30 janvier 2020

Une statue d'ange, à l'air un peu triste, sur fond de ciel nuageux et rouge - Image par Lolame de Pixabay
Ethique

Je n’ai plus de haine pour cette personne, simplement je ne lui parle plus, est-ce du pardon ?

Par : pasteur Marc Pernot

Une statue d'ange, à l'air un peu triste, sur fond de ciel nuageux et rouge - Image par Lolame de Pixabay

A mon avis, on ne peut parler du pardon que comme une grâce. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, on fait ce que l’on peut à son rythme.

Question posée :

Bonjour

Voilà, j’aurais une question à vous poser que je me pose depuis quelques temps, je ne parle plus à une personne depuis très longtemps et je voudrais savoir comment lui pardonner je n’ai plus de haine mais simplement je ne lui parle plus et je voudrais savoir si pardonner 77 fois c’est pardonner envers Dieu

merci

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Le fait que vous n’ayez plus de haine est déjà une excellente chose pour vous. Cela montre que la blessure reçue n’est plus infectée et que la mauvaise chose subit ne continue pas à vous frapper encore et encore.
Effectivement, je pense que le pardon, c’est cela : ne pas vouloir du mal à une personne qui vous a blessée, lui vouloir même du bien, ne serait-ce que lui vouloir ce bien qui consiste à ne plus faire à son prochain ce genre de mal qu’il vous a fait. Et quand Christ nous commande d’aimer, ce n’est pas avoir nécessairement des sentiments d’amitiés pour cette personne, mais de lui vouloir du bien, de lui souhaiter du bien.
Ensuite, est-ce que vous devriez avoir des relations avec cette personne ? Cela dépend. Ce n’est pas toujours le cas. Cela dépend de plusieurs paramètres :
  • Même si votre plaie est cicatrisée, il reste toujours une cicatrice, un point qui reste plus fragile et sensible. Il ne serait pas utile, ni pour vous ni pour l’autre personne, que cette plaie soit rouverte. Par conséquent, si la personne n’a pas vraiment changé, si elle n’a pas ou pas profondément regretté son geste qui vous a blessé par le passé, je ne suis pas certain que ce soit très prudent. Sauf si vous avez le cuir bien résistant.
  • Il est vrai que l’Evangile consiste à aimer et servir son prochain. Seulement, nous avons 7 milliards de prochains, en ne comptant que les humains vivant en ce monde. La question est donc de savoir qui est ce prochain qui m’est confié pour que je le serve. La blessure que cette personne vous a faite par le passé peut jouer dans un sens ou dans l’autre. Peut-être que, du coup, vous êtes particulièrement bien placé pour aider cette personne à progresser ? Plus probablement, ce passé fait que vous n’êtes pas bien placé pour aider cette personne, car elle peut ressentir avoir une dette envers vous, si vous l’aidez cela risque encore d’alourdir ce sentiment de dette, même si vous ne voulez pas.
  • Il y a bien d’autres personnes au monde qui pourraient être aidées par vous, avec de meilleures conditions. Et comme on ne peut aider tout le monde (puisque nous ne sommes pas Dieu, et que Jésus lui-même n’a pas pu aider tous ses contemporains).
Donc, je ne suis pas certain que vous soyez obligé d’aller vers cette personne pour lui parler.
Cela dit si vous la croisez souvent, au travail ou dans le village, c’est une condition difficile. Et le fait de ne pas arriver à avoir la force de faire ce simple geste de saluer cette personne révèlerait que même si vous n’avez plus de haine, il vous reste une blessure profonde qui est encore vive. Alors, effectivement votre cicatrisation n’est pas terminée et il serait bon pour vous d’encore soigner cette plaie et d’attendre aussi, car on n e peut pas se forcer soi-même à cicatriser, cela prend le temps que cela prend. L’essentiel est que l’on sente que ça va vers le mieux.
Quand Jésus parle du nombre de 77 pour le pardon, ce nombre n’est pas donné au hasard. Dans la culture de la Bible, quand un chiffre est « rond » il n’évoque pas une quantité mais la qualité de ce à quoi il se rapporte. Or, le chiffre 7 est un chiffre « rond » dans cette culture, un chiffre particulièrement remarquable, car Dieu nous a créé en 6 jours et il parachève cette création à l’aube du 7e jour en donnant sa bénédiction et le repos, la paix. Quand Jésus nous dit de pardonne 77 fois 7 fois, cela veut dire que le pardon est une bénédiction, dans les deux sens du terme : que cela fait du bien, mais aussi que nous ne pouvons pardonner par nos propres forces, que cela ne peut venir que par une force surnaturelle venant de Dieu sur nous comme une bénédiction imméritée. Donc, oui, vous avez raison, votre pardon pour cette personne a à voir avec Dieu. C’est lui qui peut vous aider à plus et mieux cicatriser, plus profondément, à ne plus être retourné par le fait de croiser cette personne.
Dieu, lui, n’a pas attendu votre pardon pour pardonner à cette personne, au sens que j’évoquais plus haut, Dieu travaillant, essayant, appelant, espérant que ce qui a fait que du mal sorte de cette personne progresse, devienne meilleur, et que ce genre de chose n’arrive plus. Son pardon n’est donc pas une question d’amnistie, car Dieu ne garde pas de rancune, mais une question de soins afin de l’aider à être meilleure et à ne pas laisser le mal se faire.
Bravo pour ce beau cheminement, ce beau questionnement, tourné vers un bel avenir.
Dieu vous bénit et vous accompagne, qu’il vous donne la paix

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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