24 juillet 2018

Un manuscrit de la Bible vieux de 2000 ans (trouvé à Qumran) - fichier wicommons auteur वियानी विन्सेंट डिसिल्वा
Lire la Bible

Peut-on se réconcilier avec le Dieu guerrier de certains passages de la Bible ?

Par : pasteur Marc Pernot

Illustration : manuscrit de la mer morte - fichier wicommons auteur वियानी विन्सेंट डिसिल्वा

Un manuscrit de la Bible vieux de 2000 ans

C’est une question fréquente de la part de personnes qui commencent la lecture de la Bible à la première page qui qui arrivent ainsi assez rapidement dans des récits plutôt terribles et choquants.

L’Éternel est un vaillant guerrier,
il a précipité dans la mer les chars de Pharaon et son armée,
ses cavaliers ont été engloutis dans la mer Rouge….

C’est ainsi que Moïse chante la victoire extraordinaire par laquelle Dieu libère son peuple de l’esclavage en Égypte. (Exode 15) Ce texte est un des plus terriblement magnifiques de la Bible, il célèbre apparemment Dieu comme un guerrier qui massacre des hommes et des bêtes. Même si c’est pour en sauver d’autres, le moyen est brutal. De tels passages nous choquent, évidemment et heureusement, car l’image d’un Dieu violent est incompatible avec le Père que nous révèle Jésus-Christ, un Dieu de fidélité et de tendresse pour chaque être humain, même son pire ennemi, nous dit-il. (voir Matthieu 5:44, Luc 6:35). Est-ce que ces passages violents seraient incompatibles avec la théologie proposée par Jésus-Christ ? Je ne le pense pas. C’est plutôt une certaine façon de lire et d’appliquer ces passages qui est incohérente avec l’Évangile.

Depuis l’origine même de la Bible, l’objectif de la rédaction de ce texte est dans son sens moral, théologique et spirituel. C’est particulièrement clair pour la libération du peuple hébreu hors d’Égypte. En soi cet événement, même miraculeux, n’aurait que peu d’importance historique s’il ne concernait que les seules personnes vivant à l’époque. C’est à cause de son importance théologique et spirituelle que ce texte est aujourd’hui dans la Bible, c’est pour cela que cette libération constitue même le premier article du Décalogue, c’est cela que les hébreux commémorent à Pâque depuis trois bons millénaires. Et c’est aussi à cette libération qu’est comparé le salut en Jésus-Christ.

Quand un Égyptien est englouti dans la Mer Rouge avec son cheval ou quand un Philistin est massacré par Samson, quand l’humanité est engloutie sous les eaux du déluge… c’est une horreur si l’on prend cela au sens littéral car la perte d’un seul homme est un scandale, particulièrement aux yeux du Créateur de la vie.

Comment lire ces textes à la lumière de l’Évangile ? Nous le voyons sous la plume des auteurs du Nouveau testament, quand ils identifient l’histoire de la Mer Rouge ou du Déluge au baptême (1 Co. 10:2, 1 Pierre 3). Les êtres noyés sous les eaux évoquent ainsi notre péché, tout ce qui ne va pas dans notre existence, notre péché, notre manque de foi, d’espérance et d’amour, notre souffrance et notre angoisse.

Au sens symbolique, le Philistin est synonyme de sauvagerie et de refus de Dieu. Il faut donc traduire  » massacre de Philistin  » par  » suppression d’un peu de mal, de haine, de violence  » en nous-mêmes. Au sens symbolique, l’Égypte est, dans la Bible, synonyme de cette richesse matérielle qui parfois nous transforme en esclaves. Il est donc juste de traduire :  » L’Éternel a précipité dans la mer les chars de Pharaon et son armée  » par  » L’Éternel nous a délivré de l’esclavage de notre matérialisme « , ou, comme le dit l’Évangile en témoignant du Christ :  » Dieu nous libère du péché et de la mort.  » (voir Lc 4:19, Jn 8:32, Rom 8:2)

Tout homme, qu’il soit Égyptien, Esquimau, Gaulois, Philistin, Samaritain ou Hébreu est pécheur, évidemment. Chacun de nous a une dimension de violence, chacun est un peu esclave de ses préoccupations matérielles, le riche comme le pauvre. Il y a ainsi du Philistin en chaque homme, il y a de l’Égyptien aussi, et nous sommes souvent incapables de nous affranchir de ces dimensions par nos seules forces. De formidables progrès peuvent nous être donnés par Dieu, il peut même faire des miracles, nous dit le miracle de la Mer Rouge qui s’ouvre devant Moïse, et c’est une expérience que nous faisons à maintes reprises dans notre existence : Dieu ouvre en nous des barrières que nous aurions bien été incapables d’ouvrir par nos seules forces. C’est ce miracle que célèbre le cantique de Moïse.

Nous pouvons donc lire ces textes de massacres comme une promesse de salut pour tout homme, à commencer par les pécheurs que nous sommes. Ou y lire un appel à travailler, main dans la main avec Dieu, à nous améliorer, nous-mêmes et notre humanité, notre monde.

Là où commence la folie source de meurtres c’est quand on croit qu’un homme peut être à 100% mauvais, et c’est quand on identifie l’homme avec ce qu’il a commis. Jamais Jésus ne fait ces amalgames et il peut ainsi dénoncer à la fois le péché et annoncer le pardon, dénoncer la méchanceté et se tourner vers le méchant, dénoncer le mal et nous inviter à aimer ceux qui nous font du mal.

Nous pouvons ainsi nous révolter contre la violence et entendre dans chaque page de la Bible un chant de louange à l’inlassable effort de Dieu pour éliminer cette violence qui enchaîne le cœur de l’homme.

pasteur Marc Pernot

Cette question appartient au chapitre « Réfléchir avec la Bible » de ce blog

Partagez cet article sur :
  • Icone de facebook
  • Icone de twitter
  • Icone d'email

Articles récents de la même catégorie

Articles récents avec des étiquettes similaires

Un commentaire

  1. Timothée dit :

    Bonjour,
    Je ne comprends pas en quoi vous interprétez la Bible de cette façon?
    Jésus lui même dans de très nombreux passages du Nouveau Testament cite des personnages de l’Ancien, en tant que personnes.

    Cordialement,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *