Parfois je ressens une force et » je crois en Dieu ». Puis à nouveau je me contente de moi-même ?
Question posée :
À M. Pernot.
J’ai une foi choisie(aucune éducation religieuse, très athée même) mais très instable. Par moments je me demande même pourquoi cette religion plutôt qu’une autre, moi qui vient d’un environnement non- croyant.
Je me dis même que j’ai choisis celle-ci par fainéantise. Être accepté comme on est pas de 5 prières par jour etc. Et parfois je ressens cette force intime et qui me dépasse et je me dis » je crois en Dieu » et je vais suivre les commandements indirects que je perçois dans la lecture de la Bible. Puis à nouveau la pensée pose ces questions: pourquoi ne pas lire du développement personnel, ce sont des paroles inspirantes et peuvent suffire.
Ou bien cette phrase de Khalil Gibran: » qui peut dire » ces heures sont pour moi et celle-ci pour dieu » » votre vie quotidienne est votre religion ».
Finalement un mouvement incessant de mon égo. Mais dans le « je pense donc je suis » il y a le « je » celui a travers lequel j’existe, avec mes choix, mon service aux autres, ma souffrance et mon incompréhension… Mon existence me semble bien trop instable et imparfaite pour mériter d’être lié au Dieu auquel je crois.
Je suis conscient que mon message est confus. Mais justement, je préfère ne pas le relire car il symbolise l’instabilité de mon esprit et de ma foi.
J’en viens pour finir à la raison du message adressé spécialement à Marc Pernot : quand je le vois sur des vidéos ou bien simplement quand je lis ses réponses écrites, je suis touché par la sérénité et la justesse qui s’en dégagent. Donc Marc, avez-vous des conseils pour affermir ou réaliser ma foi, ou bien simplement un avis sur cela ?
Je vous remercie.
Réponse d’un pasteur :
Cher Monsieur
Effectivement, je n’ai pas de mal à vous rassurer, car les plus grands mystiques disent que leur foi connaît des hauts et des bas, les plus grands théologiens (comme les plus grand scientifiques) disent souvent que plus ils cherchent et plus ils se rendent compte qu’ils sont loin d’avoir le fin mot de la question. Donc, vous êtes en bonne compagnie. Je trouverais même suspect qu’un mystique, un théologien, un scientifique, un musicien… soit hyper satisfait de son niveau d’excellence : il me semble que dans ce cas ce n’est pas Dieu qu’a rencontré le mystique mais son rêve, ce n’est pas Dieu que discerne alors ce théologien mais une idole taillée en plein dogmes…
Pourquoi cette religion plutôt qu’une autre ?
- Ça peut être par hasard, au gré d’une rencontre ou d’une opportunité. Dans un sens, c’est comme quand on joue d’un instrument de musique. Il y en a peut-être d’autres qui nous aurait bien plus, mais on ne peut pas tout jouer, ni changer d’instrument sans arrêt. Si cette religion vous convient, c’est à dire qu’elle vous permet d’avancer, alors c’est bien.
- Votre religion peut néanmoins être un choix personnel réfléchi. L’Evangile a quand même de sacrés atouts, à vrai dire, par rapport aux autres religions. A mon gout, ce qui st très subjectif, effectivement. Cette opinion n’est donc pas un jugement de valeur absolu, mais pour moi, la foi chrétienne c’est le top, et je n’en changerais pour rien au monde (ni dans celui là ni dans le suivant, le cas échéant). Par exemple : le fait que le jugement soit la bienveillance radicale de Dieu : cela me semble infiniment supérieur aux religions voyant le jugement évaluer la performance, cela ne me semble pas sympa, cruel, et faisant avancer les gens à coup de contraintes par chantage. Du coup, il me semble que ça tord la sincérité de celui qui prie ou qui donne un coup de main à son prochain si cela est fait pour suivre son propre intérêt ? Et bien d’autres facteurs qui me semblent géniaux dans la foi chrétienne.
- Mais par ailleurs, l’essentiel est quand même d’avoir un peu de religion, afin de pouvoir entraîner, affiner, approfondir sa foi en partie de façon personnelle et en partie avec d’autres. On compare souvent la religion à un chemin qui monte sur une montagne. Si le chemin monte toujours, il finira par atteindre le sommet. S’il y a plusieurs chemins qui montent sur cette montagne, tous mènent au sommet.
Pourquoi pas lire des livres de développement personnel ?
- De la philosophie me semble plus utile encore, car cela se situe à un autre niveau que celui du bon petit conseil.
- Pourquoi pas, en effet des conseils de développement personnel. Si cela a fait du bien à quelques personnes cela peut nous aider aussi. Et les philosophes de l’antiquité ont aussi développé des exercices pratiques.
- Pourquoi pas de la psychanalyse.
- Pourquoi pas de la méditation.
Oui, tout cela peut aider. Mais ça ne remplace pas la foi, la théologie, la prière, la confrontation au texte biblique. En effet, il y a là deux choses au moins qui sont à mon avis fondamentales :
- une ouverture à la source transcendante de la vie, du mouvement et de l’être (Dieu). C’est très bien de vouloir avancer, mais notre capacité personnelle à évoluer sont assez minces, il y faut souvent plus grand que l’humain.
- une humilité de se dire que nous ne sommes pas Dieu. C’est assez fondamental pour se comprendre et s’aimer soi-même, et ce monde, et les autres.
- Enfin, dans le cas de la foi chrétienne : cela nous stimule pour avancer, nous aide à avancer : mais nous dit que même si nous n’avançons pas nous sommes digne d’exister, de vivre et d’être heureux. C’est un excellent moteur. En particulier quand nous ne sommes pas à la hauteur : c’est là que Dieu ne nous laisse pas tomber, bien au contraire (comme dans le célèbre Psaume 23, ou dan sle Psaume 121, et bien d’autres). Soyez donc tranquille sur ce point aussi.
Sur la phrase de Khalil Gibran: qui peut dire « ces heures sont pour moi et celle-ci pour dieu » : très bien. Jésus associe pleinement les deux, et même les trois : pour Dieu, pour mon prochain, et pour moi. Mais je suis moins en phase avec la seconde « votre vie quotidienne est votre religion« . La vie quotidienne est la vie. La religion est autre chose. La religion est comme la séance de vélo d’appartement que l’on s’impose afin d’être en meilleure sante, d’avoir un corps plus mince, plus tonique. L’un est un moyen (la religion), l’autre est la vie. Et inversement, celui qui se dit : pas besoin de religion, ma foi se portera bien sans nourriture, sans exercices, sans un peu d’effort pour pousser ses limites… tant mieux s’il peut avancer dans son cheminement, mais ce n’est pas le plus évident et le plus facile. Et s’il avait un peu investi dans juste ce qu’il lui fallait comme religion alors il aurait peut-être encore plus avancé? C’est un peu comme une entreprise : dans les temps de bonne santé, il est une bonne idée d’investir dans la recherche et le développement. Je dirais de même pour les liens dans un couple : il y a la vie quotidienne et il y a des temps choisis afin de travailler cette relation, cette alliance. Je dirais la même chose pour la philosophie et la sagesse, pour la prière et la foi…
Mil mercis pour les encouragements !
C’est très fraternel.
Dieu vous bénit et vous accompagne
Bien amicalement
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