
«La grâce du Dieu sauveur pour tous les humains» (Tite 2:11) : Évangile et salut pour tous
Un parcours lumineux dans Tite 2:11–3:8 : Paul confie à Tite le cœur de l’Évangile : le concept révolutionnaire de « la grâce du Dieu sauveur pour tous ». Une théologie simple et forte qui libère, éduque et met en mouvement vers la sagesse, la justice et la piété, pour un bien concret « beau et utile aux humains ».
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Paul et Tite : comment cette histoire biblique nous inspire ?
L’apôtre Paul s’entoure de collaborateurs et de collaboratrices. Parmi eux, un de ses plus proches et plus fidèles est un homme du nom de Tite. Il est d’origine grecque et a été converti par Paul à la foi chrétienne. Paul le charge souvent des missions délicates : on le voit à Corinthe où il débloque une situation tendue entre différents courants dans cette église. La lettre de Paul à Tite se situe une dizaine d’années plus tard, Paul le charge maintenant d’aider l’Église de Crète à s’organiser. Dans cette lettre, Paul affine une stratégie claire fondée sur un résumé de l’Évangile en un point essentiel dont il montre la puissance pour transformer nos vies et favoriser un bel engagement des personnes pour la paix et les progrès de tous.
Cette mission de Tite en Crète n’est qu’une anecdote dans l’histoire, c’est vrai, seulement, nous sommes les Tite d’aujourd’hui, appelés à élever non seulement notre compréhension de Dieu et nous-mêmes, et nous sommes, nous aussi, comme Tite, appelés à rayonner autour de nous. Cela serait vraiment bon et utile pour les humains, comme le dit Paul.
Quelle est la base de la théologie chrétienne selon Paul ?
La base de la base de la théologie chrétienne
En premier lieu, Paul pose les bases de ce qu’est pour lui l’Évangile du Christ. On ne construit du solide et du beau que sur de bonnes bases :
« Elle a été manifestée,
la grâce du Dieu sauveur
pour tous les humains » (Tite 2:11).
C’est une grande nouveauté. Jésus a parlé de cette grâce de Dieu, mais ce sont plus que de belles idées, il l’a été manifesté d’une façon tangible, concrète, avec des impacts sur notre vie.
Dieu est-il seulement amour ou est-il aussi sauveur ?
La grâce de Dieu pour tous les humains : c’est son amour inconditionnel pour chaque personne, quoi qu’il arrive. Dieu est grâce, Dieu est amour pour chaque personne, affirme Paul, et il ajoute que Dieu est sauveur. Ce second point est aussi important, voire plus, que le premier. Car certains entendaient « la grâce de Dieu » au sens que, oui, Dieu nous aime inconditionnellement au sens où il nous a ouvert la porte de la vie véritable (ou vie éternelle), elle est grand ouverte pour tous… Seulement, selon ces théologiens, encore faut-il que la personne choisisse d’entrer par cette porte : sans la foi de la personne, la grâce de Dieu serait inopérante. Des églises précisent même que ce n’est pas seulement un petit début de foi qui permettrait de se glisser à travers la porte de la grâce de Dieu : il faudrait bien sûr « la vraie foi » au sens de leur église, avec le sceau des vrais rites faits comme il faut, et bien sûr une vie qui reste bien dans le cadre des règles établies : sinon, la porte de la grâce a beau avoir été ouverte par le Dieu en Christ, cela ne nous servirait à rien. C’est source de bien des culpabilités et des peurs, source de bien des rejets des autres, même parfois de ses plus proches.
Il est donc génial que Paul précise que Dieu n’est pas seulement amour inconditionnel, il est amour inconditionnel et il est aussi sauveur. Non seulement il nous a ouvert sa porte (c’est la grâce), mais en plus il nous porte comme le berger dont parle Jésus, ce berger qui finit toujours par retrouver la brebis perdue et la porte dans la vie même si elle n’a pas la force de marcher(Luc 15:5-6) : c’est le salut « pour tous les humains ».
Le salut pour tous : une rupture philosophique et spirituelle
C’est probablement la spécificité de l’Évangile du Christ : « la grâce du Dieu sauveur pour tous les humains » et donc pour vous en particulier, puisque nous faisons partie de « tous les humains », apparemment. C’est en réalité une grande nouveauté par rapport à certains textes de la Bible disant quelque chose comme ce Psaume 33:18-19 que nous avons chanté tout à l’heure : « La faveur de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent en sa bonté, afin qu’il arrache leur âme à la mort et les fasse vivre au milieu de la famine. » Merci pour les autres, ceux qui n’ont pas connu Dieu, ou qui le méconnaissent, ou passent à côté ! Quel parent digne de ce nom mettrait comme condition pour sauver leur petit qu’il se laisse sauver ou qu’il supplie ses parents, voire qu’il les craigne ? C’est pourquoi nous relisons ces textes anciens à la lumière de cet Évangile de « la grâce du Dieu sauveur pour tous ». C’est aussi une spécificité du Christ par rapport à des religions ou des philosophies basées sur une comptabilité des mérites et des fautes, c’est une rupture par rapport à cette logique qu’est la célèbre loi du plus fort, la loi de la jungle.
« La grâce du Dieu sauveur pour tous » c’est une certaine théologie : une façon de comprendre comment Dieu fonctionne. Paul ne nous dit pas qu’il arrive à Dieu d’aimer et de sauver, mais que Dieu est amour et sauveur, que c’est sa nature comme l’eau est mouillée et comme le feu brûle : Dieu est grâce et sauveur pour tous. Il ne peut pas faire autrement que de nous aimer et de nous sauver, il ne risque donc pas d’en avoir assez, c’est garanti sur facture, sans petites notes en bas de page, sans entourloupette.
Comment la grâce de Dieu transforme-t-elle le sens de la vie ?
Paul nous dit que cette nature profonde de Dieu « a été manifestée » en Christ. Vous connaissez ce mot « manifesté » en grec du Nouveau Testament, c’est le mot « épiphanie » de « épi » : à l’entour et « phanein » illuminer. Cela signifie cette façon d’agir que Dieu a en nous aimant et en nous sauvant va rayonner sur toutes les dimensions de notre être, jusque dans les détails de notre façon d’être avec ceux qui nous entourent, ce qui ne serait pas le moindre des miracles.
Paul explique : cette « grâce du Dieu sauveur » nous enseigne. Là aussi vous connaissez le mot grec, c’est celui qui a donné le mot « pédagogie », de « παις », l’enfant. Pour Dieu, nous sommes comme son enfant, son tout petit. Bien sûr que nous avons une trop petite foi, que nous sommes plus déprimés que rayonnants encore d’espérance positive, et que notre comportement est parfois un peu petit : d’accord, d’accord, mais on ne peut pas en vouloir à un enfant d’être petit, c’est pourquoi Dieu nous élève comme on élève un enfant, il travaille avec pédagogie à nous élever dans notre foi, dans notre intelligence de la vie, dans notre comportement et dans notre espérance.
L’émancipation par la foi et l’espérance
Cela passe d’abord par une « émancipation ». Dans la culture hébraïque, contrairement à la pratique grecque, les esclaves n’étaient pas libérés contre rançon, mais ils étaient libérés de droit, par décret divin, par exemple lors d’une année jubilaire, « une année de grâce » comme celle que Jésus proclame (Luc 4:19). Le sacrifice du Christ dont parle ici Paul n’est pas le payement d’une rançon ni à Dieu ni à personne : elle « manifeste » « la grâce du Dieu sauveur », elle nous éduque, elle nous fait expérimenter que vivre c’est vivre en aimant et en sauvant autant que faire se peu.
