Monastère de Brou - photo MdB
Foi

Mes enfants prient Dieu mais ne voient pas l’utilité de la religion

Par : pasteur Marc Pernot

Monastère de Brou - photo MdB

Question posée :

Bonjour cher pasteur,

Je suis par ma naissance et par le choix de mes parents chrétien catholique et je dois vous avouer que « catholique » je ne le suis devenu (au fond de mon coeur donc par choix profond) que très récemment. Ce qui m’a amené à m’interdire de baptiser d’office mes deux enfants tout en gardant à l’esprit qu’il en va de ma responsabilité de leur faire découvrir objectivement les textes et concepts des différentes religions en rapport avec le monothéisme le bouddhisme et même la laïcité.

Aujourd’hui, mes enfants ont grandi (14 et 12 ans), ils sont dans une école catholique ouverte aux jeunes d’autres confessions, ils ont donc là bas la possibilité de se faire baptiser mais s’y refusent catégoriquement et pourtant ils croient fermement en Dieu et Jésus Christ.

Alors je leur ai posé la question; Pourquoi? Leur réponse: Papa les Eglises, les Temples, les Mosquées ne sont que des bâtiments construits par les hommes nous nous n’en avons pas besoin, notre monument c’est notre coeur.

Ce qui m’a amené à leur en poser une seconde: Mais vous êtes Bouddhiste, musulmane, chrétienne où autre chose?
On te l’a dit papa notre monument c’est notre coeur, on est en prise directe avec Dieu, nous n’avons pas besoin d’intermédiaires, tu sais nous prions souvent. Et c’est vrai je confirme, je les ai souvent surprises à prier ou me dire qu’elles avaient fait une prière pour telle ou telle cause qui leur tenait à coeur.

Je dois vous dire pasteur que là, j’ai ressenti une profonde tendresse, une joie intérieure comme si il était là le message de Dieu; aimez vous les uns les autres mais je vous avoues que comme tout parent je doute; Ais-je bien fait, ne suis-je pas dans l’erreur?

Que Dieu vous garde.
Merci pour votre réponse

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Oui, c’est hyper touchant, et c’est tout à l’honneur de vos enfants, et aussi un peu à votre honneur à vous.

Ils ont raison la maison de Dieu n’est ni l’église, ni la mosquée, le temple, la pagode, ni la lune, la maison de Dieu c’est effectivement nous-mêmes (en ce qui nous concerne, car Dieu est également immensément plus vaste, ou dans une autre dimension, comme source de ce qui existe).
Mais il n’en demeure pas moins que Dieu est en nous comme le disent vos enfants, mais aussi :

  • L’apôtre Paul nous dit « vous êtes le temple de Dieu, et l’Esprit de Dieu habite en vous » (1 Corinthiens 3:16),
  • Mais surtout, Jésus nous dit du Royaume de Dieu (la présence de Dieu qui change tout) : « On ne dira pas : Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au-milieu / au-dedans de vous. » (Luc 17:21).

Cela dit, il y a pas mal de chose en nous, et pas seulement cette présence active de Dieu en nous que l’on appelle parfois l’Esprit Saint. En nous s’exprime aussi des rêves et des désirs, des sentiments, des blessures anciennes qui crient encore leur douleur, leur soif, leur faim, il y a aussi en nous un besoin d’être reconnu, et un écureuil qui tourne en rond dans sa cage…

Il est donc utile de travailler cette présence, de l’entraîner, de mettre en ordre, de nourrir, de purifier, d’analyser ce qui est en nous. C’est à ça que servent les églises pagodes, temple, mosquée et synagogue. Ce sont des salles de musculation pour la foi et pour la réflexion, un entraînement pour être dans une bonne dynamique, une aide pour ne pas trop rester seul avec sa propre foi car alors il est possible que nous nous confondions trop facilement notre petite idée de Dieu avec Dieu lui-même. Pour cela il est utile d’entendre ce que d’autres disent de Dieu, en particulier dans les générations et les millénaires passés. C’est comme cela aussi dans le domaine des arts et de la connaissance, de la philosophie et de la science .

Mais je suis d’accord avec vos enfants, l’église doit être secondaire par rapport à la ligne directe avec Dieu, et l’objectif doit toujours rester ce lien direct, intime, personnel, libre et sincère. Alors oui, on peu choisir son église et son rythme, comme quelqu’un choisit de faire du foot ou du rugby ou d’aller soulever de la fonte dans une salle de gym ou de faire un peu de course… Il n’y en a pas un qui a tort et l’autre raison, cela dépend de chacun. Et il est bon de choisir un rythme adapté à notre forme. Mais l’essentiel n’est pas de soulever de la fonte ou de courir après un ballon, l’essentiel est de se faire du bien avec cela, par l’exercice et par l’entraînement de le faire avec d’autres.

Il y a aussi une 2e très grande utilité à fréquenter un peu l’église, c’est que d’autres gens ont besoin de nous et en y allant, nous les aidons aussi. Ils ont besoin de nous, de notre expérience de prière et d’étude.

Donc oui, l’essentiel est la relation directe à Dieu. Oui, on peut entraîner cela par des exercices personnels de prière, de lecture, de réflexion. Mais une part d’exercice avec d’autres personnes complète cet essentiel. Cela rend plus fort aussi, car en travaillant avec d’autres les questions théologiques, on se forme un sens critique, et l’on n’est moins influençable par n’importe quel habile et sympathique gourou (ils sont toujours très séduisants, sinon la secte ne marcherait pas). Et donc une certaine participation libre et critique de l’église nous aide à rester dans un beau cheminement personnel, sachant prendre et laisser de ce que l’on entend.

On peut se dire, qu’alors je vais aller un peu dans chaque lieu, goûter à un peu tout et picorer un peu partout. On a le droit, bien entendu. Mais c’est un peu comme quelqu’un qui veut faire de la musique, pas simplement en entendre. Il est possible d’apprendre à la fois le violon, la guitare, le saxophone et la trompette, puis de changer ensuite pour faire du clavecin et de la flûte… mais en jouant ainsi on n’apprendra jamais un instrument ne profondeur. Il vaut mieux en choisir un que l’on aime et le travailler en profondeur, bien explorer le répertoire, la finesse et les harmoniques de cet instrument en particulier. Cela n’enlève rien à la beauté des autres instruments, et à l’occasion on peut jouer à plusieurs. Et l’instrument n’est que secondaire, c’est la musique qui compte, et l’émotion d’en faire.

Bonne route à vous et à vos enfants dans tous les cas.
Dieu les bénit évidemment, avec ou sans baptême.

+ Amitiés,

pasteur Marc Pernot, église protestante de Genève

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