13 mars 2024

Texte Biblique

Une traversée de la Bible 7/9 : Évangiles (Jean : du prologue aux épilogues)

Une traversée de la Bible : Les livres de la Bible : genres littéraires et textes célèbres
un mardi par mois de 18h30 à 19h30, au Chalet paroissial de Vandoeuvres, avec le pasteur Marc Pernot
Voir une introduction, le programme de ce cycle ici, ainsi que les épisodes déjà disponibles.

Séance du mardi 12 mars 2024 – 7ème genre littéraire : Évangiles (Jean : du prologue aux épilogues)

Vidéo :

Podcast audio de la séance

 

feuille distribuée aux participants

Introduction

Il a circulé d’abord des recueils de paroles de Jésus et de faits de Jésus. Sur cette base, des évangiles ont été rédigés, quelques dizaines d’années plus tard, en plusieurs étapes, sous forme d’une histoire de la vie de Jésus, dans un genre littéraire original, mêlant histoire et prédication mise en récit.
L’Évangile selon Jean a cette particularité d’avoir un prologue (Jean 1:1-18) et deux épilogues (Jean 20:30-31 et Jean 21:24-25). Ils ne font pas vraiment partie de l’évangile puisqu’ils ne sont pas sous la forme d’une vie de Jésus. Ils sont une parle directe de Jean à son lecteur.
Ces prologue et épilogues sont dans des style très différents :

  • Le prologue se présente comme un poème théologique qui se suffit à lui-même, il est indépendant de l’évangile, le résumant. Il est magnifique, parfois mystérieux, soulève de multiples débats. Il a valu à Jean d’être surnommé « l’aigle mystique » (au moins depuis le IIe siècle)
  • Le 1er épilogue se présente comme une explication de Jean sur l’objectif de son texte et sur la façon dont il l’a rédigé : c’est un discours sur la méthode.
  • Quand le chapitre 21 a été ajouté, le 1er épilogue a été respecté (peut-être parce qu’il est de Jean lui-même), et un 2nd épilogue a été ajouté, attribuant à Jean l’évangile qui précède, ce qui n’était pas évident dans le texte même.

Textes en français (traduction : Nouvelle Bible Segond) :

Jean 1

Texte du Prologue

1Au commencement était la Parole ;

la Parole était auprès de Dieu ;

la Parole était Dieu.

2Elle était au commencement auprès de Dieu.

3Tout est venu à l’existence par elle,

et rien n’est venu à l’existence sans elle.

Ce qui est venu à l’existence

4en elle était vie,

et la vie était la lumière des humains.

5La lumière brille dans les ténèbres,

et les ténèbres n’ont pas pu la saisir.

6Survint un homme, envoyé de Dieu, du nom de Jean.

7Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.

8Ce n’est pas lui qui était la lumière ; il venait rendre témoignage à la lumière.

9La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ; elle venait dans le monde.

10Elle était dans le monde,

et le monde est venu à l’existence par elle,

mais le monde ne l’a jamais connue.

11Elle est venue chez elle,

et les siens ne l’ont pas accueillie ;

12mais à tous ceux qui l’ont reçue,

elle a donné le pouvoir

de devenir enfants de Dieu— à ceux qui mettent leur foi en son nom.

13Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d’une volonté de chair, ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu.

14La Parole est devenue chair ;

elle a fait sa demeure parmi nous,

et nous avons vu sa gloire,

une gloire de Fils unique issu du Père ;

elle était pleine de grâce et de vérité.

15Jean lui rend témoignage, il s’est écrié : C’était de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car, avant moi, il était.

16Nous, en effet, de sa plénitude

nous avons tous reçu,

et grâce pour grâce ;

17car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18Personne n’a jamais vu Dieu ; celui qui l’a annoncé, c’est le Dieu Fils unique qui est sur le sein du Père.

Début de la partie récit :

19Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : Toi, qui es-tu ?…

 

Jean 20

Fin de la partie récit :

29Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu es convaincu ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu !

Texte du 1er Épilogue de l’Évangile selon Jean :

30Jésus a encore produit, devant ses disciples, beaucoup d’autres signes qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31Mais ceux-ci sont écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, par cette foi, vous ayez la vie en son nom.

 

Jean 21

Fin de la partie récit :

20En se retournant, Pierre voit le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le dîner, s’était penché tout contre sa poitrine pour lui demander : « Seigneur, qui est celui qui te livre ? » Lui aussi suivait. 21En le voyant, Pierre dit à Jésus : Et celui-ci, Seigneur ? 22Jésus lui dit : Si je veux que lui demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. 23Là-dessus, le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple-là ne mourrait pas. Pourtant, Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux que lui demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »

Texte du 2nd Épilogue de l’Évangile selon Jean :

24C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites. Et nous savons que son témoignage est vrai.

25Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les écrivait en détail, le monde même, j’imagine, ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait.

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6 Commentaires

  1. Lili dit :

    Merci pour ce bouquet de fleurs 😉

    Je ne sais pas si la parole est une façon faible ou peu puissante de création. Même si vous vouliez sans doute dire que c’est une parole aléatoirement reçue. Mais justement. Si la personne à qui on parle n’en recueille qu’une partie, ce sera toujours la partie qui lui aura parlé et finalement la seule partie et sans doute la meilleure, celle qui intéressait son être à ce moment-là. C’est le plus efficace peut-être puisqu’il y a adaptation le mieux possible, une prise en compte de la capacité de réaction de la réception. Parole reçue 5/5 mais pas toujours accueillie, comme dit Jean ici, parce que parfois, à l’instant T, l’accueil zéro est l’optimisation maximum, raison pour laquelle les lave-vaisselle ne sont pas toujours rangés à 22h30.

    Est-ce que la parole peut être « auprès de » et « en » ? la distinction ne me choque pas plus que cela. C’est même peut-être le principe de toute parole. La parole en question dans ce prologue n’est pas matérielle d’accord, mais la comparaison fonctionne quand même assez bien je trouve. Sans me prendre pour le logos, si vous me lisez, ma parole est près de vous mais je la tiens aussi par « de-vers » moi, comme on dit, et toujours aussi en moi, si je suis sincère dans mes propos. Alors, j’imaginerais bien « la parole » de ce logos comme une irradiation de son être davantage que comme une flèche qu’il enverrait, flèche qui ne peut rester en même temps près, dans et en dehors du carquois. Si on n’est pas forcément sensible à toutes les radiations, c’est que cela dépend du dosage, des circonstances.

    Cela permet peut-être de le comprendre comme inépuisable dans la forme de sa réception, aussi multiple qu’il y a de consciences pour le recevoir et effectivement aucune conscience, à ce titre, ne peut y échapper. Et c’est, je crois, la façon dont le réel se donne à nous.

    Et ce qui peut paraître aussi puissant dans une parole c’est qu’elle puisse «parler» à tout moment, c’est ce pouvoir de surgissement qui, pour ma part, me semble incroyable. C’est ce qui me frappe le plus dans ce prologue.
    A ce titre, je vous rapporte une petite expérience. Vous savez que lorsqu’on s’attache à l’étude d’un texte quel qu’il soit – et aussi quand on fréquente plus longuement une personne – il y a un retour, un moment où sa parole, ses mots surgissent dans notre quotidien, devenant les nôtres, l’éclairant. En me mettant à lire un peu plus sérieusement la Bible, je me suis demandée quelle partie allait surgir d’abord et vraiment j’ai guetté ce moment parce que je savais qu’il allait arriver. Alors cela a été un petit peu long – je ne la lis pas non plus tous les jours – mais à l’occasion d’un mail envoyé dans lequel je donnais mon avis trop franchement, on m’a répondu que j’aurais peut-être pu euphémiser mon propos – qui n’était ni insultant ni discriminant ni vulgaire ni rien du tout, juste en français standard malheureusement réaliste. Et ces paroles ont surgi : « ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ». Cela a stoppé net ma réponse, évitant d’envenimer la situation.

    Franchement, cela m’a vraiment surprise qu’elles résonnent là parce que, bien sûr, même si la situation les appelait peut-être, ce n’était pas prévu. Et aussi, je dois dire, un peu déçue que cela ne soit pas une des paroles du Christ mais bon je suppose que surgit la référence qu’on mérite et que le logos est plein d’humour.

    1. Marc Pernot dit :

      Mil mercis!
      Très sympa cette histoire avec le verset « ce que j’ai écrit je l’ai écrit. » !
      Dans l’évangile selon Jean, Pilate est vraiment prophète. C’est particulièrement le cas quand il dit « Voici‭ l’homme‭. »

  2. François dit :

    Mais il faut savoir que l’Evangile de Jean a été composé longtemps après les autres, probablement loin du monde juif, écrit en grec et destiné à un auditoire d’érudits. Ce qui le met assez loin des autres : Marc avait écrit en grec (ou en hébreu ) pour être compris des juifs, Matthieu en grec aussi et destiné à la classe aisée des juifs, et Luc, médecin, avait écrit en grec, pour des grecs. Mais si les trois premiers avaient entendu parler les uns des autres, Jean est arrivé très longtemps après, et a rédigé son oeuvre que vraiment très tard, quasiment comme une somme philosophique. C’est presque un peu « dommage » que les Epitres soient placées après les Évangiles, car il me semble qu’elles devraient s’insérer entre les trois premiers et avant l’Evangile de Jean.

    1. Marc Pernot dit :

      Cher François

      Justement, je ne penses pas du tout que Jean soit si éloigné que cela du monde juif.

      C’est vrai que c’est ce que disent certains exégètes du nouveau testament. Seulement, parfois, ils sont érudit en grec et dans cette culture,mais connaissent pas trop bien l’hébreu et le monde de la Bible Hébraïque. D’autres sont gênés par le double sens, comme d’usage dans notre mentalité contemporaine, nous sommes formés à ce qu’une phrase ait un sens, un récit une intention. Nous avons parfois du mal avec l’idée qu’un texte comme ce prologue de Jean s’adresse à la fois à des juifs passionnés de Torah et à des grecs stoïciens.

      Or,ici, ce texte est manifestement un midrash de la création dans la première page de la Torah. Et la « parole » fait alors référence à la parole créatrice de Dieu dans la Genèse, sans exclure que Jean cherche aussi à parler aux stoïciens.

      Autre exemple de judaïsme, c’est la très importante notion de « vérité » dans Jean. Jésus dit « Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean 18:37). Cela ne cole pas avec le concept de « vérité » grec, de dévoilement (étymologiquement) : car alors Jésus aurait dit l’inverse : « Quiconque écoute ma voix connaîtra la vérité », mais dans la pensée hébraïque la « vérité » n’est pas un dévoilement mais une relation fidèle, sincère et vraie. Il est alors logique que Jésus dise « Quiconque est de la vérité écoute ma voix. », c’est à comprendre sur un fond de pensée hébraïque.

      Bien des épîtres sont plus anciennes que les textes des évangiles que nous connaissons. On pourrait les mettre en premier, si on voulait classer la chose par ordre chronologique.

  3. Wilfred dit :

    Je trouve intéressante votre insistance à rapprocher l’évangile de Jean de sa source juive, et je me souviens du philosophe Claude Tresmontant qui allait jusqu’à écrire que le texte de Jean en grec avait un substrat hébreu. C’était une erreur, à mon avis, mais cela prouve qu’un grand lecteur avait remarqué la fidélité du message de Jean à sa source juive.

    On pourrait d’ailleurs voir un indice paradoxal dans le fait qu’on trouve dans cet évangile de nombreuses piques à l’égard des autorités juives de l’époque, critiques violentes qui sont sans doute liées à des conflits contemporains repris pour l’occasion , car souhaitant peut-être mettre en lumière des conflits que Jésus aurait eu lui-même avec les autorités juives, mais qui prouvent aussi par l’absurde le grand intérêt pour le judaïsme que conservait l’auteur ou les auteurs de Jean.

    Autre indice éventuel, celui d’une fidélité appuyée au caractère « merveilleux » des textes de la Bible hébraïque. En effet, tout en les traitant assez différemment , à savoir comme des symboles (allusion au sept signes de cet évangile), comment ne pas voir dans ce « grand écart » entre la fidélité aux croyances populaires de l’époque et une érudition évidente par ailleurs, une volonté de ménager toutes les formes de foi, une constante qu’on trouve déjà dans la pensée judaïque, il me semble.

    Un dernier indice, enfin, pourrait se trouver dans une occurrence du texte, qui aurait échappé à la vigilance des rédacteurs, ou au contraire avoir été insérée volontairement : je pense par exemple au verset de Jean 15, 10, où il est écrit : « Si vous gardez « mes commandements » (le pluriel existe bel et bien dans le texte grec) , vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé « les commandements » (même remarque) de mon Père et que je demeure dans son amour ».

    Bien cordialement,

    Wilfred

    1. Marc Pernot dit :

      Très intéressant. Merci.
      A mon avis, il convient de traduire le terme grec Ioudaios des évangiles par « les judéens » et non par « les juifs ». Car comme tout le monde le sait Jésus, Marie, Jean et les premiers chrétiens faisaient partie des « juifs », mais n’étaient pas pour autant d’une sorte de parti nationaliste judéen.
      Cette traduction « les juifs » comme de méchants opposants à Jésus a été la cause d’un antisémitisme assez abominable, et aussi la source de théories hâtives disant que cette opposition aux juifs était typique des années après 70 marquant la séparation de la synagogue et de l’église. Alors qu’il est un fait avéré que Jésus a été crucifié par le pouvoir judéen vers 33.

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