27 janvier 2020

une page de la Bible racontant la libération de Pierre par un ange et une chaîne brisée - Image par Thomas B. de Pixabay
Foi

J’ai a cœur d’aimer Dieu, mais j’ai peur car j’ai grandi dans un milieu chrétien très moralisateur

Par : pasteur Marc Pernot

une page de la Bible racontant la libération de Pierre par un ange et une chaîne brisée - Image par Thomas B. de Pixabay

Question posée :

Bonjour,

J’ai lu un de vos articles concernant la question de la sexualité et ses tabous au sein de la chrétienté , et votre réponse également à cette article du topchretien qui a été très moralisateur et intrusif. Votre réponse à mon sens est libératrice et je suis sur que Jésus est fier de vos mots.

Ses mots sont les mots que je n’ai jamais su exprimer, ayant grandi dans un milieu chrétien évangélique très moralisateur justement et qui prenait les verset au pied de la lettre quand cela les arrangeait, et ne prenait pas les verset au pied de la lettre quand ça ne les arrangeait pas.

J’ai avec le recul eu l’impression que sous ses aspects de bienveillance et de dignité envers Jésus et son évangile, que mon église cachait en réalité, et ses messagers ne s’en rendant peut être même pas compte, beaucoup de manipulation psychologique empêchant les fidèles de réfléchir par eux même, mais aussi d’écouter réellement ce que Dieu disait à leur cœur.

Pourtant malgré tous, la croyance que Dieu est amour, et Jesus le messager d’un message révolutionnaire, m’anime toujours autant, tant cela fait sens en moi.

D’autant plus que ce schéma se transfère clairement dans ma relation avec mes parents. Qui eux même s’immisce dans ma relation avec le monde, où j’ai une incapacité de choisir par moi même, ou absolument tout les domaines de vie sont pensée par des lignes éthiques (ce sujet nécessiterai une relation d’aide car cela a des conséquences désastreuse dans ma famille, je ne sais plus, maintenant devenu adulte, si je dois m’investir, ou alors mettre tout en œuvre pour construire ma propre famille).

Mais j’avoue avoir extrêmement peur, maintenant devenu adulte de choisir une église. J’ai si peur, de me retrouver encore face à des personnes qui s’immisce dans ma propre vie spirituelle et personnel. Je rêve d’un lieu où je viens réfléchir, méditer, partager avec d’autre, mais sans qu’on me juge, que ce soit constructif pour moi, mais que ma propre réflexion soit constructive pour d’autre. Un lieu où on se concentre simplement à s’apprendre mutuellement à partager autour de nous, dans nos maisons, nos travails, les fruits de l’esprit, les vertus de l’amour, etc.

J’ai tellement a cœur d’aimer Dieu, de construire un foyer rempli d’amour, que j’ai peur que ces deux éléments (soit ma famille ou l’église) viennent altérer tout ça, et simplement suivre les erreurs du passé (dont je ne suis même pas à l’initiative).

En sommes, qu’avez à dire dans un premier temps de ses mouvements religieux qui ont un pouvoir oppressant sur les individualités et les conséquences que cela peut avoir au delà des individualité ?

Et comment s’applique votre réflexion à mon cas ?

Bien fraternellement,

Réponse d’un pasteur :

Merci et bravo pour votre belle lucidité, et bravo de garder l’amour de Dieu, et votre confiance en lui malgré ce que vous avez subi comme contre témoignage.

Effectivement, la force de la la foi en Christ c’est que nous avons accès aux 4 évangiles, et que nous pouvons nous faire notre propre opinion sur l’Evangile du Christ, sur sa façon d’être et sa foi. Et nous avons la prière qui permet aussi de vivre cet amour de Dieu.
Certains, pourtant arrivent à bâtir des théologies épouvantables. C’est à la fois surprenant et triste pour moi. Et par rapport au Christ qui s’est littéralement donné pour manifester l’amour sans condition et la tendresse de Dieu pour chacune et chacun. Et c’est triste pour les personnes broyées, culpabilisées, effrayées, aliénées par ces théologies.

Il est exact que la personne a tendance à adopter une façon d’être inspirée par l’idée qu’ils se font de Dieu. Il est donc normal que vos parents soient devenus à l’image de leur théologie. Dans un sens, ils pensent certainement bien faire, ils y mettent leur foi, leur conviction, et même possiblement leur amour pour vous, pensant suivre Dieu (selon leur théologie), ils pensent vous offrir le meilleur… Hélas. Et cela montre l’importance de faire de la théologie afin d’avoir une conception de Dieu qui soit tournée vers la vie, vers le respect de chaque personne, vers la libération, l’émancipation de l’autre, vers de beaux liens de respect, de compassion et d’amour entre les personnes.

Il est tout à fait compréhensible que vous soyez maintenant dans la crainte d’entrer dans une église. C’est une des raisons pour laquelle j’essaye de mettre en ligne ce que je peux comme ressources. Cela dit, cela ne remplace pas le fait d’aller de temps en temps dans une assemblée de personnes.

Donc comment faire ?

Avec la famille, il me semble que vous êtes assez lucide pour voir tout ce qu’il y a de pervers dans ce système d’intrusion, de jugement, d’oppression. Il est à mon avis impossible d’espérer changer vos parents, il faut à mon avis vous protéger. Et donc prendre une certaine distance, et marquer vos limites. Et les tenir fermement. Sinon vous allez effectivement avoir du mal à vous en sortir. Cela ne va bien sûr pas être facile tant eux-mêmes sont conditionnés. Mais c’est absolument nécessaire, à mon avis. Tout en leur gardant un amour infini, bien entendu, et des occasions de les rencontrer adaptées à ce qui est nécessaire pour contenir les effets néfastes sur votre équilibre.

Avec l’église, vous avez raison de vous méfier. L’église doit être au service de la foi, de la réflexion, de la prière personnelle intérieure du fidèle, de sa relation personnelle avec Dieu. Dès que vous sentez que le lieu de votre foi serait l’église, c’est inquiétant, car cela est le signe que ce n’est pas la relation intime, personnelle, secrète avec Dieu (dont parle Jésus, Matthieu 6:6) qui est le sommet de votre foi mais le groupe, ce qui est le signe d’un début d’emprise. Un signe aussi est le message proféré dans l’église, est-ce qu’il ouvre le possible pour chacun, rassure, conforte, encourage, ou vise à le culpabiliser et lui faire peur avec des menaces ? Vous avez parfaitement raison, la religion touche à quelque chose de très sensible dans la personne humaine, à la racine même de son être, cela peut être source de vie ou source de bien des peines quand elle est entre de mauvaises mains. C’est comme l’eau, le feu ou un couteau, c’est à la fois très pratique et très dangereux. Cela ne vaut pas dire qu’il faudrait fuir toute église, mais essayer de bien la choisir et d’avoir un rapport avec elle que vous maîtrisiez, à la fois en y allant ouverte à ce qui peut venir de Dieu à cette occasion, et pas dupe sur le fait que toute église est une institution humaine, pécheresse comme chacune et chacun de nous (voire même plus car tout groupe humain est comme une chaîne : elle a la même faiblesse que le plus faible de ses maillons). Un premier élément est peut-être de ne pas se limiter à trouver son inspiration dans une seule et unique source de religion, une seule paroisse, un seul pasteur, mais d’avoir peut-être son église préférée tout en picorant en plus dans une autre église, une autre paroisse, ou sur internet. Comment alors choisir une église qui n’aurait pas trop tendance à oppresser les individualités ? J’ai l’impression qu’un indice assez facile est de voir comment une église accueille les couples homosexuels (même si l’on n’est pas soi-même homosexuel), cela montre la réaction de cette église face à une minorité. Pour le savoir, il est possible de voir sur le site internet s’il est spécifié que l’église est « inclusive », ou de téléphoner anonymement au secrétariat de la paroisse pour demander si un couple homosexuel est effectivement accueilli dans l’église, et que le cas échéant une cérémonie de mariage entre deux personnes de même sexe pourrait être célébrée par leur pasteur dans l’église…

Bravo pour le beau cheminement, votre courage, votre foi bienveillante et mature,
Dieu vous bénit et vous accompagne, aujourd’hui et toujours…

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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