La mort ne faisait pas partie du plan initial de Dieu, elle est arrivée à cause du péché originel ?
Question posée :
Bonjour Pasteur,
on dit que la mort ne faisait pas partie du plan initial de Dieu et qu’elle est arrivée à cause du pêché originel de l’homme ; ma question va peut-être vous paraître naïve mais nous sommes obligés de mourir pour faire la place à d’autres , sinon,nous serions trop nombreux; du reste toute la création a un temps déterminé. dans son essence même… donc, je ne comprends pas ce qu’on veut dire par là. Merci pour vos éclaircissements 😉
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Votre question est excellente et montre bien qu’il n’est pas question de prendre ce texte de la Genèse comme un récit parlant d’un fait historique appartenant au passé. Ce texte parle du présent de l’existence humaine.
Le concept de « péché originel » a été inventé par Saint-Augustin au IVe siècle. C’est astucieux, mais assez étrange, et pose des problèmes logiques, comme vous le dites. Comment penser une seconde que cette petite rébellion contre Dieu, cette petite gourmandise qui ressemble à celle d’un enfant qui est allé piquer un bonbon dans la réserve malgré l’interdiction. Penser une seconde que Dieu garderait une mortelle rancune de cela ne ressemble pas du tout au Dieu d’amour que nous révèle Jésus-Christ.
Bien des théologiens pensent aujourd’hui que ce « péché » d’Adam et Ève est plutôt le péché fondamental qui consiste à idolâtrer son propre désir, à faire de la satisfaction de l’instant sa préoccupation ultime, prioritaire entre toutes. Cela est commun à toute personne, en effet, nous avons tous été un jour bébé, et le bébé ne pense qu’à lui, à avoir son lait et sa maman. Il faut toute une vie pour grandir et s’ouvrir à la foi, l’espérance et l’amour, comme le dit Paul. C’est ce dont il parle quand il dit :
« Le premier humain, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un Esprit vivifiant.
Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est naturel; ce qui est spirituel vient ensuite.
Le premier humain, tiré de la terre, est terrestre; le second humain est du ciel. »
(1 Corinthiens 15:45-47)
Chacun de nous participe aux deux : chaque cellule de notre corps a comme priorité de se nourrir et de subsister. C’est normal et bien heureux. Et nous sommes aussi, par l’amour et l’idéal, porté à nous dévouer, nous donner.
Vous avez raison, le texte de la Genèse évoque ainsi une part de mort comme conséquence du « péché ». Ce n’est pas que Dieu ne pourrait ni ne voudrait pardonner (bien sûr). Ce n’est pas pour faire de la place. C’est simplement une conséquence logique : c’est vrai que le « péché » fondamental introduit une part de mort dans notre existence humaine : tant que nous nous prenons pour Dieu, nous sommes coupés de Dieu. L’égoïsme nous coupe des autres et rendent choquant à nos yeux que le monde entier ne soit pas à notre service à nous adorer et nous servir en nous évitant de lever un petit doigt. Et tout cela nous coupe de la vie. A commencer par la qualité de vie, car cette qualité, en réalité, tient en grande partie dans le fait d’être relié d’une belle et authentique façon aux êtres qui nous entourent et à la source de la vie elle-même.
Que le péché appelle la mort peut être également pris comme une bonne nouvelle : celle d’une guérison possible, et celle que Dieu travaille avec nous à nous améliorer, à éliminer ce qui est souffrant et mauvais en nous pour laisser s’épanouir le meilleur de nous-même. Cette action de Dieu est ainsi une manifestation de l’amour, au même titre qu’une maman aide son enfant, et un médecin se penche sur une personne malade, pour tuer le virus ou l’infection, et que la personne vive.
