
Notre monde en déséquilibre, écologique, social, spirituel : vers quoi allons-nous ?
Question posée :
Bonjour
Je ressens profondément un déséquilibre, à la fois en moi et dans le monde. C’est comme si notre époque entière vacillait : crises écologiques, tensions sociales, perte de repères spirituels… Tout cela me paraît à la fois dangereux et difficile à vivre. J’en viens à voir que ce déséquilibre est en grande partie lié au capitalisme, qui me semble profondément opposé au message du Christ. J’ai l’impression que cette logique et le manque de spiritualité détruit le lien à l’autre, au monde et au divin, et qu’un basculement est nécessaire, une fin de cycle qui pourrait ouvrir vers un monde plus harmonieux.
J’essaie de chercher du sens à travers la foi, mais aussi en regardant comment nos sociétés pourraient s’éveiller à plus de spiritualité, par une meilleure compréhension de soi et des autres. Je fais le lien entre ce basculement écologique nécessaire et les grandes paroles de la Bible sur l’Apocalypse et la Parousie.
Mais je me sens souvent partagé entre l’espérance et l’inquiétude. Qu’en pensez-vous ? Pouvez-vous m’aider à avancer dans cette recherche ?
Réponse d’un pasteur :
Cher Monsieur
Bravo pour cette inspiration et ces recherches. Des élans comme cela donnent confiance en l’humanité pour avancer.
Le déséquilibre : une clé biblique pour comprendre la vie
Le déséquilibre est certes difficile à vivre. Mais fondamentalement, dans la pensée biblique, il n’est pas mauvais en lui-même. Il est la vie, il est mouvement. Le fait même de marcher suppose que l’on se mette en déséquilibre vers l’avant. Il est donc bon de se réconcilier avec le déséquilibre et de maîtriser notre déséquilibre.
La grâce de Dieu comme stabilité spirituelle
Pour se réconcilier avec notre déséquilibre, la confiance dans la grâce de Dieu est fondamentale, c’est là qu’est notre stabilité, notre sécurité : dans l’amour de Dieu qui nous garde. Afin de maîtriser notre déséquilibre, il me semble que vous apportez d’excellentes pistes pour avancer.
Foi chrétienne et différence avec d’autres spiritualités
Ce sont plutôt d’autres philosophies ou spiritualités qui auraient pour visée l’ataraxie, l’équilibre, la paix intérieure. Pour la foi chrétienne, ce n’est pas le cas. Jésus était un enthousiaste ardent, et il est pour nous « cheminement, fidélité et vie » (Jean 14:6) : c’est une dynamique et un mouvement, une sorte de processus de transformation ou de conversion vers un nous-même plus élevé, plus aimant, plus espérant.
Fidélité et attachements vrais : des repères dans le mouvement
Il y a des points fixes dans cette fluidité : Des relations d’attachements vrais (la fidélité), à Dieu (d’une part), à certaines personnes, et au monde, ce monde où nous sommes et que Dieu aime.
Une conversion du capitalisme : liberté et croissance réorientées
En ce qui concerne le capitalisme, je ne serais pas si catégorique. Ce dont nous aurions besoin est probablement un autre capitalisme, une conversion du capitalisme. Là encore, une évolution est à attendre, à travailler. Même si cela ne peut arriver qu’avec l’aide de Dieu, comme toute conversion :
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gardant la liberté de créer et d’entreprendre (essentielle dans la pensée biblique). La question est de convertir cette liberté de créer non pour soi (le péché est « incurvation en soi-même ») mais comme un service, en particulier pour le monde au sens large (dont notre prochain), vers la vie et non vers le chaos, à l’image de Dieu.
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gardant l’idée de croissance (essentielle dans bien des paraboles agricoles de Jésus, ou dans les « Psaumes des montées », par exemple, ou l’appel de la Genèse à croître et multiplier). La question est de convertir cette aspiration à une croissance infinie de la production en tenant compte du spirituel et du relationnel : être plus, plus élevé, plus fidèle.
Apocalypse et Parousie : une transformation intérieure
En ce qui concerne l’Apocalypse et la Parousie, je ne pense pas que ce soit très opérant de les penser en termes de venue ou de retour du Christ de façon cosmique. Le « oui » à Dieu ne passe que par l’individu. L’attente de la venue du Christ dans l’avenir est donc là. La question est que de plus en plus de personnes aient la chance d’être et de se sentir un petit peu plus « christiques ».
Le corps mystique du Christ : une humanité réconciliée
Que le « corps mystique du Christ », pour reprendre une image chère à l’apôtre Paul : une humanité réconciliée, avec la richesse de la diversité des membres, une place dans ce corps pour chacun avec la richesse de son individualité, une attention à l’autre. Paul l’explique merveilleusement en 1 Corinthiens 12 et 13, expliquant que cela ne peut se faire que par l’Esprit, cette part divine de chacune et chacun de nous.
Une crise d’adolescence de l’humanité
Dans ce processus, il me semble que nous en sommes effectivement à un moment de crise, comme une crise d’adolescence de l’humanité. C’est difficile et dangereux, l’adolescence. Mais, normalement, c’est pour devenir un petit peu adulte (même si ce travail est à poursuivre tout au long de notre vie, bien sûr).
Dieu, persévérance et souffle de vie
Je dirais : faisons confiance, par principe, à ce souffle divin. Dieu ne nous abandonne pas, il ne se résout jamais au pire, il nous accompagne et agit, ou essaye encore et encore d’agir. Avec cette persévérance de Dieu, sa positivité, sa patience pleine d’amour pour le monde et pour nous.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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