
plus solidaire.
Je suis de ce monde.
où les différences existent
pour enrichir l’unité, la communion
dans la reconnaissance de l’autre.
Le « Oui » de Marie et la Naissance du Christ en Soi
Elle a osé.
Oser dire oui, Marie de Nazareth,
Elle vivait solidaire
avec tous ceux
qui cherchaient Dieu.
Et Jésus est né.
d’une femme.
Aujourd’hui, réjouissez-vous !
Un sauveur vous est né !
Comme le dit Angélus Silésius :
« Il faut qu’en toi Dieu naisse.
Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né. »
Bienvenue dans cette 3e case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
Ambroise de Milan : Intellectuel, Mystique et Évêque
Pour cette troisième fenêtre sur l’Avent, je vous propose de suivre Ambroise de Milan (IVe siècle). Il était haut fonctionnaire au service de l’empereur de Rome, il est ensuite devenu chrétien et à sa grande surprise a été choisi par le peuple comme évêque de Milan, avant même d’être baptisé. Ambroise s’inspirera des méthodes d’interprétation spirituelle de la Bible, reprenant cette parole de Paul : « La lettre tue, l’esprit vivifie » (2 Corinthiens 3:6). À le lire, Ambroise n’était manifestement pas seulement un intellectuel érudit, il était aussi un mystique. Il mêle ces deux dimensions dans l’étude, la méditation spirituelle des écritures : la « lectio divina« . C’est probablement ce mélange de foi et d’intelligence qui inspirèrent le jeune Augustin d’Hippone (Saint-Augustin), préparant le terrain pour l’Esprit en lui.
Hymne et Prière d’Ambroise de Milan : Deus creator omnium
Je vous propose de lire tranquillement cette prière, cet hymne d’Ambroise de Milan :
Hymne Deus creator omnium :
Dieu créateur de tous les êtres
et roi des cieux, qui revêts
le jour de lumière éclatante,
la nuit des grâces du sommeil,
pour que le repos nous détende,
rende nos membres au travail,
soulage nos cœurs fatigués,
dénoue nos chagrins anxieux,
Le chant de notre hymne rend grâces
pour ce jour déjà terminé,
Il te prie au lever de la nuit ;
aide-nous à tenir nos vœux.
Que le fond des cœurs te célèbre,
que la voix qui chante t’acclame,
que te chérisse un simple amour
et que l’âme paisible t’adore !
Puissent, lorsque la nuit profonde
de sa noirceur clora le jour,
la foi ignorer les ténèbres,
et la nuit resplendir de foi !
Ne laisse point l’âme dormir ;
puisse la faute s’endormir !
la foi, pure et rafraîchissante,
tempérer l’ardeur du sommeil !
Dépouillé des pensées mauvaises,
que le fond des cœurs rêve à toi,
sans que la ruse de l’Envieux
éveille, effarés, ceux qui dorment !
Nous prions le Christ et le Père,
et l’Esprit du Christ et du Père,
unique puissance en tous points ;
soutiens qui te prie, ô Trinité.
Ambroise de Milan
Analyse Théologique : La Prière à la Trinité
C’est amusant, j’ai reçu il y a quelques temps cette question : Peut-on prier la Trinité ? Ambroise le fait ici. Et c’est bien vu, je pense : dans la prière nous pouvons être soutenus par Dieu le Père, le créateur qui nous apportera un supplément d’être, nous pouvons être soutenus par la Parole de Dieu qui a été faite chair en Christ pour être inspirés et introduits dans la pleine confiance en l’amour de Dieu, et nous pouvons, ô combien, être soutenus, consolés par l’Esprit de Dieu : Dieu non pas seulement le tout autre, mais Dieu qui nous donne la vie au fond de nous-mêmes, qui nous sonne d’aimer.
Bienvenue dans cette 4ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds. Aujourd’hui, je vous propose de prier avec Saint Augustin
Saint-Augustin : Intelligence, Foi et le Désir de Dieu
Pour cette quatrième fenêtre sur l’Avent, je vous propose de suivre Augustin d’Hippone, dit Saint-Augustin (354-430). Il était professeur de rhétorique (de littérature et de philosophie), avec un beau succès, avec une vie mondaine et amoureuse bien fournie. Par ses recherches aidées par Ambroise de Milan, puis par une expérience spirituelle, il va ouvrir son cœur à Dieu : une démarche associant intelligence et foi.
Il découvre que ce qu’il cherchait en courant partout dans le monde et dans les livres se trouvait au-dedans de lui : Dieu.
Mais déjà il cherchait Dieu.
Désirer Dieu : Le cri du Psaume 84
Comme l’auteur du Psaume 84 qui devait se trouver dans une profonde tristesse quand il dit :
Je languis à rendre l’âme.
après les parvis de l’Éternel.
Mon cœur et ma chair crient.
vers le Dieu vivant.
Psaume 83:3
Il souffre car il n’arrive pas à avoir ce qu’il désire ardemment, à atteindre le but qu’il espère.
Que désire-t-il ainsi ? La présence de Dieu. Il sent que Dieu est proche mais que, lui, reste à la porte comme sur le parvis du temple de Jérusalem.
Ce n’est pas seulement son âme qui désire être en relation à Dieu, c’est son cœur et sa chair.
Notre cœur : c’est dans la Bible notre personnalité profonde, ce qui est activé quand nous mettons du cœur à l’ouvrage, ou quand nous désirons de tout cœur quelque chose.
Notre chair : c’est notre existence en ce monde, qui a tant à bénéficier très concrètement de la présence de Dieu dans notre vie.
Saint Augustin sur la Soif de Dieu et l’Amour
Saint-Augustin médite sur notre soif de Dieu.
Dans un de ses sermons, saint Augustin parle de cette recherche, de cette attente de Dieu. Il remarque qu’il arrive que nous espérions ardemment avoir quelque chose, que nous y mettions toutes nos forces. Un jeune, par exemple, aimerait être médecin, il ne suffit pas de le désirer pour y arriver. Une famille aimerait avoir une belle maison mais le désirer ne suffit pas pour l’obtenir, bien sûr.
Saint Augustin dit ensuite que Dieu, lui, s’offre à nous par un chemin beaucoup plus court, plus simple. Dieu nous crie : Aimez-moi et vous me possédez, car vous ne pouvez m’aimer sans me posséder.
Il suffit d’aimer Dieu pour avoir Dieu, être avec lui, l’avoir en nous.
C’est ce que fait la prière de ce Psaume : aimer Dieu, lui demander sa présence.
Comment arriver à aimer Dieu ? Le rôle de l’Esprit-Saint
Saint Augustin, là encore, nous dit que c’est plus simple que nous le craignons, même si nous ne voyons pas Dieu :
Écoutez l’apôtre Paul, nous dit-il : « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs. » Par qui ? Serait-ce par nous ? Non. Par qui donc ? « Par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Romains 5:5). Après un témoignage aussi digne de foi, aimons Dieu par Dieu ; oui, puisque le Saint-Esprit est Dieu, aimons Dieu par Dieu.
Que puis-je dire de plus ? Aimons Dieu par Dieu.
Mais entendez plus explicitement Jean lui-même. « Dieu est Amour ; et qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jean 4:16). » C’est peu de dire : L’Amour vient de Dieu. Qui de nous oserait faire cette autre assertion : « Dieu est Amour » ? Elle vient d’un homme qui connaissait ce qu’il possédait. Pourquoi donc l’imagination humaine, pourquoi l’esprit volage cherche-t-il à se représenter Dieu et se fabrique-t-il une idole dans son cœur ? Pourquoi se le figure-t-il comme son imagination se le peut former, et non comme il a mérité de le posséder ? Est-ce là Dieu ? Non, le voici. « Dieu est Amour. » De quelle couleur est l’Amour ? Quels traits ? Quelle figure ? Nous ne voyons rien de tout cela ; et cependant nous aimons.
Saint-Augustin, Sermon 34:2-5
Ce sont effectivement parfois l’idée que nous nous faisons de Dieu qui empêchent la personne athée ou agnostique de s’intéresser à Dieu. Ou c’est simplement l’oubli de Dieu pour ceux qui pensent qu’il y a « quelque chose » au-delà de tout. Il suffirait d’aimer Dieu, c’est-à-dire de penser à lui, même si nous ne savons rien de lui, et de prier simplement ce Dieu inconnu pour demander Dieu à Dieu.
Dieu nous donnera de l’aimer.
Témoignage d’Augustin : L’Amour dans les Confessions (Livre X)
Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle,
bien tard, je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors,
et c’est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruai !
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;
Elles me retenaient loin de toi, ces choses.
qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !
Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
Tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
Tu as embaumé, j’ai respiré et, haletant, j’aspire à toi ;
J’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
Tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.
—————–
Ce que je sais, de toute la certitude de la conscience, Seigneur, c’est que je t’aime. Tu as touché mon cœur de ta parole, et à l’instant je t’aime. Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ne me disent-ils pas aussi de toutes parts qu’il faut que je t’aime ? Et ils ne cessent de le dire aux hommes.
Qu’aimé-je donc en t’aimant ? Ce n’est pas la beauté selon la dimension, ni la gloire selon le temps, ni l’éclat de cette lumière amie à nos yeux, ni les douces mélodies du chant, ni la suave odeur des fleurs et des parfums, ni la manne, ni le miel, ni les délices de la volupté. Ce n’est pas là ce que j’aime en aimant mon Dieu, et pourtant j’aime une lumière, une mélodie, une odeur, un aliment, une volupté, en aimant mon Dieu ;
cette lumière, cette mélodie, cette odeur, cet aliment, cette volupté, suivant l’homme intérieur ; lumière, harmonie, senteur, saveur, amour de l’âme, qui défient les limites de l’étendue, et les mesures du temps, et le souffle des vents, et la dent de la faim, et le dégoût de la jouissance. Voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu.
Nous avons exploré dans le dictionnaire le sens théologique et biblique du mot miséricorde. Aujourd’hui, je vous propose de passer de la compréhension à la pratique. L’Avent est un temps pour attendre le Salut, et aujourd’hui, nous pourrions entrer dans la prière pour demander activement le don de la miséricorde de Dieu, cette force qui nous transforme et nous permet d’aimer à notre tour.
Jésus dit : « C’est la miséricorde que j’espère… »
(Matthieu 12:7)
Jésus aime ces mots du prophète, il les répète, la miséricorde est pour lui au-dessus de la religion, et la religion devrait développer notre miséricorde envers les autres.
La miséricorde est ici l’amour au sens de gentillesse, de bienveillance, d’attention à l’autre, de douceur, de compréhension, de soin. Cela fait un bien fou à tout le monde. Nous sommes heureux chaque fois que nous avons pu vivre une seconde de miséricorde : tout autant quand nous la recevons que quand nous la donnons. Et puis elle change le monde : elle est tellement contagieuse.
Et si cette période nous inspirait de travailler cette force qu’est notre miséricorde ? D’espérer être encore plus gentil. De nous entraîner, de prier pour ça.
L’Évangile selon Luc nous annonce que c’est par la miséricorde de Dieu que Christ nous a été donné « comme le soleil venu nous visiter d’en haut » (Luc 1:78), révélant la miséricorde de Dieu pour nous tous. Plus précisément, l’Évangile parle des « entrailles de la miséricorde de Dieu ». Curieuse expression qui essaye de traduire le sens d’un mot hébreu exceptionnel de profondeur : « avoir de la miséricorde » se dit en hébreu raram (רחּם), mot qui signifie aussi « utérus ». Ce double sens dit bien ce qu’est la miséricorde de Dieu. Quand Dieu nous voit, il est « pris aux tripes », il est littéralement touché à son utérus comme une mère qui serait tout émue de ce bébé qu’elle a porté dans son ventre : avec un amour et une tendresse inconditionnelle.
Ce n’est pas tout. Cette miséricorde de Dieu pour nous, quand nous la contemplons, quand nous nous ouvrons à elle dans la prière, cette miséricorde de Dieu est comme un utérus qui nous porte, qui nous tisse de vie et de miséricorde, à l’image de Dieu. Cet amour, enfin, nous accouche : il va jusqu’à nous émanciper afin que nous puissions aimer à notre tour, à notre façon, selon notre propre personnalité, nos rencontres.
C’est ce qu’espère Jésus pour nous : que nous « devenions miséricordieux comme notre Père est miséricordieux ». (Luc 6:36) Et pour cela : Jésus nous a aimé éperdument.
Une Prière pour Recevoir la Paix et le Don de la Miséricorde
Comme un manteau de miséricorde
que vienne sur nous la paix,
ton insondable paix.
Qu’elle vienne calmer en nous toute frayeur
et nous trouve tranquilles et rassemblés
tout au fond de nous-mêmes,
car tu viens, aujourd’hui comme hier,
jusqu’au cœur de nos hésitations
et de nos troubles…
Comme un manteau de miséricorde
que vienne sur nous ta paix, Seigneur,
ton insondable paix.
Tu n’éteins pas la mèche qui brûle encore,
tune brises pas le roseau froissé,
tu redresses ce qui est courbé,
tu rends la vue à l’aveugle.
Aux extrêmes de toute souffrance,
tu as voulu prendre ta place.
Qu’émerge du fond de nos tourments
ta vie plus forte que nos morts,
que vienne, Seigneur, cette Paix,
cette insondable paix
qui fait le tour des choses,
qui fait le tour des mondes.
Il vient le jour, ô ce Jour,
qui emportera nos temps
dans le cœur de ta Paix.
D’après Soeur Myriam
(fut prieure de la communauté des Diaconesses de Reuilly)
Bienvenue dans cette 6ᵉ case de notre calendrier de l’Avent.
L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
Veni, Redemptor Gentium : L’Hymne Historique de l’Avent
Aujourd’hui, je vous propose d’écouter une hymne chrétienne qui a traversé l’histoire du Christianisme, une des plus célèbres de l’Avent et de Noël.
Cela a commencé par « Veni, Redemptor gentium » un texte et une mélodie d’Ambroise de Milan (vers 350) dont je vous parlais le 3 décembre. Cette hymne nous est parvenue sous forme de chant grégorien (plain-chant) développé au moyen-âge en particulier à partir des mélodies ambrosiennes originales et de son texte. La mélodie est simple, pure, avec une note par syllabe du texte.
À écouter dans le recueillement, nous aidant à faire silence en nous-mêmes, à recevoir une paix, nous-mêmes en communion avec toutes ces générations, avec ces millénaires de foi chrétienne, en communion avec les moines qui chantent à l’unisson dans leur église cistércienne :
De l’Hymne Grégorienne au Choral de Martin Luther
Cet hymne, son texte et sa mélodie ont été ensuite traduite et harmonisée par Martin Luther en 1524 pour en faire un des cantiques les plus célèbres « Nun komm, der Heiden Heiland ». En effet, Luther a dû chanter bien des fois cet hymne pendant sa vie de moine, et quand il a voulu réformer l’église en donnant aux fidèles une vraie place dans la liturgie du culte, il a créé des cantiques chantés par l’assemblée à l’unisson, au lieu des solistes virtuoses lors des messes de son époque.
La Portée Théologique et Musicale chez J.-S. Bach
Ces chorals luthériens sont devenus une source d’inspiration pour une multitude de compositeurs dont le plus célèbre est sans doute Jean Sébastien Bach qui a composé bien des chorals à l’orgue sur cette mélodie, et aussi plusieurs cantates. Je vous propose d’écouter cette cantate 61, au moins le chœur d’entrée qui reprend le *Veni, Redemptor gentium*, mais je trouve que toute cette cantate est une merveille et les paroles sont véritablement un chant pour nous ouvrir à Dieu et à tout ce qu’il cherche à nous apporter :
Méditer les Paroles de la Cantate BWV 61
Voici les paroles, à méditer avec cette façon qu’a J-S Bach de rendre vivant le texte, de l’habiter lui-même par sa foi :
Chœur : Viens maintenant, sauveur des païens, enfant de la Vierge reconnu, tel que le monde entier s’étonne que Dieu lui envoie pareille naissance.
Récitatif de ténor : Le Sauveur est venu, il a fait siens notre pauvre chair et notre pauvre sang, et nous accepte comme ses frères de sang. Ô perfection suprême, que n’as-tu point fait pour nous ? Et que ne fais-tu pas encore chaque jour pour les tiens ? Tu viens et fais resplendir la lumière de toute ta bénédiction.
Air de ténor : Viens, Jésus, viens dans ton église et apporte-nous une belle nouvelle année ! Affirme la gloire de ton nom, maintiens la saine doctrine et bénis la chaire et l’autel !
Récitatif de basse : « Vois, je me tiens à la porte et je frappe : Si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, alors j’entrerai et j’y célébrerai la Cène avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3,20)
Air de soprano : Mon cœur, élargis-toi pour que Jésus vienne et s’y installe. Bientôt je ne serai plus que poussière sous la terre, mais il ne veut pas renoncer à voir sa joie en moi et à habiter en moi. Alors je serai heureux !
Nous chantons encore ce cantique dans toutes les églises protestantes du monde, et dans bien des paroisses catholiques, reprenant à notre tour le flambeau des chrétiens des premiers siècles dans ce chant de l’Avent et de Noël. Viens sauveur des païens, sauveur des pécheurs, de nous et de nos vies imparfaites, forcément, de notre petite foi, de notre cœur qui oublie si souvent Dieu et qui détourne ses yeux de notre frère abandonné.
Voilà ce cantique à chanter en karaoké pour l’apprendre ou pour s’en souvenir :
Prière Mystique : L’Ouverture à la Spiritualité
Et enfin, une courte prière, de l’an mil :
Viens, lumière véritable.
Viens, vie éternelle.
Viens, mystère caché.
Viens, trésor sans nom.
Viens, bonheur sans fin.
Viens, lumière sans couchant.
Viens, attente infaillible de tous ceux qui doivent être sauvés.
Viens, réveil de ceux qui sont couchés.
Viens, ô Puissant, qui toujours fais tout et refais et transformes tout par ta seule Parole.
Viens, Toi qu’a désiré et désire mon âme.
Viens, Toi devenu toi-même en moi désir,
qui m’as fait Te désirer, Toi l’absolument inaccessible.
Viens, mon souffle et ma vie.
Viens, consolation de ma pauvre âme.
Viens, ma joie, ma gloire, mes délices sans fin.
Viens donc, ô Maître,
aujourd’hui dresse en moi ta tente ;
fais ta maison et demeure continuellement
Jusqu’au bout de moi.
Syméon appelé « le nouveau théologien » (949-1022)
théologien très libre et mystique, connaissant la vie.
Bienvenue dans cette 7ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
Découvrir Jésus avec l’Évangile selon Luc
Voici les tout premiers mots de cet Évangile :
Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des faits qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement, en ont été les témoins oculaires et sont devenus serviteurs de la Parole, il m’a semblé bon, à moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, de te l’exposer par écrit d’une manière suivie, très excellent Théophile, afin que tu connaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. Luc 1:1-4
🎥 Regardez la vidéo :
Transcription de la Vidéo : L’importance de la personne de Jésus-Christ
La personne de Jésus a manifestement une immense importance dans l’existence du monde. C’est pour cela que Noël est une fête majeure. Pour connaître cette personne, nous avons la chance d’avoir reçu de quatre personnes vivant à son époque quatre témoignages personnels : ceux de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean : chacun a essayé de dire en quelques dizaines de pages en quoi cette personne de Jésus a tout changé pour eux.
Un Appel à la Recherche Personnelle de la Foi
Pour ce premier dimanche de l’Avent, je vous propose de regarder le début de l’Évangile selon Luc.
Luc était un médecin grec qui n’était pas dans la région quand Jésus s’est exprimé, il n’a pas rencontré Jésus, mais ce qu’il a entendu de lui a changé sa vie. Il est comme nous, en fait, il se renseigne.
Luc explique qu’il est allé chercher à droite et à gauche tout ce qu’il a pu trouver sur Jésus, qu’il a ensuite tout examiné afin de se faire sa propre opinion pour composer ainsi son texte avec ce qui lui a le plus apporté en Jésus.
L’inspiration de la Méthode de Luc pour l’étude biblique
Il me semble que c’est inspirant : il serait fou de faire confiance aveuglément à une seule voix, à un seul théologien, à une église, ou à une personne qui prétendrait connaître absolument la vérité sur Dieu. Il est donc bon de chercher, d’entendre plusieurs voix, de faire le tri et de garder le meilleur, comme Luc.
Luc cherche pas seulement pour lui-même à savoir ce que Jésus-Christ nous apporte d’extraordinaire. Luc adresse son livre à une personne qu’il appelle « Excellent Théophile ».
Cela aussi est inspirant pour nous : cela veut dire que nous pouvons chercher par nous-mêmes ce qui nous fait vivre, et quand nous avons trouvé ce qui nous semble le meilleur, nous pouvons en témoigner à ceux que nous aimons. Ils seront libres d’en faire ce qu’ils voudront, bien sûr.
La Signification Spirituelle de l’« Excellent Théophile »
« Théophile« , à qui est Luc son Évangile, c’est peut-être un de ses amis, mais c’est aussi nous, moi, vous, le lecteur de ce texte. C’est nous qu’il appelle « excellent Théophile ». Et c’est à nous qu’il offre ce cadeau extraordinaire de l’Évangile, que nous ouvrons 2000 ans après.
En effet, Théophile en grec cela veut dire littéralement « aimé de Dieu » : du grec
θεός : Dieu
φίλος : ami
« L’excellent Théophile » : c’est toute personne puisque Dieu aime chaque personne et la trouve ainsi excellente. En nous appelant « excellent Théophile », Luc nous annonce déjà ainsi, en deux mots, l’Évangile du Christ qui est que Dieu nous aime d’une façon spéciale et qu’il nous regarde personnellement comme une personne excellente : il nous appelle « mon excellent ami, ou mon excellente amie » : sans condition de foi, de croyances, de parcours de vie, d’orientation…
Dieu nous aime comme une maman aime son bébé, elle le regarde comme la plus belle personne au monde. Dieu nous regarde ainsi, nous. Vous.
Le Message Fondamental de la Bible pour la Spiritualité
C’est une clef de lecture de tout texte de la Bible, c’est aussi ce qui nous permet de faire le tri dans tout ce que nous entendons sur Dieu, sur le Christ, sur notre valeur : Dieu nous aime et nous trouve excellents.
Et puisque Dieu nous aime ainsi, cela nous donne envie d’aimer ce Dieu qui nous aime, n’est-ce pas ?
L’Avent, une Réponse à l’Amour de Dieu Révélé par Christ
À recevoir ce qu’il nous offre avec confiance : c’est ce que nous faisons pendant cette période de l’Avent, nous ouvrons, doucement, jour après jour, ce cadeau que Dieu nous offre en Christ, par amour pour nous.
Cela nous donne envie de le prier, ne trouvez-vous pas ? Même si nous croyons ne pas savoir prier, même si nous ne connaissons encore rien de Dieu, il vient.
Bienvenue dans cette 8ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
La sincérité de l’expérience spirituelle de Simone Weil, son amour pour Dieu et pour les humains souffrant en ce monde, son intelligence de philosophe, sa lecture passionnée de la Bible et de l’Iliade d’Homère… sont, à mon avis, profondément touchants.
Pour ce jour, je vous propose une page tirée de ce recueil « Attente de Dieu ».
Pour Simone’ Weil, l’attente de Dieu » est une formule qui lui est chère, une formule doublement profonde à cause de l’ambiguïté de ces mots où l’attente de Dieu signifie à la fois deux choses :
Dieu qui nous attend, nous, de toute éternité.
Et aussi nous qui attendons Dieu, si possible nous concentrant profondément, car, dit-elle, « La qualité de l’attention est pour beaucoup dans la qualité de la prière. »
Simone Weil (1909-1943)
Je vous propose cette page où nous retrouvons cette mutuelle et profonde attente :
L’infinité de l’espace et du temps nous séparent de Dieu. Comment le chercherions-nous ? Comment irions-nous vers lui ? Quand même nous marcherions tout au long des siècles, nous ne ferions pas autre chose que tourner autour de la terre. Même en avion, nous ne pourrions pas faire autre chose. Nous sommes hors d’état d’avancer verticalement. Nous ne pouvons pas faire un pas vers les cieux. Dieu traverse l’univers et vient jusqu’à nous.
Par-dessus l’infinité de l’espace et du temps, l’amour infiniment plus infini de Dieu vient nous saisir. Il vient à son heure. Nous avons le pouvoir de consentir à l’accueillir ou de refuser. Si nous restons sourds il revient et revient encore comme un mendiant, mais aussi, comme un mendiant, un jour ne revient. plus. Si nous consentons, Dieu met en nous une petite graine et s’en va. À partir de ce moment, Dieu n’a plus rien à faire ni nous non plus, sinon attendre. Nous devons seulement ne pas regretter le consentement que nous avons accordé, le oui nuptial. Ce n’est pas aussi facile qu’il semble, car la croissance de la graine en nous est douloureuse. « De plus, du fait même que nous acceptons cette croissance, nous ne pouvons nous empêcher de détruire ce qui la gênerait, d’arracher des mauvaises herbes, de couper du chiendent ; et malheureusement ce chiendent fait partie de notre chair même, de sorte que ces soins de jardinier sont une opération violente. Néanmoins la graine, somme toute, croît toute seule. Un jour vient où l’âme appartient à Dieu, où non seulement elle consent à l’amour, mais où vraiment, effectivement, elle aime.
