Cette nouveauté qui nous réjouit
D’aussi longtemps qu’il m’en souvienne, je suis moi. Chaque journée s’ajoute simplement aux précédentes comme on enroule un fil de laine sur une pelote. Sur ce cheminement continu, je me retourne : quels ont été les moments de grande, de profonde joie ? Il me semble que Spinoza a raison quand il dit que ce sont les moments où quelque chose a apporté une nouvelle dimension à notre être, l’a dilaté. C’est la joie de l’enfant quand il découvre la marche ou qu’il découvre qu’il peut dire « non », la joie de deux êtres qui se découvrent et explorent une amitié ou un amour ou un projet, la joie de parents qui accueillent leur premier enfant, la joie du jeune qui quitte le cocon familial pour étudier à l’étranger. Le frisson d’inquiétude devant ce nouveau champ encore inexploré fait partie de cette joie.
Parmi ces joies, il existe une grande joie, celle de la personne qui découvre ce qu’apporte la foi dans son existence. Cette personne est encore la même personne, avec sa vie, son lieu de vie, ses proches et sa routine quotidienne, et pourtant c’est comme si une nouvelle dimension s’ouvrait. J’ai été souvent témoin de cette joie, moi qui ai eu la chance d’accompagner des centaines de personnes venant de l’athéisme et découvrant la foi, la prière, l’Evangile. Il faut dire que Dieu est, par définition même de la notion de dieu, ce qui est source de nouveauté dans le monde et dans notre vie. Cette source de nouveauté nous traverse, nous habite. C’est ce que la théologie appelle l’Esprit. C’est effectivement source d’une joie spéciale, ouvrant sur un immense espace à explorer.
Dans les applications comme Instagram, Facebook, Tiktok, comme dans les médias, nous déroulons le fil des nouvelles, encore et encore, sans fin, avides des nouvelles, que ce soit une vidéo amusante mettant en scène un golden retriever, ou un fait divers dramatique, nous cherchons le frisson de la nouveauté, c’est naturel. C’est un indice de cette soif profonde de la source de nouveauté. Elle n’est pas de l’autre côté des espaces, ni au bout des temps, elle est dans la profondeur de notre être ce souffle de l’Esprit qui nous habite, que nous le sachions ou non, que nous soyons religieux ou non. Même quand notre corps serait à bout de souffle, cette source de nouveauté est en nous un jaillissement, et une joie vraie.
par : pasteur Marc Pernot
(éditorial du bulletin de la paroisse)
Articles récents de la même catégorie
- Recevoir la plénitude & Vivre l’incomplétude (Éphésiens 3:14-19 ; Matthieu 18:1-3)
- Toute personne qui tombe a des ailes…
- Paul à Damas et Clément Rosset : du double au réel
Articles récents avec des étiquettes similaires
- « Ne vous enivrez pas de vin… mais cherchez la plénitude par l’Esprit » (Éphésiens 5:18)
- Une histoire de vigne, d’amour, et de joie parfaite (Jean 15:1-17 – Paraboles de Jésus selon Jean 2/2)
- En jouant du Bach, Pablo Casals s’éveillait chaque matin à la conscience que la vie est merveilleuse