une personne seule marche dans la neige, à côté d
Développement

Je suis quelqu’un de seul, cette solitude relationnelle me tracasse depuis longtemps

Par : pasteur Marc Pernot

une personne seule marche dans la neige, à côté d'une autre trace de pas - Image par Alexgan de Pixabay

Question posée :

Bonjour Pasteur
Je me permets de vous écrire car je ne sais plus que penser du comportement de bon nombre de personnes dans mon entourage proche et même dans notre société.

En effet, j’ai été élevée avec des valeurs chrétiennes par mes parents, valeurs que je m’efforce de respecter car agir ainsi, c’est suivre le Christ. Mais marcher dans Ses pas est chose difficile, suivre Ses enseignements, du moins respecter Sa Parole, s’efforcer d’agir en fonction de ce qu’Il a dit est vraiment ardu de nos jours. J’ai sciemment choisi de vivre en vérité, de ne pas me mentir, d’être dans la vérité déjà à mes propres yeux et, partant, aux yeux des autres. Et c’est là que le bât blesse car les gens me jugent et en profitent.

Il se trouve que je suis quelqu’un de seul, que je n’ai pas un réseau amical étendu, même très loin de là. Voilà, c’est dit. Et cette solitude relationnelle me tracasse depuis très longtemps. Une dame qui me connaît très bien m’a dit que j’étais trop transparente, que je m’impliquais trop dans mes relations, que je m’emballais trop vite. Elle a raison car je constate à quel point les gens profitent de ma gentillesse. Elle m’a dit l’autre jour que ce n’est pas moi qui choisissais mes amis mais eux qui me choisissaient et qu’il était nécessaire de changer d’attitude.

Je suis en train de vivre un échec relationnel avec une collègue de travail qui ne comprend pas que je ne suis pas à sa disposition. Elle m’a dit que j’étais une amie mais qu’elle ne voulait surtout pas de problèmes et que nous n’avions pas de comptes à nous rendre. Elle veut néanmoins toujours savoir pourquoi je ne peux pas me rendre à telle sortie culturelle. J’ai dit stop à ce qui relève, pour moi, de la manipulation.

Je vous dévoile ma solitude. Tout n’est pas si sombre, non plus. Je vis de très beaux moments, vraiment, des moments de grâce et je pense toujours au Seigneur que j’aime infiniment. Mais ce qui me blesse beaucoup, c’est cette solitude relationnelle, amicale. Je ne sais que faire pour construire un réseau solide, durable où il n’y ait pas de rapports de force, de domination comme je le vis actuellement avec cette collègue de travail. Je souhaiterais construire des relations amicales simples, sans emprise sur l’autre.

Tout cela me tracasse beaucoup au point d’avoir du mal à prier. Je ne sais que dire au Seigneur, que Lui demander par rapport à cela car je reconnais avoir passé une année et demie à faire des prières de demande. Et cela, ce n’est pas bon du tout. Dieu sait que je suis quelqu’un de seul.

Je vous remercie infiniment.
Que le Seigneur soit avec vous et tous les chrétiens de France et du monde.

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Je pense qu’en vérité, personne n’a énormément de vrais vrais amis. C’est rare, contrairement à ce que l’on pense et contrairement à ce que disent les gens, voulant se vanter un peu, ou se rassurer eux-mêmes. La plupart des gens que je connais n’ont qu’un ou deux vrais amis, beaucoup n’en n’ont pas un seul et n’en n’ont jamais eu.

