Je ne sais quelles sont les caractéristiques du protestantisme. Les interdits, devoirs, comment prier…

Choisir la foi – Construire sa façon de chercher Dieu – déployer ses ailes.

Question posée :

Cher pasteur,

Aujourd’hui je vous écris car je suis perdu dans ma foi.
Je crois en Dieu, et je le prie chaque soir.
Cependant, j’ai grandi dans une famille catholique pratiquante mais je n’ai jamais vraiment su trouver ma place au sein de l’Église catholique, j’ai du mal avec les pratiques et leurs croyances.

Ainsi, en m’intéressant au protestantisme, je me rends compte que cette religion me correspond d’avantage. Plus simple et plus concrète à mon goût puisque les croyances de celle-ci reposent uniquement sur la Bible. Malheureusement, je connais peu et sûrement mal cette religion. Je viens donc vers vous afin que vous puissiez m’en dire d’avantage, et m’aider à trouver ma foi. Je précise que je suis en pleine lecture de la Bible.

Je ne sais quelles sont les caractéristiques du protestantisme. Les interdits, les devoirs, les droits, comment prier, les fêtes célébrées, etc.
Actuellement je prie seule en me couchant, sans signe de croix, uniquement les mains croisées et les yeux fermés, sans réciter le Notre Père. J’appelle Dieu : mon Dieu, mon Père, mon Roi ; je le prie et lui demande d’entendre et recevoir mes prières et le remercie chaque fois, puis je promets d’être chaque jour une meilleure personne, et de lui être reconnaissante.

Comment savoir si je suis catholique ou protestante ?

Merci par avance de votre aide.

Bien à vous,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir.

Bravo pour votre démarche que je trouve si belle, sincère, intelligente.

Vous trouverez plein de conseils sur le site pour lire la Bible, prier, des bases de théologie aussi. Ce sont des conseils, pas des obligations. Les exercices religieux, le rythme, la forme qu’on leur donne sont à déterminer par chacun en fonction de sa sensibilité et de ce qui lui réussit, selon sa propre expérience. C’est donc à ajuster.

Caractéristiques du protestantisme et liberté chrétienne

La difficulté avec l’étiquette « protestantisme », c’est que n’importe qui peut se déclarer protestant. Il faut donc se méfier là où on met les pieds quand même. Surtout garder cette liberté chrétienne, sans se laisser impressionner par les « faut croire ceci », « faut faire cela », mais « surtout ne pas penser ou faire cela » pour être une bonne chrétienne… ce ne sont que les signes de ce désir naturel d’imposer son propre point de vue aux autres (ce qui est la forme humaine du combat de vaches pour être reine de l’alpage).

Église protestante réformée : foi et responsabilité personnelle

Mais en ce qui concerne les églises comme l’église protestante de Genève (église protestante « réformée », il y a des églises de ce genre un peu partout dans le monde, je ne sais pas où vous êtes) : l’idée de base est de conduire chaque fidèle à penser, à prier, à agir en liberté, à sa façon, selon sa conscience. Chacun étant en ligne directe avec Dieu, sans intermédiaire, sans dogme obligatoire, sans interdits a priori. C’est donc très épanouissant et en même temps c’est plus exigeant car cela demande de se poser des questions, de faire le point, de discerner par soi-même, de réviser ce que l’on pensait.

Votre démarche est donc parfaite. Peut-être un peu trop exigeante vis-à-vis de vous-même, au lieu de « je promets d’être chaque jour une meilleure personne », vous pourriez dire « je vais essayer, avec l’aide et le pardon de Dieu, d’être chaque jour une meilleure personne ». Et de se donner tranquillement les moyens d’avancer. C’est vrai que cela demande un minimum d’investissement pour penser et pour prier par soi-même.

