
Jésus : « Je ne suis pas venu pour abolir la Loi ou les Prophètes, mais pour l’accomplir. » (Matthieu 5:17)
Je ne vois en effet pas ce que l’on pourrait abolir dans les principes de base posés par le « Décalogue » de la Loi de Moïse : ne pas tuer, ni mentir, ni voler son prochain, être fidèle à ceux qui nous font confiance, se donner du temps pour se recentrer sur l’essentiel, Dieu. Tout cela est bien vu et bien dit. Il est donc heureux que Jésus n’abolisse pas ces commandements structurants. Pourtant, la question peut se poser, car Jésus est lui-même très libéral dans sa pratique du shabbat, le plus religieux des points du Décalogue. Et Jésus est aussi très généreux et ample dans son accueil des personnes, y compris celles dont la foi, la religion et les actes sortent largement des bornes de cette Loi (par exemple, un centurion romain ou des personnes à la vie matrimoniale compliquée).
Que veut donc dire Jésus quand il dit qu’il ne vient pas pour abolir la Loi mais pour l’accomplir ? Cela apporte à mon avis deux choses tout à fait essentielles :
1. Tout ne se vaut pas, un acte qui fait vivre est meilleur qu’un acte qui tue. Quand même. Seulement, la vie humaine est complexe, il arrive que toutes les options qui s’offrent à nous présentent une part de mal et une part de bien. En ce cas, toute forme de moralisme est trop grossière et extrêmement cruelle pour la personne vivant cette situation tragique. Les exemples abondent : le policier qui protège la population, une femme qui interrompt sa grossesse, une personne dont le couple est devenu nocif qui choisit le divorce… Or l’esprit de la Loi n’est pas de faire souffrir encore plus, mais de faire vivre : « accomplir » la Loi consiste à libérer la personne pour qu’elle puisse effectivement chercher la solution qui ira le plus possible dans le sens de la vie. C’est ainsi que Jésus choisit un jour de ne pas respecter le sabbat pour aider une personne demandant de l’aide. Il ne fait pas n’importe quoi, il le fait par amour, guidé par l’Esprit.
2. Jésus est venu pour accomplir la Loi et les prophètes : pour que chacune et chacun saisisse qu’il est prophète ou prophétesse, capable de se poser les bonnes questions, de prier Dieu directement, puis de discerner courageusement un meilleur chemin possible dans la complexité mouvante de notre vie bien réelle, marchant main dans la main avec Dieu, confiant dans son pardon.
par : pasteur Marc Pernot
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Les bonnes questions par rapport aux principes de vie selon Dieu et Jésus ..réflexions pour bien les vivre dans la complexité de nos contextes de bien faire bien vivre ensemble. Mémoriser questionner avancer évoluer ..au final une aventure intérieure ..a considérer comme passionnante …merci
Pour moi le mensonge est bien davantage lié à l’interdiction de l’adultère que du faux témoignage. Mentir, c’est avoir une parole qui n’est pas fiable. Un seul mensonge, même s’il peut paraître anodin ou pour éviter de blesser, peut détruire une confiance qui s’est construite sur la durée.
À propos du « ne pas mentir ».
Les interprétations s’entendent plutôt sur « Ne pas commettre de faux témoignage contre son prochain » autrement dit ne pas « faire de tort » (ou de mal) à son prochain.
Car mentir, entendons-nous d’abord sur le sens de ce verbe, dans la vie humaine est parfois nécessaire.
Je vous confesse l’avoir fait moi-même… du moins ne pas avoir dit toute « MA » vérité… (non pas LA vérité) et j’ai rencontré des patients qui l’avaient fait pour éviter un « pire » parfois même pour sauver « leur peau ». (parce que les êtres humains ne sont pas toujours des « idéaux d’humanité ».
Ne pas TOUJOURS dire (toute) la vérité peut s’avérer nécessaire.
Certaines gens au prétexte de « franchise » auront pu parfois blesser et lâcher de grosses bêtises à l’adresse de tiers ce qui est précisément faire du tort ou du mal à son prochain ou lui porter un mauvais témoignage.
Je suis tout à fait d’accord avec votre remarque sur ce qui est précisément dans le décalogue (Exode 20). J’ai fait un peu court dans mon billet.
Kant dirait que, de toute façon, mentir fait du tort à mon prochain et à la société tout entière car il trouble le fait même de communiquer entre humains. Ce n’est pas faux, mais nous sommes parfois dans des situations tragiques où le chemin optimal (ou le « moins pire », sic) passe par le mensonge, en effet. Le cas célèbre est celui où un innocent persécuté s’abrite chez nous et que ses persécuteurs frappent à la porte et nous demande s’il y a quelqu’un chez nous.
Voir le passionnant dialogue entre Emmanuel Kant et Benjamin Constant sur cette question « D’un prétendu droit de mentir par humanité« .