Foi

Si je décide de faire le choix de croire et adhérer à une religion, comment rester « moi-même », authentique ?

Par : pasteur Marc Pernot

Illustration : un homme avec un masque de réalité virtuelle - Photo by Adrian Deweerdt on Unsplash

Question posée :

Bonjour Monsieur Pernot et merci, bravo pour vos prédications en ligne.

Je vous contacte au sujet d’un sujet central dans ma vie.
Celui d’un choix de vie entre la foi, qui pour moi va de paire avec le doute par la remise en question constante de ses croyances, et celui de la sincérité, qui consiste à partir de ses acquis et en étant soi-même par ses héritages culturels,éducatifs, sociaux…
Je veux dire par là qu’il me paraît difficile pour un athée d’accéder à une pratique religieuse sans choix personnel, sans se dire :  » je décide de croire ».
Je ne crois pas aux témoignages qui se disent  » touchés » comme par miracle.
Je crois à un Dieu discret qui, s’il doit changer un être, le ferait avec en amont son accord.

Donc, si je décide de faire le choix de croire et adhérer à une religion, comment rester « moi-même » sincère dans ma pratique, sans pour en être sur à 100% ?

La croyance, par définition n’est pas une certitude.
Comment me comporter dans mes prières, mes attitudes, comment être honnête et authentique entre les doutes et les croyances ?

Je vois beaucoup de personnes croyantes par héritage chez qui la sensibilité semble justement étouffée par la certitude.
Un bel arbre caressé par une brise, qu’il soit l’oeuvre de Dieu ou de la nature simplement, n’est pas que  » L’oeuvre de Dieu », il est avant tout un arbre.

La foi en ce qui me concerne me fait ressentir cette crainte, celle de mettre un filtre devant mes yeux, devant mon cœur. Peur de perdre la moindre petite goute de lucidité devant la beauté et la laideur du monde.

Je vous remercie de m’avoir lu.

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Mil mercis pour vos encouragements en ce qui concerne les prédications en ligne.
Je ne pense pas que pour accéder à une pratique religieuse il faille obligatoirement se dire « je décide de croire ».
Mais pour accéder à une pratique religieuse il est seulement nécessaire de se dire « je décide de pratiquer » à mon rythme, comme on décide de faire un peu d’exercice :
  • Il est possible de prier sans être bien certain de croire en Dieu. Heureusement. Simplement en se plaçant, soi et sa journée, ses projets et espérance, face à l’ultime, faceà son idéal, face à ce que l’on pense être le bien, le juste, le bon, le beau, l’essentiel qui donne sens à tout le reste…
  • Il est possible de faire de la théologie sans croire en Dieu mais en d’avoir cette forme d’exercice qui consiste à se poser des questions pour chercher précisément qu’est-ce que l’on pense être cet ultime.
  • Il est possible de s’intéresser à la Bible comme exercice inspirant pour soi
  • Il est possible d’aller au culte à son rythme pour prendre un temps de recul, et peut-être de hauteur, en dehors de la vie quotidienne.
Nous sommes tout à fait du même avis en ce qui concerne la foi assaisonnée d’une dimension de recherche permanence et de remise en cause, et donc de doutes. Le contraire de la foi n’est pas le doute. Le contraire de la foi est de s’en fiche. Le doute est le contraire de la certitude absolue et totale, et donc contraire à l’intégrisme. Car par définition, toute transcendance est au delà de ce que peuvent définir les concepts humains. Toute vraie connaissance est humble, se remet en cause, se travaille.
Donc votre questionnement est extrêmement bien posé. Il ne faut certainement pas que la foi soit un filtre devant dos yeux et votre cœur. Ce ne serait pas la foi mais du dogmatisme et du moralisme. La foi est précisément le contraire, elle est une ouverture, des yeux, du cœur et de ce que vous êtes. Car elle est une prise de hauteur, elle est d’abord une sincérité de regard sur ce que l’on est aujourd’hui, sur ce que l’on pense et espère en réalité. Elle est ainsi un questionnement. Elle est une disponibilité confiante pour une évolution personnelle.
Quand un pasteur, par exemple, ou une église dit : voilà ce que je pense être la vérité, c’est à recevoir comme une opinion personnelle du pasteur en question et de la commission, composée d’hommes et de femmes comme nous, qui ont composé ce texte. Ce n’est rien de plus, et rien de moins non plus. Cela ne vous engage en rien. Si ce n’est peut-être, par esprit de fraternité, à vous demander s’il n’y a pas une part de vrai dans ce qu’il ou ils affirment. Mais pas plus. En théologie chrétienne, toute personne, de la moins éduquée à la plus savante, est appelée à être prophète ou prophétesse, par l’Esprit-Saint qui est donné directement par Dieu, ce qu’aucune église ne peut se prétendre empêcher (à moins de se prendre elle même pour Dieu, ce qui serait son problème à elle, pas le vôtre). Vous avez donc tout lieu de vous sentir libre. Et même à vous sentir libéré car le fond du fond du message central de l’Evangile du Christ est la grâce de Dieu (son amour pour vous sans condition) : cela libère pour être soi même en sincérité. C’est Dieu lui-même non seulement qui vous y autorise, mais même qui vous le demande. À mon avis (bien sûr).
Bien amicalement

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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