Quant à la mort physique ? Je suis bien du même avis que vous quand vous parlez de « toute la création a un temps déterminé. dans son essence même ». Quand une personne a bien vécu tous les âges de la vie et qu’elle connaît alors la mort physique, cela me semble faire encore partie de la vie. Car la vie est mouvement, et il n’est pas idiot de voir la vie physique de notre personne sur terre comme une première étape, et le passage à l’étape suivante, non matérielle est la suivante, gardant vivant et repartant de ce qu’il y a de meilleur dans la personnalité profonde de la personne. La mort est alors un petit peu comme quitter la maison familiale pour aller à l’université quelque part, et avancer vers la suite de sa vie. C’est assez normal de partir un jour, même si, en général, on ressent un peu d’angoisse et que l’on a une larme à l’œil en s’éloignant de ce foyer où l’on a été aimé.
Malheureusement, il arrive que la mort ne soit pas cette mort normale, quand on est « vieux et rassasié de jour », mais une mort prématurée, qui ne nous a pas laissé le temps de vivre tous les âges, et que, doucement, notre personnalité s’épanouisse et se mature. La mort prématurée n’est jamais la volonté de Dieu, je pense. C’est pourquoi nous travaillons à ce que la vie de toute personne soit la plus belle possible, à protéger la vie. Et en faisant cela nous faisons équipe avec Dieu, le créateur de la vie. Comme le dit Jean « Dieu est lumière, et qu’il n’y a pas en lui de ténèbres. » (1 Jean 1:5)
Dieu vous bénit et vous accompagne
par : Marc Pernot, pasteur à Genève
Si vous voulez, vous pouvez voir aussi, dans le petit dictionnaire de théologie :
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Bonjour,
Je trouve vos remarques sur la question de la mort judicieuses et bienvenues, sauf qu’elles ne correspondent pas, à mon sens, au texte de la Genèse 3, qui est presque pénible à lire, et effectivement culpabilisant.
A tort, cependant, et je vous donnerai raison, si …Genèse 2 n’existait pas. Or, ce passage très ancien qui traite de la création de l’homme et de la femme, et qui est assurément plus ancien que Genèse 1, qui le précède, dit sans aucun détour qu’à peine le Seigneur Dieu a créé l’homme, et lui a octroyé un lieu pourvu d’arbres fruitiers, il le prévient qu’il lui déconseille solennellement de manger de l’arbre qui est au milieu du jardin (certes, il y a un peu de flou dans le texte qui dit d’abord que c’est l’arbre de vie qui est au milieu du jardin, mais qui lui associe ensuite immédiatement l’arbre de la connaissance du bien et du mal), car s’il le fait, il devra mourir (certes, on pourrait imaginer que le texte de Genèse 3 aurait ensuite influencé rétroactivement celui de Genèse 2, mais cette hypothèse est impossible à vérifier).
Du coup, si l’on saute par dessus cette hypothèse, oui, Saint-Augustin a sûrement inventé (au mauvais sens du mot) le « péché originel », car au moment où le Seigneur Dieu prévient l’homme de l’impossibilité de manger de l’arbre de vie ou de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ET de vivre éternellement, il n’y a pas encore de péché commis par Adam.
Au contraire, la phrase qui suit dans le texte de Genèse 2 nous apprend que le Seigneur Dieu a eu de suite (comme s’il s’agissait d’un remords) la préoccupation de donner à l’homme qu’il venait de créer un secours en face (ou une aide qui lui soit accordée, selon les traductions possibles), à savoir une compagne, la femme en l’occurrence.
Bref, on en est amené à se dire que la sagesse des auteurs du texte de la Genèse semble bien d’avoir considéré que la mort était un fait « structurel » (comme on aimait le dire à l’époque du structuralisme !), disons une limite normale pour parler simplement, et si l’on veut utiliser un langage plus théologique : un élément qui fait de la créature un être limité, comparée à son créateur, etc., etc…
Tout cela me paraît bien pauvrement logique, mais jje l’avoue bien volontiers, cela ne répond pas complètement, il s’en faut, à la question de votre correspondant…
Bien cordialement,
Wilfred Helmlinger.
Bonjour
Merci pour votre témoignage.
Dieu vous bénit et vous accompagne