Je me trouve à un carrefour confessionnel et je m’en porte plutôt bien
Question d’un visiteur :
Cher Monsieur,
Je vous suis avec beaucoup d’attention et de respect depuis un certain temps.
Votre érudition, la simplicité de vos messages et votre ouverture d’esprit en terme de théologie sont exemplaires à mon sens.
Je vous écris alors que je me trouve à un carrefour dans ma foi en Christ. En quelques mots, je viens d’une famille dont les grands-parents et ancêtres étaient de fervents catholiques basés à Lausanne. Mes parents ont rejeté la religion à l’âge adulte car on ne leur a pas enseigné la grâce mais la crainte de Dieu. Je n’ai pas eu d’éducation chrétienne mais on m’a enseigné des valeurs humanistes solides.
J’ai 40 ans et j’ai eu la grâce d’avoir une conversion subite auprès du Christ à l’âge de 30 ans alors que j’étais dans une vraie panade spirituelle en Amérique. Je lisais la Bible avant et priais à ma manière. Dieu est venu à ma rencontre et m’a sauvé par amour.
A mon retour en Suisse je me suis tourné vers un pasteur méthodiste avec qui j’ai eu de belles et enrichissantes discussions sur le christianisme. Nous avons fait un catéchisme ensemble et il m’a baptisé deux ans plus tard. Cette église m’a beaucoup apporté mais je n’y vais plus, j’en suis trop loin géographiquement parlant.
Depuis quelques années, je pratique ma foi un peu isolé mais avec une relation solide avec le Seigneur et je me cherche une communauté.
A l’heure actuelle, j’admire la foi réformée et sa théologie solide et libérale. Je vais parfois au temple. J’aime beaucoup aussi les rituels catholiques également et participe occasionnellement à la messe.
Jung avait décrit que le numineux lié à nos origines était un ancrage hérité auquel il était logique de revenir.
Bref, comme dit précédemment je me trouve à un carrefour confessionnel et je m’en porte plutôt bien, estimant que les différentes traditions chrétiennes ont plus de choses en commun que d’oppositions.
Voilà, pas de question à proprement parler mais je serais curieux et content d’avoir votre avis sur ce questionnement.
Cordialement,
Réponse d’un pasteur :
Cher Monsieur,
Mil mercis pour ce message qui m’a tellement encouragé mais aussi qui m’a impressionné par votre cheminement. Je suis donc enchanté de pourvoir partager votre message pour que d’autres aussi se réjouissent avec moi, que certains soient encouragés dans leur recherche. Je n’aurais pas besoin d’ajouter quoi que ce soit, seulement vous m’encouragez à vous donner un écho, c’est bien volontiers.
Quel beau cadeau de conjuguer ainsi à la fois l’intelligence d’une recherche et la grâce d’une expérience vive de Dieu. Cela fait que vous êtes à mon avis dans les conditions les plus favorables pour une belle foi vivante et pour que cela vous apporte énormément dans notre être, dans votre façon de vivre.
L’essentiel est effectivement cette démarche infiniment personnelle, intime. La grâce d’avoir senti l’amour de Dieu permet une recherche sincère libre et authentique. Mais c’est excellent d’avoir aussi une dimension communautaire. Cela me semble permettre de sentir le corps du Christ, comme on dit en théologie chrétienne, cette complémentarité, cette unité des membres différents (1 Corinthiens 12-13). Et pour cela, le fait de combiner diverses paroisses catholiques et protestantes est favorable. C’est pourquoi je fréquente volontiers une belle messe catholique, et fait des retraites chez les trappistes. Mais dans notre cas, il est encore plus important, vous avez raison je pense, de garder cet enracinement avec votre foi de jeunesse. De l’ouvrir, de la réformer, de l’enrichir, sans la renier. La vie est belle comme cela : en cheminant et en cheminant avec bienveillance, en particulier avec notre moi plus ancien. C’est une richesse et cela peut tout à fait aider à se questionner sur ce qui, autrement, aurait pu sembler une évidence. Cela peut aussi permettre des liens de fraternité entre ces paroisses sœurs.
Donc je ne suis pas certain qu’il faille voir votre cheminement comme à un carrefour, imposant une alternative, un « ou bien ». Certaines personnes sont tout à fait à l’aise avec plusieurs sources, panachant plusieurs paroisses, plusieurs églises. Que ceux qui n’aiment pas cela pour eux-mêmes ne le fassent pas, mais ce serait bien qu’ils laissent tranquille les autres auxquels cela réussit. Et puis, il est possible qu’un jour vous vous mettiez à plus fréquenter une paroisse ou une église, et bien c’est qu’à ce moment-là cela vous conviendra mieux. C’est vraiment quelque chose dans lequel on peut se sentir libre de s’observer et de discerner le plus favorable à votre propre cheminement.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Beau témoignage, dans lequel je me retrouve et belle réponse, dans laquelle je me retrouve aussi !
Je suis dans le même cas, Belge vivant en France, avant j’allais chez les Cisterciens parce que j’ai habité, en famille, dans les dépendances d’une abbaye belge cistercienne. Depuis que je vis en France je n’ai plus rien trouvé de tel, malheureusement et parfois la dimension communautaire me manque aussi. Heureusement que des sites pareils existent
Bonjour,
Votre témoignage est très éclairant pour moi qui cherche à ne plus culpabiliser de papillonner d’une église à l’autre!!
La famille chrétienne est grande et nous sommes tous frères en Christ.
Comme à chaque fois, je retrouve ici la bienveillance des réponses du Pasteur Marc Pernot.