20 avril 2023

Une composition repérésentant le dieu Zeus entouré de foudre - Image par Raphael de https://pixabay.com/fr/illustrations/zeus-mythologie-dieu-grec-zeus-7683518/
Question

Ésaïe nous appelle à craindre et redouter Dieu. J’ai vraiment du mal avec ça, je préfère la confiance en Dieu.

Une composition repérésentant le dieu Zeus entouré de foudre - Image par Raphael de https://pixabay.com/fr/illustrations/zeus-mythologie-dieu-grec-zeus-7683518/

Zeus : voilà une conception de la divinité comme étant à craindre. Tel n’est pas Dieu comme nous le révèle Jésus Christ

Question posée :

Bonjour
Dans Esaie 8:12-13 Les 2 mots de craindre et de redouter sont employés et j’ai vraiment du mal avec le mot craindre Dieu pour moi je préfère confiance en dieu bon est-ce-que ces 2 mots sont bien traduits ou est-ce-que leur signification n’a plus rien à voir avec celles d’aujourd’hui.
Merci de bien vouloir m’éclairer sur ce sujet
Bonne journée

Réponse d’un pasteur :

Cher Monsieur

Merci pour cette belle question

Effectivement, Ésaïe 8:13 suggère que « C’est l’Éternel des armées que vous devez sanctifier, C’est lui que vous devez craindre et redouter. »

  • Les verbes craindre et redouter sont bien ce que la traduction laisse entendre. Effectivement.
  • Le qualificatif « des armées » (Tsebaot) est un peu plus discutable, l’idée générale de cette racine signifie se rassembler pour un service, mais c’est vrai que 9/10 c’est pour le service militaire.Une action, donc, par nature redoutable.

Allant dans l’autre sens :

  • Ce qui est traduit ici par « l’Éternel » est le tétragramme YHWH qui est utilisé pour dire Dieu en tant que source d’être, de tendresse, de pardon pour ses enfants. Ce n’est pas un Dieu de puissance arbitraire comme quand il y a « Dieu », Élohim.
  • L’expression « l’Éternel des armées » (YHWH Tsebaot) est très fréquente, elle évoque en général Dieu qui fait preuve d’une grâce puissante pour sauver, élever son peuple.

Ce genre de message que nous trouvons dans ces versets me semble assez fréquent dans le contexte prophétique, nous invitant à nous recentrer à la fois sur une vraie relation à Dieu, une confiance en Dieu comme source de vie, et à la fois sur un comportement juste et bon avec ceux qui nous entourent. Ceux qui ont à craindre de « YHWH Tsebaot » ce sont ceux qui vivent de façon injuste du point de vue moral et social, car leurs actions sont source de mort, alors que YHWH est source de vie. C’est ce que l’on voit par exemple dans la dernière page de la Bible hébraïque, dans le livre de Malachie parlant de ce jugement de YHWH Tsebaot : « Je m’approcherai de vous pour le jugement, Et je me hâterai de témoigner contre les enchanteurs et les adultères, Contre ceux qui jurent faussement, Contre ceux qui retiennent le salaire du mercenaire, Qui oppriment la veuve et l’orphelin, Qui font tort à l’étranger, et ne me craignent pas, Dit l’Eternel des armées. » on voit bien ce que signifie « ne pas craindre YHWH » : c’est être source de mort autour de soi.

Quel est alors ce jugement, qui serait à craindre ? La suite de Malachie 4:1-3 explique que le même soleil consumera les méchants comme de la paille et sera bénéfique pour les justes comme une guérison (libéré de sa maladie) et qui batifoleront comme de joyeux veaux dans la lumière du printemps revenu (cette image bucolique est un peu malheureuse car elle cherche à nous faire envie en nous comparant à des veaux (après la classique image du mouton)! hum – mais il faut reconnaître que la joie des veaux sortant de l’étable après l’hiver est une joie rayonnante).

Bien entendu : comme souvent ou plutôt comme toujours, ce jugement de Dieu traverse chaque personne, puisque nul n’est parfaitement juste, il y a toujours un petit quelque chose d’impie, d’égoïste, voire d’un peu méchant en chacun de nous. Cet unique soleil qui évoque l’action de YHWH Tsebaot est à la fois terrible contre la méchanceté et favorable pour la bonté. Et les deux nous concerne : cet unique soleil apporte dans les deux cas un soin puissant et bénéfique pour nous. Ce qui a à craindre et redouter de Dieu c’est uniquement notre mauvais côté, alors que notre personnalité profonde est aimée par l’Éternel, profondément et irréversiblement aimée par Dieu, qui lui apporte ses bienfaits. Ce jugement de Dieu est encore un véritable soin, un amour qui nous libère. Comment en serait-il autrement de la part de la source de la vie ?

Bien entendu, il est possible et cela a été souvent fait (hélas), d’utiliser ce genre de versets pour faire peur aux humains, peur d’un Dieu terrible qui nous attend au coin de son jugement pour sélectionner les meilleures personnes. Cette lecture ne me semble pas possible quand on a vu comment a vécu le Christ. Il n’a grillé personne, ni les romains qui le crucifient, ni les intégristes qui oppriment le peuple. C’est pourquoi j’ai proposé un trousseau de clefs pour nous aider à choisir comment interpréter ce genre de textes qui pourraient nous faire peur, afin de les interpréter plutôt comme un appel à nous ouvrir joyeusement à l’action bienfaisante, salutaire de Dieu en nous et dans notre monde.

Donc bien du même avis pour ce qui est de faire confiance à Dieu, et absolument pas de le craindre ou de le redouter.

C’est d’ailleurs ce que disent :

  • Jésus quand il affirme que Dieu aime même ses ennemis, qu’il fait du bien à ceux qui le persécutent (Matthieu 5:43-48)
  • Paul quant il affirme que nous ne sommes plus dans une psychologie d »esclava tremblant dans la soumission à son maître esclavagiste, mais que nous savons par l’Esrpit que Dieu nous a adopté comme son enfant bien aimé,  et plutpot que la crainte, ce que cela suscite en nous c’est la joie de lui crier « Papa ! » (Romains 8:15).
  • Jean quant il affirme que nous ne sommes plus sous la crainte, car l’amour parfait de Dieu chasse toute crainte, et que son amour pour nous n’est pas le résultat de notre amour pour lui, c’est l’inverse : il nous a aimé le premier, cela a chassé en nous la crainte, et nous avons alors pu l’aimer un petit peu. (1 Jean 4:18-19).

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

PS. Une vidéo montrant des vaches sortir dans le pré après l’hiver :

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15 Commentaires

  1. Philippe dit :

    Merci d’éclairer un sens dans le contexte de l’ancien testament… Et encore plus avec la clé suprême qu’est l’évangile du Christ. La tendance malheureuse dans le peuple de dieu est de faire un distinguo entre le dieu de l’ancien testament et celui de Jésus… Ça se comprend ..si rien n’est expliqué en fonction des deux clés que vous avez données ..le contexte et le christ… Il n’y a aucune opposition entre les deux versions, seulement (et ce n’est pas rien!) la lumière du Christ qui illumine tout ce qui était caché ou incompris. Merci donc

    1. Marc Pernot dit :

      Grand merci pour cet encouragement et bravo pour votre cheminement. Dieu vous bénit et vous accompagne

  2. Marcelle dit :

    Jesus Christ nous parle de l’Amour de son Pere et nous sommes les enfants aimes de ce Pere

    1. Marc Pernot dit :

      Et oui, en ce Dieu qui nous bénit et nous pardonne nous piuvons avoir toute confiance.

  3. Xavier Josset dit :

    La Bible baigne également dans l’héritage mental et culturel de Mésopotamie. L’expression « Dieu des armées » correspond assez bien à l’antique expression dans laquelle le dieu et les armées sont les puissances célestes. Les armées en question, ce sont les étoiles, chez les sumériens et akkadiens. De même, les expressions imagées sur les troupeaux. A Sumer, la beauté du taureau et de la vache laitière sont invoqués pour complimenter l’âme sœur !
    Les images utilisées en littérature reflètent bien évidemment les conditions de vie et l’environnement de réel et culturel de l’époque.

    1. Marc Pernot dit :

      Merci, c’est toujours très utile de replacer ces textes dans le contexte de leur culture, de leur époque, de leur étymologie.

  4. Alain dit :

    Dans l’Ancien testament, le terme de crainte de Dieu n’a pas tout-à-fait le même sens que nous lui donnons aujourd’hui. J’ai toujours appris qu’il s’agissait d’un mélange de respect, d’admiration et de confiance.

    1. Marc Pernot dit :

      Oui, c’est ce que l’on dit. Cela ne se justifie pas tout à fait d’un point de vue linguistique où les verbes employés sont effectivement de ceux que l’on ressent devant une puissante armée à qui rien ne peut résister. C’est donc plus une relecture chrétienne, projetant un sens (que j’approuve) dans un texte.

  5. Richard dit :

    Qui doit redouter Dieu? Les injustes? Les puissants? Si Dieu est du côté des exclus, des humiliés, des affamés. Les prophètes ont raison de parler de rétribution.

    1. Marc Pernot dit :

      Euh, sauf que comme le remarque Malachie et des Psaumes, cela ne marche pas tellement. les méchants sont florissants, la foi ne porte pas chance. Ce qu’apporte la foi et de vivre en faisant le bien : c’est la satisfaction de faire le bien et d’être une bonne personne dans ce monde. C’est de vivre dans la qualité d’être et de vie, en harmonie avec ce que l’on pense être le bien. C’est une bonheur esthétique, philosophique, spirituel.
      Dieu est du côté de tous. Des affamés et des humiliés pour leur donner force, courage et dignité. Dieu est auc côtés des injustes et des requins pour tenter sans cesse d’attendrir leur cœur, de leur faire prendre conscience de ce qu’ils font et de ce qu’ils pourraient faire.

  6. Ivan Bielinski dit :

    Humble commentaire d’un chrétien en développement : la crainte de Dieu est salutaire et fondamentale : Elle me positionne comme pêcheur et comme fils. Comment se sent l’enfant qui aime profondément son père après lui avoir désobéi? Il est penaud et craint à juste titre sa réaction. C’est pourquoi je ne séparerais pas la part du bien en moi qui ne doit pas craindre et la part de mal qui le devrait. Même les Saints craignent Dieu, en ce sens qu’ils ne veulent pas l’offenser. Que la sensibilité contemporaine soit allergique à l’idée de craindre Dieu ne signifie pas que cette idée doive être nuancée. Merci.

    1. Marc Pernot dit :

      Personnellement, je n’ai jamais ressenti la moindre crainte devant mon père terrestre, mais je comprends que tout le monde n’a pas autant de chance dans sa vie. Je n’ai jamais non plus ressenti la moindre crainte devant notre Père céleste, simplement une profonde admiration et gratitude. Mais bon, là aussi, tout dépend quel « évangile » on a entendu.

      Ce n’est pas seulement la « sensibilité contemporaine », qui rejetterait la crainte de Dieu : « Dieu est amour » et « l’amour parfait bannit la crainte » ça a presque 2000 ans, d’un apôtre qui s’est senti aimé par Jésus, et qui a appris là, près de lui, combien nous sommes aimé de Dieu.

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