extrait de "flagellation du Christ" Piero della Francesca, 1455 (Musée d
Prédication

« Tendre l’autre joue » ! et puis quoi encore ? (Matthieu 5:38-45)

Texte, vidéo et poscasts de la prédication. Ceci est un témoignage personnel. N’hésitez pas à donnez votre propre avis ci-dessous.

pasteur Marc Pernot

 

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texte de la prédication à imprimer

prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 23 avril 2023,
par : pasteur Marc Pernot

extrait de "flagellation du Christ" Piero della Francesca, 1455 (Musée d'Urbino)
« Ne pas résister au méchant… tendre l’autre joue », de gros dégâts peuvent être faits quand on lit ce genre de texte à la lettre. Le pire c’est que ceux qui seront ainsi injustement frappés seront les personnes qui sont déjà victimes de la méchanceté et de la violence, comme si le Christ leur demandait de souffrir encore plus, de souffrir en silence, et de laisser tranquille les méchants. Bien sûr que non. D’autant plus qu’à ce jeu là, il ne resterait bientôt plus sur terre que les violents, les brigands, les manipulateurs.

Certains disent que si on tendait l’autre joue cela surprendrait le méchant, que cela le ferait réfléchir et qu’il deviendrait plus gentil (comme Jean Valjean dans la belle histoire de Victor Hugo). Cela me semble bien rare. En réalité : le vrai méchant repart tout content d’avoir humilié sa victime, de l’avoir dépouillée, et il trouve que tout ce qu’il a fait est normal et fort avantageux.

Ce que dit et ce que fait Jésus

Alors, est-ce que Jésus dirait n’importe quoi ? Je ne pense pas. Mais pour comprendre ce qu’il nous propose, il me semble utile d’aller un peu plus loin dans l’enquête. Pour cela, et c’est un principe assez utile pour interpréter la Bible, il est bon de ne pas se limiter à un seul petit passage, surtout avec Jésus. Ce que l’on peut remarquer c’est que Jésus sait de quoi il parle car il lui arrive d’être lui-même frappé, hélas. Alors comment réagit-il ? C’est une information à prendre en compte car Jésus dit son Évangile par ses actes tout autant que par sa bouche. Intéressons nous d’abord à deux cas. Une fois : un homme le frappe, Jésus ne lui demande pas un autre coup en plus mais il dit à l’homme qui l’a frappé « Si j’ai mal parlé, explique-moi ce que j’ai dit de mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jean 18:23) Et quand Jésus est crucifié, il ne demande pas un ou deux clous de plus : il dit à haute voix « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:34)

Haïr la méchanceté, pas le méchant

Dans les deux cas : Jésus dénonce publiquement la méchanceté de l’acte et il s’intéresse à la personne qui lui a fait subir cela. Dans le premier cas : il interroge qui l’a frappé, il lui demande ses raisons, il le fait réfléchir sur la notion de bien et de mal, sur ce qu’a lui, Jésus a fait et sur ce que l’homme a fait. Le texte ne nous dit pas comment l’homme a répondu, ou non. En ce qui concerne les soldats qui le crucifient, Jésus prie pour eux, et c’est intéressant : dans sa prière, il fait la distinction entre l’acte et ses auteurs. Le crucifier est un acte abominable, Jésus dit qu’ils sont coupables d’avoir fait cela, mais par sa prière il dit qu’il garde l’espérance qu’ils valent plus que leurs actes, et il leur souhaite d’évoluer vers le bien.

Jésus dénonce ainsi la méchanceté, il dit au coupable qu’il est coupable, et Jésus montre qu’il ne méprise pas cette personne, il dit qu’elle est digne de réfléchir, digne de s’expliquer, digne d’avancer. Cela ne calme pas les soldats qui viennent de le crucifier, mais au moins Jésus manifeste ces éléments fondamentaux : il dénonce la méchanceté comme mauvaise, sans haïr celui qui l’a commise.

Il faudrait donc comprendre, et peut-être traduire autrement, cette phrase de Jésus : « je vous dis de ne pas résister au méchant ». « Résister », c’est le verbe grec ἀνθίστημι : se placer en ennemi à la personne. C’est cela que Jésus ne conseille pas, il lutte contre la méchanceté, oui, mais il ne veut pas anéantir le coupable.

Jésus ne demande pas d’être frappé sur l’autre joue comme on pouvait le penser en lisant son sermon sur la montagne. Que dit-il précisément ? « qui te gifle sur la joue droite, tourne alors vers lui l’autre. » : ce n’est donc pas pour demander de recevoir un autre coup, ce que Jésus propose c’est de présenter au méchant une autre face de nous-même, d’avoir une autre façon d’être « vers l’autre ». Ça ne veut pas dire que la victime se serait mal présentée avant, mais cela fait qu’elle n’est pas réduite à un objet comme le voulait le méchant, mais qu’elle existe comme une personne, une personne agissante, et même, si possible, comme une personne de valeur, bienfaisante.

À celui qui a cherché à l’humilier en le frappant, Jésus propose de discuter face à face avec des arguments. À ceux qui tentent de le réduire à néant en le tuant et en se moquant de lui, Jésus se montre en homme riche en bonté, même pour eux, un homme proche de Dieu et en plus qui se fait leur défenseur auprès de lui.

Cette attitude face au méchant est incroyable de justesse. Je ne dis pas que ce soit facile, Jésus ne le dit pas non plus. Ni qu’il faille toujours chercher à faire cela. Dans un autre épisode, une foule agresse Jésus, il choisit de s’effacer sans un mot. (Luc 4:30) Il ne leur fait pas tomber la foudre sur la tête comme le voudraient certains de ses disciples (Lu 9:54-56). Là encore, Jésus ne se place pas en ennemi des méchants, mais à ce moment là il ne se sent pas non plus d’essayer de les éduquer. Nous ne sommes donc pas non plus obligés, c’est donc une question d’opportunité, une question de discernement personnel. Une question de forces en présence. Une question de vocation, ou non.

Nous avons à nous décider

Comment alors allons nous faire pour savoir comment réagir, nous, face à telle ou telle personne méchante ? C’est ce qui me semble passionnant à examiner dans la façon de réfléchir que Jésus montre ici dans son analyse de cette question d’éthique.

Il me semble qu’il y a un élément essentiel dans cette réflexion que se fait Jésus : c’est qu’en discutant de ces questions d’interprétation de la Bible et de questions éthiques, Jésus va chercher comment Dieu lui-même agit. C’est sa façon de réfléchir sur la Bible et sur la vie.

Une théologie à chercher

Ce que Jésus nous dit sur Dieu, au moins, est clair et réjouissant. Jésus dit que Dieu va jusqu’à aimer ses ennemis. Contrairement à quelques épouvantables légendes : Dieu ne punit pas, il cherche à soigner le méchant comme un médecin soignerait un malade. Dieu ne veut pas que nous souffrions. C’est ce que dit Jésus quand il dit que c’est le méchant, que n’est donc pas Dieu, qui frappe ou qui exige des dons et des corvées. Dieu, lui, fait tout pour éliminer toute souffrance, toute larme, toute humiliation.

Jésus dit que Dieu nous aime sans condition. C’est la théologie, la foi, l’expérience que Jésus a de Dieu. C’est tellement réjouissant et vivifiant. Cela peut nous inspirer dans notre façon d’être. Le grand sujet de la Bible et de l’Évangile c’est « Qui est Dieu ? ». C’est ce qui est à chercher en priorité dans les écritures, car c’est une source d’inspiration pour trouver comment nous voudrions vivre, et comment Dieu peut nous aider.

Vers une interprétation personnelle

Jésus dit que Dieu nous aime sans condition, cela nous libère dans l’interprétation des textes bibliques : nous pouvons les interpréter selon notre propre inspiration. Il n’y a précisément pas de chantage de la part de Dieu, nous dit Jésus. Et il applique ce principe directement à l’interprétation de la Bible sur la question du jour, celle de l’agression méchante : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Mais moi je vous dis plutôt… »

« Œil pour œil et dent pour dent. » c’est effectivement écrit noir sur blanc dans la Bible (Exode 21:24, Lévitique 24:20, Deutéronome 19:21), tout le monde le savait, Jésus se permet un « mais moi, je vous dit plutôt… », s’il fait cela, c’est qu’il nous propose de le faire aussi. Car Jésus n’est pas du genre « faites ce que je dis, pas ce que je fais », au contraire : ce qu’il fait indique un chemin pour nous.

