19 avril 2023

Un berger et son trouveau de moutons, en Italie, avec de la brume - Photo de Antonello Falcone - The Wiseman sur https://unsplash.com/fr/photos/G2djeMdYSOM
Bible

Après avoir lu Jean 21, comment se sentir à l’aise dans la peau d’un mouton d’un troupeau ?

Par : pasteur Marc Pernot

Un berger et son trouveau de moutons, en Italie, avec de la brume - Photo de Antonello Falcone - The Wiseman sur https://unsplash.com/fr/photos/G2djeMdYSOM

Dieu fait de nous un mouton et/ou ou un berger ?

Question posée :

Bonjour Monsieur,
Merci pour votre bienveillance à écouter et répondre à toutes nos questions.
La mienne aujourd hui,après avoir lu le dialogue entre Jesus et Pierre( Jean 21/ 16 …18 et la parabole du bon Pasteur); comment se sentir à l aise dans la peau d un mouton ou d une brebis parmi un troupeau.?
Merci pour toute l aide que vous nous apportez.
Très cordialement .

Réponse d’un pasteur :

Chère Madame

Mil mercis à vous pour les encouragements. Bravo de lire en profondeur les évangiles, d’entrer dans ces textes et dans leur sens.

Je comprends votre question. C’est vrai qu’être comparé à un mouton n’est vraiment pas une image très positive dans notre culture. Sans vouloir le mépriser, car a d’autres qualités, bien attachantes, mais il ne semble pas que le mouton brille par son intelligence et sa créativité personnelle.

Seulement, dans la Bible, c’est l’état de berger qui est essentiel, car il est une figure d’une vie entièrement dévouée à la compassion, au soin des plus faibles, à les aider à se nourrir, à les protéger des loups et des brigands, à les rechercher avec une patience infinie quand ils se perdent, les porte quand ils sont fatigués…C’est donc une extraordinaire théologie quand Dieu est comparé à un berger, car c’est alors l’inverse d’un grand roi, c’est même plus tendre, proche, et au service qu’un père (dans les rôles de l’époque). C’est pourquoi le Psaume 23 est si célèbre avec son « l’Éternel est mon berger, je ne manque de rien… »

C’est aussi ce que manifeste Jésus, et le dit dans une parabole qui est à juste titre une des plus célèbres : la parabole de la brebis retrouvée par le berger (Luc 15).

Par ailleurs, le berger est réputé être mystique (la vie sous le ciel, dans la nature, et la compassion pour les plus faibles élevant son cœur dans la louange, l’émotion). Il est plus mystique et priant que religieux au sens des rites et commandements, car il est difficile de respecter même le jour du repos du shabbat, car il faut bien travailler chaque jour quand on s’occupe du bien être d’un troupeau. C’est donc remarquable que bien des grands héros bibliques sont des bergers : Abraham, Moïse, David… car cela nous propose comme modèle de la grandeur : la compassion et le service des plus faibles, mais aussi la prière et la louange.

A mon avis, c’est ce que Jésus propose à Pierre, tout particulièrement à Pierre dans ce chapitre 21 de l’Evangile selon Jean. En effet, Pierre a bien besoin de cela :

  • il s’est parfois considéré comme supérieur à Jésus lui-même, refusant que Jésus aille vers Jérusalem au péril de sa vie,
  • ors du dernier repas, Pierre a refusé de se faire laver les pieds par Jésus (qui voulait précisément leur montrer qu’un maître et seigneur se fait serviteur des autres),
  • Il est sûr de lui mais nie connaître Jésus par trois fois
  • Et ici, encore, il semble jaloux du disciple ami de Jésus

Encore une fois, Jésus ne rejette pas la personne quand elle fait n’importe quoi, mais il s’en approche et essaye de la faire avancer. Et ici, comme vous le soulignez, Jésus lui dit, à lui qui veut toujours être grand et au dessus des autres, que la vraie grandeur est de faire du bien aux autres, comme un berger pour ses brebis.

Sinon Dieu n’a certainement pas dans l’idée de faire de nous comme un mouton dans un troupeau. Au contraire, le projet de Dieu en Christ est de faire de chaque personne un prophète ou une prophétesse, capable de créativité propre et digne d’être en relation directe avec Dieu. C’est tout l’inverse d’un mouton dans un troupeau. Cela fait de vous une seigneure, une princesse héritière du Royaume de Dieu. Mais pour ce projet, Dieu est pour nous comme un berger qui, précisément, s’occupe de chaque brebis individuellement, même quand elle est la plus perdue des brebis perdues.

Mais ici, vous êtes appelée à devenir non pas un mouton mais une bergère, capable de se sentir responsable d’aider une personne autour de vous, de la regarder sans jugement, avec attention et bienveillance, de voir ses besoins réels et profonds, et d’avoir le geste ou la parole qui fasse la différence.

Dieu vous bénit et vous accompagne chaque jour.

par : pasteur Marc Pernot

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

3 Commentaires

  1. Chèvres et chamois plutôt que brebis et moutons ? dit :

    Merci pour cet article !

    Si c’est le rôle de berger ou de bergère qui importe le plus ici, pourrait-on quand même symboliquement concevoir un berger ou une bergère de chèvres plutôt que de brebis et moutons ? En effet les chèvres me paraissent avoir plus de personnalité (même si les brebis et moutons ont chacun aussi leur individualité), sont moins susceptibles de « mouvements de foule inconsidérés » (moutons de Panurge) si elles sont effrayées, et ont conservé davantage d’attributs naturels : elles sont encore adaptées au milieu naturel, et sont capables d’y survivre, contrairement aux moutons et brebis, qui ont le plus souvent perdu leurs cornes, et dont les oreilles, normalement dressées ou dressables pour être attentives aux moindres bruits dans la nature, sont devenues pendantes.

    Bien sûr, au final, il s’agit de berger ou bergère d’humains ! Mais justement les chèvres me paraissent plus proches des humains par leurs caractéristiques et leur(s) personnalité(s). Bon c’est sûr que les boucs n’ont pas trop la côte, surtout avec ces histoires de bouc émissaire, disons des chamois apprivoisés à ce moment là pour remplacer symboliquement boucs et moutons ?

    Ce sont des animaux un peu plus libres…

  2. Parabole "des brebis et des chèvres" ou "des agneaux et des boucs" ou "des brebis et des boucs" dit :

    Comme Marc l’a fait remarquer dans un autre article, il y a en l’évangile selon Matthieu 25:31-46 la parabole « des brebis et des chèvres » ou « des agneaux et des boucs » selon la traduction, où le Fils de l’homme siège à la fois comme un roi et comme un berger qui fait le tri entre ses animaux : brebis d’un côté, boucs de l’autre, ou brebis d’un côté, et chèvres de l’autre, ou encore agneaux d’un côté et boucs de l’autre selon la traduction, selon que la distinction entre les animaux concerne l’espèce, le caractère féminin ou masculin, ou le caractère enfant ou adulte. Seuls les brebis ou les agneaux sont jugés comme justes d’après leurs actes pendant leur vie terrestre, et ont donc une récompense céleste, éternelle…

    Comment interpréter ce passage sur le jugement dernier ?

    En s’inspirant des interprétations de Marc dans ses prédications, il devrait être possible d’interpréter cette parabole en disant que nous sommes tous à la fois brebis et boucs, ou agneaux et boucs, ou brebis et chèvres.

    Et ensuite, que cela concerne surtout aujourd’hui et maintenant. Quant à la fin des temps, ou la résurrection, … on verra bien.

    Dans tous les cas, je continue malgré tout à préférer les chèvres aux brebis du fait que les chèvres ont conservé davantage de caratéristiques naturelles, et les chamois aux boucs, même si cela peut sous-entendre une plus grande liberté personnelle et individuelle, y compris dans l’interprétation de la Bible.

  3. Métaphore des brebis, moutons et agneaux dans les évangiles dit :

    Ci-dessous un autre essai d’interprétation, je ne suis pas sûr du tout, qu’en pensez-vous ?

    Comment interpréter ce passage de Matthieu 25:31-46 (distinction entre les brebis et les boucs) et de Jean 21:17 (prends soin de mes moutons), et de manière plus générale l’usage de la métaphore des brebis, moutons et agneaux dans les évangiles ?

    Le Psaume 23 propose de considérer Dieu comme un berger.

    Les évangiles vont plus loin en ce qu’ils présentent Jésus (Jean), ou le Fils de l’homme (Matthieu 25:31-46) comme berger, et berger de brebis (Jean, Matthieu…), de moutons (Matthieu 7:15, 9:36, 10:6, 12:11, Marc 6:34, 14:27, Luc 15:4, Jean 10:1, 10:11, 21:16) et d’agneaux (Luc 10:3, Jean 21:15).

    Quelle est la signification de cette métaphore des brebis, moutons et agneaux ?

    Les brebis et les moutons sont des animaux domestiqués depuis des milliers d’années, et qui ont perdu lerus cornes au cours de cette domestication. Ils ne peuvent donc plus causer de blessures par leurs cornes. Par ailleurs, ils ont des fonctions utiles, comme de fournir de la laine, du lait pour les brebis, et de la viande (agneaux, brebis et moutons).

    Les chèvres fournissent aussi du lait, pourraient fournir de la viande même si ce n’est pas très populaire aujourd’hui, et certaines variétés de chèvres (himalayennes) produisent de la laine. Mais les chèvres ont des cornes. Et surtout les boucs peuvent être agressifs et dangereux avec leurs cornes.

    En ce sens, on a d’une part, des brebis, moutons et agneaux, utiles au berger, et inoffensifs, non dangereux, et d’autre part, des boucs, potentiellement agressifs et dangereux, et d’utilité plus indirecte (fonction reproductive, débroussaillage, protection du troupeau).

    Le tri entre brebis et boucs, ou entre agneaux et boucs, ou entre brebis et chèvres pourrait donc se faire selon ce critère : préférence par le berger des animaux domestiqués dont la domestication les a transformés au point qu’ils ne sont plus dangereux, plus agressifs, ni pour le berger, ni pour d’autre personnes.

    Et le tableau du jugement dernier pourrait correspondre à l’entrée dans la vie éternelle, non nécessairement à la fin des temps, mais hors du temps, en tout temps, la vie éternelle étant selon cette interprétation une sorte de dimension supplémentaire qui augmente la vie sans pour autant basculer dans une réalité virtuelle ou parallèle.

    Peut-être était-ce déjà clair d’emblée pour certains, mais du coup, d’un point de vue théologique, le sens de la métaphore pourrait alors être à chercher dans la fonction des fidèles de Jésus Christ par rapport à la fonction christique : sont-ils « utiles » au berger ou non, agressifs ou non ?

    Même si les moutons, brebis et agneaux ne sont peut-être pas les animaux avec lesquels on a le plus envie d’être comparé, cela pourrait renvoyer à ce rôle par rapport au rôle du Christ et par rapport à la douceur comme application de l’amour envers autrui, et comme dépendence spirituelle des brebis, moutons et agneaux envers Christ et Dieu.

    Mais ce n’est qu’un essai d’interprétation, je ne suis pas sûr du tout, qu’en pensez-vous ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *