piéton en prière dans la ville - Londres Image par SnapwireSnaps de Pixabay
Foi

Comment vivez vous votre foi au quotidien, de manière personnelle ?

Par : pasteur Marc Pernot

piéton en prière dans la ville - Londres Image par SnapwireSnaps de Pixabay

Question posée :

Bonjour Pasteur,
Je suis un étudiant en philosophie de 20 ans. Je m’intéresse également beaucoup à la théologie, notamment protestante bien qu’issue d’une tradition catholique.
Je voudrais tout d’abord vous témoigner de mon encouragement et de ma fraternité pour le travail que vous faites par le biais de ce site, par le temps que vous consacré aux internautes pour répondre à leur soif spirituelle, ceci est une très belle initiative que l’on ne trouve pas partout malheureusement.
Ma question va vous paraître peut-être d’ordre un peu personnelle, elle concerne ce que pourrait être le quotidien d’un homme de foi. En tant que protestant et pasteur, j’aimerais savoir si par exemple vous aviez des prières quotidiennes que vous récitez chaque jour, comme le Notre Père, ou les psaumes, si vous aviez des lectures Bibliques quotidiennes et personnelles, si vous avez un rythme précis de temps à passer avec Dieu. Par exemple, certains Catholiques ont l’habitude de prier le chapelet à un certain temps, les prêtres ont l’habitude de réciter leur office du matin. Du côté de l’Islam, les musulmans ont l’habitude de prier cinq fois par jour et ci possible d’étudier le Coran quotidiennement.
En résumé, j’aimerais tout simplement savoir comment vivez vous votre Foi au quotidien, de manière personnelle.
Je vous remercie d’avance pour l’attention que vous pourrez portez à cette question, en m’excusant si elle paraît trop personnelle.
En amitié dans le Christ

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir Monsieur

Bravo de vous intéresser au côté personnel, intime de la pratique religieuse. Car c’est à mon avis l’essentiel et doit le rester. Parfois, l’on entendu dire par une personne « je ne suis pas pratiquant(e) » alors que la personne prie régulièrement. La pratique religieuse collective est une dimension importante, elle doit à mon avis être comme secondaire par rapport à la pratique personnelle intime, comme au service de la pratique personnelle intime, de la relation ou de la recherche de Dieu personnelle, intérieure, non publique.

Je veux bien témoigner de ce que vis personnellement, mais un autre collègue répondrait différemment, et un pasteur n’est pas plus « croyant » que n’importe quel autre chrétien pratiquant. Dans un sens, le pasteur l’est même moins puisque quand on « fait » le culte, on n’y participe pas du tout de la même façon, rien ne remplace la surprise du texte biblique choisi par le prédicateur, les prières, les chants, et la préparation à ces surprises dans le fait même d’aller au culte alors que rien ne nous y oblige. Heureusement, en ce moment, j’ai au moins un dimanche par mois où je suis libre pour aller au culte (ou à la messe car cela m’arrive). Et quand j’assure le culte, il m’arrive souvent de voir tel ou tel collègue venu au culte en paroissien.

Je ne suis pas très formaliste ni ritualiste sauf en ce qui concerne de prendre un petit déjeuner le matin (c’est comme ça). Pour la prière, non, ce n’est chez moi ni rituel, ni organisé, c’est plutôt irrégulier, c’est bref et souvent. Je prie en général plusieurs fois par jour, mais quand ça me prend, selon l’humeur, selon ce qui me passe dans la tête, une rencontre, une lecture, une question, une ambiance… Cette prière est vraiment très brève, elle est un peu plus longue quand je me couche pas trop tard et que je reste là, dans mon lit bien confortablement mais pas encore endormi. Elle est plus longue le matin, je me réveille très tôt et avant ou après mon petit déjeuner béni, j’ai du temps, et le calme, le silence du petit matin plongé au fond d’une couette douillette. Ou parfois quand je marche, le rythme et le temps libéré m’est favorable. Ou quand je prépare une prédication, en général devant mon ordinateur, ou parfois quand je réponds à des questions de visiteurs.

