« Que les membres aient un commun souci les uns des autres » (1 Corinthiens 12:25)
Il est parfois dit que l’amour dont l’Évangile parle avec tant d’insistance est un amour qui est au-delà de toutes les façons d’aimer, un amour divin (l’agapè, en grec) que seul Dieu peut nous donner d’avoir par son Esprit… C’est vrai que Dieu nous aime comme cela, et c’est vrai que Dieu nous donne un cœur pour aimer, nous inspire par son Esprit.
Seulement il me semble que l’agapè n’est pas quelque chose de si inaccessible que cela, que c’est une façon d’être qui est en général à notre portée. Nous le voyons dans ce verset où Paul traduit en termes concrets ce que c’est qu’aimer d’agapè : c’est avoir souci des autres membres. Cela ne demande pas d’avoir nécessairement pour eux des sentiments, ni de les trouver sympathiques, ni de les apprécier. Ce que Paul nous demande c’est de nous soucier des autres. C’est une question de survie, une simple question de bon sens : sinon le corps social se délite. Alors que s’il y a des liens entre les membres, si nous faisons attention aux autres, tout le monde s’en portera mieux et ce sera au bénéfice de l’ensemble. En particulier quand une personne est problématique, il faut bien que quelques personnes se demandent ce qui ne va pas, comment elle pourrait progresser, comment éviter qu’elle fasse trop de dégâts, comment prendre soin de ses victimes. C’est très utile.
Bien entendu, il existe des circonstances où une personne a été victime d’une autre et dont la blessure est encore vive : ce serait mettre en danger la personne blessée que de la culpabiliser de ne pas arriver à se soucier de son bourreau. Aimer n’est pas à prendre comme un devoir, mais comme une bonne chose.
Cette compréhension de l’amour est assez générale dans la Bible : « aimer » signifie avoir noté que l’autre existe et en tenir compte. C’est au moins cela, aimer. Et c’est déjà ouvrir le regard au-delà de notre petite sphère. Cet amour est la base de toute recherche de justice et de paix, la base indispensable aux relations entre amis, dans le couple, en famille, au travail, entre voisins. Indispensable à la vie. C’est tout naturel, les cellules d’un corps en bonne santé le savent bien.
Dieu nous bénit et nous accompagne.
par : pasteur Marc Pernot
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Souci des autres ou souci de l’autre ? Il me semble que ce n’est pas tout à fait la même chose. L’amour concerne les deux mais le souci des autres est bien plus facile et plus répandu que le souci de l’autre. Œuvrer collectivement au bien-être de chacun est essentiel et beaucoup s’y investissent dans la société. Mais lorsque l’autre, celui qui nous est peu sympathique, a cruellement besoin de relation, lui offrir un regard, une parole, une réelle attention, cela demande quelque chose de plus. C’est peut-être ce quelque chose de plus qu’on peut espérer recevoir de Dieu, au moins de temps en temps.
Merci pour cette remarque qui m’intéresse beaucoup. Je vais y penser pour ma prédication de dimanche !
Ok pour ce qui est de l’amour de l’autre : avoir le souci de l’autre.
Ok pour ce qui est de Jésus : aimer Jésus, c’est adhérer à son message. Ça rejoint l’amour de l’autre.
Mais « j’aime Dieu », qu’est-ce que ça veut dire ? Aimer un être que je crois présent mais que je ne connais pas ? Personnellement, je suis incapable de dire que j’aime Dieu.
Justement, « aimer Dieu » c’est le prendre en considération dans sa façon de vivre et d’espérer, au moins comme hypothèse, ou au moins comme idéal de justice et de bonté, comme ce qui augmente la vie.
Merci pour cette réflexion !
2 petites questions me sont venues sur ce sujet :
1) « un amour divin que seul Dieu peut nous donner d’avoir par son Esprit » = comment expliquer que des personnes « non chrétiennes » aient davantage le soucis des autres que certains chrétiens ?
2) Comment expliquer que, au lieu de cet « agapè », les personnes « dans le besoin » peuvent ressentir plus souvent de la culpabilisation ou du jugement, dans notre « Eglise » d’aujourd’hui ? Par exemple, un(e) homosexuel(le), un homme ou une femme adultère, etc… va-t-il ressentir d’abord l’amour, ou d’abord du jugement de la part de l »Eglise » ? Ou cet « agapè » n’est-il réservé qu’entre frères et sœurs ?
1) Je pense que c’est plus choquant quand c’est une personne qui se place sous la bannière du Christ : donc on y fait plus attention. Mais je peux vous dire que je rencontre quantité de personnes extraordinaire en paroisse, bien plus que dans les milieux civils, même dans les associations.
2) La menace et la culpabilisation sont des outils puissant de manipulation des personnes et des foules. Cela se reconnaît tout de suite. Si on est dans une église qui pratique ce genre de moyens, on a le droit de ne pas se faire avoir et de la quitter. C’est très facile.
Mais ce n’est pas un concours les uns par rapport aux autres. C’est à chacun de voir les moyens qu’il se donne à lui-même pour avancer au mieux dans sa façon d’être.
La première épitre aux Corinthiens est très intéressante car elle permet de mener, si l’on suit les conseils de Paul, de mener une bonne et belle vie. Elle s’adresse en fait à tout le monde, 2000 ans après et pour longtemps encore.
Cette 1ère lettre aux Corinthiens contient certaines des plus grandes et belles pages du Christianisme, et aussi du patrimoine mondial. Cette lettre contient aussi quelques paragraphes dangereux. En particulier sur la place de la femme, sur le viol conjugal, le rejet de ceux qui ne sont pas chrétiens… C’est comme pour tout, cela demande « d’examiner toute chose et de retenir ce qui est bon ». Et nous ne sommes pas disciples de Paul mais de Jésus-Christ.
Bonjour Marc
Comment est possible de trouver des passages qui parlent d’avoir souci de l’autre et des passages sur le viol le rejet des non chrétiens là place des femmes ! Pouvez vous nous donner ces versets et nous apprendre à les examiner? Ça fait beaucoup de demandes merci
Bonjour, et bravo pour vos recherches.
Seulement, la Bible n’est pas un code moral. Il y a de beaux, très beaux textes, il y a des passages et des héros scandaleux.
C’est une bibliothèque pour nous aider à nous poser des questions.
Sur toutes ces questions que vous posez, il est pas mal de repartir de la base :
Quand on aime son prochain, que l’on se soucie d’une personne, de son bien-être, de son épanouissement, je ne pense pas que l’on puisse la violer, la traiter comme inférieure, la laisser cantonnée dans des tâches subalternes…
Mettre cela en relation avec l’écoute de Dieu me semble essentiel : cela veut dire qu enous avons tous besoin d’un supplément de création pour progresser. Enfin, cette parole de Jésus qui évoque de mettre de l’intelligence dans notre écoute de Dieu me semble essentielle.
Dieu vous bénit et vous accompagne