
Les dix conseils du pape François pour vivre pleinement sa foi, quels sont les vôtres ?
Ce bel article du journal La Croix développe dix clés de la spiritualité vécue et enseignée par François, pour une foi « authentique et profonde », à l’opposé de ce qu’il nommait « le Coca-Cola spirituel ». C’est très inspirant comme conseils, c’est beau qu’il cherche à développer une foi profonde, bien entendu, mais aussi authentique, c’est-à-dire notre foi à nous, à chacune et à chacun, une foi qui correspond à notre personnalité et à notre expérience, pas une foi standardisée.
Une foi « profonde » est possible pour toute personne, bien sûr. Il y a effectivement des clefs pour avancer dans la foi et dans sa profondeur. Il a extrêmement raison d’ajouter comme visée d’avoir une foi « authentique ». L’humain est un animal social (c’est une bénédiction), mais du coup il peut arriver que nous soyons plus à l’aise de penser comme d’autres autour de nous, cela nous rassure, et c’est moins fatiguant que de chercher à développer une foi « authentique et profonde ». À vrai dire, notre foi ne pourra devenir un peu profonde que si elle est d’abord authentique, car nous avons notre propre moi, et que la foi « profonde » est intime. François a bien raison de nous mettre en garde de nous contenter d’un des « Coca-Cola spirituels ». Mais, comme le laisse supposer cette expression, le tout venant des Coca-Cola spirituels peut parfois donner une première approche, grâce à tel livre, tel film, telle personne, tel groupe spirituel… à condition de ne pas s’en contenter, de ne pas se laisser enfermer dedans.
De même, l’Église n’est qu’un marchepied pour avancer dans le développement de notre foi « authentique et profonde », foi vivante et donc toujours en questionnement, en approfondissement, et rayonnante. Ne pas se contenter du « Coca-Cola spirituel », et donc pas non plus nous contenter du vin de messe ou de Sainte-Cène. Qu’un dimanche à l’église soit un encouragement à être plus profond et plus authentique, personnellement.
Cela se « travaille », s’exerce. L’apôtre Paul nous encourage de même à faire de la gymnastique du corps et aussi de notre piété (1 Timothée 4:7). Merci donc au pape François. Cela nous encourage à nous forger notre propre trousseau de clés pour approfondir notre propre foi.
Je vous laisse lire l’article (il est en lecture libre actuellement), mais je reporte ici les dix grands points. J’en reprendrai une grande partie, ajoutant quelques clefs pour forger mon propre trousseau. Ce serait formidable si vous vous prêtiez à l’exercice pour vous-mêmes (formidable pour vous, j’en suis convaincu), et ce serait pour nous un enrichissement si vous le partagiez en commentaire (il est possible de signer d’un pseudonyme, c’est effectivement assez personnel).
Les dix clés de la spiritualité vécue et enseignée par François :
- « Chercher le Christ partout »
« Le chercher dans notre vie, le chercher sur le visage de nos frères, le chercher dans le quotidien. » - « La prière est le souffle de la foi »,
La prière nourrit la vie spirituelle aussi bien que l’action. La prière de Jésus est « le gouvernail qui guide sa route », le « secret » de sa vie. - « Se connaître soi-même, ce n’est pas facile ! »
Faire des choix demande une attention particulière à « ce qui se passe en nous ; des sentiments et des idées, nous devons discerner d’où ils viennent, où ils me mènent ». - « Le réel vaut plus que les idées »
Avec une attention particulière aux expressions populaires de la vie de foi, qui passent par des gestes, les sens, le corps. - « Parler avec le cœur, agir avec le cœur »
Parce que « le cœur est le lieu de la sincérité où l’on ne peut ni tromper ni dissimuler », là où l’être tout entier trouve son unité. - Suivre les saints, « chacun dans sa route »
Les saints sont des modèles pour les chrétiens, chacun à sa manière. - « L’humilité est la porte d’entrée de toutes les vertus »
Acquérir l’humilité demande d’accepter les humiliations de la vie. - « Nous avons besoin de ponts, non de murs »
L’Église n’est pas indemne d’une tentation de se protéger, François propose « un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale ». - « Ouvrir les portes »
Aller vers les autres : l’annonce de l’Évangile ne se distingue pas de l’action sociale, toutes deux étant parties intégrantes de la vie spirituelle. - « Il n’y a pas de sainteté dans la tristesse »
Joie d’être libéré du péché et d’annoncer l’Évangile, « joie qui se vit dans les petites choses de l’existence quotidienne ».
