Je suis père d’une famille de quatre enfants, marié et nous vivons en enseignant la Bible a nos enfants (nous sommes catholiques)…

Par : pasteur Marc Pernot

Transmettre est plus un geste qu’un contenu. A commencer par celui de la louange.

Question posée :

Bonjour , je me permets de vous écrire ,
Je suis père d une famille de quatre enfants , marié et nous vivons en enseignant la Bible a nos enfants (nous sommes catholique).
Cela fait quelques années que je ne suis plus en accord avec les dogmes de l église catholique et je me suis mis à réétudier la Bible de façon personnelle pour avoir mes réponses car je recherchais la christologie primaire des premiers chrétiens et je me suis rendu compte que les hommes ont imposé énormément de règles qui ont beaucoup changé le message a la suite des apôtres , je me suis donc intéressé au protestantisme et je retrouve beaucoup de réponse ( je ne comprenais pas la vénération de Marie ,le fait que l’on dise qu’elle n a pas eu d enfant après Jésus , la vénération des saints, le symbole de la Cène …) Mais surtout je ne comprends pas que Jésus soit dieu le Père pour ma part je considère qu il n’y a qu’un seul dieu le créateur de tous, qui a agit pour nous sauver a l’aide de l homme Jésus (le seul médiateur entre dieu et les hommes)dans lequel le verbe de dieu s est incarné je reconnais donc la divinité a travers Jésus mais il n est pas dieu le Père .J ai vraiment besoin de réponse car les enseignants bibliques me sont essentiels et je me dois de transmettre les paroles de dieu de la meilleure manière a ma famille.merci

Réponse d’un pasteur :

Bonjour Monsieur

Et félicitation pour cette magnifique démarche faite d’authenticité, de recherche, et de foi sincère.

Je suis tout à fait du même avis que vous en ce qui concerne Dieu et Jésus. Il me semble que ce que vous dites est une façon de comprendre les évangiles qui est tout à fait fidèle. Cela dit, si d’autres chrétiens pensent leur foi d’une autre façon, c’est leur affaire (tant qu’ils ne prétendent pas imposer leurs croyances aux autres, disant que c’est LA seule façon d’être chrétien).

Avoir une sensibilité chrétienne comme la vôtre n’empêche pas nécessairement d’aller à la messe le dimanche, ou au culte. De toute façon il me semble essentiel « d’en prendre et d’en laisser » sur ce que l’on entend dans un culte, une messe, ce que l’on lit dans les livres et dan sle sites, de ce que nous disent aussi les personnes de notre entourage. Car sinon, on a le fonctionnement d’un adepte tombé dans une secte. Il est possible, et salutaire d’aller à son rythme au culte ou à la messe, précisément poru se laisser surprendre, pour réveiller notre questionnement. Cela ne marche pas moins bien quand nous ne sommes pas d’accord avec ce qui s’est dit. C’est un heureux complément de la foi et de la réflexion personnelle, de la recherche dans notre intimité (qui doit rester l’essentiel de notre foi, de notre relation confiante avec Dieu, les exercices en église étant au service de cette dimension essentielle, si intime de la foi). Ce que j’entends m’énerve effectivement parfois, je dois le reconnaître, en première écoute, par surprise, puis cela va mieux quand je prends les paroles du ou de la pasteur ou du prêtre comme un témoignage personnel de sa part. Je trouve cela touchant (s’il me semble qu’il ou elle s’est investi sincèrement dans ce qu’il dit). Et cela me donne l’occasion de me poser la question de ce que je pense, d’y ajouter une inflexion ou un ajout.

Ensuite, je suis bien d’accord avec vous, mieux vaut choisir une église où on se sent suffisamment en phase avec ce qui se vit. Et surtout une église qui nous accepte tel que nous sommes. Bien sûr.

Pour ce qui est des gestes en église, il y a des paroissiens très très fidèles qui ne communient pas : cela leur appartient. En effet, il y a bien des façons de s’ouvrir à la présence réelle de Dieu, Jésus dit même que la principale façon est la prière personnelle, seul dans sa chambre porte fermée. Personne, de toute façon me semble être habilité à juger des exercices de piété d’une autre personne (tant que cela ne perturbe pas la vie des autres, bien entendu). En particulier, personne ne peut nous obliger de prier qui que ce soit d’autre que Dieu, celui que Jésus appelle son Père et notre Père, puisque c’est lui que Jésus nous propose de prier en son nom. Si cela inspire d’autres personnes de prier tel ou tel saint ou sainte, de prier Jésus (ce qu’il ne nous a jamais demandé, bien sûr), cela leur appartient. Et si cela inspire certaines personnes de contempler une hostie consacrée, de prier devant un cierge ou un crucifix… et que cela épanouit leur foi en Dieu, que cela ouvre leur cœur à la compassion : cela est réjouissant pour eux.

Ce qui me semble essentiel de transmettre à votre famille c’est ce qui vous anime :

1. La relation à Dieu en ligne directe, la confiance en lui, qui est la source de la vie.
2. C’est aussi la lecture des évangiles, cherchant dans chaque passage ce que Dieu pourrait avoir à me dire à moi personnellement.
3. Et c’est de rejoindre de temps en temps une assemblée d’autres personnes cherchant Dieu.

Ce qu’il me semble bon de transmettre est ainsi plus un geste qu’un contenu : un geste de louange, un geste de recherche, un geste de confiance en Dieu, un temps mis à part dans notre journée et notre semaine pour exercer cette ouverture à Dieu. Et les fruits de cette foi dans nos actes envers les autres, et grâce aux autres.

Vos enfants ont bien de la chance d’avoir votre témoignage vécu. Ils en feront ce qu’ils voudront, ce qu’ils pourront. Eux aussi en prendront et en laisseront, c’est bien. Cela leur appartient, en tout cas, ils auront eu la chance de partir de quelque chose de profond et de vrai. C’est une bénédiction.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot