Jésus répondit au tentateur : « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte » (Luc 4:8)

Nous voyons ici Jésus confronté à des tentations très naturelles : subvenir à ses besoins, acquérir de l’influence, se faire protéger par Dieu. N’ayons donc pas honte nous-mêmes d’être sujets à des désirs. La question est de savoir comment les gérer de manière appropriée. C’est un travail que Jésus lui-même accomplit ici. Il met ses désirs en perspective avec ce qui, pour lui, est l’essentiel.

Une part de lui-même lui dit que l’essentiel est de suivre son premier élan. Certes, la sincérité est une valeur fondamentale, en particulier dans la foi, dans les relations interpersonnelles et dans notre propre réflexion. Mais la difficulté réside dans le fait d’« adorer », littéralement de « se mettre à plat ventre » devant ce qui nous passe par la tête, devant notre désir de l’instant. Ce serait leur rendre un culte, comme s’ils étaient sacrés. C’est ce que la Genèse présente comme premier écueil de l’humain : dans le jardin des délices, l’homme choisit son désir immédiat comme divinité. Ce n’est pas que cela fâche Dieu (rien ne pourra diminuer son amour pour nous), mais c’est problématique pour nous-mêmes. Nous devenons alors une source de problèmes pour autrui et pour le monde qui nous entoure. C’est ce que Martin Luther appelait être « replié sur soi-même » (homo incurvatus in se), tel une toupie tournant sur elle-même à une vitesse folle, perdant ainsi le contrôle de sa trajectoire.

Que l’on soit croyant ou non, il est essentiel d’avoir une visée qui nous permette d’examiner notre désir et notre impulsion. Nous pouvons ainsi chercher la meilleure conduite à adopter dans les circonstances données, et notre désir sera alors une belle impulsion plutôt qu’un ennemi intérieur prêt à nous entraîner dans la folie. Pour le croyant, cet objectif est incarné par une valeur : la bonté créatrice manifestée par Jésus-Christ tout au long de sa vie. Mais cet objectif est bien plus qu’une simple valeur, c’est une source vivante : Dieu, la source de l’être. C’est dans la prière, en nous tournant vers Dieu, que nous pouvons examiner nos désirs et nos espérances, et ce sera alors pour le meilleur.

par : pasteur Marc Pernot

Vous pouvez partager en commentaire ce que ce verset vous dit, à vous, aujourd’hui…

Aller vers la liste des simples versets médités