« Devenez reconnaissants » (Colossiens 3:15)
Être reconnaissant ? Je reconnais que c’est plus rigolo de critiquer, de relever les défauts, de s’indigner. C’est une tendance naturelle. Le Psaume 1er appelle cela « s’asseoir sur le banc des moqueurs ». Je ne pense pas que cette Schadenfreude ait ses racines dans de la véritable méchanceté, c’est plutôt un besoin viscéral de prendre de la hauteur, ce qui est bon, mais qui s’exprime de façon maladroite car rabaisser le monde entier ne nous élèvera pas d’un pouce, bien au contraire, et en plus cela fait mal à l’estomac. Paul nous propose une autre façon de répondre à notre beau désir de nous élever : en « devenant reconnaissant ». C’est bien plus efficace, plus joyeux et plus agréable pour nous et pour les autres autour de nous.
Ce que Paul nous propose ce n’est pas seulement un comportement, c’est plutôt une manière d’être face à la vie et face aux autres. Être reconnaissant c’est en grec eucharistos : composé de eu, bon, et de charistos qui évoque à la fois la joie (chara) et le don gratuit (charis), la grâce. Être reconnaissant, cela change la vie. C’est être dans un état d’esprit un petit peu comme si l’on venait de recevoir une très heureuse nouvelle totalement imméritée : par exemple apprendre que notre amour est partagé ou que nous recevons l’héritage d’un oncle d’Amérique qui tranquillise notre avenir, ou qu’un magnifique poste nous est proposé, ou qu’un enfant nous est né. La reconnaissance c’est vivre au jour le jour avec quelque chose de cette jubilation au fond de notre tête et de notre cœur. Cela n’efface pas les difficultés parfois épouvantables que nous avons peut-être, mais elles ne dominent plus et nous pouvons y faire face autrement.
On ne peut pas se forcer à ressentir cela, pas même un petit peu. C’est pourquoi Paul ne nous dit pas d’être reconnaissant, il nous propose de travailler en amont de cela : il nous dit « devenez reconnaissants ». L’impératif suggère que nous pouvons faire quelque chose pour entrer dans ce processus de transformation de notre façon d’être face à la vie. En même temps, le verbe « devenez », ginomai vient de gennao qui signifie « engendrer » : cela suggère que c’est comme une naissance. Or qui peut nous engendrer si ce n’est Dieu ? La prière de louange, la prière de gratitude est la porte de ce « devenez reconnaissant », Dieu fera le reste.
par : pasteur Marc Pernot
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4 mai 2024 : Devenez reconnaissants » (Colossiens 3:15)
Merci cher Marc pour ce si beau texte dont je relève la phrase suivante :
« L’impératif suggère que nous pouvons faire quelque chose pour entrer dans ce processus de transformation de notre façon d’être face à la vie »
J’écoutais dernièrement une conférence de Céline Rohmer, théologienne, elle explique que, dans nos cabinets médicaux , une assistante nous indique de prendre place dans la « salle d’attente », alors qu’en espagnol, on parle de « salle d’espérance », dans le sens « de transformation de notre existence ».
Je pense que pour toute personne confrontée aux angoisses d’une salle d’attente faite pour des patients-es au sens propre comme figuré, la notion d’espérance en Dieu qui prend soin de sa brebis malade est là pour qu’elle devienne partenaire de soins en vue d’un mieux-être physique (si possible) et d’un bien-être intérieur dans la miséricorde de Dieu envers elle.
Tant de psaumes ne débutent ils pas par les cris de douleur de l’orant envers Dieu et finalement aboutissent à la louange et la reconnaissance envers le Dieu de délivrance ?
Cordialement
Claire-Lise Rosset
Bonjour
Belle inspiration merci cela nous pousse à devenir plutôt que culpabiliser à ne pas être ! C’est très motivant. En lisant un peu le passage pourquoi aux versets 3 et 4 il est utilisé tantôt le présent et le futur.
Belle journée à tous
C’est vrai que dans beaucoup de versions il est dit « soyez reconnaissant » j’ai trouvé dans Parole vivante « apprenez enfin à vous montrez reconnaissant » bon dimanche à tous
« apprenez enfin à vous montrez reconnaissant » semble un peu énervé, grondeur, ce qui ne me semble pas du tout être dans ce texte. Peut-être que le traducteur s’était levé du mauvais pied ce jour là ?
Marrant je l’avais lu plutôt dans un tout autre sens de la patiente envers nous mais si ça cadre pas avec le sens du mots ça peut être interprété autrement par d’autres.
Bon dimanche