Simone Weil, dans « L’amour de Dieu et le malheur », extrait de « Attente de Dieu« , Lettres écrites du 19 janvier au 26 mai 1942, Paris: Éditions Fayard, 1966.
Dieu a ainsi un ardent désir de nous. Il nous espère comme un ami attend son ami. Cela nous éclaire sur le fond même de ce que signifie prier. Simon Weil explique cette rencontre entre Dieu et nous dans la prière avec cette comparaison :
De même, si on revoit un être très cher après une longue absence, les mots qu’on échange avec lui n’importent pas, mais seulement le son de sa voix qui nous assure de sa présence. »
Simone Weil, dans « Lettre VI – Dernières pensées », extrait de « Attente de Dieu«
Afin de nourrir notre attente de Dieu dans la prière, notre concentration à vivre intensément cette rencontre, je vous propose de méditer le début d’un des Psaumes les plus connus, le Psaume 130 (parfois 129 dans une autre numérotation), appelé le « De profundis » selon les premiers mots de la traduction latine « Des profondeurs, je cris à toi, Seigneur »)
Le Psaume 130 (De profundis) : Une Prière d’Attente et d’Espérance
Psaume 130, Psaume des montées
Des profondeurs, je crie vers toi, Éternel,
… Éternel, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Éternel… Éternel qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon,
pour que l’on puisse toujours se tourner vers toi.
J’espère en l’Éternel de toute mon âme,
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend l’Éternel
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
…Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,
ainsi son peuple attend l’Éternel.
Oui, près de l’Éternel, est l’amour,
près de lui est le salut,
Il rassemble son peuple,
pardonnant toutes ses fautes.
Amen
Psaume 130:1-8
Ce psaume est, par excellence, le psaume dans la détresse. Quelle qu’elle soit. Nous savons que nous pouvons en toute circonstance nous tourner vers Dieu, l’appeler et attendre son secours, ses bons soins pour nous. (Ici, quelques mots de plus sur ce Psaume).
Bienvenue dans cette 9ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. L’Avent, c’est attendre le Salut, un salut transcendant qui dépasse nos propres forces, qui traverse nos désespoirs les plus profonds.
La Théologie Apophatique selon Grégoire de Nazianze
Grégoire de Nazianze (aussi appelé Grégoire le Théologien), né en 329 en Cappadoce et mort en 390, est un des pères de la « théologie apophatique » (de apophèmi « nier ») : c’est une façon modeste de faire de la théologie, reconnaissant que Dieu sera toujours au delà de la compréhension et du langage des humains. Cela fait que parfois, le silence de l’adoration vaut mieux que les théories savantes sur l’être de Dieu, parfois il vaudrait mieux parler de Dieu en disant ce qu’il n’est pas (Dieu n’est pas mortel, n’est pas créé…).
Mystique et Limites de l’Affirmation
En même temps, Grégoire de Nazianze n’est pas agnostique (on ne peut rien savoir sur Dieu), il est un homme de prière, un mystique. Il tire de son expérience spirituelle des affirmations sur Dieu, mais en connaissant les limites de ce que nous affirmons.
Grégoire explique que l’on ne fait pas de la théologie comme on fait des mathématiques, s’approcher de Dieu est une ascension spirituelle, comme Moïse montant sur la montagne rencontre Dieu mais comme dans un nuage l’empêchant de le voir et de le saisir véritablement par l’intelligence.
« Ô Toi l’Au-delà de Tout » : Prière et Mystère
Grégoire est l’auteur de cette célèbre prière à Dieu qu’il appelle du nom de « Ô toi l’au-delà de tout » : on y retrouve le mystique (ce nom est une prière) et le théologien apophatique, tout en étant aussi cataphatique (théologie positive osant affirmer des choses sur Dieu).
Cela me touche beaucoup :
Ô Toi l’au-delà de tout,
comment t’appeler d’un autre nom ?
Quelle hymne peut te chanter ?
aucun mot ne t’exprime.
Quel esprit te saisir ?
nulle intelligence ne te conçoit.
Seul, tu es ineffable ;
tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable ;
tout ce qui se pense est sorti de toi.
Tous les êtres te célèbrent,
ceux qui parlent et ceux qui sont muets.
Tous les êtres te rendent hommage,
ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas.
L’universel désir,
le gémissement de tous aspire vers toi.
Tout ce qui existe te prie
et vers toi tout être qui sait lire ton univers
fait monter un hymne de silence.
Tout ce qui demeure, demeure en toi seul.
Le mouvement de l’univers déferle en toi.
De tous les êtres tu es la finalité,
tu es unique.
Tu es chacun et tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être seul, tu n’es pas l’ensemble :
Tu as tous les noms,
comment t’appellerai-je ?
Toi le seul qu’on ne peut nommer ;
quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui voilent le ciel lui-même ?
Aie pitié, ô Toi, l’au-delà de tout ;
comment t’appeler d’un autre nom ?
Grégoire de Nazianze (329-v.390)
Le Mystère Divin en Nous
Pour terminer, je vous laisse sur cette très courte prédication d’Angélus Silésius, qui me semble aussi rendre compte du fait que Dieu est d’un tout autre ordre que nous et que pourtant il n’est pas étranger à ce que nous sommes, qu’il est même en nous :
L’âme est un cristal
et la divinité sa lumière :
Le corps où tu vis est l’écrin de tous deux.
Bienvenue dans cette 10ᵉ case de notre calendrier de l’Avent.Dans notre recherche de ce qui peut nous aider à vivre fidèlement, il existe souvent un obstacle assez redoutable, c’est le désespoir. Ça ne date pas d’aujourd’hui, bien sûr, mais il semble qu’aujourd’hui la désespérance est endémique, devient comme une maladie, contagieuse et mortelle.Le philosophe Søren Kierkegaard s’est penché sur cette question du désespoir dans plusieurs de ses œuvres majeures, en particulier « Le Traité du désespoir » (dont le titre original est « La Maladie à la mort »), une démarche de foi profonde et une sagesse de vie. Le désespoir est une maladie qui provoque la mort du Soi. Kierkegaard cherche à nous éveiller afin que nous nous posions des questions spirituelles profondes, il nous libère de la rumination de notre passé par l’affirmation centrale de l’amour de Dieu et de son pardon, et il montre combien il est indispensable de s’ouvrir à Dieu pour être en forme, pour accepter véritablement d’être Soi.
Le Désespoir chez Kierkegaard : La Maladie à la Mort
Mais Kierkegaard n’est pas un philosophe et un théologien perdu dans les spéculations abstraites, il s’intéresse à ce que nous vivons, et cherche à nous apporter de l’aide (c’est par là que Kierkegaard fonde en quelque sorte la philosophie existentialiste). C’est ce que j’ai trouvé, par exemple, dans ce passage très concret sur la vie humaine face aux plus profonds désespoirs.
J’ai trouvé très étonnant et à vrai dire lumineux de relever cette mission que nous avons de relever en toute circonstance, une tâche que nous aurions à accomplir, et que cela est une source de joie opposée à la désespérance :
Aussi longtemps qu’il y a une tâche, une question à résoudre, l’homme n’est pas abandonné, sans espoir. Aussi longtemps qu’il y a une tâche, il y a aussi un moyen d’abréger le temps, car le travail et l’effort raccourcissent le temps : mais quand il n’y a rien à faire, aucune tâche, sinon celle de nier la tâche dans une raillerie d’une profonde perfidie, alors la désespérance est, et le temps est mortellement long. La désespérance est seulement lorsqu’il n’y a rien à faire, c’est-à-dire aucune tâche. Le sujet de joie est donc le suivant : il est éternellement présent, le fait qu’il y a toujours une tâche. Or, aussi longtemps qu’il y a tâche, il y a vie. Et aussi longtemps qu’il y a vie, il y a espoir. Et même, la tâche n’est pas seulement un espoir pour le temps à venir, elle est elle-même un présent plein de joyeux réconfort.
Pourquoi la Tâche est la Réponse de la Foi au Désespoir
C’est pourquoi le croyant a le courage de dire : « Quoi qu’il m’arrive, j’ai quelque chose à faire et en tout cas toujours une tâche. Même dans le désespoir. En effet, la désespérance est un effroi sans place nulle part si l’on ne veut pas témérairement s’abandonner soi-même. Si donc m’accablait le plus lourd destin qui soit jamais échu à un homme, et s’il n’y avait absolument rien à faire, il y a néanmoins ce sujet de joie d’avoir une tâche : celle de supporter mon sort avec patience.
Et même s’il m’était demandé d’épuiser la patience comme ce n’a jamais été le cas pour personne, il y a néanmoins ce sujet de joie d’avoir une tâche : celle de ne pas perdre patience, pas même à la dernière extrémité.
La tâche toujours présente et la certitude éternelle que Dieu est amour sont une seule et même chose.
extrait de « L’Évangile des souffrances, IVᵉ partie, sur la joie.
Deux Prières de Kierkegaard pour Vaincre le Désespoir
Je vous propose deux prières de Søren Kierkegaard pour nourrir notre prière.
Il s’adresse souvent au Christ, dont il se sent frère par ses souffrances. Et comme toujours avec Kierkegaard, sa prière n’est ni tournée vers le passé, ni vers la vie future, mais est une prière pour qu’aujourd’hui, maintenant, Dieu nous soit en aide :
Prière 1 : Demander au Christ la Joie et la Présence
Seigneur Jésus-Christ, j’ai souvent été impatient.
Je voulais tout abandonner, je voulais céder à la souffrance.
Je voulais choisir le chemin le plus facile : le désespoir.
Toi, tu n’as jamais perdu patience.
Tu as supporté toute une vie où tu as souffert
Pour me sauver aussi.
Je t’apporte ma peine : mets en moi ta joie.
Je t’apporte ma solitude : mets en moi ta présence.
Je t’apporte mes conflits : mets en moi ta paix.
Je t’apporte mes échecs : fais germer en moi ton avenir.
(Prière célèbre, dans l’esprit de Kierkegaard)
Prière 2 : L’imitation du Christ et l’aide du Rédempteur
Une autre prière, qui, elle, est vraiment de Kierkegaard, nous invite à être dans l’imitation du Christ et à recevoir son aide :
Aides-nous tous,
Toi le modèle et le rédempteur,
le rédempteur et le modèle,
de sorte que si, dans notre effort,
nous succombons devant le modèle,
anéantis, presque désespérés,
le rédempteur nous relève :
Mais à l’instant Tu es de nouveau le modèle pour nous maintenir dans l’effort.
Tu as laissé une trace,
Toi, saint modèle de toute l’humanité et de chacun de nous,
afin qu’à tout moment
ceux qui sont sauvés par ta rédemption
puissent trouver confiance et franc courage
dans la volonté et dans l’effort où ils Te suivent.
Aimée Degallier-Martin (connue sous le nom de Lézard dans le scoutisme) a été éclaireuse à Genève au tout début du scoutisme (elle est née vers 1905 et le scoutisme en 1907), elle est ensuite cheftaine dans les années 1920. Lézard est auteure de livres de réflexions éthiques, de méditations et de prières très appréciées depuis des générations : le « Livre de Lézard » en trois tomes.
Ses réflexions et prières sont simples, profondes, spirituelles plus que religieuses, elles s’adressent souvent à ses éclaireuses, des filles de 12 à 17 ans comme à une grande sœur.
De cette merveilleuse et si spirituelle auteure, je vous propose une importante méditation sur ce verset de l’Évangile selon Jean où Jésus nous invite à « adorer Dieu en Esprit et en vérité » (Jean 4:24), relativisant les adorations traditionnelles dans des lieux qui seraient particuliers : Jérusalem pour les uns, le mont Garizim pour d’autres, qu’importe. Effectivement, ce n’était pas dans tel ou tel lieu vendu comme plus saint que d’autres que Jésus se retirait pour prier, mais dans la montagne, ou simplement un peu à l’écart dans un jardin. L’auteure reprend cette parole et ces actes de Jésus pour nous inviter à une adoration simple et personnelle, dans la confiance en l’amour de Dieu.
Adorer Dieu
« Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. »
Je n’irai pas adorer mon Dieu dans telle ou telle chapelle, dans tel ou tel lieu saint…
L’Église de Dieu sera mon église et Dieu seul me parlera de Dieu, dans Son Église.
Mais où est-elle, Son Église ?
Elle est là où règne la bonté.
Elle est là où chante la beauté.
Elle est dans la nature ; sous la verdure ; à l’ombre des grands arbres ; au soleil qui jaunit le blé, qui rougit les pommes, qui brunit les feuilles.
Elle est là où règne la justice.
Elle est là où chante la paix ; au foyer paisible ; près du feu qui s’éteint ; près de la flamme qui s’élance.
Elle est au cimetière.
Elle est là où l’on pleure ; sous les saules pleureurs, les ifs et les cyprès.
Elle est là où règne la vérité.
Elle est là où chante la force joyeuse ; l’action virile.
Elle se dresse en pleine lumière, immense.
Comment ne la vois-tu pas ?
Elle remplit le monde.
Elle est dans ton cœur.
Elle est dans mon cœur.
Elle est partout, et ses orgues puissantes résonnent dans l’espace, et ses cloches rieuses s’égrènent dans les airs : on les entend aux deux pôles comme ici et comme là.
Arrête-toi ; écoute…
Dieu seul te parlera de Dieu dans son Église.
J’irai dans l’Église de Dieu.
Quant au culte que je rendrai à mon Dieu, ce sera une prière ; et puis un chant de joie.
Mais ma prière ne sera pas une suite de mots.
Pourquoi des mots ? – Nos jours en sont si pleins.
Ma prière ne sera pas une succession de phrases.
Pourquoi des phrases ? Nos jours en sont tout pleins. Ma prière, ce sera toute ma vie.
Et toute ma vie sera une prière dont chaque mot sera un acte, un effort vers le mieux.
Et si cela t’étonne.
Ne t’étonne plus.
Je ne donne pas le beau nom de prière au triste effort qui s’accomplit de mauvaise grâce et de mauvaise humeur, parce que les circonstances nous l’ont imposé.
Je donne le beau nom de prière à l’effort ailé, librement choisi, voulu et accompli ;
À l’effort joyeux qui entraîne vers un second effort, et d’effort en effort jusqu’à l’infini.
Mon culte sera une prière et ma prière, ce sera toute ma vie, et ma vie sera un effort.
Effort vers la beauté.
Oh ! beauté, que ton règne vienne.
Effort vers la bonté.
Oh ! bonté, que ton règne vienne.
Effort vers la joie.
Oh ! joie, que ton règne vienne.
Effort vers l’intelligence et la compréhension ; la justice et la vérité.
Un grand effort…
Ne parle pas.
Je connais tes objections.
Je sais ce que tu vas dire.
Ces efforts, tu les as faits.
Tu les as faits dix fois ; tu les as faits cent fois.
Tu les as faits bien plus de cent fois ; et toujours en vain.
Car la beauté est restée lointaine.
La bonté, tu ne l’as pas atteinte.
Et la joie, tu ne l’as pas trouvée.
Maintenant tu es lasse, lasse, lasse et fatiguée…
Tu ne veux plus faire d’efforts.
Et pourtant il faut que tu recommences.
Qu’importe si les premiers efforts ont échoué.
Qu’importe si les seconds sont destinés encore à échouer.
N’y a-t-il pas déjà de la beauté dans l’effort vers la beauté ?
N’y a-t-il pas déjà de la bonté, dans l’effort vers la bonté ?
N’y a-t-il pas déjà de la justice, dans l’effort vers la justice ?
Et surtout, surtout, n’y a-t-il pas déjà de la joie dans tout effort quel qu’il soit ?
Tu es lasse, lasse, lasse et fatiguée…
Tu ne veux plus faire d’efforts.
IL faut pourtant que tu recommences…
Mais repose-toi d’abord.
Pourquoi as-tu tant couru ?
Pourquoi ne t’es-tu jamais arrêtée ?
Regarde : pourquoi y a-t-il des champs au bord de la route, si ce n’est pour s’y asseoir ?
Pourquoi y a-t-il de l’ombre, si ce n’est pour s’y coucher ?
Tu as été trop orgueilleuse.
Tu as été trop ambitieuse.
Tu as eu trop d’amour-propre.
Tu as voulu tout faire toi-même ; tu as toujours voulu tout faire toi-même, sans jamais accepter l’aide de personne.
Et quand la vie même t’offrait un repos ;
Et quand la nature t’invitait au repos ;
Et quand les circonstances de la vie te permettaient un repos, tu ne l’as pas accepté.
Pourquoi ne l’as-tu pas accepté ?
L’essentiel, ce n’est pas que nous fassions toute chose.
L’essentiel, c’est que toute chose se fasse.
Il y a du foin à rentrer.
L’essentiel, ce n’est pas que tu rentres le foin.
L’essentiel, C’est que le foin soit rentré.
Ou crois-tu être la seule à savoir rentrer le foin ?
Il y a une maison à construire.
L’essentiel, ce n’est pas que tu construises la maison.
L’essentiel, c’est que la maison se construise.
Ou crois-tu être seule à savoir construire une maison ?
Il y a un malade à soigner ?
L’essentiel, ce n’est pas que tu guérisses le malade.
L’essentiel, c’est que le malade soit guéri.
Ou crois-tu être seule à savoir guérir ?
Ah ! S’il n’y a personne pour rentrer le foin, tu le rentreras, et même si tu tombes de fatigue.
S’il n’y a personne pour construire la maison, tu la construiras, et même si tu tombes de fatigue.
S’il n’est personne pour guérir le malade, tu le guériras, et même si tu tombes de fatigue.
Mais si de nombreux candidats se présentent, forts et joyeux, pourquoi par amour-propre leur refuser la joie du travail, de l’aide et du service ?
Tu es lasse, lasse, lasse et fatiguée.
Tu ne peux plus faire d’efforts.
Il faut pourtant que tu recommences, mais repose-toi d’abord.
Dépose ton orgueil, source de ta fatigue, et puis recommence, et dis avec moi :
Mon culte sera une prière et ma prière, ce sera toute ma vie, et toute ma vie sera un effort et puis un chant de joie.
Un chant de joie.
Chaque matin, je sens la vie renouvelée en moi et je ne peux faire autrement que de chanter ma joie de pouvoir vivre encore.
Car la vie, ce n’est pas une chemise de crin, un cilice, une haire impitoyable qui nous déchire la chair.
Et le monde, ce n’est pas une vallée de larmes seulement.
La vie est un privilège et le monde est divin.
Ne parle pas.
Je connais tes objections.
Je sais ce que tu vas dire.
La souffrance…
La souffrance physique et la souffrance morale.
La fatigue…
La fatigue physique et la fatigue morale.
La saleté…
La saleté physique et la saleté morale.
La tristesse, la misère et la maladie.
Oui, tout cela existe, je le sais bien.
La vigne vierge ne recouvre pas toutes les maisons et les giroflées ne fleurissent pas devant toutes les portes.
Et pourtant la vie est un privilège et le monde est divin.
Sors de ta chambre étroite.
Sors de ta maison étroite.
Sors de ta ville étroite et arrête-toi dans les champs.
Les champs silencieux aux larges espaces.
Écoute… Regarde…
Les forces mystérieuses travaillent dans le silence et la beauté. Dieu se révèle dans le silence et la beauté.
Reste en contact avec la nature, et tu seras en contact avec Dieu.
Reste en contact avec l’univers tout entier ; et j’entends par univers toute créature vivante, que ce soit un brin d’herbe, une fleur, un animal ou l’homme ; et tu seras en contact avec Dieu.
Car le monde, c’est l’Église de Dieu, et Dieu parle dans Son Église.
J’irai dans l’Église de Dieu.
Je resterai dans l’Église de Dieu.
Et le culte que je rendrai à mon Dieu, ce sera une prière, et ma prière, ce sera toute ma vie, et ma vie sera un effort.
Effort vers la beauté.
Oh ! beauté, que ton règne vienne.
Effort vers la bonté.
Oh ! bonté, que ton règne vienne.
Effort vers l’intelligence et la compréhension ; la justice et la vérité.
Un grand effort, et puis un chant de joie.
Je puis me tromper.
Offrir à Dieu son effort et sa joie, ce n’est peut-être pas encore l’adorer en esprit et en vérité ; mais qui peut nous dire ce que signifie « adorer Dieu en esprit et en vérité » ?
J’adore Dieu, comme je peux et comme je crois.
Adorons Dieu comme nous pouvons et comme nous croyons et Dieu sera adoré en esprit et en vérité.
(Livre de Lézard, pages 19-24)
Prière de Lézard : « Je ne sais pas autrement dire merci »
Mon Dieu.
Le bonheur que Tu m’as donné est infini.
Je n’ai besoin de rien.
Fais-moi meilleure seulement,
Afin que je sois en ce monde, une force bonne,
Non pas une force mauvaise.
Le bonheur que Tu m’as donné est infini.
Fais-moi généreuse, maintenant;
Sans égoisme,
Afin que ma main reste tendue vers les hommes,
Et que mon accueil leur soit doux.
Le bonheur que Tu m’as donné est infini.
Que chacun de mes jours soit une offrande pour Toi,
Faite en silence,
Dans l’acceptation tranquille des choses.
Je ne sais pas autrement dire merci.
Pas à pas dans ce chemin de l’Avent nous avançons vers le Christ, afin de boire à sa source.
Qu’a-t-il donc de spécial, cet homme Jésus de Nazareth, pour que nouas ayons une telle confiance en lui ? Qu’ont-elles de spéciales ses paroles pour que nous les ruminions encore et encore ? C’est que nous sommes bien obligés de constater que « ça marche ». Ça marche vraiment bien plus que nous ne pourrions l’espérer, c’ets ce que nous vivons de génération en génération, sur les 6 continents.
« Jamais homme n’a parlé comme cet homme. »
(Jean 7:46)
C’est ce qu’expliquent les gardes pour expliquer pourquoi ils n’ont pas obéi à l’ordre d’arrêter Jésus. Pourtant, les mots employés par Jésus sont des mots de tous les jours. Ceux qui connaissaient leur Bible pouvaient facilement reconnaître dans les paroles de Jésus que l’annonce de l’amour de Dieu était déjà dans les psaumes, la consolation de ceux qui pleurent était déjà dans Ésaïe, comme sa façon d’appeler Dieu notre Père, son « Aime ton prochain comme toi-même » était dans le Lévitique… Pourtant, lorsque la parole de Jésus est entendue, c’est tout autre chose.
La différence entre lui et tous ceux qui ont parlé avant, prophètes, théologiens, poètes et philosophes, c’est ce qui fait de lui le Christ. Quand sa parole est entendue, elle change tout : elle crée ce qu’elle dit. C’est pourquoi Jean fait un parallèle entre la venue du Christ et la création du monde par la Parole de Dieu. Tout le monde peut dire à haute voix ces mots : « Que la lumière soit », un seul peut créer la lumière en le disant (Genèse 1:3).
Quels mots est-ce que Jésus a dit pour que ces gardes aient le courage de désobéir et de témoigner de la sorte ? Ce que Jésus a dit, c’est : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui a confiance en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein » (Jean 7:37-38, Ésaïe 55). Jésus annonce la limite de sa Parole : elle n’est pas magique non plus, elle travaille avec nous en nous. Encore faut-il avoir soif et non être blasé de tout, encore faut-il aller à Jésus chercher ce qui nous manque d’essentiel pour vivre car on a le droit d’aller le chercher n’importe où (bonne chance), encore faut-il avoir assez confiance en lui pour boire à cette source qu’est le Christ. Alors le miracle arrive.
Les gardes ont dû expérimenter que cela s’est réalisé en eux significativement. Ils ont dû sentir qu’une vie abondante jaillissait en eux : une bénédiction comme une source jaillissant en plein désert, offrant en plus l’ombre, les fleurs et les fruits.
Ce fleuve de vie déborde de ces hommes au point qu’ils en témoignent avec un enthousiasme sincère.
Toi qui es au-dessus de nous,
Toi qui es l’un de nous,
Toi qui es aussi en nous,
Fais que tout le monde te voie aussi en moi,
Que je te prépare le chemin.
Qu’alors je te remercie de tout ce qui m’arrive,
Qu’alors je n’oublie pas la misère des autres.
Garde-moi dans ton amour,
Comme tu veux que tous les autres
Demeurent dans le mien.
Que tout ce qui fait partie de mon être serve à ta gloire
Et que je ne désespère jamais.
Car je suis dans ta main,
et en toi sont toute force et toute bonté.
Donne-moi un coeur pur afin que je te voie,
un esprit humble afin que j’entende,
l’esprit de l’amour afin que je te serve,
l’esprit de la foi afin que je demeure en toi.
Toi que je ne connais pas,
mais à qui j’appartiens.
