« Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, faites-le pour eux. » (Matthieu 7:12)

6 Commentaires

1. Pascale dit :

   2 décembre 2022 à 22 h 04 min

   Personnellement, je trouve ce verset un peu curieux, je trouve même qu’il ne ressemble pas tellement à Jésus, qu’il est loin de son « Soyez parfait ! » En effet, je ne suis pas sûre que faire à l’autre ce que je voudrais que l’on fasse pour moi soit le meilleur critère pour aimer l’autre. Cela me parait un peu trop centré sur soi, pas tellement créatif, pas tellement à l’écoute de l’autre ; ce que j’aimerais que l’on me fasse n’est pas forcément bon pour l’autre, ni pour moi d’ailleurs. Ce n’est peut-être même, pas totalement gratuit.

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   1. Marc Pernot dit :

      2 décembre 2022 à 22 h 50 min

      Très très intéressant
      Merci !
      C’est vrai que Jésus demande souvent à la personne qu’il rencontre : « que veux tu que je fasses pour toi ? »

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2. Lili dit :

   4 décembre 2022 à 19 h 25 min

   Je vous rejoins entièrement, l’ego est tellement présent dans ce verset que ça devient même compliqué de s’y référer. Je le trouve aussi problématique que celui qui demande « aime ton prochain comme toi-même ». Nous disposons d’individualités si différentes avec toutes nos déterminations particulières qu’il y a peu de chance que ce qui nous convienne convienne aussi à autrui, voire – comme vous le soulignez – qu’il est possible que cela lui nuise.
   Mais on peut peut-être penser qu’il y a une orientation dans l’injonction formulée dans le verset puisque Matthieu fait dire un peu plus loin à Jésus : « Ce n’est pas quiconque me dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ».
   Est-ce qu’on peut alors dénouer un peu le malaise en se disant que le verset demande de faire pour les autres ce qu’on voudrait que les autres fassent pour nous, mais dans la mesure où cela suit la volonté du Père, dans la mesure où l’on comprend bien que l’autre est un prochain pour nous ? C’est vrai que tout le problème sera ensuite de déterminer cette « volonté ». Donc l’idée serait peut-être de mettre nos petites individualités de côté pour agir avec son prochain de façon plus verticale, en considérant notre volonté propre comme suivant celle de Dieu. Sinon, Jésus va nous dire : « je ne vous ai jamais connu ». Kant dirait que, vis-à-vis des autres, ils ‘agit d’user d’un impératif catégorique : faire le bien sans autre considération que le bien à faire. Ce qui doit assez se rapprocher de « « la volonté » du Père ».

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   1. Marc Pernot dit :

      4 décembre 2022 à 20 h 08 min

      Ça me plait beaucoup.
      Peut-être que l’on pourrait dire que mon besoin fondamental est d’être respecté, et que c’est cela que l’on doit à un autre ? En donc ne pas le tuer, déjà. Le considérer comme une personne, précisément comme un autre que moi, et prendre souci de ce dont il a besoin ?

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3. Plume dit :

   4 décembre 2022 à 22 h 37 min

   « Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, faites-le pour eux. »
   Il faudrait compléter le sens qui est peut-être implicite mais effectivement un peu trop indéterminé, un peu trop général tel quel.
   Une version qui semble plus robuste pourrait être la suivante : « Si vous devez choisir entre plusieurs actions, cherchez parmi ce que vous voudriez que les gens fassent pour vous en un sens adapté à vous, et voyez si vous pourriez envisager un ou plusieurs éléments pour eux en une version adaptée pour eux. »

   Comme l’écrit Marc ci-dessus, ce type d’approche « se retrouve aussi dans bien des religions et philosophies du monde ».

   Exemple d’analogie de ce type (avec des différences) avec Mozi philosophe chinois qui vécut de 479 à 392 av. J.-C, et fondateur de l’école du mohisme ou moïsme, concurrente du confucianisme (et autre que le taoïsme).
   Un point majeur du texte est l’aternative entre l’assimilation de l’autre (groupe ou individu) à son propre groupe ou à son prochain (comme soi-même, comme un des siens) et la distinction de l’autre (groupe ou individu) hors de son propre groupe (pas comme soi-même, pas comme un des siens).