Cela nous nous permet de nous pencher vers les textes de la Bible, et même sur les propres paroles de Jésus, pour les interpréter, pour voir ce que ces paroles nous disent, personnellement, à nous aujourd’hui.

Avec respect et intérêt nous « apprendrons d’abord ce qui a été dit », puis nous cherchons à élaborer notre propre « Moi je vous dis », « moi » à la première personne du singulier, librement, sincèrement, à notre propre façon. Nous l’élaborons en faisant appel à l’aide de Dieu, dans l’espérance qu’il éclairera et purifiera nos pensées avec son soleil, qu’il arrosera nos pousses d’interprétation d’une pluie fécondante.

La voix de nos profondeurs

Il y a un second « Vous avez appris qu’il a été dit » dans la recherche de Jésus : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. » Cette fois-là ce n’est pas dans la Bible que cela a été dit, et pourtant nous entendons cette voix. C’est la voix de chaque cellule de notre corps qui crie de rejeter ce qui lui fait du mal : microbes, parasites et virus, trop forte chaleur ou froid, coups et agressions. Cette voix est juste, elle aussi, seulement : elle aussi doit être interprétée personnellement, comme celle de la Bible.

Cette voix c’est aussi parfois celle de notre colère face à l’injustice et à l’humiliation. Cette colère, cette indignation sont normales, nous avons seulement à les interpréter pour en faire quelque chose de bon, comme Jésus nous le propose. Entendre et chercher notre « mais moi je vous dis ». Car sans être travaillée ainsi, cette colère pourrait bien nous transmettre le virus de la méchanceté du méchant qui nous a frappé. À ce moment là : la méchanceté aurait tout gagné.

Quelle lecture Jésus nous propose de notre indignation quand nous avons été giflé ? Nous nous sentions humilié, alors que l’agression elle-même ne dit rien de notre valeur, par contre, elle dit que l’agresseur est un pauvre type, qu’il est un malade qui mérite que Dieu se penche vers lui pour le soigner, peut-être avec l’aide de quelque bonne âme que Dieu cherchera à envoyer. C’est parfois, mais pas toujours, ce que la victime pourrait faire, elle n’est pas toujours la mieux placée. Elle peut aussi partir ailleurs comme le fait parfois Jésus. C’est à voir, c’est à interpréter par nous-même au cas par cas. Librement car Dieu comprend, il nous comprend et nous aime.

Amen.

pasteur Marc Pernot

Texte de la Bible

Matthieu 5:38-45

Jésus dit : Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. 39Moi je vous dis plutôt de ne pas résister au méchant. Mais à qui te gifle sur la joue droite, tourne vers lui aussi l’autre. 40Et à qui te traîne en justice pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. 41Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. 42À qui te demande, donne. À qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos.

43Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. 44Moi je vous dis plutôt : aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, 45afin que vous deveniez des enfants de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et les injustes…

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5 Commentaires

  1. MARIE dit :

    Comment pardonner à quelqu’un qui continue à vous haïr, qui refuse la réconciliation, qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour vous anéantir?
    Pas facile, je vous l’avoue!

    1. Marc Pernot dit :

      Je me demande si dans ce cas, le mieux n’est pas de tout simplement quitter cette relation nocive.
      Dans ce cas : pardonner c’est souhaiter que cette personne vive sa vie, ce ne veut pas nécessairement dire de continuer la relation.
      Il y a des actes que l’on ne doit pas accepter. Ce n’est pas une question de pardonner ou non. La question c’est de ne pas laisser le mal triompher, la souffrance se développer.
      Bon courage, avec l’aide de Dieu.

  2. Catherine dit :

    J’admire votre savoir, mais franchement, ce coup ci, on peut entendre votre analyse dans la mesure où on n’est PAS avec un(e) pervers(e) narcissique car, sous les coups multiples et répétés et les humiliations constantes, c’est tellement horrible, que les victimes sont soumises et croient qu’elles méritent leur sort, donc n’en veulent pas (durant des mois,voire des années) à leurs agresseurs, jusqu’à ce que, qqch en elles, les réveille et enfin elles comprennent que c’est intolérable ce qu’elles subissent, là, elles vont déposer une main courante, puis 2, puis 10, car malheureusement : la Police ne prend pas ce problème au sérieux et les bourreaux, s’ils sont convoqués, trop souvent, repartent libre, avec juste un rappel de ce qui pourrait lui arriver s’il recommençait. Et, si on ne protège pas les personnes qui ont une trouille immense déjà d’aller déposer une main courante, celle qui déposent plainte sont encore plus rares, ou elles vont, sur de fausses promesses de leur bourreau, retirer ladite plainte. Mais bien sûr, les promesses n’engagent que ceux qui les croient, comme on dit et toutes ces personnes, veulent y croire.. alors que l’on sait pertinemment que l’agresseur, va au contraire, non pas être plus gentil, plus attentif etc… Mais ce ne sont que des mots, car, à peine de retour au domicile, que, les violences et les humiliations vont aller crescendo, jusqu’au point de non retour, à l’anéantissement de l’autre (donc là, comment la victime peut-elle se dire : « ah oui, pour être une bonne chrétienne, je dois faire comme Jésus, qui, propose de se « faire oublier » ou je ne sais plus quel terme vous avez utilisé pour quand il était au bord d’un précipice, qu’il a fait comprendre aux apôtres que non, il ne pouvait pas faire venir la foudre sur la foule, car, ça serait contraire à Dieu, qui est bienveillant […] : Cela fait souvent déjà bien trop longtemps que ces victimes se taisent, n’osent plus exister : et on voit le résultat : Les victimes de pervers narcissique, ne sont déjà plus considérées comme personne, mais comme un objet qui ne peut appartenir qu’à lui-même et pour être sûr que cela soit le cas, eh bien, un jour, il cogne plus fort encore que les autres jours, après d’atroces humiliations, sa « chose » ne respire plus ❗

    Comment est ce que c’est possible de ramener l’autre à la raison en lui proposant de réfléchir à ce qu’il vous a fait, ce que p.ê. vous, vous lui avez fait etc.. ❓ Franchement, je e ne vois pas comment c’est possible ❓Dans une relation toxique : si vous proposez ça à votre agresseur, il va le prendre comme de la provocation, du foutage de gueule, et of course, vous allez payer très cher cet acte de velléité. Donc, je suis désolée, Cher Monsieur Pernod, avec tout le respect que je vous dois, je ne peux pas vous laisser nous dire que tout s’arrange entre bourreaux et victimes, du moment que celle -ci s’efface, n’ai absolument aucune haine contre son agresseur, et proposer à ce dernier : un dialogue, même faire comprendre à celui qui vous tabasse, vous séquestre, vous humilie : que non, vous ne lui en voulez pas, vous lui donnez même l’opportunité de faire de lui qqn de bien, si celui-ci analyse son comportement, le vôtre et conclu en fait que ouais c’est quand même nul de vous battre et de vous infliger des actes de torture, ok on remet les compteurs à zéro et on vit heureux ❗❓Ce n’est PAS la réalité ❗ Ça peut l’être sûrement, mais bon, moi je pense que cela peut l’être que si, intellectuellement parlant les 2, ont un très bon niveau, que les disputes sont extrêmement rares, et où aucun des deux n’a de blessures narcissiques ni aucun passé de victimes d’abus de qq sortes que ce soient, absolument pas carencé en matière d’amour reçu dans l’enfance, ni de traumatisme vécu dans cette période, mais pas que : bref, vous voyez, la possibilité des gens (victimes) capables de faire ce que vous dites, et de dire ce que Jésus dit de faire, de penser et de suggérer à la personne qui vous agresse c’est quand même hautement improbable, surtout si, on s’adresse à un bourreau… Mais sans trouble de la personnalité ou d’ordre psychiatrique… ❗ Vous avouerez que ce n’est quand même pas commun.
    Je ne vous ferai pas l’affront de vous proposer d’aller vraiment sur le terrain (prisons, foyers pour femmes battues, protection de la jeunesse et autres acteurs sociaux qui sont en prise directe avec la violence, pour que vous vous rendiez compte, en entendant aussi bien les victimes que les agresseurs, la Police et tout les acteurs juridiques aussi pour qu’après tout ça, vous constatiez vous même que, malgré votre analyse qui nous libère de la culpabilité de ne pas tendre la joue gauche si on nous frappe sur la droite, ça, j’avoue que c’est déjà beaucoup ❗ Néanmoins, je ne sais pas comment faire passer votre message à des personnes qui, se déconsidèrent déjà tellement, qui se prennent des coups multiples et répétés… Et leur dire, ah mais vous savez si vous êtes bienveillantes, et suscitez le questionnement de celui ou celle qui vous agresse… Vous verrez : sa vie va changer et du coup, la vôtre aussi ❗❓❓❓

