Giotto, le baptême du Christ d
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Est-il possible de demander lors du baptême une variante à la formule « au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint » ?

Giotto, le baptême du Christ d'eau et d'Esprit - Giotto-fresque-chapelle-Scrovegni-Padoue

Le baptême du Christ, d’eau et d’Esprit

Par : pasteur Marc Pernot

 

Question posée :

Bonjour,

Merci pour votre site !

Merci pour les excellents articles qui permettent d’apprendre beaucoup et parfois de se poser de nouvelles questions et de réfléchir de manière intéressante.

Merci en particulier concernant ces deux articles récents et très riches :
https://jecherchedieu.ch/theologie-2/le-credo-ou-symbole-des-apotres-1-4-je-crois-en-dieu/
https://jecherchedieu.ch/theologie-2/le-credo-ou-symbole-des-apotres-2-je-crois-en-jesus-christ/

A ce propos, j’ai une question concernant le baptême, plus précisément concernant la formule qui est prononcée au moment du baptême, pour un baptême d’adulte ou pour le baptême de ses enfants.
Le formule habituelle si je ne me trompe pas est de baptiser « au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ». Il me semble que cela s’appuie sur le texte biblique. C’est intéressant parce que cela permet d’avoir une formule commune entre églises, et basée sur une tradition historique, et le texte des Évangiles.

Seulement voilà :
1. j’ai tendance à plutôt préférer dire « Dieu » tout court que « Père céleste », et Jésus Christ que « Fils unique du Père », je préfère éviter l’utilisation de relations anthropologiques de type Père, Fils, Fils Unique, enfant de Dieu… car je trouve que cela porte à confusion, et diffère grandement selon que sa perspective et son histoire personnelle, avec des interférences possibles de l’histoire familiale personnelle voire parfois de l’absence souvent douloureuse d’une telle histoire. Je ne pense pas qu’il faille suggérer une substitution de Dieu aux parents, je pense qu’il faut suggérer une autonomisation progressive par rapport aux parents quand on devient adulte, et ensuite une relation à Dieu qui sera d’une autre nature.
2. sauf erreur de ma part, les textes bibliques qui servent d’appui à la formulation en question sont issus des récits de résurrection de Jésus Christ, en particulier en Matthieu 28:19 « baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ». Je crois à sa résurrection, et « qu’il a été levé » par Dieu pour sa « vie future » (après sa mort), seulement je ne crois plutôt pas aux miracles physiques, et donc je crois que les récits de résurrections de Jésus sont « amplifiés » (comme des fables), et qu’en réalité, en croyant qu’il y a eu résurrection, il s’est agit d’une résurrection uniquement spirituelle, et physiquement indécelable. Ainsi Marie-Madeleine, l’autre Marie, et les 11 apôtres, et peut-être encore d’autres personnes auraient eu la conviction spirituelle personnelle que Jésus Christ avait été « levé » pour sa « vie future ». Je ne crois donc pas que les paroles de Matthieu 28:19 aient été dites par Jésus ressuscité dans sa « vie future ».

Étant donné ces éléments, est-il possible de demander lors du baptême par aspersion (ou par immersion) une variante : par exemple : je vous baptise au nom de Jésus Christ du Seigneur Dieu, et de l’Esprit Saint ? Ou tout autre variante adaptée ?

Qu’en pensez-vous ?

Merci beaucoup par avance !

Réponse d’un pasteur :

Bonjour

Grand merci pour vos encouragements. Hélas, je n’ai pas eu le temps cette semaine de rédiger le 3/4 « Je crois en l’Esprit-Saint ». Peut-être aurais-je le temps cette semaine…

Je suis d’accord avec vous, personnellement, je prie plus souvent « Dieu », ou « l’Eternel », plus rarement « Père », et jamais « Jésus ». Et c’est vrai que théologiquement le fait de considérer Dieu comme un Père (et une Mère) est très intéressant et parlant, mais est une formule qui peux poser de graves difficultés si l’on a subi des choses qui font que l’image d’un père ou d’une méère est pour nous troublée, souffrante. Même si,alors, on est partculièrementbien placé pour savoir ce que l’on espérerait, ou eut espéré, comme père ou comme mère bienfaisants.

Nous savons effectivement que cette phrase de Matthieu 28:19 « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » n’est pas de Jésus lui-même puisque s’il avait dit cela solennellement aux disciples et apôtres assemblés, on ne les verrait pas peu après baptiser des personnes « au nom de Jésus-Christ » (Actes 2:38) seulement, ce serait vraiment paradoxal de baptiser en son nom tout en n’obéissant pas à la formule de baptême qu’il aurait ordonnée explicitement.

Cette formule « Jésus-Christ » est en effet la confession de foi essentielle unissant tous les chrétiens, absolument. Ce serait excellent de reprendre cette formule utilisée par les chrétiens de la première heure. Et de la personnaliser ensuite selon la foi du baptisé, en ajoutant ce qui est important pour lui, selon sa sensibilité.