   Extrait de l’article https://fr.wikipedia.org/wiki/Mozi :
   L’amour que prône Mozi est par contre un amour universel (jian’ai, 兼愛), qui ne fait pas de choix partial entre les personnes aimées, mais qui s’adresse de manière égale à toute l’humanité : « Pratiquer la vertu d’humanité (ren), cela consiste à s’employer à promouvoir l’intérêt général et à supprimer ce qui nuit à l’intérêt général ». Selon Mozi, tout le mal sur Terre provient de la haine des hommes et de la volonté de les spolier et de les opprimer. Or cette haine provient de l’amour de soi-même au détriment des autres ainsi que de l’amour des siens au détriment des étrangers et des inconnus : « À présent, les seigneurs féodaux ont appris à n’aimer que leur propre État et non ceux des autres. C’est pourquoi ils n’ont aucun scrupule à attaquer l’État des autres. Les chefs de maison n’ont appris à n’aimer que leur propre maison et non celle des autres. C’est pourquoi ils n’ont aucun scrupule à usurper d’autres maisons. Et les individus n’ont appris qu’à aimer eux-mêmes et non autrui. C’est pourquoi ils n’ont aucun scrupule à faire du tort à autrui ». Tant que les hommes auront un amour qui fait des distinctions (bie, 别), il y aura des conflits puisque certaines personnes vaudront mieux que d’autres et que, pareillement, certaines contrées vaudront mieux que d’autres. On cherchera alors à s’en emparer par la force par esprit de conquête et de domination. L’amour par assimilation (jian, 兼) au contraire nous guérit de ces distinctions et favorise grandement la paix au sein de la société : « Il faut donc considérer l’état des autres comme le sien, la maison des autres comme la sienne, la personne d’autrui comme soi-même. Quand les seigneurs féodaux s’aiment les uns les autres, il n’y a plus de guerres; quand les chefs de maison s’aiment les uns les autres, il n’y a plus d’usurpations réciproques, quand les individus s’aiment les uns les autres, il n’y a plus de torts réciproques. (…) Quand tous les hommes de par le monde s’aiment les uns les autres, le fort n’abuse pas du faible, le grand nombre n’opprime pas le petit nombre, le riche ne se moque pas du pauvre, le grand ne méprise pas l’humble et le rusé ne trompe pas l’ingénu ». L’amour selon Mozi suppose l’égalité entre les êtres humains et la primauté du bien commun sur les intérêts personnels. Cet amour universel permet d’octroyer des bienfaits et la paix pour l’ensemble de la population.

   => « le fort n’abuse pas du faible, le grand nombre n’opprime pas le petit nombre, le riche ne se moque pas du pauvre, le grand ne méprise pas l’humble et le rusé ne trompe pas l’ingénu » : ce passage rejoint un passage magnifique d’Esaïe sur le dépassement des intérêts individuels dans l’intérêt collectif où tout le monde y trouve son compte (à condition que l’individualité de chacun y soit respectée bien sûr).

   Esaïe 11:6-9
   6. Le loup séjournera avec le mouton, la panthère se couchera avec le chevreau ; le taurillon, le jeune lion et les bêtes grasses seront ensemble, et un petit garçon les conduira. 7. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits une même couche ; le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. 8. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, et l’enfant sevré mettra sa main dans le trou de l’aspic. 9. Il ne se fera aucun mal, il n’y aura aucune destruction, dans toute ma montagne sacrée ; car la connaissance du SEIGNEUR remplira la terre comme les eaux recouvrent la mer.

   Cf aussi la tirade de Calliclès et la réponse de Socrate dans le Gorgias de Platon.

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4. André dit :

   20 janvier 2024 à 5 h 51 min

   Bonjour
   Les réflexions de chacun sont vraiment des sources inspirantes pour notre propre réflexion c’est ce que j’aime dans ce site.
   Belle journée à tous

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