
« Quel homme, quelle femme ! » à travers la Bible 3/3 – Une nouvelle Ève, un nouvel Adam : Marie et Jésus
Cycle « Quel homme ! Quelle femme ! » à travers la Bible. Voir l’introduction et les différentes séances ici.
Dans ce cycle, nous nous penchons sur la conception de l’humain, homme et femme, qui est proposée par la Bible (anthropologie).
Séance N°3/3 du mardi 18 mars 2025 – Vidéo :
Introduction :
Immédiatement après la création de l’humain, le récit biblique s’interroge sur les errements de l’humain, sa faiblesse et ses difficultés à avoir de saines relations à Dieu et à l’autre. C’est d’abord le récit de « la chute » mettant en scène Adam et Ève, Ève et Adam, et le serpent qui parle.
Saint Augustin, à la fin du IVe siècle, invente le terme de « péché originel », soutenant que ce serait un fait historique aux conséquences incalculables sur l’humanité tout entière. C’est une interprétation très discutable. Il semble plus intéressant d’y voir un paradigme : chaque humain particulier ayant un peu de cette équipe formée par Adam, Ève et le serpent. En creux, cela dessine la vision d’un humain ayant une belle relation avec Dieu, avec l’autre et avec soi-même. C’est ce que développent les figures de Jésus ou de Christ et de Marie, sa mère, dans certains textes du Nouveau Testament. Une nouvelle Ève et un nouvel Adam pour nous inspirer une façon d’être saine.
Textes Bibliques
Des personnages de la Bible « tam » ou « tamim »
Genèse 6:9 Noé était un homme juste et intègre (תָּמִים, τέλειος) dans son temps, Noé marchait avec Dieu.
Genèse 17:1 L’Éternel apparut à Abram, et lui dit : Je suis le Dieu Shaddaï. Marche devant ma face, et sois intègre (tamiym).
Genèse 25:27 Jacob fut un homme tranquille (tam : moitié de tamiym).
Matthieu 5:48 Jésus : Soyez donc parfaits (τέλειος), comme votre Père céleste est parfait.
L’Adam, l’Ève et le serpent qui parle au jardin d’Éden – Genèse 3
1Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? 2La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. 3Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, de peur que vous ne mouriez. 4Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez pas, 5mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal.
6La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence, elle prit de son fruit, et en mangea, elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. 7Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. 8Alors ils entendirent la voix de l’Éternel Dieu, qui parcourait le jardin au souffle du jour, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. 9Mais l’Éternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? 10Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. 11Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? 12L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. 13Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.
14L’Éternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. 15Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. 16Il dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. 17Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras pas ! le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie…
Le péché en Adam et la grâce en Jésus-Christ – Romains 5
8Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous… 10Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie… 14Adam, est la figure de celui qui allait venir… 15si par la faute d’un seul la multitude a subi la mort, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don par grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, ont-ils été répandus abondamment sur la multitude…
Au commencement : Marie et l’ange : Nouvelle Ève – Luc 1
26Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, 27chez une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; le nom de la vierge était Marie. 28Il entra chez elle et dit : Réjouis-toi, toi qui es comblée par la grâce ; le Seigneur est avec toi. 29Très troublée par cette parole, elle se demandait ce que pouvait bien signifier une telle salutation.
30L’ange lui dit : N’aie pas peur, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31Tu vas être enceinte ; tu mettras au monde un fils et tu l’appelleras du nom de Jésus. 32Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. 33Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ; son règne n’aura pas de fin.
34Marie dit à l’ange : Comment cela se produira-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ?
35L’ange lui répondit : L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui sera engendré sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu. 36Elisabeth, ta parente, a, elle aussi, conçu un fils, dans sa vieillesse : celle qu’on appelait femme stérile est dans son sixième mois. 37Car rien n’est impossible de la part de Dieu [littéralement : aucune parole ne sera impossible de la part de Dieu].
38Marie dit : Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole.
Et l’ange s’éloigna d’elle.
Enfin : Jésus au jardin de Gethsémané – Luc 22
39Jésus sortit et alla, selon sa coutume, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent.
40Arrivé à cet endroit, il leur dit : Priez, afin de ne pas entrer dans l’épreuve.
41Puis il s’écarta d’eux, à la distance d’un jet de pierre environ, et il se mit à genoux pour prier, 42en disant : Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui advienne, mais la tienne.
(43Alors un ange lui apparut, du ciel le fortifiant. 44En proie à l’agonie, il priait avec plus de ferveur encore, et sa sueur devint comme des gouttes de sang tombant à terre.)
45Il se releva de sa prière et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; 46il leur dit alors : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, priez, afin de ne pas entrer dans l’épreuve.
Enfin l’humain – Jean 19
5Pilate leur dit : Voici l’humain !
Le serpent ancien enfin jeté à terre – Apocalypse 12
7Il y eut alors une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon. Le dragon combattit, lui et ses anges, 8mais il ne fut pas le plus fort, et il ne se trouva plus de place pour eux dans le ciel.
9Il fut jeté à bas, le grand dragon, le serpent d’autrefois, celui qui est appelé le diable et le satan, celui qui égare toute la terre habitée ; il fut jeté sur la terre, et ses anges y furent jetés avec lui.
10Alors j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait : Maintenant sont arrivés le salut, la puissance, le règne de notre Dieu et le pouvoir de son Christ.
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🤔Tout ça, c’est intéressant, mais quel rapport avec la réalité historique de l’homme Jésus??? Un « ange » vient dire à une toute jeune fiancée qu’elle va se trouver enceinte sans acte sexuel: je sais, c’est dans la Bible, et les protestants tiennent la Bible pour la source de la « Vérité » avec V majuscule (le Vatican, lui, prend des libertés avec la Bible: ainsi les frères et soeurs de Jésus seraient ses cousins et cousines, éventuellement les enfants d’un premier mariage de Joseph), mais nous vivons au XXIe siècle et un esprit lucide ne peut avaler de telles balivernes!
La « Vérité », c’est le Christ, pas un texte. Le texte est sincère et peut avoir un effet de « vérité » quand il est reçu profondément par l’Esprit. Quand à ce récit de conception miraculeuse, ce n’est pas un reportage s’intéressant à une vérité matérielle, charnelle, gynécologique. Mais c’est un enseignement sur une réalité spirituelle, nous appelant à nous laisser féconder, dans notre chair, par l’Esprit de Dieu, par sa Parole et que naisse alors une dimension christique dans notre être. C’est ce niveau spirituel qui est le sens premier de ce texte. A mon avis (et je ne suis pas le seul à le penser). Mais même si c’est arrivé matériellement comme cela, c’est pour nous donner un signe, ce n’était pas une nécessité pour que Jésus soit « fils de Dieu ». Il l’est bien autrement. Si Jésus était « fils de Dieu » à travers cette conception miraculeuse, ce serait tout à fait comme dans la tradition classique grecque avec Zeus ayant un enfant avec une humaine pour engendrer un demi-dieu. Ce n’est pas du tout l’idée de ce texte, à mon avis.
Bonjour Pasteur Marc Pernot,
Je vous remercie pour toutes vos intéressantes et excellentes explications qui me font découvrir de nouvelles interprétations possibles et plausibles des textes bibliques examinés dans cette séance.
Gloire à Dieu qui est parfaitement amour !
Amitiés fraternelles,
Jean-Pierre
Grand merci !
Vous pouvez en prendre et en laisser, bien sûr.
Je propose une pensée en chemin.
Ceci est de l’hérésie. Jésus est le deuxième Adam dans son humanité en ce qu’il n’a jamais commis un seul péché. Alors que Marie était pécheresse et avait besoin d’un Sauveur comme les autres, c’est pourquoi elle a dit: »Je me réjouis en Dieu mon Sauveur »(Luc 1.47). Il n’y a absolument aucune mention d’une »deuxième Eve » dans la Bible. L’idée même d’une deuxième Eve, est complètement dissociée de la pertinence théologique rattachée au principe du rôle unique et nécessaire d’un deuxième Adam. Proposer la présence d’une »deuxième Eve » suggère une insuffisance face à cette unicité de Christ; Et cela non seulement en tant qu’Agneau de Dieu sans défauts et sans tache, mais aussi face à sa capacité salvatrice, ce qui est carrément un blasphème. La Parole de Dieu est claire en déclarant qu’il n’y a point de salut en aucun autre que Jésus-Christ, qu’ il n’y a sous le ciel aucun autre Nom qui nous ait été donné par lequel nous sommes sauvés (Actes 4.12). Cette vérité va peut-être en scandaliser plusieurs, mais Marie n’était pas un élément indispensable ni irremplaçable en ce qui concerne la mise en action du plan de Dieu pour le salut de l’humanité; Elle était une jeune fille juive pieuse (parmi d’autres jeunes filles juives pieuses), dont Dieu a voulu se servir en tant qu’instrument pour donner naissance à Jésus; La nature, le rôle, et la perfection de Christ en tant que Sauveur, n’était aucunement relié à Marie; Et si Marie aurait dit non, cela n’aurait pas annulé le plan de rédemption de Dieu, mais le Seigneur aurait simplement pris une autre vierge! Marie n’était pas la »deuxième Eve » et un tel concept est tout à fait inexistant dans la Bible; Elle n’était pas sans péché, ni parfaite à aucun niveau; Elle n’est pas co-rédemptrice, elle n’est pas un être divin, et de la rendre ainsi n’est rien d’autre que de l’idolâtrie et de l’hérésie. Dieu est une Trinité et non une »quadrité ».