Donc, je serais assez d’accord avec vous. Sauf qu’il y a une chose ou deux qui me semblent essentielles :

  1. Cette formule « les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »est très très ancienne quand-même car tous les manuscrits de Matthieu 28:19 la donnent. Cette formule est aussi dans la Didachè (manuel pour baptiser qui date de la fin du Ier siècle). Cela fait que cet usage s’est généralisé depuis lors. Passe encore, allez-vous me dire, et vous auriez raison, je pense.
  2. Sauf que cette formule est commune aux  chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes. Certains, parmi ces chrétiens sont plus attachés que nous ne le sommes à la lettre des formules employées. Et c’est un extraordinaire geste de foi et d’union fraternelle que ces églises font en reconnaissant pleinement le baptême qui est fait dans les autres églises. Par respect pour les frères et sœurs qui nous font confiance, il me semble (nous semble essentiel, ce n’est pas moi seulement) de garder la formule de Matthieu 28:19.

Dans votre cas, on pourrait tout à fait baptiser avec cette formule, puis développer cette formule avec celle que vous proposez. Par exemple. Ou reprendre dans une confession de foi que vous écririez. Ou tout autre personnalisation que vous souhaiteriez envisager. Mais le plus fort me semblerait la première proposition : ajouter pour être au bénéfice des deux : et l’union avec les autres chrétiens de bonne volonté, et la personnalisation selon votre foi, votre sensibilité spirituelle et théologique. Qu’en pensez-vous ?

Personnellement, je trouve bien plus juste, du point de vue du sens, le baptême par aspersion : nous n’avons pas affaire à un lavage de notre personne (comme lors du baptême de Jean Baptiste), mais disant le baptême promis par le Christ à toute personne : le baptême de l’Esprit Saint qui vient d’en haut sur notre tête. Les deux façons de baptiser ne sont pas équivalente, les symboles ont un sens et une force qui est en rapport avec ce sens. Mais bon, c’est ensuite une question de point de vue.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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6 Commentaires

  1. Lucien dit :

    Merci beaucoup !

    Je suis très heureux de votre réponse.

    Merci pour cet excellent argument concernant Matthieu 28:19 : comme vous dites « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » n’est pas de Jésus lui-même puisque s’il avait dit cela solennellement aux disciples et apôtres assemblés, on ne les verrait pas peu après baptiser des personnes « au nom de Jésus-Christ » (Actes 2:38) seulement, ce serait vraiment paradoxal de baptiser en son nom tout en n’obéissant pas à la formule de baptême qu’il aurait ordonnée explicitement. !!

    Cette formule Jésus Christ me paraît effectivement extrêmement intéressante et potentiellement féconde comme profession de foi minimale, du coup susceptible d’inspirer positivement ou de rassembler davantage de personnes peut-être il faut espérer.

    Je pense que même si l’on a eu ou a une super relation avec ses parents, certaines personnes pourront vouloir prendre un peu de recul par rapport à cet enseignement de Jésus : est-il toujours pertinent, universel ?

    D’accord pour votre suggestion : « Dans votre cas, on pourrait tout à fait baptiser avec cette formule, puis développer cette formule avec celle que vous proposez. Par exemple. Ou reprendre dans une confession de foi que vous écririez. Ou tout autre personnalisation que vous souhaiteriez envisager. Mais le plus fort me semblerait la première proposition : ajouter pour être au bénéfice des deux : et l’union avec les autres chrétiens de bonne volonté, et la personnalisation selon votre foi, votre sensibilité spirituelle et théologique. » Ce serait à mon sens une évolution de la chrétienté.

    D’accord pour le symbolisme différent du baptême par aspersion, sans référence indirecte au « lavage » censé purifier symboliquement lors du baptême unique de Jean-Baptiste.
    Le baptême de Jean-Baptiste semble cependant extrêmement riche (en conservant dans la traduction le mot grec métanoïa, si riche de sens, et Évangile, plutôt que l’expression habituelle « bonne nouvelle ») :
    Matthieu III.2. Effectuez votre métanoïa, car le règne des Cieux s’est approché !
    Matthieu III.11. Moi, je vous baptise dans l’eau, pour une métanoïa ; mais celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d’honneur pour moi que de lui ôter ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu.

    Et Jésus reprend ensuite la formule de Jean-Baptiste en Marc I.14. Il proclamait l’Évangile du royaume de Dieu, 15. et disait: Le temps est accompli et le royaume de Dieu s’est approché. Effectuez votre métanoïa et croyez en l’Évangile !

    Ce type de baptême semble avoir été celui demandé par Jésus pour lui-même. Comme c’est le baptême demandé et reçu par Jésus pour lui-même, je ne sais pas trop. Je dirais surtout que l’aspersion est beaucoup plus simple dans la pratique, mais lorsque les circonstances s’y prêtent, et qu’il ne fait pas trop froid, ou bien que les personnes sont habitués aux bains froids, alors pourquoi pas. Il me semble qu’il n’y a pas de précisions de procédé dans le Nouveau Testament pour les baptêmes donnés par Jésus ou ses disciples ou dans l’Église primitive.

    Je pense aussi que le baptême par l’Esprit Saint ne se fait pas sur commande lors du baptême ou lors d’une imposition des mains. Il se fait quand la personne est prête, avant, pendant ou après le baptême, et j’aurais tendance à considérer qu’il y a potentiellement autant de tels « baptêmes » au cours de la vie que la personne le ressent comme tel, le cas échéant. Le baptême dans l’Esprit Saint serait alors une expression synonyme de « descente » ou venue de l’Esprit Saint sur ou « dans » la personne ? Car je ne crois pas que cela provoque une transformation immédiate et manifeste de la personne, plutôt une continuation dans la continuité, la « métanoïa » de la personne ayant commencé avant, et se poursuivant pendant et après. A moins que cette métanoïa soit comprise un peu comme le type de transformation qui fait qu’une chenille se mue en nymphe, puis en papillon. Sauf que dans le cas de l’histoire d’une personne, il peut y avoir plein de telles micro-métanoïas concernant tel ou tel aspect de sa personnalité que la personne fait peu à peu évoluer il me semble. En revanche, baptême dans l’Esprit Saint aurait un sens particulier par rapport à descente de l’Esprit Saint, dans la mesure où la personne pourra se rappeler d’une telle expérience, à partir de la première fois, et donc éventuellement commencer à réfléchir à partir de là, en fermant la porte de sa chambre pour prier. C’est dans cette possibilité nouvelle que résiderait la différence entre baptême et descente, mais cette différence me paraît ténue, car il se peut aussi que la personne ne réagisse pas beaucoup justement la première fois.

    Merci encore !

  2. Lucien dit :

    Pour continuer dans le sens d’une combinaison des deux formules :

    Selon Matthieu 13.52 : […] « Tout scribe instruit de ce qui concerne le Royaume des Cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. »

    Les choses nouvelles sont placées avant les choses anciennes dans ce verset.

    Ainsi, même si cela reste hypothétique, peut-être serait-il possible d’ajouter effectivement les deux formules, mais en plaçant en premier la formule personnalisée (la plus importante selon la personne demandant le baptême), puis la formule héritée de la tradition millénaire (par tradition et par recherche de reconnaissance interconfessionnelle du baptême) ? Il s’agirait ainsi d’une personnalisation du baptême lui-même. La confession de foi éventuelle est en plus, mais il s’agit d’une autre personnalisation.

    Le baptisé selon le baptême personnalisé avec la personnalisation ajouté avant la formule historique serait peut-être alors un peu comme le scribe de Matthieu qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes ?

  3. Patrick dit :

    Jésus (« Yeshoua », contraction de « Yehoshuah »).
    « Jésus » contient le nom de Dieu (Yah, abréviation de YHWH) qui est le Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. « L’Éternel est un » (Deutéronome 6:4). Les disciples, en baptisant au nom de « Jésus Christ » (Actes 2:38 – Actes 10:48) et au nom du « Seigneur Jésus » (Actes 8:16 – Actes 19:5), ont donc bien obéi au commandement de Jésus (Matthieu 28:19).

    1. Marc Pernot dit :

      Bonjour
      Si les apôtres ont pensé être fidèle au commandement de Jésus de baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » en baptisant seulement « au nom de Jésus-Christ », c’est que ces apôtres étaient vraiment des libéraux très créatifs et indépendant. Ce serait presque de la provocation de faire quelque chose au nom de quelqu’un tout en corrigeant ce qu’il a explicitement dit de faire.
      Mais peut-être.

  4. Robert dit :

    Ce que je ne comprends pas spécialement, c’est le fait que Anglicans, Catholiques Orthodoxes et Protestants reconnaissent mutuellement leurs baptême selon la formule « trinitaire » alors que chez nous les protestants, tout le monde ne partage pas toujours le même point de vue théologie sur la trinité ou la divinité de Jésus. Pourtant ces quatre grands mouvements chrétiens rejettent comme « non-valides » les baptêmes selon toute autre formule par exemple: « je tebaptise au nom de Jésus »

    1. Marc Pernot dit :

      La formule du baptême « au nom du Père, du fils et du Saint-Esprit » existait bien des générations avant que l’idée même (et le mot) de « trinité » soit élaboré. C’est donc d’abord une formule trine, ce qui est bien plus partagé : les chrétiens s’intéressant en général à la fois au Père, au Fils et à l’Esprit-Saint. C’est plutôt les rapports entre les trois qui posent question.

      Je ne sais pas si on considèrerait comme « non valide » un baptême qui serait fait « au nom du Seigneur Jésus » comme dans le livre des Actes. Personnellement, je le regretterais, simplement par respect pour les églises et les personnes qui sont attachées à la formule trine, et aussi en hommage à la conclusion de l’Evangile selon Matthieu.

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