C’est super de lire la Bible, un petit peu chaque jour quand c’est possible. J’ai proposé dans le site de commencer par lire deux évangiles (par exemple Matthieu et Jean, ou Luc et Jean), car c’est pour nous, chrétiens, l’essentiel. Ensuite, il est effectivement bon d’aller lire d’autres livres, mais certains sont moins nourrissants pour la foi, et peuvent être lus après. Pour vous aider à voir un petit peu comment on peut tirer du sens de ces textes antiques, vous pouvez picorer, par exemple, dans ces simples versets médités, ou dans les prédications (plus compliquées), les « études bibliques« , aussi. Mais ce n’est que pour vous aider à acquérir un petit peu les gestes, l’essentiel est votre propre interprétation, car en interprétant c’est aussi vous-mêmes et votre monde que vous interprétez, ce que personne ne peut faire à votre place.

Je vais essayer de répondre à vos questions précises. Il s’agit de tendances, puisque nous sommes dans la liberté sans hiérarchie. Chacun a bien le droit de dire : « Voilà ma façon à moi d’être protestant. »

Les interdits dans le protestantisme

L’apôtre Paul écrit : « Tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout ne construit pas. » (1 Corinthiens 10:23), cela résume la pensée protestante sur les interdits. En effet, en Christ nous sommes dans la confiance dans la grâce de Dieu (son amour pour notre personne, sans condition comme tout amour vrai). C’est infiniment plus épanouissant que d’avoir une religion qui donne des cadres de ce qu’il faut penser et ce qu’il faut faire et ne pas faire, c’est aussi plus exigeant : cela demande à chacun de se faire sa propre idée, puis d’essayer de suivre ce que l’on a décidé.

C’est vrai que Jésus était un juif pratiquant les interdits du judaïsme, mais il le faisait de façon très souple et créative : il ne respecte pas toujours la règle du Sabbat, il laisse libre ses disciples de ne pas les suivre non plus. Il mange avec des personnes pas recommandables au point de vue de la religion… Et surtout, il apprend à ses disciples à ne pas juger (Matthieu 7 :1). Se sentir libre des interdits officiels, certes, mais ne pas non plus imposer aux autres ma façon de pratiquer.

On ne peut donc pas laisser une personne agir dans l’église en méprisant, en rejetant une autre personne pour quelque motif que ce soit (et encore moins si c’est fait soi-disant au nom de Dieu, ou du Christ, ou de telle interprétation d’un passage de la Bible). Cela afin que nos rassemblements soient des endroits où toute personne est en sécurité.

• Voir aussi cette question posée par un visiteur : « En tant que chrétien, selon vous, tout m’est permis, c’est bien cela ?« 

Les devoirs dans le protestantisme

La seule « confession de foi » (croyance) demandée pour être protestant est « Jésus-Christ » (ou « Jésus-Christ est le Seigneur »), c’est-à-dire que l’on pense que la personne de Jésus dont parlent les évangiles de la Bible apporte à l’humanité quelque chose de décisif pour vivre et espérer. Ce n’est pas du mépris ni un rejet des personnes qui pensent autrement, seulement une église chrétienne est un club où l’on s’intéresse à Jésus-Christ.

Cette confession de foi sur Jésus-Christ n’est bien entendu pas obligatoire pour assister à un culte, aux groupes bibliques ou théologiques, ni pour inscrire ses enfants au catéchisme. Elle est plutôt demandée lors d’un baptême d’adulte.

Les autres devoirs du protestant sont plus un appel à la responsabilité personnelle, en conscience. Et donc à se donner les moyens (librement) sur la façon dont on espère nourrir sa foi, sa prière, sa réflexion, son cheminement de vie.

Et puisque nous pensons que la liberté est un don de Dieu, le devoir de la personne protestante est de se réjouir de la diversité des sensibilités.

Sinon, comme devoir, on peut rappeler ce que Jésus lui-même met en avant : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »  (Marc 12:30-31). À noter que le devoir d’aimer Dieu avec intelligence est important et typique de Jésus. Cela encourage chacun à prier à sa façon (particulièrement dans son intimité), à travailler sa propre pensée théologique et morale, à chercher sa propre vocation de service, et enfin à développer cette personne géniale que nous sommes en particulier.