Mon propre trousseau de clés pour approfondir une foi authentique et profonde :
- « J’ai foi, viens au secours de mon manque de foi ! » (Marc 9:14-29)
Désirer avoir la foi : c’est déjà l’avoir. Alimenter cette soif, elle est essentielle dans l’humain, mais elle peut s’assoupir. C’est la première clé, à mon avis, pour une foi qui s’approfondit. - « Jésus se retira de nouveau sur la montagne, lui seul. » (Jean 6:15)
La prière : même pour celui qui doute, la prière est un geste essentiel de connaissance de soi et de croissance spirituelle. Comme Jésus le fait et l’enseigne (Matthieu 6:6), il s’agit de se retirer dans la solitude choisie, dans l’intimité de sa chambre, de la rue ou de la nature. - « L’un d’eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix. » (Luc 17:15)
L’émerveillement : c’est une puissante source d’ouverture de notre être à la transcendance, à Dieu. Passer de l’émerveillement à la gratitude et à la louange. Revenir sur ses pas, sur sa journée, sur sa vie, sur l’histoire et y cueillir les occasions de rendre gloire à telle ou telle personne, mais aussi à Dieu. C’est du temps bien investi. - « Qui es-tu, Seigneur ? » (Actes 9:5)
S’interroger : affiner affiner notre propre conception de Dieu, faire de la théologie, quel que soit notre degré d’éducation. Cela se fait dans la prière, mais aussi dans la réflexion (Jésus dit qu’il est bon d’écouter et d’aimer Dieu avec notre intelligence), dans l’étude de la Bible. Cela peut se faire même si l’on doute de l’existence d’une personne divine. C’est aussi un travail d’élaboration de ce qui nous semble être le bien ultime et de ce qui nous semble créateur de vie et de bonté en nous-mêmes. - « Ne crains pas, crois (aie foi, confiance) seulement. » (Marc 5:36)
La confiance en Dieu : revenir pour cela, encore et encore plus devant cette base de toute théologie : « Dieu est amour » (1 Jean 4:16). Quand un malheur arrive, Dieu n’est jamais source de ce malheur, il est au contraire à nos côtés pour nous soutenir, nous relever, nous remettre sur pieds, en marche. Il est bon de libérer notre prière et notre vie des images terribles d’un Dieu juge, punisseur, tout puissant, abandonnant le pécheur à la mort… L’amour de Dieu est actif et créateur: il nous garde et nous gardera au-delà de tout. Avec cette théologie, qui est aussi une expérience, laisser la crainte s’effacer devant la confiance, la paix, la gratitude. - « Dans le dialogue et la discussion des deux disciples, Jésus s’approcha, et fit route avec eux. » (Luc 24:15)
Les débats : la pensée profonde ne peut s’élaborer que dans l’écoute de la diversité des points de vue, dans ce qui nous rassemble et ce qui nous différencie. Oser discuter, débattre, et pour cela chercher des personnes avec qui il est possible de discuter… Toutes les idées, toutes les théologies ne sont pas également bonnes, mais plusieurs pensées différentes peuvent l’être en même temps. Le corps du Christ est fait des multiples membres que nous sommes, unis par les liens d’attention entre nous. Et par l’Esprit. - « Le jour du sabbat, Jésus entra d’abord dans la synagogue. » (Marc 1:21)
L’église : le culte ou la messe est un simple exercice spirituel, un pas de côté dans la course de la vie courante, un temps pour recharger notre intérêt pour dieu, pour le questionnement théologique, pour sentir que nous ne formons pas seul le corps du Christ. Ce n’est qu’un simple exercice, mais qui s’avère fécond depuis des millénaires. Si l’on trouve une église sympathique, à l’esprit ouvert à la diversité des points de vue, c’est génial. En tout cas, ne pas laisser abîmer notre authenticité, cet exercice collectif doit être et rester au bénéfice de notre foi authentique, de notre démarche personnelle. - « Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait ce qu’elle a pu. » (Marc 14:6-8)