Ensuite Paul parle de nous aider (puis à ce que nous aidions quelque autre humain) à être plein « d’une heureuse espérance » : un bonheur, une façon d’avancer vers l’avenir d’une façon confiante et positive. Aujourd’hui, ce genre de qualité d’être n’est pas moins nécessaire qu’à l’époque de Paul. C’est une ambitieuse visée, divine, mais pas abstraite : elle débouche sur des actes et sur une façon d’être dans la vie de tous les jours : faire du bien quand l’occasion se présente, rendre la vie autour de nous plus facile pour tout le monde, plus constructive. Rien d’immense apparemment et pourtant « voilà ce qui sera beau et utile aux humains ! »
Les 3 piliers d’un développement personnel spirituel
Ce chemin d’émancipation passe, nous dit Paul, par notre éducation sur trois compétences précises : la sagesse, la justice et la piété. C’est un programme d’approfondissement et donc d’entraînement pour nous. Il mériterait trois prédications. Le temps est court : ce sera seulement trois mots ou trois encouragements à creuser cela personnellement comme nous l’entendons :
1. La Sagesse : trouver sa philosophie de vie
Notre sagesse, notre philosophie de vie gagnent à être éclairées, libérées, inspirées par « la grâce du Dieu sauveur », par le souci de l’autre, le non-jugement. C’est ce que Paul décline ici par des exemples concrets, dans son style inimitable.
2. La Justice : discerner l’action juste
En 2e lieu : notre recherche de ce qu’il serait juste à faire : la sagesse nous a déjà éclairés là-dessus d’un point de vue théorique. Là, ce qui est en cause c’est de discerner ce qu’il serait juste que je fasse, moi, maintenant.
3. La Piété : se connecter à sa spiritualité
Enfin, notre piété : c’est le 3ᵉ pilier essentiel de notre vie, c’est peut-être le culte que nous vivons, ou votre prière du soir, ou du matin, ou quand elle vous prend : c’est dans la piété que nous nous exposons, comme une personne qui désire bronzer sur la plage s’expose aux rayons du soleil, se mettant à nu : nous nous exposons à cette « grâce du Dieu sauveur » afin qu’elle fasse son œuvre, qu’elle nous libère d’un reste de n’importe-quoi qui nous domine encore, qu’elle nous inspire, nous donne un zeste de joyeuse espérance et cette intelligence du cœur qui nous donneront de faire une ou deux belles petites choses pas trop mal. Ce ne sera pas pour briller aux yeux des hommes ou de Dieu, donc, mais simplement parce que c’est beau et utile aux humains, et que c’est réjouissant.
Dieu vous bénit et vous accompagne toujours vers le meilleur.
C’est garanti.
à Genève, le dimanche 21 septembre 2025
Podcast audio de la prédication / Podcast audio du culte entier
Texte Biblique
Tite 2:11-3:8
Elle a été manifestée, la grâce du Dieu sauveur pour tous les humains. 12Elle nous éduque afin que, renonçant à l’impiété, renonçant à nous laisser gouverner par les désirs de ce monde, nous vivions dans le temps présent avec sagesse, avec justice et avec piété. 13Nous attendons l’heureuse et dynamique espérance, nous attendons la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ. 14Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous émanciper de tout iniquité, et de se purifier un peuple précieux et passionné de belles actions. 15(Cher Tite,) c’est ainsi que tu dois parler, encourager et exhorter avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise. 3:1Rappelle-leur d’être respectueux des responsables et des autorités, de les écouter afin d’être prêt à toute œuvre bonne, 2de n’injurier personne, de ne pas être querelleur, d’être indulgents et de faire toujours preuve de douceur envers tous les humains. 3Nous aussi, en effet, nous étions autrefois insensés, rebelles, égarés, esclaves de toutes sortes de désirs et de plaisirs ; passant notre temps dans la méchanceté et dans l’envie, odieux et nous détestant mutuellement.
4Cependant, lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les humains 5– non pas parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde – il nous a sauvés par le bain de la régénération et du renouvellement de l’Esprit saint 6qu’il a répandu sur nous largement par Jésus-Christ, notre Sauveur, 7afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers, selon l’espérance de la vie éternelle. 8C’est une parole de foi, et je souhaite que tu l’affirmes ardemment, afin que ceux qui ont placé leur foi en Dieu s’appliquent à exceller dans les belles œuvres. Voilà qui est beau et utile aux humains !
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