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Ethique

Ma fille de 14 ans ne veut plus nous accompagner à l’église, que faire ?

Un père et son fils naviguent sur un lac (illustration) - by Jeremy Hiebert https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/ http://www.flickr.com/photos/48728884@N00/26305186552

Question posée :

Bonjour,

J’ai grandi dans une famille catholique et j’ai épousé un protestant. Nous voulions que nos enfants connaissent Dieu et cheminent avec lui. Nous avons été pendant quelques années avec eux dans une église protestante évangélique mais nous avons fini par lui préférer l’église protestante pour des raisons théologiques. Nous nous sentons à notre place dans cette communauté, malheureusement ce n’est pas le cas de nos enfants. En particulier, ma fille de 14 ans qui ne veut plus nous accompagner à l’église et dit qu’elle ne croit plus en Dieu et qu’elle refuse de faire sa confirmation. Nous sommes très embêtés car c’est par ailleurs une enfant qui écoute et nous obéit mais elle semble s’être braquée sur ce sujet. Son frère qui a 17 ans ne vient plus à l’église et elle trouve cela injuste que nous l’obligions elle à venir et pas lui. Nous voudrions savoir si notre position est la bonne de considérer qu’elle doit nous accompagner jusqu’à un certain âge même s’il n’est évidemment pas question de l’obliger à se confirmer. Que faire pour lui redonner envie de partager ce moment avec nous ?
Merci d’avance pour votre aide,
Cordialement,

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Franchement, bravo pour votre cheminement. Sincère et vrai. Intelligent et responsable.

Bravo aussi à votre fille. Il n’y a rien d’inquiétant à son refus, rien qui remette en cause votre éducation en particulier religieuse, bien au contraire. C’est un acte de liberté et de responsabilité de sa part. Et c’est bien de la laisser libre. L’âge de la « conversion », si je puis dire, est à mon avis vers 30 ans (même pour Jésus). Alors, elle a le temps, et votre fils aussi.

Pour votre fils de 17 ans, cela ne pose pas de questions, vous avez raison. A 17 ans, après avoir suivi l’ensemble du cursus d’éducation religieuse, si cela a été à peu près bien mené, je suppose qu’il appris à débattre, à sentir la richesse et la diversité de ce que l’on entend par « Dieu », la vie, le bien, le bonheur, la prière. Il a touché quelques méthodes d’interprétation de la Bible. La profondeur des questions en ce qui concerne la vie et l’éthique… C’est comme le vélo, cela lui restera. Il a ainsi moins de risque de se faire attraper par un extrémisme quelconque, protestant, catholique, évangélique, musulman, ou athée (il y a aussi de l’intégrisme de ce côté là, bien sûr). En même temps il pourra facilement retrouver ces outils si l’envie lui prenait de laisser à Dieu une place dans sa vie.

C’est pourquoi vous avez bien fait de lui donner une base d’éducation religieuse, et peut-être même à le lui imposer plus ou moins. L’éducation, c’est cela. Il en est de même pour des questions moins essentielles pour la constitution de la personnalité que de ranger un petit peu sa chambre, faire ses devoirs et se brosser les dents.

L’objectif est que l’enfant puisse, ayant grandi, choisir en connaissance de cause. Votre fils a choisi de ne pas inscrire son parcours en dehors de l’église, et peut-être même sans faire place à une interrogation sur Dieu dans sa vie. C’est bien, finalement. Vous avez évidemment raison de respecter cela. Et cela pourra évoluer. En particulier s’il vous voit être vous-même engagé dans la foi d’une belle façon, sincère et respectueuse de ceux qui ont choisi une autre inspiration à leur vie.

Pour la petite sœur : elle aurait 11 ans, ce serait à mon avis normal de lui répondre qu’elle décidera plus tard mais que pour décider en connaissance de cause il est normal qu’elle fasse l’effort de découvrir un peu l’état de la question. Que cela fait partie de l’éducation, du bagage que vous pensez devoir lui donner pour sa bonne croissance, pour son bien.

A 14 ans, la question est plus délicate car c’est un petit peu entre les deux. Cela dépend de son degré de maturité, cela dépend et de la qualité de ce qu’elle a pu recevoir au catéchisme et de ce qu’elle recevrait encore, ou non.

Si c’est pour faire comme son grand frère, cela ne me semble pas une raison suffisante et si le grand frère a fait l’effort de poursuivre la formation religieuse jusqu’au bout, la cadette pourrait bien faire de même. Elle peut comprendre que ce soit une question de justice aussi. Elle veut suivre les traces de son frère, très bien mais que ce soit donc au même âge que son frère.

Pour soutenir la solution inverse : je pense qu’une fille de 14 ans est souvent plus mature qu’un garçon du même âge. Et il est bien possible même que la petite sœur de 14 ans soit plus mature que son grand frère de 17 ! Tout dépend. Mais il ne serait peut-être pas mal de la laisser libre dès maintenant de la laisser décider de ne plus aller à l’église.

Mais il peut y avoir aussi des solutions intermédiaires, résultat d’une négociation. Peut-être qu’elle accepterait de faire une année de pause en s’engageant à poursuivre après pour un an maximum ? Ou de poursuivre d’une autre façon par exemple en allant au culte 6 fois dans l’année, quand c’est le prédicateur qui l’intéresse un petit peu ? Ou arriver au culte en retard et quitter avant la fin pour ne suivre que la prédication ?

D’une manière générale, comment leur donner envie de laisser une place à Dieu dans leur vie ?

C’est vrai que quand on sait ce qu’apporte la foi, c’est quelque chose que l’on aimerait pouvoir offrir à chaque personne que l’on aime. Mais ça ne marche pas comme ça, comme on donnerait un objet sympa qu’il suffirait d’acheter et d’offrir pour que l’autre en profite avec joie, comme une voiture, un chalet à la montagne ou un tableau de Brueghel, un téléphone ou un ventilateur.

Comment donner envie à quelqu’un que l’on aime de s’intéresser à la question de Dieu dans sa vie ? La meilleure façon est de vivre soi-même sa propre foi, d’une manière authentique, sincère et donc libre et personnelle, pas de façon étroite et règlementée. Montrer simplement le bien que cela vous fait, sans affectation, sans démonstration, mais tout simplement, qu’ils vous voient partir au culte, à votre rythme, ni top ni trop peu dirais-je, qu’ils voient « traîner » une Bible dans le salon ou dans la chambre, emportée en vacances. Qu’ils vous entendent discuter d’un point de théologie et en quoi vous êtes en partie pas d’accord mais intéressés par la prédication du pasteur dimanche dernier… qu’ils voient que les dimanches où vous en avez envie vous choisissez joyeusement d’aller vous balader au lieu d’aller au culte. Qu’ils voient surtout que vous ne leur cassez pas les pieds là dessus. Il y a tant d’autres choses à partager comme bon moments avec eux. Mais peut-être vous accompagneront-ils, pour commencer, à une veillée de Noël le 24 décembre au soir en 2022 ?

Amitiés fraternelles
Dieu bénit et accompagne vos enfants, et aussi leurs parents

par : pasteur Marc Pernot

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