Je ne peux plus supporter que l’on me dise : tu DOIS honorer ta mère, c’est comme si on disait à une fille violée par son père se s’en occuper
Question posée :
Cher Pasteur
Je viens de lire un témoignage, d’une femme qui vous demandait un conseil , et j’ai été extrêmement touchée par votre approche.
Je fais partie d’une église protestante évangélique, j’aime mon église , mon pasteur, il est très ouvert et bienveillant.
J’ai 59 ans . J’ai une mère très difficile. Elle a commis des actes envers moi dont j’ai du mal à parler, elle me déstabilise encore aujourd’hui, malgré une thérapie, sa présence m’angoisse car elle me condamne sans cesse. J’essaye de m’en occuper de mon mieux ( mon père a fuit il y a longtemps) mais là , elle me manipule en mettant son âge 84 ans en avant et à chaque fois que je l’invite, soit elle ne parle pas , elle boude , soit elle est extrêmement désagréable. Ma fille, mon mari ne veuillent plus la voir et toutes façons, elle est isolée, car elle ne supporte rien . J’ai tout fait : thérapie, donner de l’amour comprendre, pardonner…. Tout. En gros , la relation est déplacée car elle me prends depuis toujours pour sa mère et attends de moi cet amour, que j’ai pour ma fille ( c’est du à son histoire) Aujourd’hui je suis épuisée et j’ai mis de la distance.Je ne veux pas porter le fardeau qu’elle me met . Mais je culpabilise et je n’ai pas vraiment la « consolation, l’écoute de ma souffrance dans mon eglise , dans laquelle je me sens très bien et je n’ai aucun problème avec mon pasteur !
Je ne peux plus supporter que l’on me dise : tu DOIS honorer ta mère. Je l’ai fait un million de fois. Pour moi c’est comme si on disait à une fille violee par son père se s’en occuper et de l’honorer dans sa vieillesse alors qu’il lui met encore les mains aux fesses .
Je me suis repentie, j’ai demandé pardon, mais j’ai toujours mal et je culpabilise. Merci pour votre réponse.
Soyez béni
Réponse d’un pasteur :
Bonsoir
Hélas, vous êtes victime de ce moralisme aveugle qui fait tant et tant de souffrance. Au Hit parade des commandements qui font un mal terrible, il y a :
- tu DOIS honorer ton père et ta mère
- et tu DOIS pardonner
Le plus cruel c’est quand ces commandements viennent frapper précisément des personnes gravement victimes. Non seulement elles ont des blessures qui peuvent être encore vives, mais en plus ces commandements viennent retourner le couteau dans la plaie, viennent culpabiliser ces victimes, et viennent leur faire penser qu’elles seraient de mauvaises personnes car elles ont du mal à faire ce qu’on leur dit qu’elles devraient faire. Le pire c’est quand ce moralisme est donné au nom de Dieu. Car non seulement la victime culpabilise d’être victime mais cela accuse et trouble sa relation à Dieu, accusant sa foi. Quelle injustice et quelle cruauté pour la personen qui précisément aurait besoin dans sa situation de recevoir de la compréhension, et même de la compassion.
Ces commandements sont parfaits pour décrire le cas idéal rêvé, on est d’accord :
- il est bon d’arriver à pardonner, c’est un soulagement de ne plus avoir cette blessure vive dans le cœur et ce cri de souffrance qu’est la colère.
- il est bon d’avoir une mère pleine d’amour, avec qui on a une belle complicité, chaque rencontre étant une bénédiction pour les deux, tout au long des nombreuses décennies.
Oui, mais la vie est parfois plus compliquée, hélas.
C’est pourquoi il est extrêmement précieux que nous ne soyons plus en Christ sous le joug d’un moralisme étroit, aveugle, mais sous la grâce de Dieu.
Comme le dit l’apôtre Paul : « Dieu nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie. » (2 Corinthiens 3:6).
En Christ nous avons connu que Dieu nous comprend.
- Le pardon est comme un processus de cicatrisation du corps. Cela ne se fait pas instantanément, et parfois il reste une cicatrice douloureuse. C’est vrai pour la peau, c’est encore plus vrai pour le cœur.
- Quand on a une mère maltraitante (ou un père agresseur comme vous dites), il n’est pas certain que l’on soit la personne la mieux placée pour l’assister car cela ne l’aide pas de continuer ainsi à être en position de vous faire encore du mal.
Bien sûr, comme vous le dites, il est bon de faire ce que l’on peut pour avancer. Mais parfois ce serait pour nous comme de devoir traverser l’atlantique à la nage, on ne peut tout simplement pas.
Je pense que l’on sait très bien au fond de soi-même quand on a atteint nos limites d’aujourd’hui et quand on pourrait y arriver en faisant un peu plus d’efforts. Notre conscience, par l’Esprit, nous éclaire là dessus. C’est ce que vous avez manifestement laaaaaargement placé devant Dieu dans la prière. La réponse que vous avez discernée me semble juste. Il n’est pas bon, ni pour vous ni pour personne, de culpabiliser. Vous êtes la victime. Il serait odieux de vous accabler des conséquences. Vous n’avez pas à continuer à demander pardon de ne pas faire ce que vous ne pouvez pas faire.
Au contraire, Christ nous dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos pour votre âme » (Matthieu 11:28)
Vous pouvez déposer ce fardeau. Recevoir la paix et non un couteau qui, encore et encore, fouille votre blessure.
Et simplement à chercher à faire au mieux. Peut-être, souvent, qu’entre tout et rien il existe des possibilités ? Peut-être que vous pouvez faire aider votre mère au lieu de l’aider directement ? Et communiquer avec elle selon votre propre rythme, vos propres modalités, cessant dès qu’il y a le moindre malaise, bouderie ou parole déplacée, ne serait-ce qu’un coup de fil de temps en temps, très court, du genre « bonjour maman, je voulais te dire que je t’embrasse, bonne journée, au revoir. », point.
Mais si ce n’est pas possible, ne le faite simplement pas. Ou pas pour l’instant, attendez tout simplement en paix tant que vous ne le sentez pas.
Dieu vous bénit et vous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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