Il n’y a que quand je prends une petite semaine de retraite dans un monastère que je prie de façon plus structurée. J’ai moins eu la possibilité ces dernières années, mais j’aime beaucoup et j’ai énormément bénéficié spirituellement aller 4 à 5 jours dans un monastère trappiste (Citeaux, Aiguebelle, Acey, Soligny, Orval, Tamié). Je vais alors aux sept offices de la journée (dont celui qui est en pleine nuit), je me promène dans la nature, je relis la Bible, tranquillement, je prie, je dors, je mange et fais la vaisselle avec le groupe des hôtes, dans le silence car le style de la Trappe est de garder le silence, ce qui est une vraie bénédiction dans notre monde bruyant, je déconnecte mon téléphone.

Parfois, je reprends une cure de Psaumes, et cela aussi m’aide à avancer dans la prière. Je comprends donc que certaines personnes soient aidées par une certaine forme, un certain rythme, ou par des textes. C’est pourquoi j’ai mis quelques « trucs » et quelques textes de prière sur le site. Mais c’est vraiment facultatif, bien entendu. Et comme pour la religion collective, les exercices doivent rester des exercices au services de la prière personnelle intime, intérieure.

Pour le reste, j’aime bien, à l’occasion, les temps de prière silencieuse (les personnes priant ensemble mais intérieurement). Sinon, je ne pratique absolument pas la prière en groupe où les participants prient à haute voix. Je trouve ça horrible, franchement. Je le ressens comme si j’exposais devant des tiers une conversation intime, personnelle (c’est pour moi ce à quoi on pourrait comparer la prière). Et quand il m’est arrivé de me laisser embarquer par amitié dans un groupe de prière, j’ai remarqué que je ne peux m’empêcher d’être conscient du fait qu’il y a des gens qui écoutent ma prière, je me mets à parler pour eux, aussi, tout en continuant à parler à Dieu, mélangeant un peu les deux, faisant moins silence devant Dieu, l’écoutant moins, et quand par grâce dans ce temps de prière il y a un moment de silence interrompu par une personne, cela me dérange dans ma prière à Dieu… bref dans ces groupes de prières où chacun s’exprime, je me prends à tromper un peu Dieu, à me tromper un peu moi-même, à tromper un peu les gens. Pas énormément mais quand même dans quelque chose de si essentiel que la prière… Beurk. Et je comprends que Jésus nous ait dit « toi, quand tu prie, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret« . Alors, dans cette intimité, les paroles et les silences, les soupirs inexprimables (comme le dit l’apôtre Paul) sont entre moi et Dieu, vraiment, dans cette confiance et dans cette sincérité que seule l’intimité rend possible.

Il y a quand même une exception, je trouve sympa de prier avec une personne seule, par exemple avec une personne âgée que je visite. Ou à l’hôpital, si la personne est dans une chambre individuelle. C’est pourtant à moitié de la prière à Dieu et à moitié des paroles pour la personne visitée, mais je ne sais pas pourquoi, cela ne me gêne pas, au contraire, alors que participer à un groupe de prière me gène. Mais quand même, cette prière là, me prend une énergie que ne me demande pas la prière dans la secret de mon cœur, cela me demande une énergie assez importante même.

Pour ce qui est des prières pendant le culte, il m’est arrivé de pratiquer ce que l’on appelle une « prière d’abondance », c’est à dire une prière non préparée, mais aujourd’hui je ne le fais plus, préparant d’avance toutes les prières que je dis, ou prenant un texte existant déjà, souvent des Psaumes. Il s’agit alors clairement d’une autre sorte de prédication, une pédagogie qui invite les auditeurs à prier, en direct ou plus tard, dans le secret de leur cœur. Et il m’arrive souvent de me mettre à prier vraiment pendant que mon collègue dit ainsi une prière préparée pendant le culte, et je perds alors le fil de sa prière… Mais bon, l’objectif, je crois, est atteint.

Sinon, du point de vue de la lecture, j’ai plein d’occasions de lire, d’étudier et de prier la Bible pour préparer des rencontres et des cultes, ainsi que des livres et articles de théologie. Je ne lis la Bible en plus que pendant les vacances. Cela dit, du point de la réflexion, tout est bon et un article de journal ou un film, une conversation, et l’excellent « philosophie magazine » (le seul journal auquel je sois abonné) offrent bien des sujets de réflexion et de prière qui complètent bien la lecture de la Bible.

Merci pour les encouragements, cela me donne envie d’en mettre plus souvent en ligne …

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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