L’authenticité : se sentir libre et laisser libre : faire ce que nous pouvons, de bon cœur et de bonne foi, penser ce que nous pensons, quitte à évoluer. Laisser les autres faire à leur idée et penser à leur façon. Laisser place à l’authenticité. Cela rejoint aussi la parabole de Jésus de la paille et de la poutre (Matthieu 7). Construire ainsi ses ponts, faire corps, plutôt que de perdre une bonne énergie spirituelle en acrimonies et en jugements, en combats nocifs. Chercher plutôt ce qui vient de Dieu dans chaque personne car cette dimension existe au moins en trace ou en germe, car l’humain est ainsi fait. - « Heureux les pauvres en Esprit, car le royaume des cieux est à eux. » (Matthieu 5:3)
Notre fierté et notre humilité : Le pauvre est une personne qui possède un peu, mais qui manque. C’est exactement la juste conscience de ce que nous sommes : nous avons un petit peu de Saint-Esprit, une part divine que l’on peut reconnaître au fait que nous avons une certaine liberté, une personnalité, une certaine capacité à aimer, à espérer, et peut-être un début de foi. Nous avons donc un peu de Saint-Esprit, et il est bon d’avoir soif d’être animé plus profondément par l’Esprit de Dieu, de le lui demander. C’est à la fois la prise de conscience de notre extraordinaire qualité d’être, divine (trop d’humilité serait nocive, mais juste un petit peu 🙂 avoir soif de grandir encore, et pour cela de le demander à Dieu. - « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire ? » (Jean 18:11)
À l’écoute de notre vocation : Dans la prière et la réflexion, nous pouvons sentir et élaborer notre vocation personnelle, authentique. Rien de tel pour grandir dans la foi que d’accomplir un service motivé, porté, nourri par notre foi. Il y a en quelque sorte un système de vases communicants entre la foi et l’action, c’est ce que Jésus développe en joignant l’invitation à aimer Dieu et à aimer notre prochain. Et pour cela, bien entendu, il est indispensable d’avoir conscience que nous pourrions apporter quelque chose au monde : il est bon de se connaître, de s’apprécier à notre juste valeur, de nous aimer nous-même suffisamment. - « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous.” (Philippiens 4:4)
La joie : elle est profondément reliée à notre foi. Dans le « heureux » que répète Jésus dans son enseignement (Matthieu 5), c’est le projet de Dieu pour nous. Actuellement, c’est un bonheur paradoxal, montre Jésus, non dénué d’une part de tragique, mais une joie. Une joie délibérée, celle d’être vivant et d’être « en marche » (autre sens du mot « heureux » en hébreu). - « Lève-toi, prends ton lit et marche » (Luc 5:24)
Être ouvert aux miracles de Dieu dans notre vie : se préparer, dans la prière et dans notre vie, à de bonnes surprises qui viennent de plus que l’humain, qui dépassent tout ce que nous aurions imaginé. C’est pourquoi il est bon d’espérer encore et encore, de ne pas être fixé sur ce que l’on attend dans la prière. Dieu n’a pas le contrôle le total sur ce qui arrive, mais comme le dit l’ange à Marie “Avec Dieu, il faut s’attendre à tout » (Luc 1:37)
Désolé, je me suis laissé emporter, dans l’enthousiasme, et il y a 12 clefs à mon trousseau aujourd’hui.
Dans la gratitude bienveillante pour François, pape de nos frères et sœurs catholiques, pour qui nous avons une pensée émue en ce temps de deuil et d’espérance.
par : pasteur Marc Pernot
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Merci pour cette magnifique synthèse de la foi chrétienne.
Grand merci pour les encouragements ! Et merci à Francesco.