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Confession de foi

Est-ce que l’on peut dire  » Je me donne tout à toi » « Je te consacre toute ma vie. »

Question posée :

Bonsoir Pasteur, Je reviens vers vous pour avoir quelques précisions concernant : se consacrer
Est-ce que l’on peut dire  » Je me donne tout à toi » « Je te consacre toute ma vie. »
Je n’arrive pas à trouver quelque chose qui me convient c’est pour cela que je me tourne vers vous.. Je pense que c’est une pensée très évangélique.
Un immense merci !!!!
Cordialement

Réponse d’un pasteur :

Bonsoir

Merci pour cette très belle question.

Oui, on peut dire cela. Et c’est d’une sublime élévation et profondeur.

Enfin, tout dépend comment on le comprend, à mon avis.

Dieu n’est pas en concurrence avec nos autres attachements : au monde, aux autres et à nous-mêmes, à la vie, et aux petites et grandes bénédictions de cette vie.

Dieu est d’un autre ordre, celle de la source de l’être. Le monde, la vie, les autres, et nous-mêmes : nous sommes des « étants ». Donc, quand on se donne tout à Dieu, cela ne signifie pas nécessairement abandonner ces « étants ». Mais plutôt ne pas considérer d’autres sources d’être que Dieu, et cela change effectivement profondément notre rapport à tout le reste.

Désolé, c’est peut-être un petit peu pointu comme introduction. Je préfère passer à des exemples, des questions.

J’ai en tête le grand saint Antoine (251-256) qui entend un appel à tout quitter, il distribue aux pauvres une bonne fortune qu’il avait héritée de ses parents, il laisse une part à sa sœur toute jeune, et part vivre sa vie d’ermite. D’un côté, c’est admirable. D’un autre, si l’on se met à la place de sa sœurette, c’est très cruel de se retrouver orpheline et abandonnée par son frère.

Cela soulève cette question : sommes-nous entièrement propriétaires de notre être, de notre vie ? Oui, peut-être dans certains cas. Mais souvent pas totalement, et c’est plus une bénédiction qu’une entrave. Nous avons, Dieu voulant, des attaches, des liens qui engagent notre fidélité.

C’est ce que dit Jésus quand il nous appelle dans un même souffle à aimer Dieu et aimer notre prochain comme nous-mêmes. Les trois sont à aimer : Dieu, notre prochain (quel prochain ?) et nous-mêmes, mais ce n’est pas sur le même plan. Nous pouvons aimer Dieu et nous consacrer à Dieu : Lui-même nous renvoie à notre prochain, dans une vocation pouvant survenir. De sorte que, même en nous donnant à Dieu, nous penserons aussi à d’autres, nous aurons parfois comme priorité de penser à telle personne alors que nous aurions pu passer une heure de plus à prier ou à contempler Dieu dans la louange et l’émerveillement, voire dans une extase…

Et quand Jésus nous dit d’aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes, cela comprend aussi « nous aimer nous-mêmes ». C’est Dieu lui-même qui, en nous aimant, nous apprend à nous aimer aussi nous-mêmes, en vérité. Ce n’est donc pas un oubli de soi. Plutôt cesser de se prendre pour la référence ultime. Donc nous donner tout à Dieu n’est pas une implosion, ce n’est pas un oubli de nous-mêmes. C’est nous recentrer sur une source, Dieu, et voir, grâce à lui, évoluer notre façon de nous apprécier nous-mêmes et la vie en ce monde. Nous consacrer à Dieu n’est alors pas un sacrifice de soi. Au contraire, dans un sens.

C’est ainsi que se consacrer à Dieu n’est pas du tout devenir religieux, pasteur, prêtre ou moine, ou ermite du désert, ou aller soigner les enfants dans les bidonvilles de Calcuta. Peut-être, mais ce n’est pas cela. Ce sont des appels particuliers à telle ou telle personne. Pour d’autres, se consacrer à Dieu est rester apparemment dans sa vie « d’avant » et pourtant l’habiter autrement, l’infléchir progressivement de plus en plus de diverses façons. Ce n’est pas le moins héroïque. Juste le moins spectaculaire (or, parfois, le spectaculaire est une tentation). Se consacrer à Dieu, c’est probablement se recentrer sur des points qui nous apparaissent plus essentiels et minimaliser d’autres préoccupations. C’est peut-être une disponibilité au souffle qui peut effectivement nous faire saisir une opportunité de service ou de changement plus radical, c’est possible. Qui sait ? Tout dépend de ce que l’Esprit nous soufflera.

J’aime bien votre « toute ma vie ». Elle est si courte qu’elle mérite bien que l’on fasse quelques choix essentiels et que l’on s’y tienne. Le choix de notre inspiration principale est peut-être le choix des choix. Le cœur du cœur qui oriente effectivement réellement notre vie. Ou plutôt la façon de vivre notre vie. De cheminer, de nourrir d’une façon essentielle notre liberté, je pense.

Avec mon admiration pour cette question qui me touche profondément.

Dieu vous bénit et vous accompagne.

par : pasteur Marc Pernot

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3 Commentaires

  1. Ruth dit :

    Toujours de belles et profondes réflexions et bien au delà loin de toutes polémiques ! J’aime beaucoup la spiritualité qui vous habite, qui vous enveloppe et cela avec des mots qui touchent la cible du cœur et de la conscience. Merci. Personnellement je pense que oui on peut être tout à Dieu, chacun de nos actes étant accomplis avec Lui, s’Il nous habite ! Spirituellement vôtre ! 🕊

  2. Pascale dit :

    Merci pour cette réponse si empreinte d’émotion, de vécu.
    La lecture de certains articles me conduit à la prière, c’est le cas de celui-ci.
    « Dieu n’est pas en concurrence avec nos autres attachements » : parfois si, le défi est alors de le reconnaître.
    « toute ma vie » : encore un autre défi, et pas des moindres !

    1. Marc Pernot dit :

      Merci,Pascale, très intéressantes remarques.

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