    Pardon d’être aussi cash, ça n’est pas contre vous, mais franchement, je ne me vois pas personnellement conseiller ça à des gens qui souffrent atrocement dans leur chaire et psychologiquement ! Mais je n’ai p.ê. rien compris à votre message, car, je n’ai pas un q.i de ouf ..😊 En tout cas, je serais très heureuse si vous me répondiez. Bien que vous n’avez pas que ça à faire, je le sais bien.

    Mais, si, malgré votre emploi du temps surchargé, vous pouviez m’éclairer par une réponse, je vous en serais vraiment très reconnaissante 🙏.

    Tout de bon pour vous, même si je ne reçois pas de réponse.

    Sincèrement vôtre,

    1. Marc Pernot dit :

      Chère madame.

      Grand merci pour cette très important témoignage.

      Je connais bien ces situations, et c’est précisément pour cela que j’ai lourdement insisté sur le fait du discernement personnel, que la victime n’est absolument pas obligée de se sentir en charge de soigner son bourreau, et qu’au contraire, elle n’est pas toujours la mieux placée.

      Et c’est pour cela aussi que j’ai dit que l’option de fuir son bourreau est une option tout à fait envisageable, pratiquée par Jésus lui-même.

      Dans mon idée, la question n’est pas du tout de s’effacer, de rentrer dans un trou de souris. J’insiste au contraire sur la dénonciation du mal subi, la désignation du coupable. Que c’est important pour la victime elle-même, de montrer ainsi qu’elle n’est précisément pas réduite à un objet, à un écrasement, mais qu’elle est debout et qu’elle réagit, et qu’elle dit ce qui ne va pas.

      Ensuite, il y a aussi la vie normale où effectivement, il y a des ajustements à faire et des progrès possibles de la personne qui a eu (ou qui a) un comportement posant problème à l’autre. Et que dans ces cas là, il est bon de travailler à cela ensemble, par l’amour, tout en ayant la franchise de dire ce qui ne va pas.

      Le discernement personnel est donc absolument essentiel, pour savoir ce qui semble à la personne elle même le meilleur. Et que pour cela la personne doit s’écouter et interpréter ce qu’elle sent en elle-même. Et que la personne se sente libre, autorisée à discerner par elle-même car Dieu comprend et Dieu accompagne de son amour ce que la personne décidera.

      Désolé si je n’ai pas été trop clair, ce sont des sujets délicats qu’il est téméraire d’aborder en une seule prédication, peut-être. Mais votre témoignage ajoute un éclairage essentiel et je suis heureux que vous l’ayez mis en ligne. Peut-être qu’avec le texte de la prédication, c’est plus clair : voir https://jecherchedieu.ch/temoignages/tendre-l-autre-joue-et-puis-quoi-encore-matthieu-5/

      Dieu vous bénit et vous accompagne

  3. Bernhard dit :

    Votre prédication m’a fait penser à un épisode relaté par Matthieu Ricard dans son livre Carnet d’un moine errant. Evidemment, le bouddhisme tibétain est très éloigné de notre monde occidental et de notre spiritualité, mais certaines valeurs peuvent s’en approcher, comme, par exemple, les commentaires que Mattieu Ricard a recueilli d’un dignitaire bouddhiste qui avait été torturé par les communistes chinois dans les années 1960. Ce lama très respecté et influent disait que sa seule peur avait été de développer de la haine pour ces tortionnaires, ce qu’il a apparemment réussi à éviter. Cela rappelle évidemment les célèbres paroles du Christ : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.

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