Couverture du livre "Paul Ricoeur (Philosophe de tous les dialogues)"
Témoignages

Paul Ricœur parle de la vie, de la mort et de l’éternité : « À mon sens, il faut accepter deux ou trois choses dans la vie… »

Par : pasteur Marc Pernot

Couverture du livre "Paul Ricoeur (Philosophe de tous les dialogues)"

Interrogé sur sa mort, le philosophe Paul Ricœur dit y penser de moins en moins à mesure qu’il avance en âge. Puis il ajoute :

 

Paul Ricœur : À mon sens, il faut accepter deux ou trois choses dans la vie :

  1. Premièrement : d’avoir des ennemis, donc de ne pas être aimé de tout le monde, donc de perdre une espèce de narcissisme.
  2. Deuxièmement : d’accepter de vieillir, et c’est très difficile, il faut commencer assez tôt,
  3. et alors seulement, on peut accepter d’être mortel.

 

Il a dit ces vérités en 1969, peu après la cruelle déception qu’il a rencontrée de se faire renverser une poubelle sur la tête à Nanterre, alors qu’il s’était tellement investi dans ce projet d’université nouvelle… Voici une sagesse affinée au creuset de la vraie vie… et pas seulement dans le monde des idées. C’est plutôt une sagesse née en prenant eu sérieux des deux, la vie et la philosophie, en les faisant se rencontrer, dialoguer.

Paul Ricœur est ensuite interrogé sur la vie éternelle, et c’est tout aussi passionnant:

 

Paul Ricœur : Ce serait certainement un mythe si nous la pensions uniquement comme après, comme au-delà. C’est d’abord une catégorie du présent. Je crois que nous faisons des expériences d’éternité toutes les fois que nous vivons une expérience dont nous avons l’impression qu’elle est fondatrice, qu’elle est une sorte de point où tout se noue dans notre existence, où une grande tranche de vie se décide, où un rapport avec des êtres se noue, s’enchaîne. Et il y a des instants d’une qualité tellement intense que ce sont des grains d’éternité dans un temps qui passe. Je crois que toutes les expériences qui sont des expériences fondatrices, à travers un temps qui, lui, se défait, sont des expériences d’éternité. Et alors, me permettent de me retourner après cela vers ma mort en disant : est-ce que l’événement de ma mort peut être une sorte de porte sur l’éternité, mais qui a d’abord ses racines dans le présent et dans la vie ? Ce n’est pas la sur-vie / survie mais la vie.
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