Je n’ai jamais dit que Marie était à égal de Jésus, ni « corédemptrice », mais qu’elle était figure du disciple du Christ. Il y a de l’humanité telle que Dieu l’a toujours espérée quand Marie dit « oui » à Dieu. Cela ne remet en aucun cas le rôle unique et salvateur du Christ.
Mais vous pouvez tout à fait ne pas être d’accord avec cette lecture. Bien sûr. Dieu vous bénit et vous accompagne
Hérésie, blasphème, idolâtrie et impertinence théologique, cela fait beaucoup pour désigner une lecture intelligente, c’est-à-dire une lecture qui fait sens, qui prend une direction acceptable et qui éclaire davantage.
Pour ma part, je retiens plutôt de votre trilogie sa conclusion : « il faut que le Christ naisse en nous » bien plus que ce qu’il y a à en dire en chicaneries car mille théologies ou philosophies peuvent répondre à nos interrogations sur la nature de Dieu. Peut-être parce que je ne suis pas férue en théologie si bien que je ne m’aventurerais pas à polémiquer sur la trinité, le péché, la rédemption ou que sais-je, mais cette formule « que le Christ naisse en nous » m’a frappée car elle m’a semblé correspondre à un fil de lecture conducteur assez valable dont je ne disposais pas avant de vous entendre, et je vous remercie. Il ne s’agit pas d’être le Christ, bien sûr, mais de l’envisager comme un principe actif qui essaie de faire jour dans les différentes expériences humaines rapportées dans les mythes bibliques. Cela me semble faire sens.
Merci, Lili, pour votre soutien si fraternel.
Normalement, j’enlève les commentaires portant un jugement péjoratif sur son collègue en humanité, et je ne réponds pas. Afin de ne pas « nourrir le troll », et que ce forum soit un lieu « safe » comme on dit en français. J’aurais peut-être dû ne pas le laisser, car non seulement je suis traité comme un criminel à pendre par la langue pour les siècles des siècles, ce qui me gène plus c’est que la foi de chrétiens catholiques est injuriée au passage. Je m’en excuse auprès d’eux, espérant qu’ils ne seront pas impressionnés par ces paroles qui n’engagent que leur autrice.
Merci, Marc, pour ce travail. J’ai beaucoup apprécié votre lecture de Luc 1 et Luc 22, avec notamment ce parallèle entre d’une part, Adam et Ève qui ont préféré suivre leur propre désir et d’autre part, Marie et Jésus qui ont choisi de mettre Dieu au centre. Contrairement aux récits de la Genèse, ceux des Évangiles mêlent réalité historique et vérité symbolique, comme vous le montrez si bien. Cette différence m’a interrogée. Il me paraît maintenant clair que la Bible parle de notre évolution personnelle avec, de la Genèse à l’Apocalypse, une multitude de figures auxquelles chacun peut s’identifier. En résumé le premier Adam c’est ce que je suis, et le second Adam c’est ce vers quoi je veux tendre. Mais puisque Jésus est aussi un personnage qui s’inscrit dans l’Histoire, ce qui me paraît indispensable au message des évangiles, je me pose la question : la Bible parle-t-elle aussi de l’évolution de l’humanité ? Jésus en tant qu’acte créateur de Dieu, n’a-t-il pu être possible que lorsque que l’humanité a été capable de produire un tel humain ? Jésus acte créateur de Dieu certes, mais il a fallu qu’un être humain accepte d’endosser ce rôle de Christ, ce qui n’est pas une mince affaire, il ne faudrait pas le minimiser. Peut-on y voir une symbiose entre un Dieu créateur et un humain créateur ? Je trouverais cela particulièrement touchant. Dès lors, je me demande aussi s’il y a pu avoir depuis, d’autres Jésus parfaitement anonymes, c’est à dire d’autres humains tels que Dieu les a rêvés ou espérés (je vous emprunte cette magnifique formule). Cela me paraîtrait assez logique.