Les droits de la personne protestante

Nous pensons que chaque personne a le droit de vivre, de penser, de prier, d’être heureuse et de rayonner librement. C’est le principe même de la grâce de Dieu. Et cela s’applique très concrètement à la vie de chaque personne.

Nul ne détient le label « être chrétien » (sauf Jésus-Christ), ni d’ailleurs « être protestant », puisque nous n’avons pas d’autre directeur de conscience que Dieu lui-même. Chaque personne a donc le droit de se déclarer chrétienne si elle se sent chrétienne, et de se déclarer protestante si elle choisit de se reconnaître dans cette sensibilité.

La personne protestante a le droit d’aller à toutes les activités proposées aux paroissiens de sa tranche d’âge. La personne protestante a le droit d’y aller à son propre rythme, ou seulement à telle activité et pas à d’autres, sans être critiquée pour cela. Elle peut même choisir de ne pas fréquenter les activités de l’église, parfois cela dépend de périodes de notre vie. L’Église offre des services offerts pour aider les personnes à nourrir leur foi et leur pensée. L’essentiel est que la personne avance le mieux possible. C’est vrai que chaque fois que l’on participe, c’est aussi un service que l’on rend à d’autres, un témoignage et une occasion de rencontre, d’échanger une attention mutuelle.

Dans l’église protestante, tout ce qu’un pasteur peut faire peut être fait également par un fidèle de la paroisse, après une formation et en accord avec l’église afin de noter dans les registres la mémoire des baptêmes, cérémonies de mariage, confirmations, services funèbres. On a bien entendu le droit de faire un culte chez soi avec ses amis ou sa famille, c’est un vrai culte tout autant que celui présidé par le pasteur dans la cathédrale.

Comment prier dans le protestantisme

Pour reprendre ce que Jésus enseigne, l’essentiel est ce qui se joue dans la prière intime, personnelle, secrète de la personne avec Dieu (Matthieu 6:6). En effet, quand on prie à haute voix devant d’autres personnes, nous pensons à Dieu, certes, mais aussi aux personnes présentes (heureusement). Cela peut troubler l’authenticité de notre relation à Dieu.

Pourtant nous prions pendant le culte, mais ce n’est pas le principal, c’est dans l’espérance que cela nourrisse la prière de chacun.

La prière est tout à fait libre, aussi bien du point de vue de la fréquence que du moment choisi. J’ai mis sur le site des conseils pour prier, et se sentir autorisé à prier tel qu’on le sent.

Les fêtes célébrées par les protestants

Le dimanche (chaque dimanche de l’année) est sans doute la principale fête. Celle qui nous apporte le plus. Il y a aussi des fêtes qui ont été développées afin de nous donner des occasions pour avancer dans la foi. Pour les plus importantes, ce sont les mêmes que celles des chrétiens catholiques : Noël, Pâques et Pentecôte, principalement. Plus quelques autres : les Rameaux, l’Ascension, la Réformation. Et encore d’autres : l’Épiphanie, la Chandeleur (pour ceux qui aiment les desserts sucrés).

• Pour aller plus loin : article « Les fêtes chrétiennes : des occasions pour avancer dans la foi. »

Choisir entre catholicisme et protestantisme ?

C’est à chacun de trouver ce qui lui convient, selon sa propre sensibilité. À ce que vous me dites, vous seriez plutôt protestante puisque vous avez du mal avec les pratiques et les croyances catholiques. Mais ce n’est pas parce que vous seriez de sensibilité protestante, et même une protestante allant au culte assez régulièrement, que vous ne pourriez pas aller de temps en temps à l’église catholique avec vos proches. Nous avons le même Dieu, le même Christ, la même Bible, le même baptême, le même Esprit Saint (ou Saint-Esprit) et bien d’autres choses en commun… Nous n’avons seulement pas de pape ou de hiérarchie entre Dieu et nous pour nous dire que penser et que faire.

N’hésitez pas à poser des questions, à votre service. Vous pouvez aussi débarquer au culte dans l’église protestante la plus proche de chez vous pour voir comment ça se passe, et discuter à la sortie avec le pasteur (ou prendre rendez-vous avec lui).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot