« Pourquoi lui faites-vous de la peine ? … Elle a fait ce qu’elle a pu. » (Marc 14:6-8)
Une méditation sur ce verset
↪ Jésus leur dit : « Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine ? … Elle a fait ce qu’elle a pu. »
(Marc 14:6-8)
Je ne vois pas de plus bel encouragement que ce « Elle a fait ce qu’elle a pu » que Jésus dresse comme un bouclier afin de protéger la femme des attaques de ses propres apôtres, hélas. C’est vrai qu’elle aurait sans doute pu faire autrement, faire peut-être quelque chose de plus utile, ou de mieux apprécié par l’opinion commune. Mais la femme a fait ce qu’elle a pu, ce qu’elle a trouvé. à sa façon et selon ses moyens et son inspiration. Cela ne résout pas le problème de la faim dans le monde, ni celui des violences ou des catastrophes ? Mais ce geste qu’elle offre est son geste.
« Elle a fait ce qu’elle a pu ! » C’est excellent.
Je me contenterais bien d’un tel hommage, moi, à la fin de ma vie « Il a fait ce qu’il a pu. ». C’est beaucoup demander, mais la bienveillance de Dieu dépasse toute mesure. Plus à ma hauteur est d’espérer pouvoir m’accorder avec Dieu, dans ma prière vespérale, pour dire que j’ai à peu près fait ce que j’ai pu au cours de cette journée. L’espérer dans sa prière matutinale donne un élan dès l’aube. Même un jour de vacances, car bien se reposer c’est se reposer comme on peut.
Nous sommes tous égaux devant cette appréciation. Le riche comme le pauvre, l’athlète olympique comme celui qui a mal à un pied. C’est une dimension précieuse de cette appréciation de Jésus : elle montre que chaque personne est espérée. C’est ce que Paul appelle le corps du Christ, formé des membres de toute l’humanité. Cette femme dont parle Jésus était sans doute assez riche car son « ce qu’elle a pu » est faramineux. Cela peut encourager même un pauvre mal en point à faire son propre « comme il peut » avec cœur, ce qui embellira aussi le monde. C’est pourquoi Jésus tient à exprimer bruyamment son admiration de cette femme. C’est comme cela qu’elle nous inspire encore aujourd’hui, ainsi que la gratitude de Jésus.
par : pasteur Marc Pernot
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Je vous remercie de ce beau message sur un verset qui me touche beaucoup. Je l’ai souvent eu interprété comme une limite à mes possibles. Dans le travail qui incombe à chacune de mes journées, Dieu me donne la possibilité de faire ce qui est en mon pouvoir, physiquement, psychiquement et spirituellement.
Or, chacun et chacune de nous avons à surmonter des deuils impossibles, des situations qui nous dépassent.
L’apôtre Paul ne disait-il pas :
« Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été excessivement accablés, au- delà de nos forces, de telle sorte que nous désespérions même de conserver la vie. » (2 Cor. 1 : 8)
Tout en ajoutant :« Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous.
Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir; persécutés, mais non abandonnés; abattus, mais non perdus;
portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. » ( 2 Cor. 4 : 8-10)
Bien fraternellement
C’est vrai que nous avons des limites à nos possibilités.
Ce verset intègre ce fait. Et néanmoins il est une bienveillance, il est un encouragement, comme dans ce célèbre envoi à Gédéon « Va avec la force que tu as ! ». La force et la sagesse et l’amour que nous n’avons pas (encore), ou que nous n’avons plus (hélas), sont une autre question. Sur laquelle nous travaillons aussi avec Dieu et grâce à Dieu. Là aussi, comme nous le pouvons, avec les forces que nous avons aujourd’hui. En tout état de cause, Dieu ne nous abandonne pas.
Il vous bénit et vous accompagne
Merci pour cette méditation. Je n’ai je crois jamais entendu prêcher sur l’épisode dit de l’onction à Béthanie.
Je crois qu’il y a comme de l’inquiétude envers ces versets, car cette femme, qu’on soupçonne je ne sais pourquoi d’être de mœurs légères, gaspille un bien précieux, en fait un mauvais usage, toutes choses que les Genevois d’autrefois, ceux qui ont connu les années de rationnement jugent hautement répréhensible, bien avant l’écologie.
J’ai en revanche entendu plusieurs fois un pasteur citer en exemple l’offrande de la veuve qui ne prête pas le flanc à ces critiques mais est très inquiétante, surtout avant la collecte. Votre interprétation de l’offrande est donc très bienvenue, chacun fait ce qu’il peut est rassurant, je retrouve là le fils conducteur de votre message, sous toutes sortes de formes.
Nous sommes en majorité un peuple de fidèles fondamentalement inquiets, les personnes âgées surtout car elles sont été trop souvent élevées dans cette crainte du péché et de la punition alors que vous nous répétez avec force un message de bonté et de pardon. Merci !
Cela dit, reste la question : quid quand on pourrait faire plus, ou mieux et encore quid lorsque on fait peu en sachant qu’on pourrait faire plus. Votre image de Dieu pardonnant est ici aussi bienfaisante. Remerci. Un officier avait l’habitude de qualifier ses subordonnés les moins doués .« fait ce qu’il peut mais peut peu ». Il y a beaucoup de façons de « pouvoir ».
Certes nous pourrions toujours faire plus, et faire mieux.
Mais il me semble précisément que cette parole de Jésus « elle a fait ce qu’elle a pu » vient refuser cette culpabilisation nocive, qui est déjà endémique, et que de bons apôtres développent en attaquant la femme. En faisant cela, ils détournent le trésor d’attention bienveillante que Jésus leur avait confié à gérer. Ce reproche explicite ou intériorisé du « j’aurais pu faire plus et mieux » est nocif car il culpabilise nécessairement, car ce reproche ne cessera que quand nous aurons donné pour les autres jusqu’à l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, notre sommeil et notre repos. Cette logique conduit à une culpabilisation et donc à donner certes plus, peut-être, mais dans l’amertume, et avec une moindre sincérité.
Paul relève cela aussi dans son fameux hymne à l’amour : j’irais jusqu’à me consumer entièrement de générosité, cela ne sert à rien si ce n’est pas par amour. Cette logique conduit parfois au découragement : à quoi bon faire un peu puisque cela ne sera pas assez de toute façon.
C’est pourquoi je pense essentielle cette gratitude pure que manifeste Jésus dans son « elle a fait ce qu’elle a pu ». C’est un quitus donné à toute personne qui fait un geste, un don ou un service… en même pour la personne qui n’a (encore) rien fait pour l’instant. C’est la fin de la culpabilisation, cette pression tellement nocive pour les consciences, le bon cœur, la progression de chacun.
C’est ainsi que le « ce qu’elle a pu » dont parle Jésus n’est pas seulement matériel (ce ne serait pas le genre de Jésus, d’ailleurs), mais le « ce qu’elle peut » est en fonction de la situation globale de la femme à ce moment. Son « ce qu’elle peut » comprend alors certes ce dont elle peut disposer matériellement, il comprend aussi le point où elle en est dans sa vie, dans ses projets et dans ses craintes, dans sa motivation, dans les circonstances qui s’offrent à elle, dans ce qu’elle perçoit, ou non, comme étant sa vocation à ce moment là.
C’est ainsi qu’une heure avant elle gardait en réserve ce magnifique flacon de parfum et que tout d’un coup elle a ce geste magnifique et mémorable. Cela éclaire bien le « ce que nous pouvons » que met en valeur Jésus. Et aussi son indignation devant ses apôtres qui lui font de la peine.
Quel formidable complément à la belle méditation ci-dessus !