« Y a-t-il une parole de l’Éternel pour moi ? » (Jérémie 37:17 ; Jean 1:1-14 ; Jean 8:31-32)
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prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 18 juin 2023,
par : pasteur Marc Pernot
Sédécias envoya chercher le prophète Jérémie chez lui, le roi l’interrogea secrètement : « Y a-t-il une parole de la part de l’Éternel pour moi ? » Excellente idée de la part de Sédécias. Il tient enfin compte de Dieu. Il ne sait pas ce que Dieu peut, veut faire, mais il ne fait pas comme si de rien n’était. Il envoie chercher le prophète Jérémie et l’interroge secrètement : pour nous cela consiste à nous mettre à l’écart un moment et à secrètement prier. C’est ce que recommande Jésus, car il fait de nous un prophète ou une prophétesse. Ce prophète que nous convoquons pour l’interroger secrètement, c’est le prophète qui est au fond du meilleur de nous-même. Le souffle de Dieu éclaire notre conscience bien plus que nous le pensons. Et donc : convoquer ce prophète. Se préparer ainsi pour un moment délicat de décision, ou de remords. Se préparer afin ne pas manquer un moment décisif.
Une prière intime, seul à seul, s’interrogeant enfin sur Dieu et sur nous-même interrogeant Dieu. Ne pas voir seulement les choses comme nous les avons toujours vues. Prendre ce temps de recul :
S’interroger, écouter
« Y a-t-il une parole de l’Éternel pour moi ? »
Sédésias n’affirme pas. Il se demande. Il demande. C’est de la saine théologie, c’est un bon rapport avec Dieu : à l’interrogatif. Il laisse à Dieu sa place de dieu. Ce n’est pas à Sédécias de décider que Dieu devrait absolument avoir une parole à lui adresser. Alors Sédécias demande. C’est ça, l’essence même de la prière. Même si Dieu ne répond pas, ou si nous pensons n’avoir pas eu de réponse de la part de Dieu, le travail de la prière a été fait et portera son fruit : faire un pas de côté pour se mettre à l’écart et s’interroger, regarder vers l’avenir et ce qui peut surgir de neuf, et donc penser à Dieu : c’est déjà une ouverture sur la profondeur, sur la source. C’est déjà se replacer comme n’étant pas dieu nous-même, c’est voir que la vie évolue, et en honorer la source : Dieu, ni l’ignorer, ni en faire une icône, ni en faire notre employé. L’interroger.
Quelle Parole de Dieu pour moi ?
Ensuite, y a-t-il une Parole de Dieu pour nous, en particulier ? Oui. Bien sûr, puisque Dieu est Parole, et que la Parole de Dieu éclaire tout humain, nous dit Jean, Dieu est ainsi : source de vie pour le monde et pour chacun. Comme l’air qui nous entoure.
Seulement, ne nous laissons pas tromper par cette expression classique de « Parole de Dieu ». Quand on se pose cette question « Y a-t-il une parole de l’Éternel pour moi ? », ce que nous attendons est souvent une réponse décisive à une question que nous nous posons concernant notre vie. Est-ce que telle personne serait mon âme sœur ? Est-ce que je me lance dans telle carrière, tel investissement ? Question sur la santé de ceux que j’aime… Nous attendons de Dieu une réponse.
Or, Jean nous dit que la Parole de Dieu est plus de l’ordre d’une lumière qui nous éclaire ; que la Parole de Dieu est plus de l’ordre d’un geste de création qu’il a en notre faveur. Cette Parole nous donnerait en particulier une capacité : « le pouvoir de devenir enfant de Dieu ». C’est tout autre chose qu’une réponse directe à nos questions. D’autant plus que Dieu n’a pas nécessairement toutes les réponses comme le montrent bien des récits bibliques où Dieu est surpris par le cours des événements.
Une expérience
En réalité, même si nous n’avons pas l’impression d’avoir reçu une « parole de l’Éternel » : nul ange survenant avec trois paires d’ailes, nulle colonne de feu ou de colombe accompagnées d’une voix de tonnerre, ni tables de pierres écrites du doigt de Dieu… en réalité nous avons déjà reçu, au moins un peu, quelque chose qui est véritablement une Parole de l’Éternel pour nous.
La preuve, déjà, c’est que nous avons une conscience. Elle existe bel et bien, et cela ne va absolument pas de soi. C’est une capacité qui tient de l’ordre du divin en nous. Autre preuve, nous sommes capables d’aimer parfois un peu. Certes imparfaitement, mais quand même. Et cela aussi est une preuve que nous sommes né de Dieu, nous dit Jean ailleurs (1 Jean 4:16).
Cette expérience d’une nouvelle Parole de Dieu nous arrive bien souvent dans les péripéties de notre vie quotidienne. Par exemple :
Nous étions plein d’hésitations devant notre vie en général ou dans tel cas de conscience, et voilà que nous nous rendons compte le lendemain que notre vue s’éclaircit : certains facteurs qui nous semblaient essentiels deviennent secondaires et de nouveaux aspects de la situation ont soudain attiré notre attention, devenant essentiels à nos yeux. Serions nous devenu plus intelligent tout d’un coup ? plus prophète ou prophétesse ? C’est effectivement bien possible, car c’est l’effet de la Parole de Dieu en nous.
Cette parole peut aussi nous donner le courage d’affronter le réel, d’en accepter le caractère mitigé. On peut appeler « parole de l’Éternel » ce qui nous fait, tout d’un coup, trouver la personne avec qui nous parlons infiniment précieuse, touchante, alors que cette personne est comme tout le monde une personne en qui est mêlée du bien et du mal, une part d’incroyable beauté et une part de manque et de mesquinerie, comme nous tous. C’est une Parole de l’Éternel qui nous fait aimer les gens que nous rencontrons, et aimer ce monde plein d’ombres et de merveilles, qui nous permet de nous trouver nous même pas si mal, après tout. La Parole nous fait sentir que Dieu nous bénit et que nous pourrions être source de cette beauté et cette bonté que nous aimons.
Une parole qui donne le courage d’être unique
Peut-être que nous aurions préféré que Dieu décide à notre place, qu’il nous prenne par la main. Qu’il nous donne les réponses, qu’il nous donne un ordre de mission précis. C’est normal d’espérer cela. C’est touchant d’espérer cela, c’est de la confiance en Dieu, c’est assumer que nous ne savons que peu de chose. Seulement, l’exaucement que nous recevons en demandant à Dieu des réponses est donc plutôt une Parole qui nous rendre capable de voir par nous-même. C’est déjà ce que disait ce célébrissime verset du Psaume « Éternel, ta Parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. »(Psaume 119:105) Là encore, la Parole de Dieu n’est pas un oracle, elle est une capacité qui nous est donnée pour que nous inventions notre chemin. Dieu nous bénit.
C’est cela « devenir enfant de Dieu », nous dit Jean, et il ajoute : comme un enfant unique, unique en notre genre, unique pour ceux qui nous aime et donc pour Dieu. C’est ce que fait la Parole de Dieu de notre pâte humaine. De notre chair fragile. Un enfant de Dieu unique, avec, ce pouvoir divin de voir, de choisir et d’agir. C’est le courage d’ouvrir les yeux sans crainte sur la réalité, le courage de réfléchir et de discerner, le courage de prendre des décisions en sachant que nous pouvons nous tromper, c’est le courage d’assumer et de progresser. Comment aurions-nous cette audace ? Parce que nous ne sommes pas seul : « la Parole de l’Éternel pour nous », en Christ, se révèle être une Parole « pleine de grâce et de vérité. » Il vaudrait mieux traduire, je pense par « une parole pleine de tendresse et de fidélité ». C’est une Parole qui donne le pardon en même temps qu’elle nous donne de décider. C’est une parole qui nous garantit que Dieu ne nous laissera jamais tomber en chemin même si nos choix n’auraient pas été les siens. Dieu nous bénit.
Une parole qui rend libre
C’est pourquoi Jésus affirme que la Parole « nous rend libre ». Il n’est pas comme un sage qui enseignerait ses disciples en leur disant : voilà le bon chemin, empruntez-le et vous aurez la vie. C’est ainsi que fonctionne souvent la parole d’un gourou, d’un idéologue, d’un politicien ou d’un savant : sa parole revient toujours plus ou moins à restreindre le nombre de chemins qui nous sont ouverts. Une telle parole guide parfois, mais elle ne rend pas libre. La Parole de Dieu, elle, nous rend libre en nous assurant du pardon et de la fidélité de Dieu, ainsi que par son souffle qui augmente nos capacités.
Jean nous dit que cela nous donne « une gloire de Fils unique issu du Père ». En hébreu, ce concept de « gloire » ne revient pas à avoir l’estime de la foule. Ce n’est pas ce que recherchait Jésus. La « gloire », dans le vocabulaire biblique, c’est quand nous avons du poids : quand notre action, même modeste, fait la différence dans le monde, dans le bon sens, dans le sens de la vie. Comme le dit la sagesse dans tous les peuples du monde, je pense : un bon geste n’est jamais perdu.
Libre de la superstition
C’est cette Parole de Dieu, au sens où nous le révèle Jean, Parole de Dieu manifestée en Christ pour nous, c’est cette Parole de l’Éternel que nous pouvons attendre ardemment dans notre prière, et en être tellement augmenté, libéré. Dieu nous bénit.
Seulement, dés lors que la foi en Dieu s’estompe, notre humaine propension à être superstitieux renait rapidement, comme pour exorciser ce que nous ne connaissons pas. Et cela n’aide vraiment pas. Bien des jeunes pensent que les astres, les rêves, ou de petites coïncidences de la vie sont des indications. Certains se laissent impressionner par telle personne qui prétend (peut-être sincèrement) avoir reçu un message de Dieu pour elle, ou lire son destin (ça n’existe pourtant pas). Autant se guider en tirant à pile ou face. Car les rêves mêlent tout et n’importe quoi : nos espérances, nos peurs, nos fantasmes, et les impressions tirées d’un reportage vu le mois dernier. Les coïncidences sont des coïncidences et si un pigeon blanc passe à l’instant ou telle personne nous appelle cela ne signifie pas nécessairement que Dieu nous donne cette personne pour qu’on l’épouse. Et si Dieu veut nous dire quelque chose, il est assez grand pour nous le faire entendre directement sans passer par un homme qui prétend parler à sa place, ou lire dans les astres.
Donc oui, absolument, il y a une Parole de l’Éternel pour vous, personnellement. Et cette Parole de l’Éternel fait de vous son enfant, son enfant unique, son enfant chéri, son enfant un petit peu plus clairvoyant, qui prend courage, qui aime et qui fait ce qu’il peut.
Amen.
Textes de la Bible
Jérémie 37:17
Le roi Sédécias envoya chercher le prophète Jérémie chez lui, le roi l’interrogea secrètement : Y a-t-il une parole de la part de l’Éternel pour moi ? Jérémie répondit : Oui ! Et il dit : Tu seras livré au roi de Babylone…
Jean 1:1-14
Au commencement était la Parole ; la Parole était auprès de Dieu ; la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement auprès de Dieu. 3Tout est venu à l’existence par elle, et rien n’est venu à l’existence sans elle. Ce qui est venu à l’existence 4en elle était vie, et la vie était la lumière des humains. 5La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu la saisir… 9La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ; elle venait dans le monde. 10Elle était dans le monde, et le monde est venu à l’existence par elle, mais le monde ne l’a jamais connue. 11Elle est venue chez elle, et les siens ne l’ont pas accueillie ; 12mais à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu— à ceux qui mettent leur foi en son nom. 13Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d’une volonté de chair, ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu.
14La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père ; elle était pleine de grâce et de vérité.
Jean 8:31-32
Jésus disait aux Judéens qui avaient mis leur foi en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 32vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.
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Bonsoir,
Une seule question qui me trotte dans la tête depuis peu et qui revient avec cette prédication : pourquoi lire son destin n’existe pas ?
C’est une question sans a priori juste pleine de curiosité !
Merci beaucoup
Bonjour
La notion de destin, ou de fatalité, est plus une notion grecque. Dans la Bible, nous voyons dans bien des passages que Dieu lui-même est surpris de la façon dont tournent les choses. Cela commence d§s Genèse 3 avec Adam et Ève.
Tout au plus, je dirais que notre corps finira bien par cesser de vivre. En tout cas c’est assez probable vu l’expérience commune des humains. Et que par ailleurs la grâce de Dieu fait qu’en définitive Dieu gardera notre personne autrement. Mais cette mort et cette vie sont à peu près les seules choses qui me semblent inscrites à l’avances. Les péripéties ne le sont pas, et donc notre histoire n’est pas plus écrite que cela.
Votre prédication m’a fait penser à un reportage-radio que j’ai entendu récemment sur des femmes en détention qui arrivaient au terme de peines assez longues et à qui on demandait ce qu’elles allaient faire une fois sorties. L’une d’elles avait pris douze ou treize ans ans et allait sortir après huit ou neuf ans : elle tenait des propos vraiment impressionnants sur son cheminement de pensée, sur l’évolution de ses conceptions, de ses idées, de ses représentations sur elle-même et les autres, sur le monde, elle concluait : « j’ai eu le temps de réfléchir… ». Oui, c’est vrai mais ce n’est pas dit que ce soit si simple car, comme vous le soulignez, se libérer de pseudo-certitudes restent parfois compliqué, le doute s’y immisçant difficilement. C’est une expérience commune. Mais il faut aussi du temps, parfois c’est long d’entendre. Et c’est probablement cela qui avait manqué à cette femme avant : se poser, regarder ce qui se passait, vouloir juger des choses, écouter cette parole de l’Eternel, peut-être, je ne sais pas, cela me semble compliqué à dire, mais au moins user de ses « lumières naturelles », « celle qui éclaire tout humain », ce qui ne doit pas être si loin de ce qu’entend Jérémie. C’est dommage de le faire après coup mais cela peut être aussi l’occasion d’un nouveau départ. On l’espère pour elle.
Il y a une angoisse à sortir de prison, car même si la vie est très dure en détention, au moins le détenu est nourri, logé, blanchi. Dan dans la vie à l’extérieur, tout coûte cher et demande de s’organiser, de chercher et de trouver un travail et un logement et des relations, d’économiser, de faire face aux imprévus. Ce n’est vraiment pas évident.