J’ai petit à petit cessé de lire la Bible, car sa lecture contribuait à nourrir mon angoisse…

Par : pasteur Marc Pernot

Question posée :

Bonjour Monsieur,

J’ai petit à petit cessé de lire la Bible, car sa lecture contribuait à nourrir mon angoisse…
Maintenant, la culpabilité s’ajoute à l’angoisse.

Je ne sais littéralement plus à quel saint me vouer… D’une part, Dieu est présenté comme source de salut , mais pour les croyants uniquement alors que je rêve que la source de Vie soit accessible à tous et d’autre part à côté des paroles de réconfort de Jésus, il y a des mots extrêmement durs et coercitifs. J’ai relu la parabole dite des talents et le troisième protagoniste, pauvre type honnête et angoissé se voit dépossédé et promis à des tourments éternels… et ce n’est de loin pas le seul exemple de parole de Jésus qui soit déstabilisante . Merci pour votre éclairage et meilleures salutations,

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Votre question est très intéressante et importante.

Le fait que vous la posiez montre votre profond attachement à Dieu.

Je suis très attaché à une lecture de la Bible mettant l’accent sur la bonté de Dieu. Vous pourrez le voir :

• sur les prédications que je mets en ligne : https://jecherchedieu.ch/des-predications/
• ainsi que sur les méditations sur un simple verset à chaque fois : https://jecherchedieu.ch/reflechir-avec-la-bible/un-simple-verset-de-la-bible/

Le principe de base : c’est de prendre comme clé d’interprétation le Christ : il a dit et montré par sa vie que Dieu aime même son ennemi, le bénit, lui fait du bien. Jésus n’a blessé personne, tué personne, abandonné personne, rencontrant aussi bien chez des intégristes, des savants, des étrangers, des fous, des gentils, et des personnes toutes simples. Donc Dieu est purement à 100% bon et aimable avec nous. Il n’y a rien à craindre de lui et tout à espérer.

Comment donc comprendre quand l’évangile semble menaçant ? C’est très simple. Ces passages de la Bible présentent souvent une figure du juste et une figure du pécheur. Nous sommes à la fois en partie juste et en partie pécheur, à un certain degré. Quand le texte parle d’élimination du pécheur, cela veut donc dire l’élimination de ce qui nous fait du mal, cette dimension en nous qui est soit souffrante, soit méchante, soit en chaos. Et c’est donc une manifestation d’un bon soin de Dieu pour nous aider à avancer, comme un médecin enlève une tumeur, comme il supprime une infection. C’est d’ailleurs ce que dit Jésus lui-même, il compare Dieu à un médecin.

C’est ainsi que dans la parabole des talents (Matthieu 25:14-30), chacun des personnages parle de nous-même : nous avons une part fidèle, compétente et active comme le premier serviteur, nous sommes parfois, dans certains domaines, moins doué mais faisant ce que nous pouvons comme le 2e serviteur, et nous sommes parfois craintifs, désespéré, angoissé par une vision négative de Dieu ou de la vie, comme le 3e serviteur. Nous sommes tout cela et aussi le maître : avec l’aide de Dieu c’est notre personnalité essayant de faire ce que nous pouvons avec ce que nous sommes. Qu’espérer ? Si nous pouvions guérir de l’angoisse qui nous habite parfois, ce serait plutôt pas mal. C’est comme cela que nous pouvons lire cette parabole : Dieu est à nos côtés pour nous mettre dans la meilleure forme possible.

Ce n’est pas moi qui invente ce côté 100% bon et lumineux de Dieu. C’est pourquoi le message de Jésus a été appelé l’Evangile : la Bonne Nouvelle, la meilleure de toutes les nouvelles. Ils n’ont pas appelé ce que nous apporte le Christ Le Très Grave Avertissement », bien sûr. Et Jean, dans sa première lettre commence en disant que ce qu’ils ont appris du Christ, en résumé, c’est : « La nouvelle que nous avons apprise de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres. » (1 Jean 1:5), et plus loin dans sa lettre il dit cette théologie fondamentale « Dieu est amour ». Cela affirme que Dieu ne peut faire autre chose que d’aimer et de faire du bien : c’est sa nature même. Si jean prend la peine d’insister là dessus c’est qu’il devait exister encore à son époque des personnes pour penser et pour affirmer que Dieu peut être source de mal comme de bien. Absolument pas, nous dit l’apôtre Jean, le plus proche de Jésus : Dieu n’est que lumière et amour. C’est bon de le noter. Mais cela n’arrange pas des églises qui veulent gouverner sur les personnes en utilisant la vieille pédagogie de la carotte et du bâton : promettant des bénédictions et la vie éternelle à ceux qui obéissent bien à l’église, et menaçant de malédiction divine, de malheurs et de tortures éternelles à ceux qui seraient rebelles. Cela ne vient pas du Christ. Il a toujours soigné les personnes rencontrées, jamais blessé, maudit, jamais abandonné ou tué, jamais torturé, ni foudroyé, ni rendu malade. Bien sûr.

Alors, la lecture de la Bible, nous ouvre sans cesse à la grâce de Dieu et à ses bons soins pour nous chaque jour.

Ce qu’il est bon d’éviter, peut-être, ce sont tous ces sites et paroisses portant un discours de crainte de Dieu, de menaces de fin du monde ou de jugement terrible, d’appel à n’être rien…

N’ayez rien à craindre : Dieu vous bénit et vous accompagne. Lui. Toujours et pour toujours.

par : pasteur Marc Pernot