Toi.
Dag Hammarskjöld
(protestant suédois, secrétaire général de l’ONU de 1953 à 1961)
Bienvenue dans cette 13ᵉ case de notre calendrier de l’Avent.Pas à pas, jour après jour, nous avançons vers le Christ dans ce chemin de l’Avent. En chemin, comme dans toute randonnée, il faut nous hydrater pour être en forme. C’est ce que chante le Psaume 110 (109 dans d’autres numérotations) :
« De torrente in via Bibet, propterea exaltabit caput. »
« Il boit au torrent sur le chemin, c’est pourquoi il relève la tête. »
Le Psaume 110 (Dixit Dominus) dans l’Histoire de la Musique
Ce psaume 110 (connu sous son nom latin « Dixit Dominus« , en français « Le Seigneur a dit ») a été mis en musique par de nombreux compositeurs : Monteverdi, Haendel, Vivaldi, Charpentier, Scarlatti et Mozart…Je vous propose d’entendre ce dernier verset « De torrente in via Bibet » dans deux versions parmi les plus célèbres, avant que nous nous penchions sur le fond de ce Psaume 110.
Dixit Dominus de Georg Friedrich Haendel De torrent, avec Hélène Guilmette, Sophie Klussmann, Andreas Scholl comme solistes
Dixit Dominus d’Antonio Vivaldi De Torrente, avec Sara Mingardo, contralto
Pourquoi un tel succès du Psaume 110 « Dixit Dominus » ?
Ce psaume 110 a de forts accents messianiques : chantant, ou annonçant, le Christ assis à la droite de Dieu : c’est un sujet d’espérance pour tous car la main droite représente symboliquement la main qui agit, qui façonne et qui crée. Penser au Christ assis à la droite de Dieu, c’est une promesse que le Salut pour nous, pour notre vie en ce monde et future, est concrètement en train de progresser, d’advenir.
À cette Royauté bienfaisante du Christ s’ajoute un autre accent messianique quand ce Psaume annonce : « Tu es sacrificateur pour toujours, À la manière de Melchisédek.« , le « Roi de Justice » en hébreu. Cela évoque donc le Christ qui prie pour nous et notre salut, c’est sa façon d’exercer la justice : il fait de nous une personne qui est juste (par son action en nous), et qui est regardée comme juste par l’amour de Dieu.
Analyse du Verset Final : Le Sens de « Boire au Torrent »
Cette annonce d’un Salut éclatant domine tout ce psaume, il est curieux que la dernière phrase, la conclusion, soit si humble et simple. « Il boit au torrent sur le chemin, c’est pourquoi il relève la tête. » C’est pour épouser la condition humaine en ce monde qui est parfois difficile : nous connaissons parfois dans notre vie un rude passage d’aridité comme à travers un désert. Jésus a vécu cette vie humaine. Cette évocation nous parle ainsi de la manière dont le Christ est un Messie triomphant pour nous, pour nous sauver, nous et l’humanité en ce monde : c’est en vivant notre condition humaine, c’est par son contact direct avec les personnes de toutes conditions, c’est par ses déplacements incessants sur les routes poussiéreuses de Galilée où il a connu la fatigue et la soif (Jean 4), les pleurs, les découragements, les angoisses, les oppositions, l’abandon de ses disciples, la croix. Ce psaume évoque donc en conclusion un chemin de montagne où le marcheur avance pas à pas, fatigué et assoiffé. Qu’il fait bon alors de nous pencher pour boire au torrent, à cette eau de vie qui descend des hauteurs, comme offerte par Dieu. C’est alors comme une résurrection pour nous, et notre cheminement peut se poursuivre de façon légère et victorieuse. « Il boit au torrent sur le chemin, c’est pourquoi il relève la tête. » Car le Seigneur l’accompagne : vous, moi, nous, en Christ.
Le Psaume 110 : une force divine face à nos adversités
Ce psaume pourrait sembler guerrier mais comme nous venons de le voir, je pense, il ne s’agit pas de batailles avec des chars, des bombes surpuissantes et des assassinats. Bien sûr, puisque nous savons très bien que Dieu est source de vie : ses armes contre le mal sont l’amour, la compassion, la justice et la bénédiction. De sa main, les seuls cadavres sont ceux de la misère et de l’injustice, de la souffrance et de la mort, de la haine et de l’indifférence. Afin que chacune de ces créatures et ce monde qu’il aime puissent évoluer dans le bon sens.
Les ennemis évoqués par ce Psaume ne sont pas des personnes, mais c’est tout ce qui nous fait souffrir, tout ce qui abaisse notre tête et notre cœur. C’est au lecteur de discerner quelles adversités il doit combattre aujourd’hui. Et de placer sa confiance en Dieu qui nous accompagne, en Christ, qui agit, à rassembler nos forces afin d’avancer.
Et sur ce chemin, parfois rude, nous pouvons compter sur cette eau fraîche qui descend des hauteurs, l’eau fraîche de sa parole.
1 Psaume de David.
Oracle de l’Éternel à mon Seigneur :
Assieds-toi à ma droite,
Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.
2L’Éternel étendra de Sion le sceptre de ta puissance :
Domine au milieu de tes ennemis !
3Ton peuple est (plein de) dévouement
Au jour (où tu rassembles) ton armée
Avec des ornements sacrés, du sein de l’aurore.
À toi la rosée de ta jeunesse ! 4L’Éternel l’a juré et ne le regrettera pas :
Tu es sacrificateur pour toujours,
À la manière de Melchisédek.
5Le Seigneur est à ta droite,
Il écrase des rois au jour de sa colère. 6Il exerce le jugement parmi les nations : plein de cadavres ;
Il écrase le chef d’un vaste pays.
7En chemin il boit au torrent :
C’est pourquoi il relève la tête.
Évangile selon Luc 1 et 2 :
Sens des Noms Bibliques et Cheminement Spirituel vers Jésus
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Transcription de la Vidéo :
L’Évangile selon Luc s’ouvre sur un récit assez merveilleux. Ce récit nous est offert comme un cheminement spirituel à vivre. Le but de ce cheminement, c’est bien sûr d’arriver au Christ et de bénéficier de ce qu’il nous apportera.
1. Le Sens Profond du Nom de Jésus (Ye-Shoua) : le Salut de notre être
Dans ce récit, il y a une grande importance accordée aux noms propres et à leur signification. Par exemple, à la naissance de Jésus, il y a un débat sur le nom qu’on va donner à cet enfant et finalement ils choisissent de l’appeler Jésus. Pourquoi est-ce important ? C’est que le sens de ce nom de Jésus est en fait le programme de ce qu’il va nous apporter.
Le nom de Jésus, en hébreu, c’est Yé-Shoua ישוע , un diminutif de Yehoshoua (Josué).
Yéי est le diminutif de Yahwéh, qui est Dieu en tant que source de vie et de tendresse,
Shoua שוע signifie « qui sauve« ,
Donc, le nom de Jésus signifie : Dieu sauve, nous sauve, vous sauve : vous.
Ce nom de « Jésus » nous dit que notre être peut recevoir une toute nouvelle dimension.
2. Jean (Yo-Hanan) : Révélation de l’Amour Inconditionnel
Mais avant même la naissance de Jésus, il y a dans ce récit la naissance d’un autre enfant, son cousin. Là aussi, il y a une discussion pour choisir son nom, et ils vont saisir qu’il faut absolument l’appeler Jean.
Le nom de Jean a un sens, il nous montre une étape importante dans notre cheminement vers Jésus.
Ce nom de Jean, en hébreu, c’est Yo-Hanan : יוחנן
Yo יו c’est encore est le diminutif de Yahweh,
Hanan חנן c’est la « grâce de Dieu« ,
Le nom de « Jean » signifie donc : Dieu est grâce, amour sans condition pour nous.
Jean nous ouvre ainsi à une toute nouvelle théologie et une nouvelle spiritualité où la crainte de Dieu est complètement éliminée : même si nous pensions avoir une foi mauvaise ou inexistante, même si notre vie est problématique, Dieu a pour nous un amour total, nous pourrons toujours nous tourner vers lui pour recevoir son aide et ses bons soins. Jean nous prépare ainsi à nous ouvrir au salut qui nous est donné par Dieu en Jésus-Christ.
3. Le Chemin Préparatoire : Zacharie et Élisabeth
Mais comment est-ce que nous pouvons atteindre Jean ? C’est ce que nous dit le début de l’histoire, car elle s’ouvre sur les parents de Jean qui s’appellent Zacharie et Élisabeth.
Zacharie (Zachar-Yah) : La Mémoire de la Promesse
Le nom de Zacharie c’est Zachar-Yah en hébreu : זכריה
Yah יה c’est encore YHWH, bien sûr,
et Zachar זכר signifie « se souvenir« ,
Le nom de « Zacharie » nous dit que L’Éternel se souvient : il se souvient de sa promesse donnée à Abraham dans la Bible de bénir toutes les personnes de l’univers, de tous les peuples.
Élisabeth (Éli-Shéba) : La Promesse Personnelle
Mais sa femme, Élisabeth, nous enseigne plus précisément :
Élisabeth c’est en hébreu Éli-Shéba : אלישבע
Éli אלי signifie « Mon Dieu » : un Dieu puissant et fort pour réaliser ce qu’il décide.
Sheba שבע signifie « la promesse ».
Ce nom d’ »Élisabeth » nous dit que « Dieu, le Dieu qui réalise ce qu’il dit, Dieu est une promesse pour moi.»
C’est plus qu’une promesse de bénédiction pour l’humanité, c’est une promesse de vie pour vous en particulier.
Zacharie et Élisabeth nous invitent à une toute nouvelle façon de vivre la religion, sans menaces et sans jugement, nous faisant découvrir comment Dieu cherche toujours à nous aider.
Conclusion : Trois Étapes dans ce Chemin de Foi
Ce récit qui ouvre l’Évangile selon Luc est ainsi un chemin spirituel qui nous appelle à l’action :
Commençant avec Zacharie et Élisabeth : en choisissant une religion bienfaisante centrée sur ce que Dieu espère nous apporter de bon.
Avancer avec Jean et travailler notre théologie et notre prière dans une pleine confiance dans l’amour de Dieu, une théologie et une prière purifiée de toute idée de Dieu sévère, menaçant, juge.
Arriver enfin à s’ouvrir en Jésus à ce Dieu qui nous sauve, rendant notre existence infiniment plus vivante et aimante par son Esprit.
Bienvenue dans cette 15ᵉ case de notre calendrier de l’Avent. Avec ce texte formidable du prophète Ésaïe (VIIIᵉ siècle avant Jésus) qui nous annonce la venue du Christ :
La promesse des temps messianiques d’Ésaïe 11 : Le loup et l’agneau
Alors un rameau sortira du tronc d’Isaï (le père du roi David),
Et un rejeton naîtra de ses racines.
L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui :
Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de conseil et de force,
Esprit de connaissance et d’attachement à l’Éternel.
Il respirera l’attachement à l’Éternel ;
Il ne jugera point sur l’apparence, il ne prononcera point sur un ouï-dire. Mais il gouvernera les pauvres avec équité, et il parlera avec droiture des malheureux de la terre ; il touchera la terre de sa parole comme d’une baguette magique, et du souffle de ses lèvres il fera disparaître la racine de la méchanceté. La justice sera la ceinture de ses flancs, et la fidélité la ceinture de ses reins.
Le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse seront ensemble, et un petit enfant les conduira.
(Ésaïe 11:1-6)
Cette promesse parle du Christ attendu, et aussi de toute personne recevant son salut, donc de nous-mêmes. Magnifique promesse, révélélatrice d’une magnifique théologie : celle de Dieu qui nous donne son Esprit afin de nous augmenter, de faire de nous une source de vie : que la vie sur terre soit bien plus vivable, heureuse et juste.
Ce passage annonçant le Christ et son Évangile comprend cette promesse célèbre que « le loup habitera avec l’agneau« . Jésus, le Christ, se serait-il concentré sur l’évangélisation des loups ? Oui, dans un sens : par l’Esprit et ses dons puissants en nous, Christ espère que le loup qui est en chacun de nous deviendra un loup gentil et même bienfaisant. C’est ainsi que ni Dieu ni le Christ ne massacrent les méchants (ils se seraient alors laissé contaminer par le loup féroce), au contraire : Dieu nous envoie, le Christ et nous à sa suite, pour essayer de faire en sorte que la méchanceté en chaque personne disparaisse au souffle de l’Esprit.
Qui est ce petit enfant qui conduira les animaux sauvages enfin devenus gentils ? Les chrétiens y ont reconnu Jésus que nous fêtons à Noël, le Christ. Il ne gouverne pas par la force, ni par des menaces, ni des ordres auxquels nous devrions nous soumettre, mais le Christ nous envoie l’Esprit. Ce petit enfant est alors notre âme qui conduira toutes les dimensions de notre être : le loup gentil en nous, l’agneau, la panthère magnifique et puissante…
C’est cette page d’Évangile qui met en récit un joli récit de la vie de François d’Assise. Là aussi, le récit parle au sens figuré. Cet homme bon, sincère et inspiré qu’est François d’Assise s’adresse à travers au loup qui rôde en nous, cherchant à le toucher, le plaçant sous la bénédiction de Dieu qui nous est donnée en Christ. François arrivera-il à toucher ce loup ? Cette histoire nous aide aussi avoir le courage d’entreprendre de convertir, avec l’aide de Dieu, ce loup qui sommeille ou qui hurle en nous et dans notre humanité parfois féroce.
Du très saint miracle que fit saint François quand il convertit le très féroce loup de Gubbio
Dans le livre « les fioretti de François d’Assise », au chapitre 21 :
Au temps où saint François demeurait dans la ville de Gubbio, parut dans le pays un très grand loup, terrible et féroce, qui dévorait non seulement les animaux, mais aussi les hommes ; en sorte que tous les habitants étaient dans une grande peur, parce qu’il s’approchait souvent de la ville. Tous allaient armés quand ils sortaient, comme s’ils allaient à la guerre ; et malgré cela, on ne pouvait s’en défendre quand on se trouvait seul à le rencontrer. Par peur de ce loup, ils en vinrent au point que personne n’osait sortir de la ville.
Cela donna à saint François compassion des hommes de ce pays, et il voulut sortir au devant de ce loup, bien que les habitants le lui déconseillassent vivement. Mais lui, faisant le signe de la sainte croix, il sortit de la ville avec ses compagnons et plaça ainsi toute sa confiance en Dieu. Et les autres, hésitant à aller plus loin, saint François prend le chemin vers le lieu où était le loup. Et voici que, devant beaucoup d’habitants qui étaient venus voir ce miracle, ledit loup alla à la rencontre de saint François, la gueule ouverte ; et saint François, s’approchant de lui, fit sur lui le signe de la croix, l’appela à lui et lui parla ainsi : « Viens ici, frère loup, je te commande de la part du Christ de ne faire de mal ni à moi, ni à personne. » Admirable à dire ! Aussitôt que saint François eut tracé la croix, le terrible loup ferma la gueule et cessa de courir. Et, le commandement fait, il vint paisiblement comme un agneau se jeter couché aux pieds de saint François.
Alors saint François lui parla ainsi : « Frère Loup, tu fais beaucoup de dommages en ces endroits, et tu as commis de très grands méfaits, abîmant et tuant les créatures de Dieu sans sa permission. Et non seulement tu as tué et dévoré les bêtes, mais tu as eu la hardiesse de tuer et d’abîmer les hommes faits à l’image de Dieu ; pour cela tu mérites les fourches comme un voleur et un assassin très méchant, et tout le monde crie et murmure contre toi, et toute cette contrée t’a en inimitié. Mais je veux, frère Loup, faire la paix entre toi et ceux-ci, que tu ne les offenses plus, et qu’ils te pardonnent chaque offense passée, et ni les hommes, ni les chiens ne te persécuteront plus. » Ces paroles dites, le loup, par les mouvements de son corps, de sa queue et de ses oreilles et en inclinant la tête, montrait qu’il acceptait ce que saint François disait et qu’il voulait l’observer…
(Les Fioretti de Saint-François d’Assise, chapitre 21)
Une prière Franciscaine « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix »
Nous connaissons ce magnifique « Cantique des Créatures » de la main même de François d’Assise, mais la prière que je voudrais partager avec vous en rapport avec cette histoire du loup de Gubbio est dans l’esprit de François d’Assise (probablement écrite par le père Esther Auguste Bouquerel) :
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix :
Là où il y a de la haine, que je mette l’amour,
Là où il y a l’offense, que je mette le pardon,
Là où il y a la discorde, que je mette l’union,
Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité,
Là où il y a le doute, que je mette la foi,
Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance,
Là où il y a les ténèbres, que je mette ta lumière,
Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
Ô Maître, que je ne cherche pas tant :
À être consolé… qu’à consoler,
À être compris… qu’à comprendre.
À être aimé… qu’à aimer.
Car,
C’est en donnant… qu’on reçoit,
C’est en s’oubliant… qu’on trouve,
C’est en pardonnant… qu’on est pardonné,
C’est en aimant… qu’on ressuscite à la vie éternelle.
Amen.
Une publicité récente au succès planétaire
La nouvelle publicité de Noël d’Intermarché est dans cet esprit de conversion de notre loup intérieur. Avec aussi l’importance de petits gestes de bonté et de courage dont nous bénéficions, nous aidant à avancer.
Un texte formidable du cardinal Pierre de Bérulle sur le respect de l’autre
Pierre de Bérulle et l’École Française de Spiritualité
Pierre de Bérulle (1575 – 1629) était un homme profondément spirituel et théologien. Il perçoit ce qu’apporte la Réforme protestante à la foi des fidèles en leur rendant accès à la prière personnelle et l’éducation leur permettant d’élever leur ouverture à une réflexion théologique. Cette Réforme protestante est radicalement rejetée par le pape Léon X dans sa bulle « Exsurge Domine », Martin Luther passant outre cette excommunication le 10 décembre 1520 à Wittenberg. Cette Réforme se fera alors en dehors de la chrétienté gouvernée par la papauté de Rome. Moins d’un siècle plus tard, Pierre de Bérulle va être l’initiateur d’une Réforme catholique reprenant ce qu’il lui est apparu de plus beau dans la Réforme protestante. Bérulle va être l’initiateur d’un courant important à cette époque : « l’école française de spiritualité« .
Qu’est-ce qui permet à ces réformes d’être aussi ambitieuses pour le fidèle ? Le fait que Dieu a donné son Esprit à chaque personne, même si cette qualité semble enfouie, n’en demeure pas moins qu’en chacun, qu’en nous il y a et demeure cette très noble faculté d’agir par l’Esprit de Jésus-Christ. C’est sur ce fait que Pierre de Bérule nous invite à méditer :
Un point qu’il faut particulièrement observer
est que nous ayons envers les autres un grand respect.
Le motif de ce respect sera la présence
de l’Esprit de Jésus-Christ en nous et dans notre prochain
et nous devons assurément avoir pour l’Esprit un grand respect.
Au moment où nous allons aborder une conversation,
pensons qu’il y a dans le prochain comme deux personnes
l’une qui est la troisième Personne de la très Sainte Trinité,
la seconde qui est le prochain lui-même.
Si l’on se présentait pour saluer le roi,
et si l’on voyait auprès de lui un homme du peuple,
on ne saluerait pas cet homme du peuple et on ne lui parlerait pas
avant de l’avoir fait au roi
de même il ne convient pas de saluer le prochain
avant d’avoir salué l’Esprit de Jésus-Christ qui habite en lui.
Si cette vérité était profondément gravée dans nos esprits,
la conversation serait très profitable,
car nous communiquerions au prochain le fruit de l’Esprit
qui est en nous et qui nous inspire,
et de ce même Esprit qui est dans le prochain
nous retirerions nous-mêmes un grand profit.
Mais il arrive qu’en nous la grâce soit ensevelie,
et que la nature seule agisse,
que cet Esprit soit éteint en quelque sorte
et que notre vie se réduise aux aspirations d’ordre physique,
alors qu’en nous il y a cette très noble faculté
d’agir par l’Esprit de Jésus-Christ.
Pierre de Bérulle, Collationes, t. 1, p. 137-138.
Prière : Éducation, Savoir et Partage des Dons
Pierre de Bérulle a ouvert des dizaines d’écoles pour éduquer les enfants, à l’image de Jean Calvin dont le programme de Réforme l’a conduit à rendre l’enseignement obligatoire et gratuit au Collège de Rive (1559). Normal puisque chaque enfant nous fait penser à l’enfant Jésus qui a eu la chance de pouvoir « grandir en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. » (Luc 2:52)
Pour nos frères et sœurs en manque de savoir
Seigneur, nous te demandons souvent
de nous apprendre à prier,
de nous apprendre à vivre en enfants de Dieu,
de nous apprendre à lire les signes de ton amour.
Toi qui nous as confié la terre pour l’embellir
et pour lui faire chanter ta gloire,
Toi qui nous as confiés les uns aux autres
pour grandir ensemble dans la foi,
vois ce que nous avons fait…
Seigneur, vois ces millions et ces millions
d’hommes et surtout de femmes,
partout dans le monde
qui ne savent ni lire ni écrire.
Seigneur, vois ces millions d’enfants
qui ne vont pas à l’école,
parce qu’ils doivent travailler pour vivre.
Nous les oublions si facilement,
ils sont si loin, et ils n’ont pas de voix,
ils ne peuvent pas se défendre ou s’expliquer.
Aide-nous donc, Seigneur, à percevoir leurs appels,
apprends-nous à soutenir toutes les initiatives,
publiques et privées, nationales et internationales,
religieuses et laïques,
pour qu’ils puissent accéder à ces connaissances
sans lesquelles il n’y a pas de développement.
Ce sont nos frères et sœurs, Seigneur
ne nous les laisse pas oublier.
Donne-nous la force et le courage
de partager notre savoir,
comme tu nous as demandé de partager
tous les dons que nous avons reçus de toi.
Nous voulons que tous les hommes et femmes
aient les moyens de te connaître,
Toi le Dieu d’amour, pour les siècles des siècles.
François Cheng est un merveilleux penseur, auteur… et croyant, un croyant très profond articulant le taoïsme et ce qu’il appelle « la voix christique ». Il est très sensible aux catastrophes de notre temps marqué par de terribles violences, des guerres, des catastrophes naturelles et écologiques… et pourtant il écrit sur la beauté de la vie, sur la bonté et l’empathie. Comment ? Il est ouvert sur la transcendance, pour lui, le souffle de vie (l’Esprit) est essentiel, ainsi que notre âme faisant de nous un être unique et irremplaçable.
Des méditations sur la vie, la mort et la beauté
Après ses « Cinq méditations sur la beauté », François Cheng écrit « Cinq méditations sur la mort ». C’est dans sa 4ᵉ méditation que je croise un passage où il cite « la grande voix d’Etty Hillesum, qui fut gazée par les nazis à Auschwitz. » Bien des points les rapprochent : leur lucidité face à l’adversité du temps, leur rapport très personnel et libre à Dieu. Tous deux sont en quête permanente, non dogmatique de Dieu. Tous deux sont des contemplatifs de la beauté de ce monde et des mystiques. Autant de pistes pour notre propre recherche de Dieu et de salut en ce temps de l’Avent.
L’écho entre Rilke et la prière d’Etty Hillesum
Voici d’abord François Cheng citant Etty Hillesum et Rilke :
Nous autres humains, au fond de l’abîme creusé par le mal radical, nous entendons la chère voix d’Etty Hillesum, voix frêle mais combien lucide, combien résolue…. Et ses paroles font écho au célèbre poème de Rilke dont Etty est une fervente lectrice : Que feras-tu, Dieu, si je meurs ? Je suis ta cruche, si je me brise ? Je suis ton boire, si je m’abime ? Je suis ta robe et ta mission, Moi absent, tu perdrais tout sens…
François Cheng, « Cinq méditations sur la mort »
Ce texte qui a particulièrement touché François Cheng est cette fameuse prière trouvée dans son journal où Etty Hillesum demande à Dieu de garder sa foi, dans les conditions terrible de son travail auprès des juifs placés en camp de transit vers les camps d’extermination.
Prière d’Etty Hillesum : Aider Dieu à ne pas s’éteindre en nous
Prière du dimanche matin (12 juillet 1942)
Ce sont des temps d’effroi, mon Dieu. Cette nuit, pour la première fois, je suis restée éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre une chose, mon Dieu, oh, une broutille : je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m’inspire l’avenir ; mais cela demande un certain entraînement. Pour l’instant, à chaque jour suffit sa peine.
Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu. Peut-être pourrons-nous aussi contribuer à te mettre au jour dans les cœurs martyrisés des autres. Oui, mon Dieu, tu sembles assez peu capable de modifier une situation finalement indissociable de cette vie. Je ne t’en demande pas compte, c’est à toi au contraire de nous appeler à rendre des comptes, un jour.
Défendre la demeure de Dieu en nous
Il m’apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que tu ne peux pas nous aider, mais que c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous. Il y a des gens – le croirait-on ? – qui au dernier moment tâchent de mettre en lieu sûr des aspirateurs, des fourchettes et des cuillères en argent, au lieu de te protéger toi, mon Dieu. Et il y a des gens qui cherchent à protéger leur propre corps, qui pourtant n’est plus que le réceptacle de mille angoisses et de mille haines. Ils disent : « Moi je ne tomberai pas sous leurs griffes ! » Ils oublient qu’on est jamais sous les griffes de personne tant qu’on est dans tes bras.
Cette conversation avec toi, mon Dieu, commence à me redonner un peu de calme. J’en aurai beaucoup d’autres avec toi dans un avenir proche, t’empêchant ainsi de me fuir. Tu connaîtras sûrement des moments de disette en moi, mon Dieu, où ma confiance ne te nourrira plus aussi richement, mais crois-moi, je continuerai à œuvrer pour toi, je te resterai fidèle et ne te chasserai pas de mon enclos.
Comment affronter la grande souffrance ?
Je ne manque pas de force pour affronter la grande souffrance, la souffrance héroïque. Mon Dieu, je crains plutôt les mille petits soucis quotidiens qui vous assaillent parfois comme une vermine mordante. Enfin, je me gratte désespérément et je me dis chaque jour : Encore une journée sans problèmes, les murs protecteurs d’une maison accueillante glissent autour de tes épaules comme un vêtement familier, longtemps porté ; ton couvert est mis pour aujourd’hui et les draps blancs et les couvertures douillettes de ton lit t’attendent pour une nuit de plus, tu n’as donc aucune excuse à gaspiller le moindre atome d’énergie à ces petits soucis matériels.
Utilise à bon escient chaque minute de ce jour, fais-en une journée fructueuse, une forte pierre dans les fondations sur lesquelles s’appuieront les jours de misère et d’angoisse qui nous attendent. Derrière la maison, la pluie et la tempête des derniers jours ont ravagé le jasmin, ses fleurs blanches flottent éparpillées dans les flaques noires sur le toit plat du garage. Mais quelque part en moi ce jasmin continue à fleurir, aussi exubérant, aussi tendre que par le passé. Et il répand ses effluves autour de ta demeure, mon Dieu.
L’offrande de la beauté, même dans l’enfermement
Tu vois comme je prends soin de toi. Je ne t’offre pas seulement mes larmes et mes tristes pressentiments, en ce dimanche de matin venteux et grisâtre, je t’apporte même un jasmin odorant. Et je t’offrirai toutes les fleurs rencontrées sur mon chemin, et elles sont légion, crois-moi. Je veux te rendre ton séjour le plus agréable possible. Et pour prendre un exemple au hasard : enfermée dans une étroite cellule et voyant un nuage passer au-delà de mes barreaux, je t’apporterais ce nuage, mon Dieu, si du moins j’en avais la force. Je ne puis rien garantir d’avance, mais les intentions sont les meilleures du monde, tu vois.
Maintenant je vais me consacrer à cette journée. Je vais me répandre parmi les hommes aujourd’hui et les rumeurs mauvaises, les menaces m’assailliront comme autant de soldats ennemis une forteresse imprenable.
Etty Hillesum (1914 – 1943)
« Une vie bouleversée »
France Quéré (1936-1995) était une théologienne dont on redécouvre aujourd’hui particulièrement l’importance.
L’œuvre et l’héritage d’une spécialiste des premiers siècles du christianisme
À l’origine, elle était spécialiste des évangiles apocryphes et des Pères de l’Église, c’est-à-dire des écrits des premiers siècles du christianisme où la théologie était très libre puisque c’était avant que les grands conciles cherchent à unifier la doctrine au détriment de la liberté et de la richesse de la diversité.
Afin d’étudier ces textes, elle a entrepris des études de théologie à la faculté de Montpellier, ce qui a élargi son champ d’études à la philosophie et aux questions éthiques de son temps.
France Quéré : entre Évangile, réalité contemporaine et cheminement de la foi
Elle ne cesse de faire une lecture des Évangiles pleine de tendresse et de lucidité, cherchant toujours le lien avec la réalité de notre monde contemporain, avec la vie des hommes et les femmes pris dans la tension entre l’Evangile et nos vies concrètes.
Son travail théologique s’articule à la fois entre la recherche de la vérité et un questionnement permanent : laissant la place au doute, aux recherches, au cheminement. Il est possible qu’elle ait été influencée dans cette méthode par son mari qui était un professeur de physique de haut niveau, engagé lui-même dans l’Église catholique. Ensemble, ils ont travaillé au respect mutuel entre le protestantisme et le catholicisme, non pour une fusion mais pour une communion entre ces deux sensibilités.
Son travail éthique sur les questions comme la bioéthique, la condition féminine, le couple, le handicap, la fin de vie, la maladie. Toujours dans cette interface entre la théorie, l’idéal, et la vie concrète réelle des gens.
Deux textes de France Quéré pour notre méditation
« Dieu s’agrippe à moi » : la densité de la foi
Dieu s’agrippe à moi. La présence, la densité de Dieu, elle ne m’apporte ni certitude ni sérénité et m’aide même fort peu dans ce qui est pourtant de son ressort : la foi, l’espérance et la charité. Devant ma désinvolture, plusieurs, qui ne connaissent que la dévotion, me disent : “Vous n’avez pas la foi”. À leur idée. Mais je constate que je ne me débarrasse jamais de Dieu. Pris à rebours, éconduit, ridiculisé, Dieu s’agrippe à moi, avec des mains d’amoureux.
Prière : L’Esprit, le bien-aimé de Dieu pour tout homme
Béni sois-tu, Esprit,
De chuchoter à tout homme
Qu’il est le bien-aimé de Dieu.
Il y a ceux que tes feux dévorent,
Ceux que tu couves sous la cendre,
Ceux qui gémissent vers toi,
Comme des branches incendiées,
Ceux qui protègent entre leurs mains
Une modeste lueur,
Ceux qui se souviennent
De ton étincelle, jadis,
Et ceux qui l’ont oubliée ;
Ceux que tu éclaires
Et ceux qui s’enfument,
Ceux qui n’ont plus d’âtre,
Ceux qui ont le cœur en loques,
Et dans la tête un grand abîme.
Mais il n’en est pas un, ô Esprit,
À qui, au travers de la nuit,
Tu n’aies dit la Nouvelle,
Et ne sache son âme façonnée
Par ton amoureuse éternité.
Pas à pas dans ce chemin de l’Avent nous avançons vers le Christ, afin de boire à sa source. Bientôt, tout bientôt Noël, et un cadeau que nous nous transmettons de génération en génération :
Jésus dit : « Votre Père qui est dans les cieux
ne veut pas qu’un seul de ces petits se perde . »
(Matthieu 18:14)
Bien sûr ! Quel parent voudrait que même un seul de ses petits se perde ? Ce verset est tiré de l’Évangile du Christ, pas du conte du petit poucet.
La Foi Chrétienne aux Antipodes des Jugements Antiques
Comment a-t-on pu imaginer que Dieu laisserait des personnes se perdre, constatant à la fin de leur vie que tant pis, c’est bien dommage, mais qu’elles ont raté le coche ? Cette idée a pu nous venir de la théologie égyptienne avec la pesée des âmes, ou de l’orphisme grec antique, ou de la pensée bouddhiste avec le karma… L’Évangile est aux antipodes de tout cela. Perdre un seul petit n’a jamais été dans le plan de Dieu.
C’est ce que dit Jésus dans ce verset, en conclusion de cette parabole où il montre que même la plus perdue des brebis perdues sera retrouvée par ce bon berger qu’est Dieu. En conclusion, Jésus prend une autre image, celle d’un parent, d’un parent parfait qui serait au ciel de tous les parents : il souhaitera bien entendu le meilleur à chacun de ses enfants, il va donc l’entourer d’une prévenance infinie et habile. Quand, en plus, ce parent est Dieu : il a la puissance d’accomplir ce qu’il décide. Dieu sauvera ainsi son petit, son bébé, son enfant qui est notre personnalité profonde, ce qui en nous espère être aimé.
Bien entendu, il y a la liberté humaine d’aller à gauche ou d’aller à droite. Eh bien, Dieu nous promet qu’il nous accompagnera à gauche ou à droite afin que nous ne nous perdions finalement pas. (Genèse 28:15)
Cette joie du Salut de Dieu : c’est ce que j’aimerais vous offrir comme cadeau pour Noël. Un cadeau qui ne me coûte rien, à vrai dire, si ce n’est la joie de vous l’offrir. Il se transmet de génération en génération. C’est un cadeau qui a une valeur infinie, car viennent avec lui la fin de la peur, et la gratitude.
Le Cantique de Marie (le Magnificat) que nous trouvons dans l’Evangile selon Luc est d’une très très haute élévation théologique et spirituelle :
46Marie dit :
Je magnifie le Seigneur, 47je suis transportée d’allégresse en Dieu, mon Sauveur, 48parce qu’il a porté les regards sur l’abaissement de sa servante.
Désormais, en effet, chaque génération me dira heureuse, 49parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est sacré, 50et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
51Il a déployé le pouvoir de son bras ; il a dispersé ceux qui avaient des pensées orgueilleuses, 52il a fait descendre les puissants de leurs trônes, élevé les humbles, 53rassasié de biens les affamés, renvoyé les riches les mains vides. 54Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est souvenu de sa compassion 55– comme il l’avait dit à nos pères – envers Abraham et sa descendance, pour toujours.
Évangile selon Luc 1:46-55)
La Puissance du Magnificat pour le Croyant
Ce texte du Magnificat est très touchant, car bien sûr il nous fait penser à ce personnage historique de Marie de Nazareth, qui était la mère de Jésus. C’est pour elle une sacrée aventure qui commence, et nous ne pouvons avoir qu’une gratitude immense pour cette femme et ce qu’elle nous a offert en Jésus.
Ensuite, ce texte est touchant pour nous car Marie est une figure du croyant, et donc ce texte, la joie de Marie, nous parle d’une joie que nous pouvons avoir.
Ce n’est pas simplement une joie en espérance de tout ce que va faire Jésus plus tard, le Salut qu’il va apporter à l’humanité. Car dans le texte du Magnificat, Marie exprime une joie pour quelque chose que Dieu a déjà accompli pour elle, donc pour nous. Dieu est puissant pour nous donner, comme à Marie, d’être source de vie. Alors que nous ne sommes, comme elle le remarque, qu’une humble créature, et en réalité, Dieu fait de nous une personne créatrice, source de grandes choses (même si c’est à travers de petits gestes), par la foi.
Tous les retournements dont parle Marie dans cette prière de louange, elle les exprime comme déjà accomplis : ce sont des retournements qui ont eu lieu en elle-même et dont elle est témoin avec joie : elle qui était petite, Dieu en a fait une géante, une personne qui change l’histoire. C’est ce qui nous est promis aussi.
L’Évangile avant l’heure : La Miséricorde de Dieu de Génération en Génération
Mais le verset de ce Magnificat que je voudrais mettre en valeur aujourd’hui, c’est celui-ci : « Sa miséricorde (de Dieu) s’étend de génération en génération » (en latin « Et misericordia ejus ») car c’est déjà l’Évangile qui est dit ainsi par Marie : elle a bien senti que Dieu est miséricorde, c’est-à-dire qu’il est pur amour pour nous, il sent nos besoins, notre peine, nos espérances et notre fragilité, nos capacités que nous ignorons trop.
Bien sûr, cette miséricorde de Dieu n’est pas réservée à ceux qui seraient pleins de crainte de Dieu ! L’amour de Dieu est pour tous, le croyant comme l’incroyant, et en Christ Dieu ne nous appelle pas à la crainte, mais à l’amour. Seulement pour sentir cette miséricorde et recevoir cette puissance de Dieu qui nous soulève, ça l’aide quand nous le reconnaissons comme étant notre créateur, c’est-à-dire d’une tout autre dimension que nous.
Il y aurait encore 1000 choses à dire à partir de ce texte immense, bien sûr (ici).
Mais ces quelques mots pour vous préparer à l’écoute de commentaires, ou plutôt de profondes prédications qui ont été données par les plus grands compositeurs de musique qui soient.
Quatre Interprétations Musicales du « Et misericordia ejus » du Magnificat
Magnificat de Bach (1730)
Les voix d’alto et de ténor entrelacent l’expérience de cette miséricorde de Dieu dans une intimité émouvante : ce sont peut-être les générations qui se transmettent ce témoignage, c’est la miséricorde de Dieu qui descend vers nous et nous emporte de tendresse et de joie ?
Magnificat de Vivaldi (1715)
On entend à la fois l’angoisse de l’humanité et la profondeur de la miséricorde de Dieu dans des voix qui se poursuivent :
Monteverdi (1610) : un précurseur
Là aussi un dialogue, mais entre les solistes et les choeurs :
Mendelsohn (1822-1830) : un magnificat romantique
Une version tendre et mélancolique :
John Rutter (1990)
Il utilise des harmonies chaudes qui nous enveloppent, nous faisant comme sentir le réconfort de la miséricorde de Dieu :
Apologue
Ce texte et sa mise en musique nous invitent à l’introspection, à la prière, pour sentir combien la miséricorde pour nous est et sera toujours puissante et infinie. Dieu vous bénit et vous accompagne.
L’Annonciation est un récit fondateur qui traverse les siècles, mais son interprétation dépasse souvent le cadre de la simple image pieuse pour rejoindre les grandes structures de la pensée humaine.
L’Annonciation : un récit classique de « théogonie »
Au premier chapitre de l’Évangile selon Luc, il y a un récit qui est extrêmement connu et qu’on appelle le récit de l’Annonciation. Il est représenté par tous les plus grands peintres ; c’est un ange qui vient visiter une jeune fille, Marie, à Nazareth, et qui lui annonce tranquillement qu’elle va être enceinte directement de la part de Dieu, sans l’intervention d’un homme.
Alors ça semble un peu curieux comme histoire aujourd’hui, mais à l’époque de Jésus, c’était un grand classique de la littérature mondiale. On appelle ça un récit de théogonie (de Θεός (theós), « dieu », et de γεννάω (gennáô) « engendrer » : les récits où un dieu engendre un enfant). Ça existait dans toutes les cultures : le « grand homme » local naît d’un dieu en croisant une plume, un rayon de soleil, une trace, ou bien Dieu, un ange…
Des parallèles dans la mythologie mondiale
Par exemple, dans la Grèce antique, c’est le cas d’Alexandre le Grand, l’immense empereur, et c’est le cas de Platon, le grand sage, qui serait né d’Apollon. À Rome, ce serait le cas de Romulus et Rémus, les fondateurs de la ville, et de l’empereur Auguste. En Chine, ce serait le cas de Lao-Tseu ; en Mongolie de Gengis Khan. En Mésopotamie, 4 000 ans avant Jésus-Christ, ce serait Gilgamesh. C’est la même histoire chez les Aztèques, chez les Iroquois, chez les pharaons… C’est donc un grand classique de la mythologie mondiale.
Une naissance spirituelle au chapitre 3
Est-ce que l’Évangile serait de cet ordre-là, une mythologie de plus ? Eh bien non. Parce qu’au chapitre 3 du même Évangile selon Luc, il est raconté que l’Esprit descendit cette fois-ci sur Jésus, et qu’une voix vient du ciel — Dieu donc — et lui dit : « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » (Luc 3:22). C’est ce qu’indique la Traduction Œcuménique de la Bible, la plus officielle, fidèle aux meilleurs manuscrits de l’Évangile en grec.
L’expérience mystique du Christ
Par conséquent, Jésus serait né de Dieu directement dans une expérience spirituelle, dans sa démarche, dans sa prière. Tout d’un coup, il a cette expérience mystique qui lui fait vraiment sentir l’attachement indéfectible de Dieu pour lui, et ça l’inspire des qualités proprement divines, ce qui fait qu’il va avoir une vie extraordinaire.
Je trouve que cela fait beaucoup plus de sens que les récits de théogonie pris au sens matériel : Jésus n’a pas besoin d’avoir de l’ADN de Dieu pour être véritablement Fils de Dieu, engendré par Dieu. C’est normal, parce que Dieu n’a pas d’ADN puisqu’il n’a pas de corps fait de protéines comme nous. Par conséquent, Jésus n’a pas l’ADN de Dieu, ni Gengis Khan, ni Platon, ni Gilgamesh évidemment. Nous avons tous un ADN pleinement humain.
Marie comme modèle pour l’être humain
Mais alors, à quoi sert ce récit de théogonie qui est au chapitre 1ᵉʳ, l’Annonciation ? Pourquoi est-ce que Luc nous raconte cela ? Je pense que c’est pour nous inspirer, nous. Parce que dans l’Évangile, Marie est le type de l’être humain idéal que nous sommes appelés à suivre. Nous laisser inspirer par ce personnage, c’est quand même plus à notre hauteur que d’être vraiment comme Jésus-Christ.
La prière comme lieu de l’Annonciation
Alors c’est nous que Dieu vient visiter avec un ange. Quand il y a marqué « un ange » dans la Bible, ça veut dire concrètement dans la prière. L’ange descend vers Marie et lui dit : « Sois joyeuse, toi à qui la grâce de Dieu a été pleinement donnée. Le Seigneur est avec toi, ne crains rien, Marie » (Luc 1:28, 30).
Vous pouvez lire ce verset en remplaçant « Marie » par notre propre prénom et sentir, dans la prière, que Dieu veut votre bonheur, veut votre joie, qu’il a un attachement indéfectible pour vous, un amour pour vous même si vous n’avez encore rien fait, comme Marie : que Dieu est avec vous, et que vous n’avez donc rien à craindre.
Conclusion : la naissance de Dieu en soi
Cela peut vraiment être inspirant dans notre vie, cela peut nous libérer pour essayer de faire de belles choses dans notre existence par le bonheur d’avoir reçu cet amour de Dieu. C’est ainsi que nous pouvons recevoir une dimension divine en nous, comme le dit Angelus Silesius : « Il faut qu’en toi Dieu naisse. Le Christ serait né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né. »
Mais voilà, à Noël, nous recevons cette nouvelle que Dieu vient en nous et nous donne son Esprit.
Dans l’itinéraire de sœur Emmanuelle, je trouve particulièrement touchant et remarquable le fait qu’elle ait progressé tout au long de sa longue vie, de 1908 à 2008, qu’elle ait approfondi sa spiritualité et sa théologie, ses actes, sa personne. Elle a fait de chaque évènement, bon ou mauvais, une occasion pour avancer, d’où le nom de l’association qu’elle a fondée « Yalla » (« En avant »).
Les Fondations : Famille, Foi et Tragédie
Née dans une famille intellectuelle et aisée, elle s’est vu offrir un bon bagage et la possibilité de jouir de la vie, ce qu’elle ne manquera pas de faire joyeusement. En même temps, le cadre assez strict de sa famille et d’un catholicisme traditionnel lui ont donné un côté ordonné qui s’assouplira ensuite.
La mort de son père par accident, sous ses yeux, alors qu’elle n’avait que six ans, a bien sûr été un drame absolu dont elle a pu faire une interrogation sur le mal, la souffrance, le sens de notre vie si brève entre notre naissance et notre mort certaine…
De la Philosophie à l’Engagement : L’Influence de Blaise Pascal
Il y a ensuite ses études de philosophie à la Sorbonne, elle découvre en particulier la pensée à la fois philosophique et scientifique de Blaise Pascal. De cette pensée, elle fonde sa résolution de miser sur la transcendance, sur l’infini, sur Dieu : elle entre dans les ordres où elle trouve une vie réglée entre la contemplation et sa mission de professeure dans des collèges religieux.
Le Tournant du Caire : De la Théorie à l’Évangile Vivant
Vient l’âge de la retraite, à 63 ans. Au lieu d’en profiter tranquillement, elle choisit de vivre une seconde vie en s’installant dans un bidonville du Caire, en bordure d’une immense décharge où travaillent des chiffonniers. Elle passe des études à la vie réelle la plus difficile. À ses pensées philosophiques et théologiques, cela lui apporte le réalisme brut de l’existence.
Elle pensait apporter sa connaissance de l’Évangile du Christ aux jeunes les plus défavorisés, elle découvre qu’ils vivent une joie et une solidarité, un accueil absolument merveilleux, comme un évangile vécu en actes, au-delà des religions. À la tête s’ajoute le cœur, à la religion s’ajoutent le partage et la joie libre, ouverte.
C’est ainsi que Sœur Emmanuelle a su faire de chaque étape de sa vie une chance pour avancer et approfondir son être. J’en suis témoin : je l’ai fait venir en 1998, alors qu’elle était encore toute jeune, 90 ans seulement, pour venir rencontrer le groupe de jeunes de la paroisse. La plus jeune, la plus vivante, la plus pétillante, la plus libre, la plus humaine : c’était elle. Et elle a dû encore évoluer ensuite.
La Transformation du Mal : Une Lecture Théologique de la Souffrance
Même de cette mort tragique de son père, elle a pu faire une ouverture vers la vie. Cela ne signifie pas que Dieu aurait voulu, ni même permis, cet accident (bien entendu, quelle horreur ce serait de le supposer), mais tant qu’à faire que ce mal ait eu lieu, ce fait scandaleux vécu avec Dieu dans la réflexion, dans la prière et la foi, dans l’engagement, dans les actes de solidarité : ce mal a été transformé en bien (Genèse 50:20), et il a participé à faire de sœur Emmanuelle la femme merveilleuse qu’elle devenait, année après année.
La Prière de Sœur Emmanuelle : Optimisme et Amour
Montre-moi, de chaque homme, la face ensoleillée
Seigneur, accorde-moi aujourd’hui cette grâce :
que rien ne puisse troubler ma paix en profondeur,
mais que j’arrive à parler santé, joie, prospérité,
à chaque personne que je vais rencontrer,
pour l’aider à découvrir les richesses qui sont en elle.
Aide-moi surtout, Seigneur,
à savoir regarder la face ensoleillée
de chacun de ceux avec qui je vis.
Il m’est parfois si difficile, Seigneur,
de dépasser les défauts qui m’irritent en eux,
plutôt que de m’arrêter à leurs qualités vivantes,
dont je jouis sans y prendre garde.
Aide-moi aussi, Seigneur,
à regarder Ta face ensoleillée,
même en face des pires événements :
il n’en est pas un qui ne puisse être source d’un bien
qui m’est encore caché, surtout si je m’appuie sur Marie.
Accorde-moi, Seigneur,
la grâce de ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai,
de chercher sans me lasser, dans chaque homme,
l’étincelle que Tu y as déposée en le créant à ton Image.
Accorde-moi encore d’avoir autant d’enthousiasme
pour le succès des autres que pour le mien,
et de faire un tel effort pour me réformer moi-même
que je n’aie pas le temps de critiquer les autres.
Je voudrais aussi, Seigneur,
que tu me donnes la sagesse
de ne me rappeler les erreurs du passé
que pour me hâter vers un avenir meilleur.
Donne-moi à toute heure de ce jour
d’offrir un visage joyeux
et un sourire d’ami à chaque homme, ton fils et mon frère.
Donne-moi un cœur trop large pour ruminer mes peines,
trop noble pour garder rancune,
trop fort pour trembler,
trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit.
Seigneur, mon Dieu,
je te demande ces grâces pour tous les hommes
qui luttent aujourd’hui comme moi,
afin que diminue la haine et que croisse l’Amour,
car, depuis ta Résurrection,
la haine et la mort ont été vaincues par l’Amour et la vie.
Ouvre nos yeux à l’invisible
pour que rien n’arrive à ébranler l’optimisme
de ceux qui croient en Toi et qui croient en l’Homme,
qui espèrent en Toi et qui espèrent en l’Homme.
Amen.
Sœur Emmanuelle
(tiré de Ecoute Seigneur ma prière, chez Desclée de Brouwer)
Les jours passent si vite….
mais celui-là, je ne veux pas le laisser passer sans vous remercier pour la richesse de votre présence en ligne. Pour ne citer que 2 exemples, je parle de ce signe à utiliser contre le désespoir: Il y a toujours quelque chose à faire et je me m’aperçois que je pratique de la sorte depuis très longtemps… excellent remède dont je n’avais même pas conscience…
Et ce tout petit qui crie au plus profond de nous…. celui-là, on le connaît bien et j’aime le soin de Dieu que vous relevez … c’est précisément cela le signe de la présence de Dieu… c’est cela Noël, ce que Dieu vient habiter…
Merci et belle soirée,
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mais celui-là, je ne veux pas le laisser passer sans vous remercier pour la richesse de votre présence en ligne. Pour ne citer que 2 exemples, je parle de ce signe à utiliser contre le désespoir: Il y a toujours quelque chose à faire et je me m’aperçois que je pratique de la sorte depuis très longtemps… excellent remède dont je n’avais même pas conscience…
Et ce tout petit qui crie au plus profond de nous…. celui-là, on le connaît bien et j’aime le soin de Dieu que vous relevez … c’est précisément cela le signe de la présence de Dieu… c’est cela Noël, ce que Dieu vient habiter…
Merci et belle soirée,