Les gens rigolos et sociables sont entourés de beaucoup de connaissances, ils les appellent des « amis », mais combien de ces personnes viendraient vraiment à leur secours en cas de dépression ou s’il était dans la rue et avaient besoin d’être hébergé dans le salon pendant 6 mois ? Au vue de ce que me disent des gens qui traversent une situation difficile, c’est là que l’on compte les vrais amis et ils sont bien sûr très très rares. Alors on a le droit d’aimer vivre entourer de mille connaissances, passer de fêtes, à spectacles, et rencontres… chacun son style, mais je ne suis pas certain que ce soit toujours très profond, ni que ce soit la clef du bonheur. Ni que ce mode de vie vaille mieux qu’un mode de vie plus solitaire. Il est possible de tirer d’une vie trépidante une réelle qualité d’être, d’amitié, d’intériorité, de compassion. Il eme semble en tout cas que dans ce domaine de l’édification de voter qualité d’être vous vous en sortez vraiment bien.

Il me semble donc que vous êtes tout à fait en forme et « normale », même si votre façon d’être n’est pas ce que « les gens » considèrent comme une vie épanouie (sous pression plus ou moins consciente de l’ambiance toujours un peu futile de toute société). Il n’y a aucune honte à avoir par rapport à ce que vous êtes. Vous êtes un peu réservée, donc vous ne faites pas partie de ces personnes festives qui vivent tout le temps en bandes et en frénésie d’activités. Ce n’est pas plus mal, chacun sa personnalité et son mode d’être.

La question, je pense, c’est que vous me semblez espérer être une autre que ce que vous êtes. Pourquoi pas : on a le droit de choisir d’évoluer dans tel ou tel sens. Encore faut-il que ce désir de changement corresponde à votre aspiration profonde, pas seulement à cause de la pression extérieure Or, manifestement, vous êtes très bien comme vous êtes, sincère, ouverte, réservée, amicale, simple, fidèle, croyante, serviable, intelligente… Et cette aspiration à devenir mieux que ce que vous êtes est une excellente chose. Cela commence par se connaître soi-même un petit peu (ce que vous faites), puis : aimer ce que vous êtes, votre personnalité et vos qualités, et bâtir là dessus, en perfectionnant chaque jour, chaque année un petit peu, corrigeant tel travers, à l’occasion, si possible, et se donnant quelque objectif raisonnable de cheminement, se donnant les moyens et exercices pour travailler à cet objectif. A votre rythme.

C’est comme dans l’amitié, ou dans le couple, il faut déjà aimer l’autre tel qu’il est, même s’il ne changera jamais. Et à partir de là, on peut essayer d’espérer quelque infléchissement de sa trajectoire, avec un infini respect, plus par l’encouragement que par la critique. C’est la même chose pour soi-même. Il est bon de s’aimer tel que l’on est, avec nos qualités et nos défauts, avec notre façon d’être. C’est respectable, cela a sa valeur propre, en soi. Et donc ne pas demander à Dieu d’être un autre que ce que nous sommes. Juste lui demander de nous donner ce qu’il pense utile de nous donner aujourd’hui. Et ensuite ouvrir l’œil, et le bon, pour profiter des bonnes occasions, qui ne correspondent pas forcément à ce que l’on attendait ni espérait et qui est peut-être mille fois mieux.

Et vous avez raison de ne pas vous laisser manipuler. C’est très difficile effectivement de savoir faire la part de l’ouverture et de la gentillesse, mais sans s’épuiser soi-même et sans laisser trop s’exprimer le mal en laissant les profiteurs profiter. Jésus lui-même le fait, quand il chasse la foule et même ses plus proches disciples pour prendre un temps de repos, de solitude et de prière.

Et vous pouvez vous investir dans un peu de bénévolat, dans votre paroisse catho, par exemple, pour aider au catéchisme des enfants, être à l’accueil, plier les feuilles, participer à la liturgie… ou dans une association caritative diverse, ou dans le club de danse baroque ou de tango, ou d’escalade, de ski, de virées en moto, d’ornithologie, de peinture sur bois… afin de changer un peu de cadre.

Donc bonne route à vous, vous êtes formidable, je le pense vraiment. Mes vœux de 1000 bénédictions, plein de bonnes surprises pour vous et pour ceux qui vous sont chers grâce à vous !

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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