un enfant émerveillé lors d
Texte Biblique

« Dieu miséricordieux et compatissant, patient, riche en bonté et en fidélit… » (Exode 34:6)

↪ Dieu se présente à Moïse : L’Éternel passa devant lui, et s’écria : « Je suis l’Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, patient, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour… » (Exode 34:6-7)

⤑ La Bible est extrêmement riche dans son vocabulaire pour dire l’amour qui unit ou qui devrait unir Dieu, l’homme et son prochain. Cela donne de jolis casse-tête pour les traducteurs, comme dans ce passage. Il n’y a pas moins de cinq termes différents pour exprimer la bonté de Dieu envers l’homme. Il en manque pourtant un, c’est la pitié. Ce mot est souvent utilisé dans la Bible quand l’homme souffre, il fait appel à la pitié de Dieu. Mais Dieu, lui, a mieux que cela à proposer.

⤑ Même si elle a mauvaise presse aujourd’hui, la pitié est une belle attitude, infiniment meilleure que la haine ou l’indifférence. La pitié nous permet d’être touché par la souffrance de l’autre et nous motive pour tenter de la soulager. C’est déjà bien, mais la pitié reste l’attitude d’un supérieur vis-à-vis d’un inférieur. Il y a un bienfaiteur et un assisté, alors que dans la compassion il y a deux personnes qui souffrent ensemble, deux égaux qui luttent pour que leur souffrance cesse. Dieu est effectivement supérieur (c’est le moins que l’on puisse dire) à l’homme, et Dieu est particulièrement sensible à la situation de l’homme. Ce serait donc tout à fait normal que Dieu vienne le secourir par pitié. Et il est tout à fait normal et juste que nous criions vers Dieu dans la détresse en disant : « Seigneur prends pitié ! » (Κύριε ἐλέησόν (Mat 17:15) « Kyrie Eleison » en grec, cri que l’on retrouve dans bien des musiques, du grégorien à Bach et Mozart)

⤑ Seulement : Dieu n’a pas pitié de l’homme, il a mieux que cela à nous offrir : il a de la compassion, de la bonté, de l’amour, de la tendresse, de la grâce, de la patience et de la fidélité… Il a donc, en particulier, de la compassion, de la vraie. Elle est un peu comme la pitié une façon de ressentir la souffrance de l’autre. Mais dans la compassion, l’on se sent l’égal de l’autre au point que l’on souffre avec lui de sa souffrance, et que l’on combat ensemble, chacun dans la mesure de ses forces. Alors que la pitié ne se laisse pas toucher de cette façon, le sujet restant en quelque sorte extérieur.

Quand Dieu souffre de voir l’oppression subie par les Hébreux, il pourrait en avoir pitié et les sauver aussi. Mais Dieu ne prend pas les choses de haut, il descend, il se présente, il se dévoile, il discute… il se met ainsi au niveau de Moïse pour élever Moïse et son peuple. L’Éternel est compatissant. Jésus-Christ manifeste particulièrement bien cette attitude de Dieu qui ne reste pas au ciel sur un trône de gloire, il se dépouille lui-même pour se faire serviteur de l’humain parce qu’il l’aime comme son prochain. Il serait normal et bon que Dieu ait pitié de nous mais il a compassion et c’est inattendu.

⤑ Moïse invite à la compassion dans ce commandement que Jésus met au centre de la vie chrétienne Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le Christ ne nous invite donc pas à être généreux pour le misérable, ni à avoir pitié de celui qui souffre, mais il nous invite à reconnaître en toute personne un autre moi-même : au même niveau que moi et autant digne de vivre, d’être aimé et d’être heureux. Et il nous propose, comme Dieu, d’être heureux du bonheur de notre prochain et malheureux de son malheur. Ce n’est pas toujours confortable à vivre, mais vivre c’est cela.

Le Christ enracine cet amour dans l’amour de Dieu pour l’homme. La compassion de Dieu pour nous est une source de confiance en l’avenir. C’est aussi une source d’inspiration. Dieu ne le prend pas de haut avec nous quand il vient nous secourir et nous pardonner. Cela pourrait nous rendre capables de descendre de notre piédestal et de nous sentir proches des autres, ni supérieurs ni inférieurs ni distants, mais membres d’un même corps (1 Cor 12:26).

⤑ Dans l’hébreu de la Bible, le mot traduit par avoir compassion est רַחם (raram) qui désigne également l’utérus maternel. Dans le grec de la Bible, le mot traduit par ému de compassion est σπλαγχνίζομαι (splagchnizomai) qui correspond littéralement à l’expression argotique « être pris aux tripes », ce qui rejoint le sens de l’hébreu. La compassion biblique est donc un sentiment profond de tendresse et de communion avec un autre, comme une mère peut avoir pour son petit qu’elle aime et dont elle se sent responsable. C’est presque une sensation qui déclenche un réflexe du corps. La compassion n’est donc pas seulement souffrir avec l’autre quand il souffre, mais c’est aussi se réjouir avec lui de ses joies. C’est aussi souffrir de voir l’autre en danger alors même qu’il ne souffre pas encore. C’est se réjouir de ce qu’il est et de ce qu’il pourrait être. Et avoir compassion, c’est agir en réaction à cela pour la joie commune. Et cette compassion est comme un utérus : source d’une vie nouvelle.

par : Marc Pernot, pasteur à Genève

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2 Commentaires

  1. André dit :

    Bonjour Marc
    Exode 34 7 quel est la plus fidèle traduction j’ai mieux saisi l’idée avec la NBS.
    Belle journée

    1. Marc Pernot dit :

      La traduction NBS :

      Le Seigneur… conserve sa fidélité jusqu’à la millième génération, qui pardonne la faute, la transgression et le péché, mais qui ne tient pas le coupable pour innocent, qui fait rendre des comptes aux fils et aux petits-fils pour la faute des pères, jusqu’à la troisième et la quatrième génération !

      Je propose (avec les arguments entre parenthèse)

      L’Eternel (le mot YHWH est sur la base du verbe être, Dieu comme source d’être, ce qui est l’inverse d’une « seigneurie » supposant une autorité supérieure externe) qui conserve sa fidélité jusqu’à des milliers (c’est un pluriel, soit plus de 50.000 ans) de générations, qui pardonne la faute, la transgression et le péché, mais qui ne tient pas le coupable pour innocent (heureusement, le coupable a besoin de soins pour qu’il ne fasse plus n’importe quoi), visitant (verbe paqad : rendre visite, au participe présent : sans arrêt; c’est un état, et contrairement à la NBS, c’est YWWH qui est acteur, il ne fait pas faire quelque chose, ce serait une autre forme verbale, le hifil et non le qal) aux enfants et aux petits-enfants pour la faute des parents, jusqu’à la troisième et la quatrième génération !

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