Choisir volontairement de visiter nos bons souvenirs (1 Samuel 7:15-17)
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Vidéo :
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(Voir le texte biblique ci-dessous)
prédication (message biblique donné au cours du culte)
à Genève, le dimanche 12 novembre 2023,
par : pasteur Marc Pernot
Les deux mémoires, selon Bergson
Le philosophe Bergson nous propose de reconnaître deux sortes de mémoire :
1) Il y a cette mémoire qui provient d’une habitude, c’est ce qui fait par exemple que les mots et les expressions de notre langue maternelle nous viennent naturellement, de même que boutonner une chemise fait partie des choses que nous avons apprises.
2) Et puis il y a cette autre mémoire qui est celle qui nous permet de nous souvenir de moments d’exception qui tranchent avec la trame de nos habitudes. Cette mémoire peut être puissante et changer notre présent. Pour le meilleur et parfois aussi pour le pire.
Ces deus types de mémoire font partie de ce que nous sommes aujourd’hui, et enrichissent notre personnalité, la rendant encore plus unique.
Samuel a ses habitudes et ses souvenirs
C’est ce dont il est question dans le texte biblique que nous méditons maintenant : il semble anecdotique avec cette petite virée annuelle du prophète Samuel, mais ce texte nous propose une belle façon d’avancer par un travail sur notre mémoire.
1) Samuel a ses habitudes à Rama, c’est tout simplement son chez lui, nous dit le texte, et Samuel gère en ce lieu les affaires courantes selon sa vocation. C’est son ordinaire, et cela est pour nous une figure de notre propre vie structurée par nos habitudes.
2) Ensuite, il y a cette visite que Samuel rend régulièrement dans trois lieux qui sont pour lui des lieux spéciaux : Béthel, Guilgal et Mitspa. Chacun de ces lieux évoquent la mémoire d’un événement important pour Samuel, et il tient à visiter chacun régulièrement. Cela nous suggère de choisir délibérément de travailler notre souvenir de temps qui ont été importants pour nous. Ce n’est pas du souvenir pour le souvenir, ce serait plutôt comme quand l’agriculteur gardait une partie des meilleures semences de la récolte passée afin d’ensemencer notre champ pour demain.
Ces deux mémoires se travaillent.
1) La première mémoire, celle de l’habitude, se travaille par la répétition, et nous permet de développer des compétences utiles. Diego à l’orgue et Carlos au basson nous régalent ce matin comme si c’était tout simple et naturel de jouer comme cela, mais on imagine la somme de travail que cela représente pour que leur instrument devienne un prolongement de leur être et leur permette de s’exprimer comme ils le souhaitent, avec leur personnalité. Nous pouvons sans cesse enrichir nos facultés grâce à ce travail sur la mémoire de nos bonnes habitudes.
2) Quant à l’autre mémoire, le souvenir de moments d’exception qui transcenderont nos habitudes, cela se travaille aussi. Et c’est vraiment un grand bénéfice, cela multiplie le meilleur que nous avons déjà vécu, comme Jésus a multiplié les pains et les poissons.
Dans ce que nous avons vécu d’exceptionnel dans notre vie, il y a eu du bon, de l’excellent, et il y a des moments de notre vie ont été pour nous des blessures. Dans son itinéraire de mémoire, Samuel ne passe que par des lieux positifs du passé. En creux, cela veut dire qu’il choisit de ne pas ressasser les moments négatifs de son histoire, qu’il les écarte de sa source d’inspiration, afin que ce ne soit pas eux qui viennent le déterminer. Cela demande parfois un vrai travail pour que ces mauvais souvenirs soient cantonnés dans notre histoire passée et ne soient pas revécus dans le présent.
Ce que nous propose notre texte c’est d’avancer en choisissant de passer par nos souvenirs positifs les plus importants pour nous : tel moment de notre vie qui a été porteur de bénédiction et de vie, ou qui nous a apporté une certaine jubilation.
C’est pourquoi les grandes étapes de notre vie sont marquées de rites dans toutes les cultures, c’est le fruit d’une expérience, cela prépare notre capacité à en travailler le souvenir. C’est à nous aussi de chercher les autres temps de grâce dans notre vie : ce sont des petites et de grandes choses qui ont compté pour nous. Et pour les chercher, ne négligeons pas notre émotion. À l’occasion du décès d’une personne aimée ou d’une simple photo retrouvée dans un dans un livre, ou d’un sentiment de « déjà-vu », l’émotion peut nous permettre de relever que tel moment de notre histoire a été un moment magique pour nous. Avoir vécu cela nous constitue, c’est un trésor personnel. Cette mémoire peut être visitée comme le fait Samuel, cela intègre à notre être la bénédiction d’un instant.
Ce n’est pas un ressassement permanent que Samuel nous propose, mais de visiter délibérément de précieux souvenirs pour nous, à notre rythme, ni trop ni pas assez fréquemment.
Préparer ses souvenirs
Chacun des lieux évoqués par Samuel est le lieu d’un événement positif. La Bible nous parle de ces événements. Ils ont en commun le fait qu’à chaque fois, le travail du souvenir a été préparé : le bénéficiaire avait consciemment relevé la valeur de ce moment et avait dressé sommairement un mémorial avec quelques pierres où rendre grâce à l’Éternel.
C’est ce que nous pouvons faire dans notre prière quotidienne, ne pas laisser échapper ces moments de bénédiction : relever délibérément que nous avons vécu quelque chose de bon dont nous voulons nous souvenir, et rendre grâce à Dieu. Car notre cerveau ne suffit pas à faire resurgir la vitalité incroyable d’un souvenir important.
Comment faire, en ce qui nous concerne ? Pour tenir lieu de mémorial, certaines personnes pourront être aidée par le soutien d’un objet, un coquillage ramassé, ou le soutien d’un lieu par lequel on passe, comme Samuel. Ce n’est pas obligatoire, l’essentiel me semble être de garder nos souvenirs importants, souvenirs incarnés dans la remémoration d’un instant spécial et d’y associer la bénédiction de Dieu. Les deux : le souvenir bien réel et la louange à Dieu. Car c’est Dieu qui transcende le temps. Ce n’est alors plus seulement le souvenir d’un passé révolu, c’est une étincelle de vie dans le présent, ce qui est infiniment plus qu’un souvenir.
Encore faut-il choisir ces souvenirs les plus importants pour nous afin de pouvoir les chérir, les visiter, les intégrer à notre parcours. Les trois souvenirs de Samuel dont il est question ici sont des exemples type qui peuvent nous aider à rechercher les temps de grâce essentiels dans nos souvenirs.
Un souvenir qui est de l’ordre de Béthel
En hébreu « Béthel » veut dire « la maison de Dieu », ce lieu a été nommé ainsi par Jacob après une expérience spirituelle intense (Genèse 28:16) qui lui fait dire : « Vraiment, l’Éternel est présent et je ne le savais pas, c’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux ! ». Puis il dresse une pierre afin de rendre un culte à Dieu et d’en garder le souvenir.
Il est bon pour nous de discerner quand nous avons vécu un temps qui est de l’ordre de Béthel, temps où nous nous sommes senti proche de Dieu c’est à dire un temps où nous avons senti que nous touchions à la source de ce qui est essentiel. Nous souvenir de tels instants peut vraiment nous accompagner, nous libérer, nous sachant gardé, accompagné, bénit quoi qu’il arrive.
À nous de discerner les temps de Béthel que nous avons vécus, petits ou bouleversants, ce que nous trouverons, et marquer ce temps comme d’un pierre blanche dans notre mémoire, le visiter de temps en temps dans la louange à Dieu. Consciemment, volontairement.
Un souvenir qui est de l’ordre de Guilgal
En hébreu « Guilgal » veut dire « la roue », figurant la force que Dieu a donné au peuple pour passer par-dessus tous les obstacles pour entrer enfin dans la « pays où coule le lait et le miel », ce qui évoque la vie qui nous permet de grandir et de vivre en paix. Josué construit alors un autel fait avec de douze pierres prises par les douze tribus d’Israël au milieu du Jourdain, et y célèbre Dieu (Josué 4:21)
À nous de discerner les temps de Guilgal que nous avons vécus, temps où nous avons pu trouver, ou recevoir la force de passer par dessus de rudes obstacles ; temps où nous avons pu faire équipe avec d’autres. À nous de nous souvenir de ce qui nous a fait grandir, de nous souvenir d’instants de miel où nous nous sommes senti bien. Rendre grâce à Dieu. Et prendre conscience qu’encore une fois nous pourrions bien rouler par-dessus des montagnes, des fleuves et des déserts.
Un souvenir qui est de l’ordre de Mitspa
En hébreu « Mitspa » veut dire « la tour de garde», en souvenir de la paix que tissent ensemble Jacob et Laban, en disant « Que l’Éternel veille sur toi et sur moi ». (Genèse 31:49)
Après Béthel qui est la paix avec Dieu, puis Guilgal qui est la paix avec notre vie en ce monde, vient le souvenir des temps où nous avons pu nous accorder avec quelqu’un et faire la paix. Et avoir la force de bénir l’autre même si, comme Jacob et Laban, nous aurons des routes différentes.
C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, Dieu a pour nous des bénédictions anciennes et des bénédictions nouvelles. Pour nous et pour ceux qui nous sont chers.
Texte de la Bible
1 Samuel 7 : 15-17
Samuel fut juge (gouverneur) en Israël tous les jours de sa vie.
16Il allait d’année en année chaque fois faire le tour de Béthel, de Guilgal et de Mitspa, et il gouvernait Israël dans tous ces lieux. 17Et il faisait son retour à Rama car à cet endroit était sa maison. À cet endroit il gouvernait Israël et il bâtit à cet endroit un lieu de prière à l’Éternel.
Texte_Bible
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Suite à une question hors ligne :
C’est vrai que ce n’est pas facile de ne pas se laisser submerger par les mauvais souvenirs. J’ai bien senti qu’il y avait là une difficulté en creusant le sujet que je voulais aborder dimanche dernier. Et j’ai fait comme j’ai pu pour évoquer cette question. Il me semble en tout cas que dans ce texte, la souffrance des mauvais souvenirs est en creux et ce silence est parlant.
Jésus a raconté une fois que si l’on chasse un démon encombrant qui est en nous, cela fait un vide, certes, quelques moments, mais le démon voyant que la maison dont il a été chassé est vide, proprette et ornée, il ramène une demi douzaine de copains démons pour s’y installer (Mt 12:43-45). Ce petit conte est assez énigmatique, certes. J’ai l’impression que cela dit que l’on ne se débarrasse pas de nos démons intérieurs en faisant le vide mais par le plein. Pensant à cela et voyant Samuel ne passer que par du positif dans son travail sur lui-même, il m’a semblé que, l’un dans l’autre, je pouvais proposer cette piste : de développer notre mémoire de ce qui a été source de mieux dans notre propre histoire, et qu’en travaillant cela sans lourdeur mais résolument, avec l’aide de Dieu, cela nous connecterait avec la source de la vie, en tout cas avec une source de mieux.
Ce qui n’empêche pas d’essayer d’autres pistes.
Ce n’est, comme toujours, qu’une proposition.
Et parfois il faut combiner exercices et vitamines pour se requinquer après une rude grippe.
Bonjour mon Pere,
J’espere que vous allez bien. Je pensais a vous et je me permets de vous demander de prier pour moi svp.
Je vis actuellement beaucoup de medisance, de la jalousie et de mechanceté gratuite (en gros)
De plus, mentalement, j’ai l’impression de « froler le précipice »
Responsabilités élevées au travail et à la maison, j’ai parfois peur de perdre l’équilibre…
On dirait que plus je « m’approcher de Dieu » , ca « fatigue » le malin et toutes sortes de « choses négatives » arrivent. Est-ce que mon ressenti est exact?
Priez pour moi svp car j’ai besoin de soutien et que l’esprit sain me guide
Si vous etes d’accord, un jour, j’aimerais faire un appel video afin de vous rencontrer virtuellement vous et votre conjointe
Impatiente d’avoir de vos nouvelles 🙂
Merci et bonne journée
Bonjour
Nous prierons pour vous.
Non, je ne crois pas une seconde que quand on s’approche de Dieu cela augmente nos malheurs.
Il n’y a pas de « dieu méchant », que certains appellent le diable, satan… il y a un seul Dieu et il est bon.
Par contre, c’est vrai que quand on met de l’ordre dans notre vie dans notre tête, cela peut arriver que cela remue temporairement des choses que nous avions enfouies, oubliées, mais c’est l’occasion de se concentrer sur l’essentiel, sur le meilleur. C’est ce que j’ai essayé d’expliquer dans cette prédication ci-dessus.
Dieu vous bénit et vous accompagne
Marc
PS. Désolé, je n’interagis en direct qu’avec les paroissiens de Genève, pour les autres, c’est par mail.
Il vous faudrait aller voir un prêtre ou un pasteur d’une paroisse proche de chez vous.